Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/641

Cette page n’a pas encore été corrigée
1253
1254
EUCHARISTIE AU XII* SIÈCLE EN OCCIDENT


l’église des Prémontrés, ciii, col. 461, el sur la conversion : Quæ benedicta sunt… in verum et summum sacriftcium transformantur, la est, in verum corpus et sanguinem Cl^risti, c. v, col. 462.

Un autre écrit liturgique, intitulé Spéculum de mysteriis Ecclesiæ, P. L., t. clxxvii, col. 335-380, et gratuitement attribué à Hugues de SaintVictor, est également une compilation qui puise beaucoup, entre autres, dans les œuvres du Victorin. Les considérations theologiques s’y mêlent à l’exposé liturgique, notamment depuis le c. vi jusqu’à la fin, sur la messe, les Écritures, la Trinité, etc. Tout ce qui s’y rencontre sur la théologie de l’eucharistie, sur la double manducation, etc., col. 362-367, avant que l’auteur passe à la paraphrase ou à l’explication des cérémonies de la messe, ne nous fournit qu’un écho de l’enseignement des Sommistes. L’auteur se dit, dans sa préface, plus logicien que théologien, col. 335 ; il est resté inconnu ; à tort on l’a confondu avec Hugues de Saint-Cher ou avec Innocent ni. Cf. Hauréau, Les œuvres de Hugues de Saint-Victor, Paris, 1886, p. 199. Si l’Explicatio divinorum officiorum de Jean Béleth, appelée depuis Laurimann qui la « latinise » , Rationale divinorum officiorum, Lyon, 1672 ; P. L., t. ccii, et écrite avant 1165, car le c. cxlvi fait mention d’Elisabeth de Schonau, morte en 1165 : quæ cliam nunc in vivis est, col. 148, est importante dans l’histoire de la science liturgique et demande à ce titre une édition moins ornatior alque polilior, elle ne nous offre pour le sujet qui nous occupe qu’un intérêt secondaire, les chapitres sur le canon de la messe ne nous fournissant rien sur la transsubstantiation, ni sur la théologie de l’eucharistie, c. xlvi, P. L., t. ccii, col. 53-54. Par contre, un des grands noms qui fait suite à Béleth dans l’histoire de la liturgie au xiie siècle, Sicard de Crémone, consacre à l’eucharistie, à côte d’interprétations symbolico-historiques qu’il prend chez Amalaire, Béleth, Honoré d’Autun, etc., par exemple, col. 134, 137, 420, etc., une page substantielle.

Le personnage est malheureusement beaucoup plus mal connu que son œuvre, le Mitrale, P. L., t. ccxiii, col. 13-434. Depuis les études de IIolder-Egger, Monumenta Germanise liislorica, Scriptores, t. xxxi, p. 23, 24, il n’est plus permis d’alTirmer son identité avec son homonyme le chroniqueur ; mais la Summa canonique, vers 1180, écrite ii Mayence, semble-t-il, et décrite par von Schultc, Geschiclite des canonischen Rechts, Stuttgart, 1874, i, p. 143, vient du même auteur que le Mitrale, cf. son propre aveu au c. v, c. m du Mitrale, col. 117. Cette œuvre liturgique, qui se place entre l’Explicatio de Jean Béleth et le nationale de Durand de Mende, contient, I. III, c. vi, un résumé complet de doctrine sur la présence réelle, la transsubstanliation, la toute-puissance divine, la supériorité de la foi sur nos sens, etc., col. 129-130. Voir aussi I. III, c. i, vi, sur l’institution, la forme, la matière, etc., col. 91, 116-118. Il fait allusion au texte : fercbatur in numibus, voir plus haut, et fait les rapprochements que nous avons déjà rencontrés dans Paululus, P. L., t. CLXXVII, col. 418, et ailleurs. Mais l’utilisation des mots du texte d’Augustin : Accedit vcrbnmad elemidumet fit sarrumentiim, In Job, lxxx, 3, et la comparaison avec l’union du Verbe à la nature humaine laissent planer ici un doute sur sa conception de la disparition du pain et du vin. Si nous ne rencontrions ailleurs des expressions fort nettes, par exemple, 1. III, c. VI, in i/uod (corpus) pane.m credimus transsuhstantidtum, col. 11<>, ses accointances avec les idées de lUipert de Dcutz sur Vintentio, Viitilitas, voir plus haut, qui s’accusent un peu plus loin, col. 130, ou avec l’unité du scjcripciiim et sa matrria et la ri ta tpirilfdis ou anim/dis, qui précède, I. III, c. vi, col. 116,

118, etc., expliqueraient ces imprécisions de langage-Par contre, l’emploi du mot transsubstantiare, transsubstantiari, etc., col. 91, 116, 117, 118, 129, 131, etc., se remarque fréquemment.

