Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/487

Cette page n’a pas encore été corrigée

ETHIOPIE (EGLISE D’)

946

églises et des localités ; elle subit des altérations plus ou moins essentielles qui exposent à l’invalidité, comme aussi l’insouciance des prêtres ignorants pour unir les paroles sacramentelles à l’immersion ; d’où, souvent, le double doute jiiris et facli. Les prières et les cérémonies du rituel baptismal ou masâhefaTamkat’sont prises du rituel copte. Felh’â-Nagast’, par Guidi, c. IV, p. 26. Quant au baptême de l’Epiphanie, où tout le monde se plonge dans la source ou la rivière bénite ad hoc, il a pour raison d’être lacommémoraison du baptême de Notre-Seigneur dans le Jourdain. Mais l’ignorance populaire en fait une annuelle nécessité comme d’un baptême sacramentel pour se purifier du péché. D’ailleurs, même les prêtres ignorent que le baptême imprinje un caractère indélébile et par conséquent ne peut pas être renouvelé, car on les voit réitérer le bapltême aux personnes d’une autre Église que la jacobite, qui demandent à.être incorporées dans la leur.

b) Confirmation ou Méron (avpov). — Sans doute à t ; ause de la difficulté de se procurer l’huile sainte requise, ce sacrement est tombé en désuétude. Il s’administrait conjointement avec le baptême. D’Almeida, dans Beccari, t. vi, p. 137.

c) Eucharistie ou Kurbân. — Comme les coptes, etc., les prêtres éthiopiens se servent de pain fermenté, excepté le jeudi saint en souvenir du pain azyme dont se servit Notre-Seigneur dans l’institution de l’eucharistie. La communion se donne sous les deux espèces ; le célébrant fractionne l’hostie, dont le volume a été proportionné au nombre supposé des communiants, dans une grande patène ou sahâl, que deux diacres tiendront devant lui sur un plateau recouvert d’un pavillon ; le prêtre assistant ou najkakasis puise avec une cuillère dorée, erfa-maskal, (luelques gouttes dans le calice qu’il tient de la main gauche et les verse dans la bouche du communiant debout devant lui. L’obligation de communier n’est l)rescrite par aucune loi ecclésiastique, excepté aussitôt après le baptême, à cause de l’interprétation littéralement nécessitante du texte, Joa., vi, 54, de peur de mourir sans avoir communié une fois au corps et au sang du Christ. A part cela, ils estiment convenable, de bon ton, de fréqucjiter la sainte table à l’âge de l’assagissement. La privation de la communion est la sanction du crime de la polygamie. Voir plus haut. Le /’Wif/’-.Vajyas/’rappelle l’usage d’ajouter un tiers d’eau au vin destiné à la consécration. Mais, au lieu de vin naturel ou artificiel fait de raisin sec, on se contente depuis trois siècles de broyer cinq grains de raisin sec et de les liquéfier avec un peu d’eau. Alors, ce n’est pas du vin et ne peut pas être matière du sacrement. La foi à la transsubstantiation est indubitable : pour le constater, il suffit d’entendre avec quelle accentuation les fidèles, prosternés le front dans la poussière, répètent à chaque consécration : » Je crois et je professe fjue ceci est vraiment le corps…, ceci vraiment le sang du Clii ist. » Ce double acte de foi est une preuve que l’Église d’Orient a, dès l’origine, regardé les paroles de Notre-Seigneur comme la forme par laquelle s’accomplit la transsubstantiation, et non | » as la prière de l’épiclèse qui vient après cette profession de foi. Car ce double acte de foi tait partie de la liturgie dite des apôtres, la première de toutes et sans doute l’unique, à l’origine ; et cette liturgie est la traduction de la liturgie grecque usitée à Alexandrie, sous saint Athanase ; et elle a été traduite en éthiopien pendant ou après révangélisatioii par saint Frnmence, en.340. Cette liturgie éthiopienne remonte ainsi à la seconde moitié <lu iv siècle. Les héllénismes et les mots grecs, adoptés sans être traduits, témoignent de la source de la version. Le missel éthiopien ou mafàhela-kedûsé contient : a. l’ordre

