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ÉPHÈSE (CONCILE D’j


ncstoricniie qu’un manuscrit du Mout-Cassin fournit au moine Augustin Cliristian Lupus, et dont celui-ci prépara l’édition, parue après sa mort, sous le titre : Ad Ephesinum concilium varioriun Patriim epistolæ, ex ms. cassincDsis biblioUiecæ codicc desumplæ, item ex valicanæ bibtiolhecæ ms., 2 in-4°, Louvain, 1682. Ce recueil, que Baluze reproduisit dans sa Nova collectio concitiorum, en y faisant quelques corrections, et auquel il donna le titre bizarre de Sijnodicon adversiis tragœdiam Irenœi, contient des pièces nouvelles, dont on ne possède pas l’équivalent grec. L’édition de Christian Lupus était d’ailleurs dépourvue de critique et incomplète. L’ordre des pièces était interverti ; plusieurs, notamment quarante-neuf lettres d’Isidore de Péluse, étaient omises. Malgré sa promesse, Mansi ne corrigea pas ces défauts dans son édition du Synodicon, insérée dans la collection des conciles, t. v, col. 733-1022. Il a fallu attendre l’édition bénédictine de 1873 : Bibliolheca Cassinensis seu eodicum mutmscriptonim qui in [abulario Cassinensi servantur, t. i, pour avoir tous les secrets du fameux manuscrit. L’auteur de la collection a vécu après Justinien. Voir sur le Synodicon la longue note de dom Leclercq, dans Hefele, Histoire des conciles, t. II, p. 1312-1320.

Récemment, L. Saltet a fait une intéressante découverte en étudiant les sources de l’ouvrage de Théodoret intitulé : ’EpavtrrTr.ç. Il a établi que Théodoret dans son ouvrage, ainsi que le pape Gélase dans le traité De diiabus naturis in Christo, ont utilisé et reproduit dans une large mesure le mémoire doctrinal composé par le groupe des Antiochiens pour combattre la théologie cyrillienne, aux conférences contradictoires qui devaient avoir lieu à Chalcédoine, en septembreoctobre 431. Ce mémoire, que l’on croyait perdu et qui est ainsi retrouvé, en partie du moins, est un riche dossier patristique divisé en trois parties démontrant : 1° l’union sans confusion des deux natures ; 2° le sens du verset : El Verbum caro factum est ; 3° l’impassibilité de la nature divine dans le Christ. C’est une réponse point par point à l’ouvrage de saint Cyrille : Apologcticiis pio xii capitibus aduersus Orientales cpiscopos. Voir Saltet, Les sources de /"Epaviatr, ; de Théodoret, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1905, t. VI, p. 289-303, 513-536, 741-754.

Urbain Bouriant a édité dans les Mémoires publiés par les membres de la mission archéologique française au Caire, 1892, t. viii, fasc. l*"’, des Fragments coptes relatifs au concile d’ÉpIièse. Plusieurs des fragments en question ont leur équivalent dans le texte grec ; d’autres, notamment ceux qui regardent le rôle joué par un certain moine Victor, sont sûrement apocryphes ; trois ou quatre pièces nouvelles paraissent authentiques, mais ne présentent pas grand intérêt. La traduction française de Bouriant laisse à désirer sur bien des points. Karl Piehl l’a critiquée d’une manière acerbe dans le Sphinx, Revue critique embrassant le domaine entier de l’égyptologie, Upsal, 1897, p. 122-154. Wilhelm Kraatz a donné des fragments coptes une traduction allemande et une étude critique détaillée de chaque pièce. Koptische Akte zum Ephesinischen Konzil vom Jahre 431, dans les Texte und Untersuchungen, II" série, Leipzig, 1904, t. xi, fasc. 2. Le russe V. Bolotov a aussi publié dans la Lecture chrétienne, 1892, p. 63 sq., une étude sur les fragments en question, et s’est montré plus sévère que Kraatz sur leur authenticité.

Nestorius, dans son Livre d’Héraclide, reproduit et commente un assez grand nombre de pièces empruntées aux actes d’Éphèse, dont l’authenticité est ainsi confirmée. Il suit dans ses citations l’ordre même de ? actes, t ?ls que nous les possédons actuellement. Il n’apporte d’ailleurs aucun document nouveau. Le

livre d’Héraclide de Damas, trad. Nau, p. 88-290, passim.

