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GOULU — GOURMANDISE


qui avait parlé librement des moines, déchaîna une tempête littéraire. Tous les ennemis de Balzac s’en donnèrent. Il y eut une littérature pour et contre. La plume ne suffisait pas, on se servit de l’épée. Le P. Goulu fut très apprécié du cardinal Du Perron, du duc César de Vendôme et de sa femme Françoise de Lorraine, et du pape Urbain VIII, qui l’avait connu à Rome. Il mourut à Paris le 5 janvier 1629 et fut enterré dans l’église des feuillants.

Montius, Cislercii rejlorescenlis, in-fol., Turin, 1690, p. 73 ; Bayle, Dictionnaire historique et critique, 3° étlit., t. ii, p. 1291-1293 ; dom François, Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de saint Benoit, t. i, p. 408-409 ; Éloge de Jean Goulu, dit de Saint-François, in-4°, Paris, 1629.

J. Besse.

    1. GOURLIN Pierre -Sébastien ou Jean - Etienne##


GOURLIN Pierre -Sébastien ou Jean - Etienne, théologien janséniste, né à Paris le 2(5 décembre 1695, mort dans cette même ville, le 15 avril 1775. Ses études terminées, il entra dans les ordres et fut ordonné prêtre en 1721. Vicaire à Saint-Benoît, il refusa de se soumettre à la bulle Unigenitus, et prit rang parmi les appelants. Pour ce fait, il fut interdit par Mgr de Vintimille, archevêque de Paris. Il persista dans sa révolte jusqu’à la mort, renouvelant son appel dans son testament. Ses supérieurs légitimes durent en conséquence lui refuser les derniers sacrements qui ne lui furent administrés qu’en vertu d’un arrêt du parlement. Disciple du célèbre docteur Boursier, il prit part à presque tous les ouvrages publiés alors par les appelants, et, à l’exemple de son maître, composa divers écrits pour plusieurs évêques ou curés qui avaient recours à lui. De cet auteur nous mentionnerons : Lettre de plusieurs curés, chanoines et autres ecclésiastiques du diocèse de Sens à Mgr leur archevêque, 1 er juillet 1731 ; Lettre des curés, chanoines et autres ecclésiastiques du diocèse de Sens ù Mgr l’archevêque, avec un Mémoire pour servir de réponse à la lettre pastorale du 15 août 1731 ; Acte d’appel de la constitution Unigenitus et du nouveau catéchisme donné par M. Languet, archevêque de Sens, au futur concile général interjeté par plusieurs curés, chanoines et autres ecclésiastiques de la ville et du diocèse de Sens, cl Mémoire justificatif où l’on fait voir les innovations du nouveau catéchisme par rapport à la doctrine, son opposition avec la doctrine commune des catéchismes, la liaison de ces innovations avec la constitution Unigenitus, les pressants motifs qui ont obligé d’en interjeter appel et la validité dudil appel, 2 in-4°, 1742-1755 ; Instruction pastorale de Monseigneur l’archevêque de Tours sur la justice chrétienne, in-12, Paris, 1749 ; Les appelants justifiés, in-12 ; Observations sur la thèse de l’abbé de Prudes, in-12, 1752 ; Lettres d’un théologien aux éditeurs des œuvres posthumes de M. Petitpied, 2 in-12, Paris, 1756 ; Mandement et instruction pastorale de Monseigneur l’évêque de Soissons portant condamnation : 1° du commentaire latin du Fr. Hardouin, de la Compagnie de Jésus, sur le Nouveau Testament ; 2° des trois parties de l’Histoire du peuple de Dieu, par le P. Isaac Bemujer ; 3° de plusieurs libelles publiés pour la défense de la seconde partie de cette histoire, 7 in-12, Paris, 1760 ; Examen d’un nouvel ouvrage du P. Berruyer, intitulé « Réflexions sur la foi » , in-12, Paris, 1762 ; Catéchisme et symbole résultans de la doctrine des PP. Ilardouin et Berruyer, in-12, Avignon, 1762 ; Ordonnance et instruction de Mgr de Beauleville contre les Assertions, 1764 ; Requête d’un grand nombre de fidèles contre l’assemblée de 1765 ; Lettre d’un théologien ù un évêque député à l’assemblée de 1765 ; Œuvres posthumes de Mgr le duc de Filz-James. évêque de Soissons, concernant les jésuites, 3 in-12, Avignon, 1769-1770 : presque toutes les pièces sont de Gourlin ; De la préparation à la sainte communion, in-12 ; Institution et instruction chrétienne, dédiée ù la reine

