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ÉTERNITÉ — ETHIOPIE (EGLISE D’]


sidérant dans les essences des choses créées que la réalité abstraite de toutes les déterminations de l’ordre concret, on forme ainsi des idées générales qui sont en dehors des conditions du temps et de l’espace. Les idées éternelles sont ce que l’ancienne scolastique appelle les universaux. Tel est le sens philosophique du mot. Voir Essence, col. 833.

Dans l’usage courant, on appelle également éternelles les idées qui se retrouvent chez tous les peuples, sous tous les climats, dans toutes les religions. Les idées de devoir, de bien, de mal, sont, en ce sens, des idées éternelles.

2° Les choses sont dites éternelles, bien qu’étant mesurées par le temps, lorsque, par la volonté de Dieu, elles n’ont pas de fin assig née à leur existence. Le feu de l’enfer, créature soumise à toutes les mutations accidentelles et essentielles des créatures, est cependant appelé éternel, parce qu’il durera toujours. Voir Feu de l’enfer. Cf. Matth., xxv, 41 ; xviii, 8. Si le monde n’est pas annihilé dans la conflagration finale, il sera éternel en ce sens.

I.’épithéte éternel est appliquée fictivement, d’une manière poétique, aux êtres de longue durée. L’hcriture nous donne plusieurs exemples de cette figure littéraire. Dcut., xxxiii, 13, 15.

Formellement parlant, l’éternité improprement dite se réfère au temps : tous les êtres réels auxquels elle est attribuée se meuvent dans le temps ; nous avons vii, en effet, que, de sa nature, le temps ne comporte pas nécessairement un commencement réel, une fin réelle. La création ab œterno est considérée par beaucoup comme possible, et il n’y a aucune raison d’imposer au temps un instant final, tant que Dieu, le premier moteur, conservera le mouvement aux corps.

Les applications |>articiilières du mot éternité, vie éternelle, feu éternel, création éternelle, avec les difficultés d’ordre spécial qu’elles comportent, ont été ou seront étudiées dans les articles se rapportant directement à ces questions particulières.

Pour la partie spéciilntine : S. Thomas, Siim. tlienl., I", q. x ; In IV Sent., 1. I, dist. VIII, q.ii ; Gonet, Clijpeiis tlxeologiee tliomisticæ, iT. 1, disp. IV. a. 7 ; tr. VII, disp. VI ; Pcgues, Commentaire littéral de la Somme tltéolooique, Toulouse, 1907, t. I et ii ; Bilhiart, diss. III, a. 8 ; Suaiez, Melaplu, <lisp. L, et les autres roininonlateurs de saint Thomas.

Pour la partie positine : Petau, De Deo Deiqmprnprietatitnis, I. III, c. iil-vii ; Tliomassin, Doijm. Ilieol., I. V, c. xil-XIII ; Franzelin, De Deoimo, sect. iii.c. ii, th. xxiii ; c. iv, th. XXXI et xxxii ; Prat, l.a tliéologie de saittt l’aal, Paris, l’JOS. 1. IV, c. H, note S ; d’.Xlés, Ln théologie de Terlullien, Paris, 1 !)05, c. ii, m ;.J. Lehicton, Les origines du dogme de la Trinilé, Paris, 1 ! » 10. I. I, III.

.. Michel.

