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ESPRIT-SAINT


Athénagore se sert pour élucider les rapports du Père et du Saint-Esprit ; mais il est bien difiicile de nier qu’il ait reconnu le Saint-Esprit comme personne divine réellement distincte du Père et du Fils. Hcinricli, t. IV, p. 272-271 ; Thomassin, t. v, p. 585-586 ; Franzelin, p*. 137-138.

c) Saint Théophile, évêque d’Antiochc, voit dans les trois premiers jours de la création le symbole, l’image des trois personnes divines, TJTtoi doi-/ z% ; Tpii-So ; TOO 0£ov, y.a’. ToO.Voyo-J aOroO, y.at Tr, ç (joçi’a ; aCiTOÛ. Advulolijcum, 1. II, 15, P. G., t. vi, col. 1077. Dans la Trinité (Théophile a été le premier à employer le terme de Tpcir), Dieu a été le créateur de l’univers par son verbe et sa sagesse. L. 1, 7, col. 1036. C’est à son verbe et à sa sagesse qu’il a adressé les paroles : Créons l’homme. L. II, 18, col. 1081. Lors de la création du monde, il n’y avait en Dieu que sa sagesse et son saint Verbe, qui a toujours été avec lui, L. II, 10, col. 1065. Avec sa sagesse Dieu a engendré le Verbe caché en lui, 1. II, 10, col. 1064, en le produisant hors de son sein avant la création de l’univers.

Théophile affirme donc avec assurance la divinité du Saint-Esprit, créateur avec le Père et le Fils, et en même temps sa personnalité distincte du Père et du Fils. Il faut avouer, cependant, que sa terminologie n’est pas précise. Il affirme que le Verbe, étant l’Esprit de Dieu, et principe et sagesse, descendit sur les prophètes. L. II, 10, col. 1064. Il semblerait donc confondre le Verbe avec le Saint-Esprit. Mais les passages que nous avons cités plus haut nous autorisent, contre les assertions de Dupin, lac. cil., p. 357, à donner h ses expressions inexactes un sens catholique. L’évêque d’Antioche envisage la sagesse comme un attribut essentiel de la divinité ; en ce sens, le Verbe de Dieu aussi bien que l’Esprit-Saint, est la sagesse divine. Freppel, Les apologistes cliréliens, p. 289-290 ; Heinrich, p. 276. Même le P. Petau penclie à croire que le saint évêque confond le Saint-Espr t avec le Verbe. L. I c. iii, n. 6, p. 299. Mais puisque Théophile mentionne les trois termes 0e6 ;, )ô-(-o ;, Tosia, 1. I, 7 ; I. II, 18, col. 1030, 1081. comme constituant une Irinité ; 1. II, 15, col. 1077, la supposition du docte théologien n’est pas fondée.

d) Les théories trinitaires de Tatien sont très embrouillées et confuses, ce qui leur a valu les critiques les plus sévères du P. Petau. Cependant, dans son Oratio advcrsus grsecos, il parle plusieurs fois de la personne du Saint-Esprit, comme auteur de la sanctification des âmes. Il affirme que le Verbe envoie le .Saint-Esprit habiter dans les âmes des justes. C’est l’Esprit-Saint qui soulève ces âmes vers Dieu, xiii, P. G., t. VI, col. 833, qui remplit de sa grâce les hommes fidèles à l’accomplissement de leurs devoirs refigicux. Il ne repose pas dans toutes les âmes, mais uniquement dans celles qui ont été jugées dignes de ses charismes. L’homme est un temple et Dieu y haliite par le moyen du Saint-Esjjrit. xvi. col. 841-842. Toutes les âmes doivent s’efforcer de s’unir au Saint-Esprit, et celles qui le méprisent se rangent panni les ennemis de Dieu, xv, col. 840. Steuer, Die Colles und Logos Jehredes Tatian, Lei|)zig, 1893, p. 67, 68. Chez Tatien, nous avons donc l’affirmation de la divinité du Saint-Esprit, considéré comme auteur de la grâce, et, en même temps, l’affirmation de sa personnalité, puisqu’il est envoyé par le N’erbc, et c’est par lui que le Père habite dans les âmes.

En résumé, bien que dans leurs polémiques avec les païens les apologistes chrétiens du iie siècle n’aient pas donné un exposé complet de la doctrine trinitaire, ils ont affirmé, néanmoins, à iihisicurs re|irises, et avec une grande clarté, la divinité et la personnalité du Saint-I-sprit, et ils ont continué, sur ce point la tradition de l’âge apostolique.

