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ÉPHÈSE (CONCILE D" ;


l’Hommc-Dicu. L’évéque d’Alexandrie a eu la perspicacité de démasquer une hérésie aussi subtile que dangereuse. Si quelques-unes de ces formules ont créé des difficultés aux théologiens des âges postérieurs, c’est que la terminologie n’était pas encore exactement fixée de son temps ; c’est aussi que, par réaction contre la doctrine de ses adversaires, il a semblé favoriser le monophysisme. Voir t. iii, col. 2509-2515.

C’est dans les derniers mois de 428 que Nestorius et ses amis commencèrent leur campagne contre le terme de Ôioidy-oç, au grand scandale du clergé et du peuple de Constantinople. Proclus, évêque nommé de Cyzique, et l’avocat Eusèbe, qui devint plus tard évêque de Dorylée, élevèrent en vain la voix pour défendre la foi traditionnelle et imposer silence au novateur. Celui-ci trouva un adversaire plus redoutable dans la personne de l’évéque d’Alexandrie, saint Cyrille, qui ne tarda pas à apprendre ce qui se passait à Constantinople, voir Le livre d’Héraclide, p. 92-94, et qui, sans retard, crut de son devoir de prémunir ses fidèles contre la nouvelle erreur dans l’homélie pascale de 429. HomiL, xvii, P. G., t. lxxvii, col. 773. Quelque temps après, il dut longuement exposer la foi orthodoxe aux moines d’Egypte, que la lecture des homélies de Nestorius commençait à troubler. Ad monachos yEgijpii, P. G., t. lxxvii, col. 9 sq. ; Mansi, Concil., t. iv, col. 587 sq. Dans ces deux documents, Nestorius n’était pas nommé, mais en lisant la Lettre aux moines, où ses erreurs étaient si magistralement réfutées, il ne put s’empêcher de faire éclater sa colère contre « l’Égyptien » . C’est alors que Cyrille crut le moment venu d’entrer en correspondance avec lui pour essaj^er de le ramener dans la voie de la tradition catholique. Deux lettres qu’il lui écrivit et qui reçurent des réponses aigres-douces, n’aboutirent à rien. Mansi, op. cit., t. iv, col. 8831000 ; Le livre d’Héraclide, p. 95-97. L’évéque d’Alexandrie s’adressa alors à la cour impériale pour l’intéresser à la cause de l’orthodoxie. Il écrivit une lettre à l’empereur Théodose II et deux autres aux princesses Eudoxie et Pulchérie. Mansi, ibid., col. 618883. En même temps, il avertissait plusieurs évêques orientaux, et, en particulier, le vieil Acace de Bérée, du péri] que courait la foi.

Dès 429, le pape Célestin I", que Nestorius avait déjà essayé de prévenir en sa faveur, avait demandé au patriarche d’Alexandrie des renseignements précis sur la nouvelle controverse qui commençait à agiter les esprits en Orient. Cyrille fit longtemps attendre sa réponse, voulant éviter toute précipitation ; mais lorsqu’il vit qu’il était impuissant à arrêter lui-même les progrès de la nouvelle hérésie, il écrivit à celui « que l’usage ancien des Églises ordonne d’avertir, quand la foi est en jeu. » Mansi, ibid., col. 10Il sq. A cette lettre, qui exposait brièvement l’histoire de la controverse depuis ses débuts, étaient joints un Commonilorium résumant et réfutant les erreurs de Nestorius, et les écrits, lettres et traités, traduits en latin que Cyrille avait déjà composés sur la question. Ce fut le diacre Posidonius qui fut chargé de porter à Rome tous ces documents. On était au printemps de 430.

Sans retard, le pape Célestin réunit à Rome, au mois d’août 430, un concile d’évêques occidentaux, qui examina le dossier envoyé par Cyrille et condamna comme hérétiques les opinions de Nestorius. Les actes de ce concile ne nous sont pas parvenus, sauf un fragment du discours prononcé par le pape, où l’expression 6eoTÔxoc est approuvée, Mansi, ibid., col. 550, mais nous trouvons la substance de ses décisions dans les quatre lettres de Célestin datées du Il août 430 et adressées à Nestorius, à son Église, à Cyrille et à Jean dvntioche. Mansi, ibid., col. 1017, 1025, 1035,

1047. Nestorius est menacé d’excommunication et de déposition, si dans l’espace de dix jours, à dater de la notification qui lui sera faite par Cyrille de la sentence papale, il ne rétracte son erreur. Cyrille sera chargé de l’exécution de cette sentence, comme représentant du siège apostolique.