des Deux-Siciles, 3 in-12, Naples (Paris), ouvrage réimprimé sous le titre de Catéchisme de Naples. Après la mort de Gourlin, l’abbé Pelvert publia : Tractatus theologicus de gralia Christi Salvaloris, ac de prædestinationc sanctorum in sex libros distribuais, 3 in-4°, s, 1., 1781. Dans les trente dernières années de sa vie, Gourlin fut un des principaux rédacteurs des Nouvelles ecclésiastiques. Il fut également l’éditeur de l’ouvrage de l’abbé Antoine-Martin Roche : Traité de la nature de l’âme et de l’origine de ses connaissances, 2 in-12, Amsterdam, 1759.

Quérard, La France littéraire, in-8°, Paris, 1829, t. iii, p. 433 ; Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique pendant le XVII Ie siècle, in-8°, Paris, 1855, t. v, p. 442443 ; Sommervogcl, Bibliothèque de la C" de Jésus, in-4°, Bruxelles, 1890, t. i, col. 1366, 1368, 1369.

B. Heurtebize.

    1. GOURMANDISE##


GOURMANDISE. — I. Définition. II. Moralité. III. Péchés dérivés. IV. Remèdes.

I. Définition.

La gourmandise, désir désordonné du manger et du boire, est un vice opposé aux vertus spéciales d’abstinence et de sobriété, lesquelles se rattachent à la vertu générale de tempérance et modèrent en nous, selon les données d’une sage raison, le désir et l’usage de la nourriture et des boissons.

De là, deux sortes de gourmandise : 1° celle qui porte à des excès dans le manger (gula, ingluvies, crapula) ; 2° celle qui porte à des excès dans le boire (ebriclas).

II. Moralité.

Excès dans le manger.

La

gourmandise (gula), considérée comme tendance, est un vice, parce qu’elle porte l’homme à violer les prescriptions de la loi naturelle réglant l’usage de la nourriture et de la boisson. Il faut manger pour vivre, dit le proverbe. Pour entretenir la vie du corps, réparer ses forces, être en état d’accomplir sa tâche quotidienne, l’homme doit manger et boire. Le plaisir naturel qui accompagne ces actes est destiné à les lui faire aimer et désirer, et à rendre facile une opération qui autrement lui répugnerait. Jouir de ce plaisir, lorsqu’on mange et qu’on boit raisonnablement, n’est pas interdit ; mais le rechercher pour lui-même, manger et boire sans nécessité, ou plus qu’il ne convient est un désordre et une faute. L’excès, en matière de gourmandise, peut venir de ce que l’on mange ou trop tôt et avant le temps raisonnable (prœpropere), ou trop abondamment (nimis), ou trop avidement (ardenter), ou des mets trop délicats (laule) ou une nourriture apprêtée avec un soin exagéré (sludiose).

L’excès dans le manger, ou l’acte proprement dit de gourmandise, est gravement ou légèrement coupable. Gravement, lorsque, dit saint Thomas, Sum. theol., II" IF", q. cxlviii, a. 2, delcctationi inhwret homo tanquam fini propler quem Deum conlemnit, paralus sciliect contra præcepta Deiagere, ut delectalion.es hujusmodi consequatur. C’est le cas de ceux qui font passer les exigences de leur gourmandise avant celles de la conscience et qui, pour satisfaire à leur appétit, seraient disposés à manquer gravement aux lois de Dieu ou de l’Église. Tels sont ceux qui. par leurs excès de table, et par les dépenses exagérées qui en sont la conséquence, se mettent dans l’impossibilité de payer leurs dettes, dissipent une fortune qu’ils ont le devoir de conserver ou de protéger, ruinent leur santé, ou ceux qui par gourmandise négligent le précepte ecclésiastique du jeûne et de l’abstinence.

Véniellemenl, quand, dit encore saint Thomas, in vitio guise intelligitur inordinatio concupiscenliæ lanlutn secundum ea qux sunt ad finem, ulpole quia nimis concupiscil deleclaliones ciborum, non tamen ita quod propler hoc facial aliquid contra legem Dei, c’est-à-dire quand il y a disproportion entre le besoin raisonnable de nourriture et la quantité exagérée d’aliments consommés. Si le désir immodéré des plaisirs de la table ne va pas