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ÉPIGRAPHIE CHRETIENNE


appartenons, que nous continuons encore aujourd’hui.

Pour apprécier cette valeur des monuments au point de vue théologique, pour la déterminer, il faut d’abord bien connaître les textes, le formulaire général avec les particularités propres à certaines régions, en fixer l’âge selon les indications données.

Tout cela présuppose une connaissance au inoins sommaire de l’épigraphie classique. Il faut ensuite, pour bien comprendre les textes, avoir une connaissance approfondie de l’esprit chrétien tel que nous le révèlent la littérature religieuse du temps et l’art chrétien avec son symbolisme. Puis il faut s’en servir avec justesse et pour cela ne pas torturer des formules d’ordinaire claires et faciles à comprendre, pour y découvrir des données, des subtilités auxquelles personne alors n’a pensé, et distinguer entre les monuments qui reflètent les idées du commun des fidèles et ceux qui ont pour auteurs des personnages ofiiciels. Enfin, il faut tenir compte de l’âge des monuments.

Ces conditions remplies, nous verrons que « bien que les pierres sépulcrales n’aient jamais été dans l’antiquité, pas plus qu’en aucun autre temps, un compendiiim du catéchisme et moins encore de la théologie dogmatique, » comme l’a fort bien remarqué De Rossi, Ballet., 1877, édit. franc., p. 28, cependant on peut y trouver des indications, des allusions très précieuses au sujet de la foi de nos ancêtres. Pour plus de clarté, nous suivrons l’ordre adopté dans l’art. Art chrétien primitif.

. L’ÉPianAPUiE canÉTiENXE et la tuéolucie dogmatique

oÉxÉUALE. — 1° L’Écriture sainte. — 1. Des inscriptions moins anciennes s’expriment parfois sur les relations des deux Testaments, par excmiile, celle que saint Paulin de Noie, vers 403, destinait à un double portique (o(//o) qui réunissait deux églises, séparées par un baptistère construit parSulpice Sévère, P.L., t. Lxi, col. 333 ; LeUlant, o/j. ( ; 7., t.ii, p. 391 :

Aula duplex tectis ut ecclesia testamentis

Una, sed ambobus gratia fontis adest. Lex antiqua novam firmat, veterem nova complet.

In veteri spes est, in novitate fides. Sed vêtus atque novum conjungit gratia Christi :

Propterea medio tons datas est spatio.

2. En examinant de plus près le formulaire épigraphique, on constate facilement {|ue nos pères dans la foi ont souvent puisé dans les saints Livres. Sur un marbre de 302, un mari appelle sa femme Costa siA. De Hossi, Inacripl. christ., t. i, p. 8, ’j, n. l.ôl. L’expression est évidemment empruntée à la (lenèse, II, 22. L’n autre, du m’e siècle au jjIus tard, nous fait connaître le péché d’Adam et la peine qui l’a suivi. Musée du Latran, p. xiv, n. 7. Cf. De Hossi, Biittcl., 1884-188.5, j). 73 sq. Sur un troisième, apiiartenant à une vierge chrétienne, on inscrit le passage du livre de la Sagesse, iv, 13 : rt vila hrcvi e.xplevil tenipora milita. Wilpert, Jiiiu/fraurii, p. 9.7. Fréquemment on rencontre des versets, plus ou moins complets, <|ui sont tirés des psaumes dont le cliant et la récitalion jouaient un très grand rôle dans l’ollice liturgi que et dans les rites funèbres des preiniers siècles. Voir de Waal et Wagner dans la Komisctie Qiiarlalsrhrifl, t. x (1890), |). 340 sq. ; t. xii(lS98), p. 24.7 sq. ; et Michel, O’cftr/ uiid liild in /rUhchristliclirr Zcil, , v)-y. (i, 1902, p. 3.3, dans.l. I-’icker, Slinlien iihrr clirisllirhe Denkmuler, nouv. série, fasc. l*"’. Le verset : JC.rsiirf/al Deits et dissipentur inimici rjiis du ps. i.xvii se lit sur une lame de ploml) opistographe du vf siècle, trouvée à Heggio, en Calabre, lioni. Qnartalschrill, l. i (1887), 1)1. 197, pl. IV ; LeclerCfj. Dictionnaire d’arch. chrél-, 1. 1. col. 1802 ; le premier verset du ps. xc.sur des amulettes et ailleurs, Lcclercq. <*/n cil., t.i.col. 1822 ; les paroles : In pacc dormiam et requicscaniôu ps. iv, 9, sur

