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1-191 EUCHARISTIE D’APRÈS LES MONUiMENTS DE L’ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE 1192

le dernier marbre, que sur la pierre originale les poissons ne tiennent nullement un pain dans la bouche. Sur l’épitaphe romaine de Titus Flavius Eutychius, du niii e siècle, on ne voit que deux pains et deux poissons. Nuovo bullel., ’Romc, 1904, t. x, p. 156 ; Leclercq, dans le Diction, d’archéol. clirét., t. ii, col. 2422. Ont-ils une signification eucharistique ? Un graffito sur un marbre de Sainte-Agnès, publié par Armellini, Gli anlichi cimileri cristiani di Romae d’italia, Rome, 1893, p. 270, n’a peut-être qu’une signification eschatologique. Enfin, le sarcophage priscillien d’Euelpistus, du IIe siècle, présente cinq pains et, à la place des poissons, le symbole de l’ancre. Wilpert, Fraclio panis, pi. XV, n. 2.

5. La manne du désert.

Une seule fresque nous fait voir quatre Israélites, deux hommes et deux femmes, recevant la manne qui tombe du ciel. Wilpert, op. cit., p. 388, pl. 242, n. 2. On a voulu y trouver un symbole de l’eucharistie. De Rossi, Bullellino di archeol. crist., édit. ital., Rome, 1863, p. 76, 80 ; Garrucci, Sloria deU’arte, t. ii, p. 64, pl. 59, n. 2 ; Kaufmann, Handbuch, p. 342 ; Marucchi, Éléments d’archéologie chrétienne, Paris et Rome, 1900, t. i, p. 293, et d’autres. Wilpert, loc. cit., préfère une explication plus naturelle, favorisée par les peintures avoisinantes. Le seul détail des mains voilées qui semble s’y opposer trouve son explication dans le fait que les Israélites reçoivent la manne dans les plis de leurs manteaux.

6. Le sacrifice d’Abraham.

Ce sujet, qu’on rencontre dans les plus anciens monuments, présente une grande variété dans la composition. Sa signification symbolique dépend plus particulièrement du contexte, c’est-à-dire de l’ensemble dont la scène fait partie, du lieu où elle se trouve, de l’agencement des groupes. Dans les cas ordinaires, le sacrifice d’Abraham n’a qu’une signification sépulcrale ou funéraire et rappelle la prière si ancienne de la Commendatio animæ : Libéra, Domine, animam servi tui, sicut liberasti Isaac de hostia et de manu patris sui Abrahæ. Wilpert, op. cit., p. 350. De même, le sacrifice d’Abel qu’on rencontre sur quelques sarcophages romains, si toutefois il ne s’agit, dans ce dernier cas, que d’une simple représentation historique. Ficker, Di> altchristlichen Bitdwerke des Laterans, Leipzig, 1890, n. 164, 151 ; Baumstark, /.j’/urffj’a romana c liturgia delV esarrato, Rome, 1904, p. 167. Aux tombeaux des martyrs, le sacrifice d’Abraham pourrait symboliser le caractère sacrificatoire de leur mort. Wilpert, op. cit., p. 354. Enfin, sa signification comme symbole du Christ est trop bien fondée sur les témoignages des Pères et les textes Uturgiques pour pouvoir être contestée. Voir 1. 1, col. 101 sq. ; Leclercq, danse Dict. d’archéol. chrét., t. i, col. 1Il sq. ; Wilpert, Dos Opfer Abrahams, dans Rômische Quartnlscbrift, 1887, t. i, p. 143-160. Dès lors donc que ce sujet est mis en relation avec des scènes eucharistiques, il semble tout naturel d’y voir une indication de l’interprétation qu’il faut lui donner, par exemnle, quand on le rencontre sur des monuments, pyxides et autres, qui excluent la signification funéraire. Wilpert, Fractio panis, p. 65 sq. ; Malereien, p. 287.

7. Les sacrifices d’Abel, d’Abraham et de Melchisédech. — Nous les voyons sur les mosaïques de Ravenne. Ils symbolisent sans aucun doute l’eucharistie, ainsi que le prouve la très ancienne prière Supra quæ, après l’élévation. Baumstark, op. cit., p. 167, pl. 1, 2, 4. Le dernier sujet figure déjà sur les mosaïques de Sainte-Marie-Majeure, qui sont bien plus anciennes. Son symbolisme est évident. Voir Richter et Taylor, The golden âge of classic cliristian art, Londres, 1904, p. 58 sq., pl. 5.