ordinaire ou la suite des prières et des cérémonies invariables qui précèdent le ser’d^ « -g’e6r ou le canon de l’action sainte ou la liturgie ; b. suit la liturgie ordinaire dite des apôtres, zahâwâriâl’, la plus ancienne et la plus usitée. Renaudot, Hammond ; d’Aïmeida, dans Beccari, t. VI, p. 161-174. f. Quatorze autres liturgies suivent et sont employées à des jours de fêtes spéciales, à savoir : de Notre-Seigneur ; de la sainte Vierge (de Cyriaque de Behnesa) ; de saint Jean Chrysostome, Afaivark ; de Dioscore ; de saint Jean l’Évangéliste ; de saint Jacques, frère du Seigneur ; de saint Grégoire d’Arménie ; des 318 Pères de Nicée ; de saint Athanase ; de saint Basile ; de saint Grégoire de Nazianze ; de saint Épiphane ; de saint Cyrille ; de Jacques de Sarug.

On trouve l’ordre ordinaire et la liturgie primitive dite apostolique, publiée par Tasfa Sion, Rome, Vatican ; par M. Coulbeaux, en 1886, Kéren ; cf. aussi, pour la liturgie apostolique et celles de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge et de Dioscore, Bullarium patriarcalus Portugalliæ ; celle de saint Chrysostome, dans Chrestotnalhia œlhiopica de Dillmann, p. 5 ; Swainson, Greek liturgy (the ordin. canon of themass ) jBezold, p. 349.

d) Pénitence ou Ser’àta-Nesehâ. — L’usage en remonte à l’origine de l’Église éthiopienne, mais non sans avoir subi des déformations par l’incurie au cours des siècles. Sous Zara-Jacob, des moines auraient soutenu que les paroles divines, Mattb., xvii, 22, ne signifient pas l’institution du pouvoir de l’absolution sacramentelle, Dilmann, p. 44 ; mais la croyance en, ce pouvoir sacerdotal est générale, a. La confession, secrète ou auriculaire est d’un usage assez répandu ; et sans se confesser souvent, chacun a son confesseur attitré, « le père de l’âme » , qui sera comme une garaivtie de salut ; personne ne s’adressera à un autre, sans avoir pris ou congé, ou permission du premier. On ne croit pas à une obligation stricte de ce sacrement, sinon lors de la première et très tardive communion eucharistique, et à l’article de la mort, et encore non. en vertu d’un précepte, mais de la conviction de la. nécessité comme moyen de salut. Chacun se confesse quand il lui plaît et, selon ropinion publique traditionnelle, seulement à partir de l’âge viril, de vingt à vingt-cinq ans ; il en est de même pour toute participation aux cérémonies du culte paroissial ; jusqu’à cet âge, on n’en a cure. b. La confession publique ne se fait qu’à Vaboiina et VÉrof/é, dans les cas de censures à eux réservées. Un livre : Enkâ^a-Xesehd ou Porte de la pénitence aide à l’examen de conscience ; mais il est loin d’être à la portée de tous ; confesseurs et péni tents se contentent de l’accusation des péchés que leur religion très peu éclairée leur représente comme tels, par exemple, le volet le meurtre, et immanquablement l’infraction des jeûnes. I/imposition des peines satisfactoires n’est pas toujours exempte de simonie. La formule de l’absolution est déprécatoire. l’n manuel : Masahefa-Kcdcr ou Liurc de la p/o/a/Ki/io/i, contient les formalités rituelles pour la réconciliation des renégats et de ceux qui ont eu commerce avec des feninu"non chrétiennes ; il date de l’invasion musulmane, . XVIe siècle.

Un usage entré dans les habitudes sociales semble être un travestissement de l’acte sacramentel. A toute rencontre, les gens, en saluant un prêtre ou en prenant congé de lui, s’inclinent et demandent l’absolution : l’ethiini, absolvez-moi, et le prêtre répond : if-j’làh’kâ ou absolvat te (Dominus). Cet acte est distinct (le celui de simple bénédiction ou bons souhaits, burâké et marakâ.

e) Ordre ou KehenaV. — Les ordres mineurs et majeurs sont énumérés comme existant en théorie ; mais en pratique, évêque et oxdinands ne recon-