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ENFER D’APRÈS LES PÈRES

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Ici-bas, pécheurs et justes se ressemblent comme les arbres en hiver ; tous sont dépouilles et ne donnent pas signe certain de vie. Cf. Sim., lîl. p. 526. ÎNIais, dans l’autre vie, aura lieu la grande manifestation : les pécheurs, bois sec et mort, brûleront, parce qu’ils n’ont pas fait pénitence, et les païens, parce qu’ils n’ont pas connu leur créateur. Cf. Sim., IV, 4, p. 528. Dans la Sim., VI, ii, 2-4, p. 546, le troupeau de la volupté est composé de brebis corrompues, les unes jusqu’à la mort, c’est-à-dire séparées de Dieu pour toujours, les autres jusqu’à la perversion, mais qui feront pénitence. Même enseignement, plus général, dans la Sim., VIII : les rameaux qui. définitivement, après un délai de pénitence, sont restés secs, pourris, rongés, etc., sont morts pour Dieu à jamais, vi, 4, p. 568, mourront de mort, vii, 3, p. 570 ; ils ont perdu la vie, viir, 2, 3, 5 ; ix, 3, 4, p. 570, 572 ; ils se condamneront à la mort, xi, 3, p. 574 sq. De même encore, certaines pierres seront rejetées pour toujours de la construction de la tour. Sim., IX, xiv, 2. p. 604. Ceux qui n’ont pas connu Dieu et ont mal agi, sont jugés pour la mort ; ceux qui ont connu Dieu et ont mal agi, bien qu’ils aient vu ses merveilles, seront punis doublement et mourront pour toujours. Sim., IX, xviiT, 2, p. 612. Il en sera ainsi pour les sept séries de pécheurs, c. xix-xxix, p. 612-626. Enfin, dans les derniers avis de l’ange d’Hermas. Sim., X, ii, 4, p. 636, ceux qui méprisent le Seigneur et n’observent pas ses commandements, se livrent eux-mêmes à la mort et le Seigneur donnera leurs âmes aux supplices.

L’auteur de VÉpîlrc à Diognèle, pour convertir son correspondant, invoque deux fois les supplices réservés aux pécheurs, la mort de ceux qui seront condamnés au feu éternel, qui tourmentera jusqu’à la fin ceux qui lui ont été livrés. Funk, p. 408-410. Quelques philosophes ont regardé comme Dieu le feu auquel ils iront, vin. 2. p. 404.

Les Pères upoUxjisles.

1. Grecs. — a) Saint

Justin. — a. Il atteste d’abord, clairement et explicitement, l’existence et l’éternité du feu de l’enfer pour les démons et pour tous les hommes i^ccheurs. Apol., I, 8, /’. G., t. VI, col. 337. Ils sont punis non pas pour mille ans, comme l’a dit Platon, mais d’une peine éternelle. Saint Justin insiste sur le caractère moralisateur de cette doctrine. 12, col. 341 ; il réitère l’affirmation du feu éternel, 17, 18, col. 353, 356, avec cette raison nouvelle quc tous les méchants retireraient du gain, s’il n’y avait pas d’imnujrlalilé ; mais l’âme survit et il y a des supplices éternels, 21, col. 361. Ijifm, 28, col. 372, il dit de Satan : ei ; tô TiCp 7r£(Af OriisirOai ; j.£Ti Tr, ; aùroC irtpazii ; -/.ixl xiii’/ eTTOjJifvrov àvfJpo)i ; a)v /.o"/.aT’jr|(jO]jivouc -bv aTtépavTov aîf.iva. De même, 52, col. 405. Ses affirmations sont aussi claires dans VApol., ii. Les chrétiens sont persuadés que les méchants et les débauchés seront tourmentés dans le feu éternel, 1, col. 441, quoi qu’en pensent les pythagoriciens et les épicuriens, 2, 7, col. 444, 456. L’Écriture l’enseigne ainsi que l’expérience, puisque les chrétiens ont pouvoir sur les démons lorsqu’ils les menacent du feu éternel, 8, col. 457. Cf. encore /JiVII. ciim Tn ; pbone, 45. SI. 120. 131, 133, 140, 111, col..572, 068. 753, 781>, 784. 796, 797 : .seront damnés non seulement les infidèles, mais tous les pécheurs. La Colwrtatio ad Grœcos et le De monarchin du pseudo-.luslln aflirment aussi les supplices de l’enfer. Coh., 27, 28, 35 ; De mon., 3, 4, /’. G., t. VI, col. 292, 301, 317-319.