3. Les Pères el écrivains ecclésiasliques du ii^ el du iiie siècle. — « L’enseignement d’Irénée sur le Saint-Esprit, dit Beuzart, est indécis et flottant, comparé à la doctrine des âges suivants. » Essai sur la Ihéologic d’Irénée, Paris, 1908, p. 54. Cependant, saint Basile range Irénée parmi les témoins autorisés de la tradition catholique, touchant le Saint-Esprit, Liber de Spiritu Sanclo, xxix, 82, P. G., t. xxxii, col. 201, et Théodoret aussi invoque son autorité. Dialogus, i, P. G., t. Lxxxiii, col. 84, 85. Nôsgen lui-même est forcé d’admettre que le grand évêque de Lyon a marqué avec une suffisante clarté la consubstantialité divine du Saint-Esprit avec le Père et le Fils. Op. cit., p. 16. Saint Irénée pose en principe que l’Église, gardienne infaillible de la révélation chrétienne, a reçu des apôtres et de leurs disciples une foi intègre. En vertu de cette foi, elle croit « au Saint-Esprit, lequel a prédit par lei prophètes l’économie divine et l’avènement de Jésus-Christ notre Seigneur. » Conl. hær., I, x, 1, P. G., t. vii, col. 549. Le Saint-Esprit est la sagesse de Dieu, la figuralio Patris (d’après dom Massuet, le terme figuralio se rapporte au Fils). Les chœurs angéliques lui sont soumis. Ibid.. IV, vii, 4, col. 993. Il est à côté du Père et du Fils dans l’œuvre de la création : Spiritu nulricnle et augente. Ibid., V, xxxviii, 3, col. 1108. Il est auprès du Père avant tout être créé, avant que l’univers fût tiré du néant, anle omnem conslilulionem. Ibid., IV, xx, 3. col. 1033. C’est lui qui fait connaître les décisions du Père et du Fils et qui ouvre les inteHigences à la lumière de la vérité. Ibid., IV, xxxiii, 7. col. 1077. L’ordre et l’harmonie qui régnent dans l’univers sont l’œuvre de Dieu, qui est uni avec son Verbe et sa Sagesse : unus Deus qui Verbo et Sapienlia fecil et aptavil omnia. Ibid., IV, xx, 4, col. 1034. Cependant, soit le Verbe, soit la Sagesse, ne sont pas distincts du Père quant à la nature divine. Dieu, en effet, a créé le ciel et la terre par lui-même, c’est-à-dire par son Verbe et sa Sagesse. Ibid., II, xxx, 9, col. 822. Il n’y a donc qu’un seul Dieu, qu’un seul Fils, qu’un seul Esprit, qu’un seul salut ])Our ceux qui croient en lui. Ibid., IV, vi, 6, col. 990. Le Verbe et la Sagesse, le Fils et l’Esprit sont toujours avec Dieu ; c’est par eux et en eux qu’il a créé toutes choses en pleine liberté. Ibid., IV, xx, 1, col. 1032. Le Fils et le Saint-Esprit sont appelés les mains par lesquelles Dieu a créé et formé l’homme : per mamis enim Patris, id est, per Filium et Spirilum Sanclum, . fil homo. Ibid., IV.prœf., 4, col. 975 : IV, xx, 1 ; V, vi, 1, col. 1032, 1137.

De ces textes il ressort clairement qu’Irénée marque avec la plus grande netteté la consubstantialité divine du Saint-Esprit. Il est vrai, comme l’a remarqué dom Massuet, que le saint évêque ne donne pas au Saint-Esprit le nom de Dieu, el en parle rarement, Diss., III, de Ircnxi doctrina, P. G., t. vii, col. 312 : dans ses controverses avec les sectes gnostiques, saint Irénée porte de préférence son attention sur le Verbe divin. Voir Tixeront, op. cit., p. 254. Toutefois, il reconnaît d’une manière formelle que le Saint-Esprit possède entièrement la nature divine. En elTct, il le met sur le même rang que le Père et le Fils ; il déclare qu’il est dans le Père anle omnem conslilulionem ; qu’il est éternel, ivpix’i’i, â la différencc du souffle de la vie qui, dans l’homme, est temporaire, Ttvbr. ïoir, : np.’Jrrxiipoç, V, xiT, 2, col. 1152 ; il le représente comme créateur, comme source de la vie divine pour ceux qui le reçoivent, <> XaSonEvo ; tô s")07totoCv Tivi-j|j.a, eOpiÎTEi TT|V îo)/, ’I. Ibid., col. 1153. Il proclame donc, d’une manière très expressive, que le Saint-ICsiirit possède, en commun avec le Père et le Fils, l’unique essence divine et qu’il la possède comme hypostase distincte du Père et du Fils, parce qu’il est