un marbre gaulois. Le Blant, Inscripl. chrcL, 1. 1, p. 450, n.336C. Sur une pierre africaine on lit ; //) Deosperabo ; non limebo, quid michi (sic) facial honio, ps. lv, 11. Leclercq, Z)/ri(o/i/i « (re, t. i, col.713. Des citations plus complètes se rencontrent en Orient, par exemple, le ps. XIV sur une pierre de Chypre, du ive siècle. Bulletin de correspondance hellénique, 1890, p. 349 sq. Voir encore Corp. inscr. lai., t. viii, n. 1120, 1127 ; Kôm. Quartalschrift, t. x (1896), p. 339 ; Analccta bolland., t. xxiv (1905), p. 121 ; pour l’Afrique, Leclercq, Dictionnaire d’arch. chrét., t. i, col. 040 ; pour la Syrie, Leclercq, Dictionnaire, t. i, col. 2402 sq. ; Revue bénédictine, t. xxii (1905), p. 431 sq.

Le Nouveau Testament est également cité. Le salut de l’ange à Marie : ô Kvp ; o ; (j.£Tà aoO, Luc., i, 28, se trouve comme acclamation à l’âme défunte sur une des pierres les plus anciennes du cimetière de Sainte-Priscille. De Rossi, Bullrt., 1892, p. 91, 92. L’inscription d’Abércius fait allusion à la parabole du bon Pasteur. Joa., x, 11-10. Le Gloria in cvcelsis Deo… voluntatis se rencontre en Afrique, De Rossi, Ballet., 1878, édit. franc., ]). 12 ; Leclercq, Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. i, col. 040 ; P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, Paris, 1901, t. I, p. 155 ; le texte grec se lit sur des monuments de la Syrie, voir plus loin ; le Notre Père sur un fragment de vase grec. Mitteihingen des Kaiserl. Deulsch. Archœol. hislituls (Alhen. Ableil.), 1900, p. 313-324. Les versets 37-39 de saint Jean, vii, sont en partie gravés sur l’arc intérieur de la piscine baptismale de Sainte-Priscille. Xuovo bulH., 1902, p. 220. Le salut apostolique : H XAPIC TOY KYPIOY IHCOY Wiee’YMCON n’est pas inconnu dans l’épigraphie chrétienne. Monunienla lit., t. i, p. cxxi.

La II « Épître de saint Paul à Timothée, iv, 7, a fourni le thème des derniers vers de l’éloge de la martyre Zosinia, morte vers 275. De Rossi, Ballet., 1807, édit. franc., p. 82 ; Leclercq, Dictionnaire d’arch. chrét., t. I, col. 1518 ; la P"^ de saint l’ierre, iv, 4. à l’épitaphe d’une vierge chrétienne. Wilpert, .Tunq fraiien, p. 49. Le monogramme constantinien)^, flan qué de l’alpha et de l’oméga depuis le milieu du iV siècle, ainsi que les lettres I A CO (.Jésus, .lpha. Oméga) sur certains /17(j/( de Sicile cités |iar Strazzula, op. cit., p. 94, rappellent l’Épître aux Hébreux, xiii, 8, et l’Apocalypse, xxi, 0. Cf. encore Le Blant, Inscript, chrét., t. ii, p. 253 (Phil., i, 21) ; p. 302, 303 (ps. xxx, 15, et Luc, xxiii, 40) ; Kaufmann. Handburh, p. 248 ; Leclercq, Dictionnaire d’arch. chrét., t. i, col. 1530, 1817 ; Delattre, Les citations bibliques dinis l’épi’graphie africaine, dans Compte rendu du ///<" Congrès scientifique internat, des catholiques, Bruxelles, 1895, p. 210-212.

3. Les figures qui. dès la fin du ir’siècle, accompagnent les inscriptions et qui représentent des événements bibliques nous donnent aussi des indications par rapport à Il divulgation du texte sacré. Voir, plus haut, la décoration, col. 310.

1. Parfois le texte diflère quelque peu de celui ((ue nous avons aujourd’hui et iiermet certaines conclusions par rapport aux versions alors en usage, l’n graffito du V siècle, découvert par Mgr Wilpert. nous donne le commencement du ps. xxii : Dominas régit me et nihil mici (sic) decsi. la Iraduction de saint.Icrôme met le futur décrit. Suovo bullct., 1900, p. 08 ; Himi. Qiiart<ilschrifl. t. xxii (1908). p. 88. Dans

Iliibner. Inscr. Ilisii.. p. 27. n. 9.’). nous lisons : A)fjCO Ij CREDO QUOD REDEMPTOR MEUS VIVET ET IN NOVISSIMO DIE 1 DE TERRA SUSSITABIT PE-LEM MEAM || ET IN CARNE MEA VIDEBO OOMI || NUM. Ces paroles sont du livre de.lob, xix. 25. 20, mais ((iiehiuc peu inodi liées. On peut comparer avec