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G RAVINA

GRAZIANI

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versiste, né à Païenne le 17 mars 1702, admis au noviciat de la Compagnie de Jésus le 31 octobre 1716. Il enseigna d’abord les humanités, puis pendant neuf ans la philosophie ; chargé de l’enseignement de la théologie à Païenne pendanl près de dix-huit ans, il prit une part active aux controverses sans cesse renouvelées sur la question du probabilisme. La querelle s’ouvrit à propos des conclusions défendues au collège de Païenne touchant l’usage et l’abus de l’opinion probable, sous la direction du P. Gravina, préfet des études et auteur des thèses : Conclusiones lheologic.ee critico-elhicæ de usu et abusu opinionis probabilis, Païenne, 1752. Cf. Zaccaria, Thésaurus theolog., t. iv, p. 335-350. Le P. Vincent Diez prit aussitôt la défense du probabiliorisme et du tutiorisme dans son Antiprobabilismus vindicalus, Païenne, 1753, et ce fut pour répondre aux attaques dont son enseignement était l’objet que le P. Gravina composa son grand ouvrage sur le probabilisme : Trattenimenti apologetici sul probabilismo, 3 in-4°, Païenne, 1755, traité capital en la matière. Le P. Vincent Avocati, dominicain, lui opposa sa Dr/ensio scholx thomisticæ ordinis prædicalorum. Païenne, 1755, mais sans rien enlever à la solidité des preuves apportées par le P. Gravina en faveur de la doctrine probabiliste. D’après Melzi, le P. Gravina serait l’auteur d’une dernière apologie du probabilisme : Il probabilismo soslenulo c diffeso, Païenne, 1757. Cependant l’authenticité de cet ouvrage est loin d’être établie.

L’activité intellectuelle du P. Gravina s’est étendue avec un égal succès à des matières d’ordre fort différent. On a de lui un excellent traité sur les méthodes d’enseignement de la philosophie scolastique : Ratio tradendæ philosophiæ in scholis provincix Siculæ S.J., Païenne, 1754, et divers ouvrages de spiritualité et de piété, notamment un commentaire des Exercices de saint Ignace à l’usage des Pères de la Compagnie : Jesuita rite inslilulus piis exercitationibus SS. Patris Ignatii de Loyola, 2 in-12, Païenne, 1746, ouvrage de très haut c valeur. La théologie dogmatique lui doit des Conclusiones polemicse de quinque jansenislarum erroribus in hærcscs vergentibus, Païenne, 1755, reproduites dans le Thésaurus théologiens de Zaccaria, t. v, p. 433 sq., et une Dissertalio anagogica, théologien, parssnetica de paradiso, Païenne, 1762, préparée par le P. Benoit Plazza, et achevée par Gravina à partir du caput II de adjunctis resurrectionis, p. 404-728. Le dernier chapitre : De eleclorum hominum, fut condamné par décret de l’Index, le 22 mai 1772, à une heure fort critique pour la Compagnie de Jésus. Les attaques passionnées que souleva cette thèse restrictive causèrent au saint vieillard les peines les plus vives ; il se confina désormais dans la retraite. Après la publication du bref Dominus ac redemptor, le 10 août 1773, il se retira vraisemblablement à Modène. La date de sa mort est incertaine. D’après Mira, il mourut à Rome le 23 novembre 1775, d’après Caballero, il vécut à Modène jusque vers 1780.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iii, col. 1719-1722 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit, , Inspruck, 1913, t. v, col. 235 sq. ; Zaccaria, Sloria letler., t. vi, p. 393 sq.

