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ENFER DANS L’ECRITURE SAINTE


vous, a été creusé un abîme immense et personne ne peut plus aller d’ici là-bas, ni de chez vous vers nous. » Ce lieu de tourments, où le feu torture le mauvais riche et qui est séparé du sein d’Abraham par un abîme infranchissable, c’est la partie du Se’ôl réservée aux méchants, l’enfer éternel, vu et manifesté par le Verbe incarné.

Parabole des noces royales. Matth., xxii, 1-14. Un convive est entré sans la robe nuptiale. Le roi le condamne à être jeté, pieds et mains liés, dans les ténèbres extérieures, où seront les pleurs et les grincements de dents.

Parabole des vierges sages et des vierges folles. Matth., XXV, 1-13. Quand les vierges folles reviennent avec leurs lampes garnies d’huile, la porte du royaume éternel est fermée. Elles frappent en vain ; l’époux leur répond qu’il ne les connaît pas. Elles sont donc exclues du royaume céleste.

Parabole des talents. Matth., xxv, 14, 30 ; cf. Luc, XIX, 1-28. Aux bons serviteurs, qui ont fait valoir leurs talents, la joie du Seigneur ; aux serviteurs négligents et inutiles, les ténèbres extérieures avec les pleurs et les grincements de dents.

Il y aura donc des réprouvés. Du nombre seront les pharisiens hypocrites qui font des païens convertis des fils de la géhenne. Matth., xxiii, 15. Serpents, race de vipère, le Christ, ému de la perte des âmes, les anathématise, ils n’échapperont pas h la sentence de la géhenne (condamnation à l’enfer).

Dans le grand discours eschatologique enfin, Matth., xxiv-xxv, en parlant de la fin du monde, Jésus déclare que le maître séparera le mauvais serviteur des autres serviteurs qu’il maltraitait et lui donnera sa part avec les hypocrites, au lieu où seront les pleurs et les grincements de dents, xxiv, 51. Puis, solennellement et sans voiles il décrit le dernier jugement et la séparation définitive des bons et des méchants. Ceux-ci seront placés à gauche comme des boucs, xxv, 33, et ils entendront leur sentence : » Retirez-vous de moi, maudits, au feu éternel préparé pour le diable et ses anges, » 41. Sentence sans appel, sans sursis, sans fin ; car aussitôt ils iront au supplice éternel, 46.

Dans l’Évangile de saint Jean, les destinées de l’homme sont présentées sous l’idée générale de vie éternelle ou de perte éternelle, iii, 3, 15, 16, 18, 36 ; VI, 40, 52, 55, 59 ; x, 28 ; xii, 25, 26, 48, 50 ; xvii, 2, 12 ; XVIII, 9 ; xx, 31. Cette perdition est la peine du dam, plus terrible que celle du feu. Voici encore des traces certaines de la pensée de l’enfer éternel dans le quatrième Évangile. Celui qui ne croit pas au l’ils, n’aura pas la vie éternelle, mais la colère de Dieu demeurera sur lui, iii, 36. Les Juifs qui mourront dans leurs péchés, ne pourront venir où il va, viii, 21-21. Le péché rend esclave et l’esclave ne demeure pas toujours comme les fils dans la maison, viii, 34, 35. I.cs disciples, qui ne demeureront pas attachés au Maître comme des branches au cep, seront jetés dehors comme des branches stériles ; ils dessécheront, on les recueillera jjour les jeter au feu où ils brûleront, XV, 2, 6 ; cf. iii, 18 ; v, 22-25, 29 ; ix, 39 ; xii, 31, 46, 48, etc. On voit par là ce que vaut le jugement de 15. II. Charles, lac. cit., col. 1318, qui a prétendu que l’auteur du quatrième Évangile était en contradiction avec les Synoptiques au point de vue de l’eschatologie. Les Synoptiques auraient gardé la vieille eschatologie judaïque dont le quatrième Évangile ne parleral ^aspourne rappeler que l’amour divin universel.

lùiseigncment des apôtres.

Les apôtres continuent

à enseigner implicitement ou même souvent très explicitement la perdition éternelle des méchants. Voir Jugement, Réprobation, pour les affirmations implicites.