Plus loin il multiplie les allégories sur la fraction de l’hostie, col. 138, et parle de la présence du corps du Christ sous toutes les parties de l’hostie divisée. 1. III, c. VIII. col. 141. A noter comment il permet l’expectoration après la communion, ce dont Amalaire s’était déjà occupé en s’autorisant entre autres de l’exemple de Jésus-Christ. Joa., ix, 6, col. 141.

Voir aussi les statuts synodaux d’Odon de Paris, Communia præcepta, 28, Mansi, t. xxii, col. 682. A la suite de Sicard, il faudrait placer ici Lothaire de Segni, le futur Innocent III, De sacrosancto allaris mysterio, P. L., t. ccxvii, col. 774-916. Si lu et si goûté de tous les âges suivants dont l’exposé résume l’enseignement de toute la période scolaire, son livre est aussi scolastique que liturgique quand il parle de l’eucharistie ; c’est pour ces motifs que nous le plaçons plus loin, comme couronnement de l’enseignement scolaire sur le dogme eucharistique.

2. Poésie liturgique.

La poésie liturgique proprement dite ne fournit guère de pièces relatives à l’eucharistie au XII e siècle. Les Versus ad eucharisliam sumendam, Dreves-Blume, Analecta hymnica medi œvi, Leipzig, 1907, t. ii, p. 298, ou Bernard, Irish hymnenbook, t. ii, p. 99, dans les publications de la Bradshaw Society, Londres, 1897, t. xiv, de l’antiphonaire de Bangor (680-691), constituent une exception qui ne disparaîtra qu’avec l’établissement de la fête du saint-sacrement au xiiie siècle : c’est alors que se produit une magnifique floraison d’hymnes eucharistiques, notamment dans les centres cisterciens ou sous la plume de saint Thomas d’Aquin. Dreves-Blume, Ein Jahrtausend latcinischer Hymnendichtung, Leipzig, 1909, t. ii, p. 202-227, 355-359 ; Analecta hymnica, t. i, p. 384-389 ; t. iv, p. 28-32 : t. v, p. 24, 73, 74, 211, etc.

En attendant, les recueils les plus riches, comme celui de l’abbaye de SaintMartial à Limoges, ne contiennent rien sur l’eucharistie. Dreves-Blume, Analecta hymnica, 1889, t. vu ; Ein.lahrtaiisend. etc., t. II, p. 202. Une seule hymne est à signaler, mais nous n’osons faire nôtre l’affirmation de son premier éditeur, Eugène de Levis, Anecdota sacra, Turin, 1789, p. 53, qui l’attribue à saint Anselme, sans aucune raison à l’appui. Dreves-Blume, Ein Jahrtausend, etc., t. II, p. 221. On peut la lire dans l’ouvrage cite de Dreves-Blume ou dans le Thescuirus hymnologicus de Daniel, t. II, p. 328. Il affirme avec insistance la présence réelle : Christi corpus ave…, Viva caro, dritas intégra, verus homo ; mais le titre qu’elle porte : In elevationc corporis et sanguinisChristi ne s’adapte pas du tout à la période qui suit immédiatement les luttes bérengaricnnes. Voir plus loin le moment de la transsubstantiation.

Si la poésie liturgique proprement dite est à peu près silencieuse en la matière, il n’en va pas de même avec les autres productions poétiques du XII e siècle. La versification latine, en honneur dans les écoles et cultivée avec succès au xw siècle, cf. une liste alphabet ique de ces pièces publiée par Waltentach, dans Zeitschrifl fiir deutsches Altcrthum, 1872. t. XV, p. 469 506 : llauréau, Journal des savants, 1894. p. 427 110. etc., s’exerce fréqueiument sur les sujets eucharistiques. Il nous faut citer Ici celles qui circulent sous le nom (rillldeberl du Mans, celles de Pierre de Hlols. de Henier, etc. Les unes se rattachent à la controverse bérengarienne, à l’instar de Durand de Troarn (y 1088) qui avait placé un proœmiunr en vers en tête de son Liber… contra licrcngarium cl ejus scctatores, P. L., t. cxi.ix, col. 1375. Les autres