Le patriarche d’Alexandrie ne se pressa pas de faire parvenir à Nestorius les pièces venues de Rome. Il réunit auparavant un concile à Alexandrie, qui publia une longue lettre synodale, datée du 3 novembre 430. C’est un exposé magistral de la doctrine orthodoxe sur le mystère de l’incarnation ; il est adressé à Nestorius en personne et se termine par douze anathématismes, auxquels le novateur devra souscrire, pour échapper à la condamnation qui le menace. Mansi, ibid., col. 1067 sq. Voir t. iii, col. 2509-2511. Ces anathématismes insistaient fortement sur l’intimité de l’union des deux natures divine et humaine dans la personne du Verbe. Les expressions employées pour désigner cette union, ëvwiti ; (p-^u-.y.r, , evwsLç y.a6’iJ7rô(jTa(jiv, ne déplurent pas seulement à Nestorius, qui répondit aux douze anathématismes cyrilliens par douze anathématismes de sa composition, Mansi, ibid., col. 1099 ; ils choquèrent aussi les prélats formés à l’école d’Antioche, et en particulier le patriarche Jean. Celui-ci était un ami de Nestorius ; aussitôt après avoir reçu la lettre que lui avait adressée le pape Célestin, avant même que Nestorius eût été averti par Cyrille de la décision du concile romain, il avait conseillé au novateur de se soumettre et d’accepter le OsoTÔy-o ;, dont il justifiait l’orthodoxie par l’Écriture et les Pères. Mansi, ifcid., col. 1061. Les anathématismes de Cyrille firent évanouir ces dispositions conciliantes. Jean se tourna dès lors du côté de Nestorius, qui, sans rien changer à son langage, déclarait que l’expression ôeotôxoc était à la rigueur susceptible d’un sens orthodoxe. Dans une lettre à Firmus, archevêque de Césarée, le patriarche d’Antioche voyait dans l’expression Evuxj ;  ; cpu(TCitf| une formule apollinariste et monophysite, et se refusait à croire qu’elle fût de Cyrille. Mansi, op. cit., t. V, col. 756. En même temps, deux de ses sufîragants, André de Samosate et Théodoret de Cyr, composaient de longues réfutations des anathématismes, qu’ils entendaient de travers avec une bonne foi souvent douteuse. Voir t. iii, col. 24782481 ; Mahé, Les anathématismes de saint Cyrille d’Alexandrie, dans la Revue d’histoire ecclésiastique ^ 1906, t. VII, p. 505-542.

Le 7 décembre 430, les délégués du concile d’Alexandrie, les évêques Théopempte, Daniel, Potamon et Comare remirent à Nestorius toutes les pièces dont ils étaient porteurs. La double sommation qui lui était adressée de Rome et d’Alexandrie ne produisit aucun effet. Elle arrivait d’ailleurs un peu tard. Un concile œcuménique, que ni Célestin ni Cyrille n’avaient demandé et dont ils se seraient sans doute bien passés, venait d’être convoqué par les empereurs Théodose II et Valentinien III. Une lettre circulaire du 19 novembre 430, adressée à tous les métropolitains de l’empire, leur ordonnait sur un ton sévère de venir à Éphèse avec quelques-uns de leurs sufîragants les plus distingués, pour la Pentecôte de l’année suivante. Mansi, op. c17., t. IV, col. 11Il sq. Théodose II envoyait à Cyrille une lettre spéciale pleine de menaces, qui montrait que Nestorius avait su le mettre de son côté. Mansi, ibid., col. 1109 sq. Bien que simple évêque, Augustin d’Hippone reçut une invitation spéciale de se rendre au concile, à cause de.sa grande célébrité. On ignorait encore à Constantinople que le grand docteur était mort le 28 août 430. Cf. la lettre de Caprcolus de Carthage au concile, Mansi, . ibid., col. 1207,