1. Saint Pierre.

Les faux prophètes et les maîtres du mensonge seront punis et vont à leur perte, dit saint Pierre. II Pet, ii, 1, 3, 12, 14 ; iii, 7, 16. De même que Dieu a puni les anges rebelles et leur a réservé, après le jugement, les supplices de l’enfer, II, ’[, ainsi il réserve les méchants pour les tourment2r au jour du jugement, 9. Le participe y.o) a-Ç (3|X£vou ; est au présent et signifie que, torturés dès maintenant, les pécheurs sont réservés à la fin du monde pour un jugement qui ne terminera pas leurs supplices, mais les consacrera au contraire et les rendra comme plus définitivement fixés. Voir t. iv, col. 336. Aux faux prophètes, nuages poussés par la tempête, d’épaisses ténèbres sont réservées, ii, 7, et quelques manuscrits ajoutent : in selernum.

2. Saint Jade.

Sa courte épître, qui est en étroite relation avec la seconde lettre de Pierre, est dirigée tout entière contre les impies qui nient Notre-Seigneur Jésus-Christ. A eux, la perdition éternelle, celle d<~s anges déchus, réservés aux ténèbres éternelles, 6, celle de Sodome et de Gomorrhe, villes condamnées au feu éternel. Ce sont des astres errants, à qui est réservée pour l’éternité la nuée ténébreuse, 13. Voir t. IV, col. 336.

3. Saint Jacques.

Il menace d’un jugement sans miséricorde celui qui n’a pas fait miséricorde, ii, 13. Parce que l’apôtre ajoute que la miséricorde l’emporte sur le jugement, il y eut autrefois une curieuse controverse sur ce texte ; les uns affirmaient qu’en enfer Dieu exerce une justice rigoureuse à cause de la première partie du verset (Sylvius, Estius). D’autres, à cause de la deuxième partie du verset, admettaient avec saint Thomas que Dieu punit en enfer c(7ra condignum. Le vrai sens est celui-ci : Il n’y a pas éternellement de pardon pour les pécheurs sans cœur pour leurs frères : quant aux hommes charitables iî leurs semblables, ils ne craindront pas le jugement. C’est au feu de la géhenne que la mauvaise langue prend ce feu qui enflamme tout le cours de notre vie, ni, C. Enfin les mauvais riclies s’amassent des trésors de colère pour les derniers jours. v, 3 ; cf. i, 15 ; ii, 19 ; IV, 4-8, 12.

A. Saint Paul. — Il n’a pas varié dans son enseignement sur l’enfer au cours de sa carrière apostolique et il a toujours affirmé cet enfer éternel. Une réfutation détaillée des théories rationalistes nous entraînerait ici trop loin. R. H. Charles, loc. cit., col. 1382-1386, par exemple, distingue quatre stades dans la pensée eschatologique de Paul, pour aboutir à une doctrine de restauration universelle, ou du moins à la négation de l’enfer éternel. Voir une réfutation générale à Pin’; DESTiNATiON et Réprobation. Les textes positifs que nous donnerons ici suffiront à notre point de vue.

Pour consoler les chrétiens de Thessalonique persécutés, Paul leur annonce les futures justices : à eux la joie, à leurs persécuteurs l’enfer éternel, i, 5-9. Aux Galates, l’apôtre afiirme énergiqucment que ceux qui font les œuvres de la chair n’atteindront pas le royaume de Dieu, v, 19-21. Même affirmation dans la P" lettre aux Corinthiens, vi, 9, 10. Avant de recevoir l’eucharistie, les chrétiens doivent se juger eux-mêmes afin de ne pas être condamnés avec ce monde, XI, 32. Il y en a qui périssent, II Cor., ii, 15, 16 ; iv, 3 ; XIII, 5 ; et il y a deux cités irréconciliables, vi, 1418. Il y a deux alternatives éternelles. Hom.. ii, 2 12. Les œuvres de la chair de nouveau sont exclues de l’héritage céleste. Eph., v, 5. Il y a des réprouvés à jamais. I Tim., v, 6, 11-15 ; II Tim., ii, 12-20. Il y a un jugement et une réprobation éternels. Hcb., vi, 2, 7 9 ; IX, 27 ; x, 26-31.

5. Saint Jean.

Au voyant d" Palmos, Dieu a fait voir aussi les deux cités de l’au-delà, la Jérusalem ce-