8. Les vivres apportés à Daniel.

Dans ce prétendu

symbole eucharistique, qu’on ne rencontre que très rarement, nous ne voyons que l’expression de l’assistance divine que les survivants demandent au ciel ))our les défunts, conformément à la prière de la Commendatio animæ : Libéra animam servi tui, sicut liberasti Danielem de lacu Iconum. Wilpert, Malereien, p. 335 sq. On a relevé le fait que dans un cas le Ijrophcte porte un pain et un poisson. Mais c’étaient là les éléments de la nourriture ordinaire qui, en outre, étaient très faciles à représenter. Dans un autre cas, il s’agit d’une lampe chrétienne de Carthage : nous avons probablement alTaire à une simple représentation d’un fait biblique. Revue de l’art chrétien, 1892, n. 675 ; Le Blant, Sarcophages de la ville d’Arles, Paris, 1878, p. 11, 12 ; Leclercq, dans le Diction, d’archéol. chrèL, t. i, col. 3012, fig. 1042.

Autres symboles.

1. "L’Ichlbys ou Poisson

symbolique. — Les monuments d’Abercius et de Pectorius et d’autres, ainsi que les écrits des Pères, nous apprennent que le poisson symbolise aussi le Christ dans l’eucharistie. Mais comme sa signification n’est pas partout la même, on ne devra lui attribuer un sens eucharistique que quand le contexte y oblige. Dôlger, IXGYC, t. i, p. 122-150 ; le t. ii traitera in extenso cette question.

2. La vigne.

On la voit à la voûte d’une galerie de Sainte-Domitille qui est de la fin du i*’siècle. Wilpert, Malereien, pl. 1. Plus tard, on la rencontre assez fréquemment. Il est certain que la peinture de Domitille ne symbolise aucunement l’eucharistie, comme le prétend Marucchi. Le dogme de l’eucharistie, p. 9, 10. C’est une peinture purement décorative, dont l’élégance et la fraîcheur rappellent les fresques pompéiennes.

3. Les cerfs buvant à la source ; les colombes becquetant des raisins ; le vase où se désaltèrent des oiseaux, colombes ou paons. — Ces représentations, sauf exception, ne paraissent qu’à partir de la fin du ive siècle. On les a rapportées à l’eucharistie, par exemple, Marucchi, Die Katakomben und dcr Prolestantismus, p. 38, 53 ; Le dogme de l’eucharistie dans les monuments des premiers siècles, p. 20 ; Leclercq, dans le Diction, d’archéol. chrét., t. i, col. 1052. En réalité, ces représentations symbohsent la joie céleste après laquelle on soupire, ou la vie au sein des délices dont jouissent les bienheureux. Une simple comparaison avec d’autres monuments, par exemple, avec les fresques du Cubiculum dei cinque santi, à Saint-Calixte, impose cette conclusion. Wilpert, op. cit., p. 462, 463. Le jet d’eau au milieu du vase, le remplacement des colombes par des paons perchés sur les bords du vase, les fleurs qui les entourent et d’autres détails excluent tout symbolisme eucharistique. Il en est autrement pour les cas assez rares où on voit un ou deux paons boire dans un calice, sur lequel sont posés des pains, par exemple, sur une lampe romaine et sur une épitaphe du iiie siècle, conservée au Latran. Leclercq. dans leDic/ion.rf’arc/iéoI. c/7ré/., t. ii, col.l611, fig. 1882 ; Perret, Les catacombes t. v, pl. 57, n. 8 ; Ficker, Die altchristichen Bildwerke des Laterans, p. 122, n. 174 b. On peut encore admettre comme assez probable le symbolisme eucharistique pour les quelques lampes dont le disque montre un vase accompagné d’un poisson. Le musée Lavigerie de Carthage en possède une. Deux autres sont publiées dans l’Ephemeris Salonilana. pi. iii, n. 1 ; une quatrième dans Martigny, Diclionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., p. 772. Par contre, on hésitera beaucoup plus à se prononcer sur les représentations assez nombreuses où on a dessiné le Chrismon ou la croix soit sur le ventre du vase (caUce), soit au-dessus. WUpert, op. cit., p. 463 ; Schnyder, dans le SrptoivaT’.ov àpyjx’-oXôyiy.ov, Rome, 1900, p. 108-118. Sans doute, la présence de ce signe