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ENFANTS (DEVOIRS ENVERS LEURS PARENTS) — ENFER

serait obligé de les rudoyer un peu. « On ne peut, dit Berthier, excuser ceux qui, par mépris ou par malice, frappent leurs parents ivres ou privés de raison ; il en serait autrement si des traitements un peu rudes étaient nécessaires pour les contenir. » A brégé de théologie dogmaliqne et inorcdc. n. 2393. On comprend que, même dans ces douloureuses circonstances, il faut y aller le plus doucement et le plus charitablement possible.

(( C’est manquer gravement au respect qu’on doit à ses parents, écrit Gousset, que de leur intenter des procès, de les poursuivre devant les tribunaux. Cependant comme les intérêts du père et du fils sont des intérêts distincts, si le père commettait une injustice envers son fils, celui-ci, après avoir tenté sans succès tous les moyens de conciliation, pourrait réclamer l’intervention du juge sans manquer à son père. « Cours de théologie morale, t. i, p. 259.

Enfin, se rendent coupables d’un impardonnable manque d’égards les parvenus qui, par orgueil, affectent de ne pas reconnaître des parents pauvres ou mal vêtus. On excuse cependant celui dont les parents, dit saint Alphonse, aliqno injami crimine essent noiati. Il en est de même de ceux qui, vu certaines circonstances, ne peuvent saluer leurs parents, ou leur adresser la parole sans s’exposer à de graves inconvénients. S. Alphonse, Theologia moralis, I. III, n. 334.

Obéissance.

Mais les parents ne sont pas seulement revêtus d’une dignité qui commande le respect, ils possèdent une autorité à laquelle est due l’obéissance. Les enfants, tant qu’ils restent sous la dépendance de leurs parents, sont tenus de leur obéir en toutes les choses honnêtes et licites qui sont du ressort de l’autorité paternelle.

L’objet propre et direct de l’autorité paternelle est le gouvernement de la maison et l’éducation des enifants. Ceux qui, en cet ordre de choses, refusent de se conformer à la volonté de leurs parents commettent certainement un péché spécial contre l’obéissance. En est-il de même si ce que commandent les parents est déjà prescrit par la loi divine ou ecclésiastique ? Un jeune homme, par exemple, malgré la -défense de sa mère, profère des paroles impies ou licencieuses. La désobéissance constituet-elle dans ce cas une circonstance qu’il faille nécessairement faire connaître en confession ? Les auteurs ne sont pas d’accord à ce sujet. Voir Marc, Instilutiones morales, n. 697 ; Tanquerey, Synopsis theologiæ, t. iii, p. 38.

Les enfants doivent obéir à leurs parents en tout ce qui n’est pas contraire à la loi de Dieu, sauf toutefois pour le choix d’un état de vie. La fonction d’éducateurs, qui est celle des parents, ne leur confère pas le droit de disposer d’une manière absolue et irrévocable de la personne de leurs enfants. Post annos puberlalis, dit saint Thomas, quilibcl ingenuus libertalem habei quantum ad ea quæ pertinent ad disposiiionem sui status, prscsertim in iis quæ sunt dii’ini obsequii. Sum. theol., II II*, q. clxxxiv, a. 6.

Cependant, avant de faire le choix qui fixera son avenir, un enfant consciencieux et respectueux se fait généralement un devoir de consulter ses parents. A moins de circonstances exceptionnelles, on ne saurait approuver ceux qui se marient sans le consentement de leurs parents. Quant à ceux qui sont appelés à l’état ecclésiastique ou religieux, il sera souvent utile de leur rappeler que les parents, même les plus chrétiens, peuvent se laisser aveugler par une affection trop naturelle, au point de faire une injuste opposition à la vocation de leurs enfants. « Si, dit saint Alphonse, un jeune homme est appelé à l’état religieux, et que ses parents s’y opposent, il doit préférer la volonté de Dieu à celle de ses parents.) Pratique de l’amour envers Jésus-Christ, c. vii.

Assistance.

