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ÉPICLÈSE EUCHARISTIQUE


pas que vous vouliez m’cngager, puisque vous voyez, sans y entrer, la parfaite uniformité de l’Orient et de l’Occident dans l’essentiel. » Ibid.

Renaudot parle dans le même sens que Bossuet et d( ! 'Clare que cetti explication est la seule plausible. « Les autres explicati)ns, dit il, sans compter qu’elles sont nouvelles et inconnues des anciens, se heurtent à tant d’inconvil-nicnts qu’elles ont elles-mêmes besoin d’explication. » Renaudot, op. cit., t. i, p. 238 sq. ; t. II, p. 83 sq. Seulement le savant liturgiste insiste, plus encore que l’cvêque de Meaux, sur ce que nous avons vu être une assez grave inexactitude théologique et une inconséquence avec les principes préalablement posés : c’est à savoir la liberté pour les Orientaux de professer cette opinion que la consécration serait, en définitive, consommée par l'épiclèse. Sur ce point, force nous est bien de nous séparer de ces deux grands esprits. Nous aurons plaisir à nous rallier à eux, sous bénéfice de cette importante réserve : c’est-à-dire à la condition que cette uniformité de l’Orient et de l’Occident dans l’essentiel implique l’exclusion, non pas certes de la formule liturgique appelée « piclèse, laquelle est en effet ancienne et entièrement irrépréhensible si elle est dûment interprétée, mais de l’opinion erronée à laquelle cette formule a donné lieu.

Quant à la dernière raison indiquée par Bossuet, qu’aucune des professions de foi exigées pour l’abjuration des schismatiques d’Orient ne mentionne le rejet de cette doctrine, on peut répondre qu’elles le contiennent implicitement par le simple fait d’exprimer une adhésion générale aux décisions des conciles œcuméniques, spécialement de ceux de Florence et de Trente. De plus, les instructions du Saint-Siège aux Melkites lors des discussions survenues parmi eux sur ce point, sont d’une portée significative et qui n'échappe aujourd’hui à personne.

6° Les explications énoncées sous les numéros 3°, 4° et 5°, déjà juxtaposées dans les écrits de Bessarion, Bossuet, Renaudot, Goar, Bougeant, etc., ont été plus ou moins combinées entre elles par plusieurs auteurs modernes. Henke, Die katholische Lehre iiber die Consecrationsworte der heiligen Eucharistie, Trêves, 1850, p. 78-83, entend l'épiclèse comme une attestation, sous forme mystique de prière, de l’intention de l'Église nécessaire pour la consécration. Mais au contraire de Le Brun, il regarde l'épiclèse comme non essentielle à la validité de la consécration : le but de cette prière serait de découvrir aux fidèles le contenu du mystère et d’accentuer l’idée de la coopération du Père et du Saint-Esprit avec le Fils, au nom duquel le prêtre consacre.

Pour Hoppe, op. cit., p. 301 sq., l'épiclèse est, de la part de l'Église, une manière liturgique d’exprimer son rôle comme ministra Christi dans la confection du sacrement, après avoir exprimé par les paroles consécratoires du Sauveur son rôle comme vicaria Christi.

D’après Schecben, dans Der Katholik, 1866, p..54 sq., 688 sq., au contraire, l'Église formule l'épiclèse, non pas seulement comme ministra Christi, mais encore indépendamment en tant que son épouse, en invoquant par la bouche du prêtre le Saint-Esprit pour transsubstantier le pain et le vin et les offrir à Dieu.

Pour Franz, Die eucharistische Wandlung und Epiklese der griechischen und orientalischen Liturgien, Wurzbourg, 1879-1880, t. ii, p. 202, 222 sq., l'épiclèse est le développement rituel du contenu de foi et de grâce de l’eucharistie par rapport au Saint-Esprit, dans le but de glorifier le Paraclet comme consécrateur, autant que comme dispensateur de .toute vie de grâce.