    1. ÉTHICOPROSCOPTES##


ÉTHICOPROSCOPTES. C’est le nom donné par saint Jean Daniascènc à des sertaires qui blâmaient ce qui est digne de louange, louaient et pratiquaient ce qui est digne de blâme. D’ordinaire, même chez des baptisés, la perversion du sens moral et la méconnaissance de la morale traditionnelle ciierciient à se justifier par queUjue erreur de doctrine. Et c’est parce qu’ils erraient au point de vue doctrinal que saint Jean Daniascènc les a inscrits au nombre des hérétiques, mais il a oublié de nous dire en quoi consistait leur erreur, sans doute parce que le terme même qu’il emploie pour les désigner la laisse transparaître.’llOiy.o-5’"7/.’<rTi ; se compose, en effet, de t/Ji/.o ;, éthique, morale, et de TipoirA-- » ), verbe composé lui-même du préfixe zpô :, qui marque dans la composition un redoulilement d’énergie dans la tendance de l’action du verbe y.or.-rv, couper, trancher, saccager, vers le but délcrininé par le complément direct, d’où, Tipoiî/oriTi.), heurter ciuilre, se heurter, choquer, ollenscr, blesser la morale elle-même dans ses prin cipes, ses fondements, comme dans ses règles pratiques ou sa discipline. Il ne saurait s’agir ici simplement de l’inconduite de quelques chrétiens dépravés ou révoltés blessant les bonnes mœurs, car il s’en rencontre partout et toujours quelques-uns, et alors saint Jean Damascène leur aurait donné le nom d’-rfio-npoc>ioTtTa ;, et non celui d’r/jiy.o-f.oT/.oTiTa’; mais il s’agit de sectaires dont la caractéristique était de se heurter et de se briser contre les notions et les prescriptions de l’éthique ou de la morale traditionnelle du genre humain. Et comme il n’en parle qu’à la suite de tous ceux dont il a emprunté la nomenclature aux hérésiologies antérieures, il est à croire que ces éthicoproscoptes ont vécu postérieurement à Sophronius, qui n’en a pas dit un mot et qui mourut en 638, c’est-à-dire dans la seconde moitié du vii<e siècle ou dans la première moitié du viii « en Orient, et plus vraisem-’blablement en.sie-IMineure ou en Syrie. Mais ils se ! rattachent par des liens mystérieux et impénétrables I aux pires gnostiques du iie siècle, aux antitactes et I antinomistes, dont le nom se trouve être, en morale, l’équivalent lexicologique du nom d’éthicoproscoptes, dont saint Jean Damascène a flétri les lointains rejetons, et forment l’un des anneaux de la chaîne, qui reparaîtra plus tard, ici et là, du xii’^ au xvi siècle, sous d’autres noms, albigeois, béguards, libertins, etc.

S. J. Damascène, Ilœr., 96, P. G., t. xciv, col. 960 ; Migne, Dictionnaire des hérésies, Paris, 1847, t. i, col. 681 ; Smith et Wacc, Dictionary o/ Christian biographi ;, hondrea, . 1877.

G. Bareili.e.

ÉTH10PIIE(ÉGL[SE0’). — I. Les origines. II. Après, le concile de Chalcédoinc. III. Après les conquêtes de l’islam en Syrie et en Egypte, agonie de l’Église d’Éthioiiie. IV. Sous la dynastie des Zaguës (9601268). V. Sous la restauration de l’antique dynastie. Nouvelle phase religieuse (1268-1440). VL Concile de F"lorence : Zara-Sacob, réforniateurdu culte. VII..près les invasions musulmanes, rÉthiopie à Rome et au Portugal ; faillite d’une première union. VIII. Mission des jésuites (1556-1606). IX. Christologie (1636-190(1). X. État au xixe siècle.

I. Les origines.

1° Position et étendue géographique. — Dire Église ou empire d’Élhioiiie, c’est tout un. Il s’agit de l’antique empire de ce nom. La dénomination ultérieure d’Abyssinie nous en précise mieux la position géographique, en la détachant de l’immense et vague Ethiopie des anciens. Mais, soit pour l’Église, soit pour l’État, le nom d’Ethiopie est officiel, sacré, intangible. D’ailleurs, du haut de ses sommets, n’est-elle pas la fiére capitale des vallées sans fin du Haut-Nil que peuplent les descendants de Cousch ? On sait que le sobriquet ai’Jio’}/ est synonyme de Cousch. Elle comprend les plages riveraines de la mer Erythrée et de l’océan Indien par l’est, et les hauts plateaux montagneux entre les 6° et 15" degrés de latitude nord et les 34 et 50<" degrés de longitude est, méridien de Paris.

Cette vaste délimitation est loin de signifier ((ue 1 ; » religion chrétienne ait jamais régné, soit universellement sur la nation tout entière, soit souverainement sans rivalité d’autres cultes, on le verra plus loin, mais qu’elle fut reconnue comme la religion officielle de l’empire.

Introdiirlion du christianisme.

Tous-les historiens

s’accordent aujourd’hui à reconnaître que l’origine de l’Église d’Éthiojjie ne remonle pas au delà du IV siècle. Ni la propagande censée faite par l’eunuque de la reine Candace, ni les expéditions apostoliques de saint Matthieu i ; i jElhiopiam, et de saint Harthélemx in Indimn citcriorem, n’ont eu pour théâtre la Ilaute-Éthioine. 1. La légende d’Aksun