IV. Principales décisions, texte et commen-TAïuE. — La décision capitale du concile d’Éphèse fut la condamnation de Nestorius, à la fin de la I" session. Mansi, t. iv, col. 1211. Cette décision est directement disciplinaire : « Nestorius est privé de la dignité épiscopale et de la communion sacerdotale ; » mais elle est motivée par des considérants dogmatiques : « par l’examen de ses lettres, de ses écrits et des discours bien authentiques qu’il a tenus récemment, nous l’avons pris en flagrant délit d’enseigner une doctrine impie. » Nous n’avons pas à commenter par le détail cette sentence, qui n’a pas été insérée dans V Enchiridion de Denzingcr-Bannwart, et qui se trouve déjà sufiîsamment justifiée par ce que nous avons dit en commençant de la doctrine de Nestorius. Voir Nestorius.

Les douze anathémalismes de saint Cyrille donnés par V Enchiridion comme expression de la doctrine christologique du concile, n. 113-124, ont été suffisamment expliqués à l’art. Cyrille d’Alexandrie, t. iii, col. 2509-2515 ; cf. col. 2480, 2492. Nous ferons seulement remarquer qu’aucun document ne permet d’affirmer que ces anathémati smes ont reçu une approbation spécicde des Pères du concile. Tout suppose qu’ils furent lus à la V^ session, en même temps que la Lettre synodale des Alexandrins ou troisième lettre de Cyrille à Nestorius, dont ils sont la conclusion ; mais il ne semble pas que les Pères y aient fait une attention particulière et leur aient donné des éloges semblables à ceux qui furent prodigués à la seconde lettre de Cyrille à Nestorius, qui, elle, fut ofiicielleinent approuvée et canonisée. Si le V" concile œcuménique, dans sa visession, INIansi, t. ix, col. 327329, présente les anathémalismes comme faisant partie des actes d’Éphèse, pars eorum quse Ephesi gesta sunt, cela ne signifie point qu’ils reçurent une approbation spéciale, mais seulement qu’ils furent lus comme des documents ordinaires, auxquels on ne trouva rien à dire au point de vue de la foi, et qui, par le fait même, se trouvèrent tacitement approuvés. Comme les actes de la i" session contenaient les anathémalismes et qu’ils furent signés par tous les membres du concile, les Orientaux ont pu reprocher à ces derniers d’avoir souscrit ces formules, qui les choquaient si fort et qu’ils traitaient d’impies et de blasphématoires. Tillemont, Mémoires, t. xiv, p. 758759.

En dehors des anathémalismes, VEnchiridion de Denzinger-Bannwart contient trois autres documents tirés des actes du concile : 1° sous la rubrique : De flde et tradilione servanda, la décision portée à la vi » session contre ceux qui altèrent le symbole de Nicée, n. 125 ; 2° sous la rubrique : Damnalio pelagianorum, un extrait du 1° canon, n. 126, et le4<’canon, n. 127 ; 3° sous le titre : De primatu romani pontificis, xiiiextrait du discours prononcé à la iii= session par le prêtre Phihppe, légat du pape Célestin, n. 112. Nous expliquerons ces documents, après en avoir mis le texte sous les yeux du lecteur.

1° Contre les falsifications du symbole de Nicée-Mansi, t. iv, col. 1361 sq.

…olpio-ev Yi âyia (t-jvoôo ;

Irépav iti’dTiv |j.y)Sev’i èÇeîvai irpodfîpetv v-YO-jv tr-jyYpâ (psiv T| quvTiÔÉvat itapà xiriv ôpKiôeîoav Ttapà tùv aYi’uv

Ttatéptov T(ôv âv T^ Nixï£u)v

quveXôdvTCûv (7-jv ày^M Ilve-j^ati…

… Ei çwpaÔEÏÉv tive ;,

Le saint concile a décidé

qu’il n’était permis ti per sonne de présenter, d’écrire

ou de composer une formule

de foi différente de celle

qui a été fixée par les saints

Pères réunis à Nicée avec

le Saint-Esprit.

Que ceux que l’on sur-