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ESPRIT-SAINT


lui-même, parce que celui qui donne la gloire aux autres possède une gloire bien plus grande. Si donc la majesté du Saint-lisprit est si sublime, pourquoi s’insurger contre son culte et son adoration ? Pourquoi lui refuser le nom de Dieu ? Adversus macedonianos, 22, 23, P. G., t. XLV, col. 1328, 1329. L’Écriture déclare que le Saint-Esprit est Dieu. Ibid., 3, col. 1304. Et nous qui croyons à l’autorité de l’Écriture, nous devons soutenir que, par rapport à la divinité, le Saint-Esprit ne diflere point du Père et du Fils. Ibid., 2, co !. 1304.

Deux textes scripturaires donnent matière à une démonstration originale de la divinité du Saint-Esprit. Le premier est tiré du Pater : « Que votre règne arrive. » Matlh., VI, 10. Le second est une ancienne variante du même texte, d’après l’Évangile de saint Luc : sXOiTti) -h "Ayiov llvî0 ; j.a toC £9’-r, [i.i ;, zal -/.aSapiTiKo ï.jj.îç. En commentant ce passage, le saint docteur déclare que le Saint-Esprit est le royaume de Dieu. De oralione dominica, 3, P. G., t. xi.iv, col. 1157. S’il est le royaume de Dieu, il est séparé des créatures, mais en même temps il est inséparable de celui à qui est le royaume. Le roi de ce royaume est le Père ; le Saint-Esprit est donc inséparable du Père, à la grandeur et à la majesté duquel il participe. Mais Dieu n’est jias inactif ad inlra. Il engendre de toute éternité son Fils unique. Le Saint-Esprit donne au F’ils la couronne de sa gloire royale. Par ra])port au Père, il est Je royaume ; par rapport au l’ils, il est le chrême de l’onction. Il est cette huile d’allégresse, Ps. xlv, 8, dont Dieu se sert pour oindre son divin Fils. Aduersus Apotlinarcm, 52, P. G., t. xlv, col. 1249. Il s’ensuit que le Fils de Dieu, en tant qu’il est consubstantiel au Père, participe à la majesté royale du Père ; en tant qu’il participe ; cette majesté, il est oint avec le chrême du Saint-Esprit. La gloire de la royauté divine qu’il reçoit en partage s’appelle symboliquement onction. Ibid., 53, col. 1252.

On ne saurait donc séparer la gloire du Saint-Esprit de la gloire du Père et du Mis. Le Père a toujours sa gloire qui a précédé les siècles ; la gloire du Père est le Fils éternel et la gloire du F’ils est le Saint-Esprit, qu’on ne saurait séparer du Père et du Fils. Contra Eunomium, I. I, col. 372. Le Fils est glorifié par l’Esprit ; le Père est glorifié par le Fils, et ce Fils unique de Dieu est aussi la gloire de l’Esprit.

On serait tenté de croire que saint Grégoire de Nyssc donne aux mois royaume et onction une valeur symbolique. Mais il proteste lui-même avec énergie contre cette fausse interprétaticn de sa théorie. Le chrême, dit-il, n’est pas étranger à la nature de celui qui est roi. Le règne de Dieu, cpii est le Saint-Esprit, est un règne vivant, substantiel, personnel. Adversus macedonianos, IG, col. 1320-1321. Il ne faut concevoir aucun intervalle entre le roi et la royauté, ni entre la Sagesse et l’Esprit de sagesse, ni entre la Vérité et riisprit de vérité, ni entre la Puissance et l’Esprit de puissance. Contra Eunomium, 1. II, col. 469. Les dénominations de règne et de chrême, données au Saint-I- ; sprit, n’autorisent donc pas à conclure que le Salnt-Esprit entre dans la Trinité comme un élément étranger et extérieur. Aduersus macedonianos, l(i, col. 1320, 1321. Elles le révèlent, au contraire, comme Dieu. De même que l’esprit humain qui est dans l’homme et l’homme lui-même ne font qu’un seul homme, ainsi l’Esprit de Dieu qui est en Dieu et Dieu lui-même sont un seul Dieu. Contra Eunomium, I. II, col. 561-505. Et de même que le I-’ils est uni au Père, ainsi le Saint-Esprit est uni au Fils. Ibid., I. I, col. 464.