b. Quant aux doctrines personnelles de saint.Justin, il a soutenu d’abord certainement tpie l’enfer serait retardé jusqu’au jugement dernier ; pour les démons, Apol., II, 28, col. 372, à cause du genre humain ; cf. Apol., 1, 8, col. 457 ; pour les damnés, Dial. cum

Trijph., 5, 80, 105, col. 488, 665, 721. En attendant le jugement dernier, les âmes des méchants et des impies sont dans un lieu mauvais, où elles sont punies, tant que Dieu le voudra, 5, col. 488. D’ailleurs, dès après la mort, les pécheurs sont punis. Apol., i. 12, 20 ; Co/iorI. of/Gr.TCos, .35, col.341. 357. 304. C’est le premier témoignage de la dilatio inferni, qui aura une grande diffusion, surtout dans l’Église latine, jusqu’au vi'e siècle. Quelques-uns ont pensé que les mots de ce texte : quamdiii cas (animas) esse et piiniti Deiis voliierit. exprimaient une idée conditionaliste et restreignaient la durée de l’enfer à la libre volonté de Dieu. Tout au moins, telle aurait été l’opinion du vieillard, avec qui saint Justin avait conversé. Cf. H. Martin, La vie futaie, p. 592. Mais cette interprétation ne s’impose pas, et, d’après le contexte, le quamdia signifie uniquement que, l’immortalité étant admise, ce serait un gain pour les âmes des méchants de périr ; aussi ne meurent-elles pas et sont-elles punies, tant qu’elles existent, c’est-à-dire toujours, leur existence étant d’ailleurs un effet de la volonté de Dieu. C’est ainsi que l’a déjà entendu Mœhler, Patrolof /ie.t. i, ]). 264. Cf. Schwane, Histoire des dogmes, Paris, 1903, t. i. p. 430.

b) Tatien. — Ce disciple de.Justin, encore catholique, affirme explicitement les supplices éternels d’ailleurs différés pour les démons, jusqu’au jour du jugement. Orat. adv. Grivcos, 14, P. G., t. vi, col. 838. Il en sera de même pour les hommes, 15, col. 840.

f) Athénagorc. — Les chrétiens ne peuvent être les criminels qu’on dit, eux qui attendent le jugement sévère de Dieu et la damnation. Legatio pro cluistianis, 12. P. G., t. vi, col. 916. De même. 31, col. 964, ils n’imitent pas les païens qui seront punis par le supplice du feu. Dans le De resurrectione niortuorum. 18-24, P. G., t. vi, col. 1009 sq., le philoso phe athénien fait valoir, pour démontrer la résurrection, la nécessité d’une sanction après cette vie, et pour l’homme tout entier, âme et corps. Le pécheur, qui a été vicieux dans son corps, doit être puni dans son cor|)S et il serait inique et indigne du jugement de Dieu que le ? âmes seules soient châtiées pour les péchés, commis sur terre.

d) Tliéophile d’Anlioclie, dans ses trois livres Ad Autoltjeum (169-182). parle, lui aussi, des supplices éternels, réservés aux incrédules, 1. I, 14, /’. G., t. vi, col. 1015. Les écrivains païens ont volé la doctrine des supplices futurs des impies et des incrédules aux livres inspirés des chrétiens ; elle a donc été ainsi promulguée à tous. Théophile en énumère une dizaine ; et il confirme cette doctrine par de longues citations de la Sibylle et divers poètes grecs, 30 38. col. 1109 sq. Les chrétiens ont ajjpris que, pour éviter les sujjplices éternels, il fallait éviter tout péché, 31. col. 1108.

2. L(dins. — a) Minucius I^’élix. — Le païen (/a ; cilius connaît la foi chrétienne sur l’enfer, qui est la force des martyrs. Of/f/(’(i ; x, c.viii, /*./.., t. iii, col. 269sq. Cf. c. XI, XII, col. 277 sq.

L’apologiste chrétien l’expose et la défend, c. xxxiv, XXXV, col. 303. Les méchants préféreraient e.iiingui penilas quam ad sapplicia reparari. Ll linnen admonentur Iwmines doetissimornm libris et carminibus poetarum illias Ignei fluminis et de stggia palade sivpius ambientis ardoris i/u.T eraciatihus ivternis privparata… tradiderunt. Et ideo apud eos etiam ipse re.r Jupiter per lorrentes ripas et atram voraginem jurât religiose. Destinatam enim sibi cum suis eultorihus pa’nnm præsrius perlwrresrit. ec lormentis aiit modus ullus aut terminus. Illie sapiens ignis membra iirit et reficit, carpit et nutrit. (domine les feux de la foudre et des volcans brûlent et ne sont pas consumés, ita pœnalc illud ineendium non damnis ardenlium »asritur sed inexesa corporum laccrnlione nutritiir. lios autem merito