Aux devoirs de la piété filiale, dont il vient d’être question, il faut ajouter l’assis tance corporelle et spirituelle. Les enfants ne doivent pas se décharger sur l’État ou sur les comnmnes du soin de leurs parents pauvres, âgés ou infirmes ; c’est à eux qu’incombe, sous ce rapport, la première et principale obligation. « Ils pèchent au moins contre la piété, dit Berthier, ceux qui ne les visitent pas (leurs parents), ou ne les soignent pas dans leurs infirmités ou leur vieillesse, qui leur refusent les aliments et les choses nécessaires à la vie selon leur condition, qui n’ont pas soin, dans une maladie grave, de leur faire recevoir à temps les sacrements, qui ne leur font pas faire des funérailles selon leur condition, qui ne prient pas pour eux après leur mort, et ne font dire aucune messe pour le repos de leur âme. « Abrégé de théologie. n. 2392. De nos jours, ils sont, hélas ! trop nombreux ceux qui paraissent ne point se soucier des intérêts spirituels de leurs parents, et attendent le dernier moment avant de leur procurer les secours de la religion. C’est aux pasteurs des âmes à combattre énergiquement une si funeste négligence.

Outre les auteurs cités dans le corps de l’article, voir Sénéque, De benefic, 1. III, c. xxxviii ; S. Basile, In Hei-aemeron, homi. ix, n. 4, P. G., t. xxix, col. 196-197 ; Buseus, Mridariiim, Paris, 1896, t. ii, p. 343-366 : S. Alphonse de Liguori, CE ; (( « —es ascétiques, trad. Diijardin, t. xvi, p. 463-477 ; Ballerini, Opijs (/ieo/officum, Prato, 1890, t. Ii, p. 564-571 ; Lehmkuhl, Theologia moralis, part. I, 1. II, div. III, tr. I, c. I, § 2, 5e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1888, t. I, p. 467-471.

L. Desbrus.

ENFER. Le mot enfer vient du latin infernus, qui, d’après sa racine, désigne des lieux inférieurs, bas, souterrains. De même sens que le latin infernus, sont les mots Tlole, caverne, Hell, Hôlle, etc., des langues germaniques. C’est encore une idée analogue qu’exprime le grec âoriç, de à privatif et iî (ïSeiv), voir : lieu invisible, ténébreux. Cf. J. Hontheim, Hell, dans The catholic encyclopédie, New-Yorlv, 1910, t. vii, p. 207.

La signification primitive de l’hébreu, àé’ôl, b’.s— ;’, est discutée. Autrefois, en efl’et, on le faisait généralement venir de ëâ’al, b.s-j ; —byur, fodit, excavit, ca Verne souterraine ; ainsi Gesenius, Thésaurus ; Fûrts, Handu’ôrterbuch, etc. Cf. Gen., xxxvii, 35 ; Num., xvi, 30 ; Deut., xxxii, 22 ; Job, x, 21, 22 ; xvii, ]3, l(5 ; xiv, 21, etc. ; Ps. lxxxv, 13 ; cxxxviii, 8 ; Prov., xv, 24 ; Ani., IX, 2 ; Is., XIV, 9 ; lvii, 9 ; Ezech., xxxi, 15 ; xxxii, 21 : tous textes qui confirment cette étymologie. D’autres préféraient la racine Sdal, bsïïf, poposcil, lieu insatiable, dévorant tous les hommes. Prov., xxvii, 20 ; XXX, 16 ; Is., V, 14 ; Ps. vi, 6 ; lxxxix, 49. Cf. A. Vabnitz, art. Enfer, dans Encyclopédie des sciences religieuses, de Liclileuberger, Paris, 1878, t. iv, p. 425 ; P. M. Iletzenauer, Theologia biblica, Fribourgen-Brisgau, 1908, t. I, p. 613. Actuellement, plusieurs assyriologues préféreraient l’orighie assyrienne, su’àlu, qui renferme une allusion à la divination par les morts ; le seôl primitivement aurait donc été le lieu des morts ayant pouvoir de divination, puis de tous les morts. Encyclopœdia biblica, art. Sehot, Londres, 1903, t. IV, col. 4453, avec références. La question d’étymologie est im]inrtante pour déterminer l’origine des croyances. C’est ainsi que R. H. Charles, Eschatology, dans Encyclopœdia biblica, hondrcs, 1901, t. II, col. 1335 sq., exploite cette dernière étymologie en faveur de la théorie rationaliste sur l’origine île l’eschatologie juive. C’est à tort, car, dans la Bible, jamais, comme le montrent les textes cités plus haut, on ne rencontre Se’ôl avec ce sens radical, s’il l’a jamais eu, et la Bible nous reporte aux origines du