La théorie de saint (irégoirc de Nyssc est donc un essai d’explication Ihéologique de la divinité du Saint-Esprit. Le saint docteur admet l’incompréhensibilité du dogme trinitairc ; mais, à la lumière de la

révélation, il s’elïorce d’indiquer les raisons qui la rendent nécessaire. La négation du Saint-Esprit rendrait imparfaite la vie de Dieu, c’est-à-dire éciuivaudrait à la négation de Dieu lui-même.

La communauté d’attributs et d’opérations entre les trois personnes divines est une autre preuve de la divinité du Saint-Esprit. Il sufiit de prononcer le nom d’Esprit de Dieu, pour conclure qu’il est Dieu. De eo quid sil ad imaginent Dei, P. G., t. xliv, col. 1341. Xous découvrons dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit la même puissance, la même volonté, la même intelligence. Ibid., col. 1344. L’Esprit-Saint accomplit les mêmes œuvres que le Père et le Fils. Contra Eunomium, ]. IL col. 564. Toutes les opérations ad extra dérivent du Père, passent par le Fils, s’achèvent dans le Saint-Esprit. Mais les trois personnes divines ne sont pas trois Dieux. Quod non sunt 1res dii, P. G., t. xlv, col. 125, 128. Le Saint-Es|irit est créateur comme le Père et le Fils. Adversus macedonianos, 13, col. 1317. Il est inséparable du Père et du Fils par rapport à la gloire, à la magnificence, à la toute-puissance. Ibid., 14, col. 1317. C’est pour cela que nous rendons au Saint-Esprit les mêmes louanges, la même vénération qu’au Père et au Fils. Ibid., S, col. 1309. Saint Grégoire appuie avec force sur cette inséparabiliîé des personnes divines dans leurs opérations pour conclure que le Saint-Esprit est Dieu. Le Père ne fait rien sans le I-’ils, ni le Fils sans le Saint-Esprit. De eo quid sil ad imaginem Dei, 44, P. G., l. xliv, col. 1344. S’il y a donc identité d’opérations entre les trois perfonnes divines, le Saint-Esprit n’est pas étranger ù la nature du Père et du Fils. Contra Eunomium, 1. II, col. 564.

Saint Grégoire de Nysse met en relief les conséquences absurdes et ridicules auxquelles aboutissaient les macédoniens et les eunomiens. Ils soutenaient que le Saint-Esprit est une créature et cependant ils le rattachaient à la nature incréée de Dieu. Si l’être du Saint-Esprit était créé, ne serait-il pas absurde de l’élever à la hauteur incommensurable de Dieu, Adversus macedonianos, 18, col. 1324 ; d’attribuer à une créature la sanctification des âmes, une œuvre qui appartient uniepiement îi Dieu ? De oral, dominica, P. G., t. xliv, col. 1160. Si nous voyons deux feux qui produisent le même elïet, qui brûlent tous deux, nous disons que leur nature est identique. De même, si dans l’ordre surnaturel le Saint-Esprit déploie la même activité que le Fils, nous devons en conclure quc leur nature est iden. tique. Le Saint-Esprit jjarticipe donc à la nature divine. Contra Eunomium, 1. II, col. 489.

La foi catholique à la sainte Trinité ne saurait se concevoir sans la foi au Saint-Esprit. Si le Saint-Esprit existe, il ne peut être séiiaré du Fils par rapport ; son origine éternelle et à sa nature. Ibid.. !. I, col. 369. Comme le Saint-Esprit est joint au Père et tire de lui son être, sans que son existence soit postérieure ; ainsi en est-il à son tour du Saint-I’sprit par rapport au Fils. Ibid., col. 464. La foi catIiolique défend d’établir la plus petite différence de nature entre les trois personnes divines. Ibid., 1. I, col. 320. Si nous ne pouvons pas même dire : « Jésus est le Seigneur, » sans le Saint-i : sprit. il est évident que le Saint-Esprit de toute éternité est joint à la Trinité parfaite. Adversus macedonianos, 12, co !. 1316. Et celui qui refuse au Saint-Iispril la nature divine et repousse la foi calholique, est pire quc les infidèles et il outrage le nom de chrétien ; le chrétien, en effet, croit à la divinité du Père, du Fils et du Saint-IÀpril. Ibid., 15, col. 1320. Si nous enlevons le Saint-Esprit à l’être divin, nous n’avons plus un Dieu mort, mais pour ainsi dire le cadavre d’un Dieu. De co quid sil ad imaginent Dei, 44, co !. 1340. Le Saint-Esprit est donc au-dessus de la création ; il est une nature incréée. De fide ad