P. Bernard.

GRAZIANI Antoine-Marie naquit à Borgo San Sepolcro, sur les confins de la Toscane, le 23 octobre 1537 ; il était le cinquième enfant d’une famille plus noble cpie riche. Orphelin à six ans, il végéta assez longtemps dans la maison paternelle, car il avait dix-sept ans quand son frère Louis, qui avait déjà une situation à Rome, consentit à s’occuper de lui. Il le fit étudier les lettres et l’envoya à Padoue, où il suivit les cours de droit. A vingt-trois ans, il arrivait à Rome et trouvait une place au service du futur cardinal Jean-François Commendone, qui lui fit parfaire ses études, lui ensei gnant lui-même la philosophie. Les heureuses dispositions de Graziani le rendirent cher à son maître, qui se l’attacha en qualité de secrétaire et le prit comme compagnon de ses voyages à travers l’Europe, pour le service de l’Église. Commendone mourut en 1584 et son secrétaire, qui avait refusé les propositions avantageuses du roi de Pologne pour lui rester fidèle, songeait à quitter la cour et à rentrer dans sa patrie afin de se livrer aux lettres, pour lesquelles il avait une passion. Sixte-Quint le retint et le nomma secrétaire des lettres latines. Après la mort du pontife, son neveu le cardinal Montalto le garda à ses côtés. Clément VIII, qui lui avait quelques obligations, le créa évêque d’Amelia, en Ombrie, le 17 février 1592, et lui confia peu après l’importante mission de travailler à unir les princes d’Italie pour une action commune contre les Turcs. Revenu dans son diocèse, Graziani convoqua un synode diocésain, au mois de septembre 1595, et il en fit imprimer les statuts deux ans après à Venise, où le pape l’avait envoyé comme nonce. On dit que, sans l’opposition du cardinal-neveu, qui ne voulait pas voir de sujets du grand-duc de Toscane parmi les membres du Sacré Collège, Clément VIII l’aurait fait cardinal. Quand, en 1598, l’évêque d’Amelia fut contraint par la maladie de demander son rappel, il se retira donc en son ôvêché, où il put enfin se consacrer à loisir à ses travaux préférés, qui lui ont mérité de Tiraboschi l’éloge d’avoir été l’un des écrivains les plus cultivés de son temps. Graziani mourut à Amelia, le 1 er avril 16Il et fut enseveli dans sa cathédrale, où il avait préparé son tombeau, pour lequel il avait dicté une inscription fort modeste. De son vivant, il ne publia que les actes du synode diocésain qu’il avait tenu, Sgnodus diœcesana Amcrina, in-4°, Venise, 1597, auxquels il avait ajouté un court appendice ; Vite sanctorum Amerinse ecclesiæ palronorum ; Charles-Marie Fabi, son successeur sur le siège d’Amelia, les réédita, Rome, 1792, en les faisant précéder d’une notice sur Graziani. L’œuvre manuscrite qu’il avait laissée était importante et elle trouva divers éditeurs ; nous citerons : De bello Cyprio libri quinque, in-4°, Rome, 1624 ; De vita Joannis Francisci Commendoni cardinalis libri quatuor edenlc Rogerio Akakia, in-12, Paris, 1647, 1669 ; Padoue, 1683, cl de nouveau en 1685 avec d’autres biographies ; Barbier veut que ce pseudonyme cache Fléchier, qui traduisit l’ouvrage en français, La vie du cardinal Commendon, in-4°, Paris, 1671 ; 3° édit., Paris, 1702 ; Amsterdam, 1695. Le même évêque de Ximes publia aussi un autre livre de Graziani, De casibus virorum illustrium, in-4°, Paris, 1680, réédité l’année suivante sous le titre de Thcalrum historicum de virtutibus cl viliis illustrium virorum et jœminarum eorumdemque casibus maximam partent funeslis, in-8°, Francfort, 1681 ; on a extrait de ce livre Vitae avveniure del cardinale Reginaldo Polo inglese, in-8°, Gènes, 1856 ; l’avocat Laurent Coleschi l’a traduit en entier : Dci casi degli nomini illustri, in-8°, San Sepolcro, 1881. Le P. Jérôme Lagomarsini, jésuite, publia un autre ouvrage fort intéressant de Graziani, De scriptis invita Minerva ad Aloysium fralrcm libri viginli, ’! in-4°, Florence, 1715-1746, dans lequel, cédant aux instances de son frère Louis, il écrit l’histoire sommaire de Borgo San Sepolcro, leur patrie, celle de leur famille, puis raconte les voyages de son susdit frère à travers le monde et les événements principaux qui regardent la religion depuis le pontificat de Pie IV jusqu’à celui de Clément VIII. Il publia aussi une Epistola ad cardinalem J. F. Commendonum de Julio Pogiano alque ejus lalinis litteris, in-4°, Rome, 1756 ; et Episfolarum ad Nicolaum Thomicium libri decem. En 1759, on imprima à Varsovie, d’après un manuscrit de la bibliothèque Zaluski, aujourd’hui à Saint-Pétersbourg, De Joanne Heraclide despota Vallachorum principe et de Jacobo Didascalo