Kôssing, Lilwgische Erklàrung der heiligen Messe, 3e édit., Ratisbonne, 1869, p. 502 sq., déclare qu’aucune des explications connues de lui ne le satisfait. Si l'épiclèse exprime l’intention, elle devrait se formuler avant les paroles du Christ. Si elle a pour but de dévoiler au peuple le contenu du mystère et la coopération des trois personnes divines, elle devrait être dite à haute voix. Et cet auteur ajoute : « Nous ne sommes pas en mesure de remplacer ces explications par une meilleure. Nous croyons plutôt que l'épiclèse des liturgies orientales est et demeure une pièce embarrassante, tant qu’elle ne sera pas ou placée avant la consécration ou exprimée d’une autre manière. » Cette façon, trop pratique, de trancher la question a été considérée par un certain nombre d’auteurs catholiques comme le seul moyen de la résoudre. Nous avons déjà mentionné Rauschen, op. cit., 2<= édit., p. 126. Il faut citer aussi, entre plusieurs autres, le théatin Galano, Conciliatio Ecclesiae armense cum romana, Rome, 1661, t. iii, p. 552 sq., vivement combattu, et sur ce point avec raison, par Le Brun, op. cit., diss. X, a. 17, Liège, 1778, t. v, p. 212 sq.

C’est sous l’influence de cette même idée que les Arméniens catholiques et les Maronites ont modifié le texte deleurépiclèse, tandis que les Chaldéens.Smolikowski, 'E-K'.A/.r^ii^ seu de invocatione Spiritus Sancti, dans Ancdecta ecclesiastica, Rome, 1893, t. i, p. 283, l’ont reportée avant le récit de la cène. Même dans les communautés orientales unies où la liturgie s’est conservée intacte, il n’est pas inouï de trouver des prêtres, qui, sous prétexte de couper court à toute difiiculté, suppriment simplement, de leur propre initiative, l’oraison embarrassante. Ibid. C’est en user par trop librement avec une pièce liturgique dont nous avons dit la haute antiquité et l’usage constant.

Aussi la plupart des théologiens modernes qui ont traité la question ont-ils rejeté cette solution extrême pour donner leur préférence à celles de Bessarion et Bossuet, c’est-à-dire à la coopération trinitaire et à l’unité d’action liturgique, en accentuant davantage, du moins plus nettement que ce dernier, l’instantanéité de la transsubstantiation. Orsi, op. cit., p. 126149, est peut-être celui qui s’est exprimé avec le plus d’exactitude et de clarté. On peut citer aussi Benoît XIV, De missæ sacrificio, 1. II, c. xv, n. 16-23, dans Migne, Theologix cursus, t. xxiii, col. 1012-1016 ; Ferraris, Prompta bibliotheca, v" Euchcuistia, édit. Migne, Paris, 1865, t. iii, col. 788-806 ; Oswald, Die dogmatische Lehre von den heiligen Sakramenten, Munster, 1856, 1. 1, p. 464 ; Prohst, Liturgie der ersten drei christlichen Jahrhunderte, Tubingue, 1870, p. 399-400 ; Franzclin, De SS. eucharistiie sacramento, thés, vu ; Egger, Enchiridion theol. dogm. specialis, 1896, p. 756 sq. ; Markevitch, De l’eucharistie avec un aperçu spécial sur l'épiclèse (en croate), Agram, 1894, p. 317 ; Schanz, Die Lehre von den heiligen Sakramenten der kathol. Kirche, Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 388-397 ; Cieplak, op. cit., p. 62 sq., etc. Mais le tort de la plupart de ces auteurs est de mêler, dans leur interprétation del'épiclèse, deséléments contradictoires, défaut que déjà Bessarion et Bossuet n’avaient pas su complètement éviter.

7° Quelques théologiens ont donné à leur explication une imance plus personnelle. Le cardinal Cienfucgos, Vita abscondita, Rome, 1728, p. 389, exprime la sienne en ces termes : Invocatur ergo Spiritus Sanctus postulaturque ejus adventus, ut efficiat vivexs

    1. CORPUS CHniSTl DO##


CORPUS CHniSTl DO.VIM IN ACTU SECU.DO. Ac

proinde deprecatio in lilurgiis reperta non eo lendit, ut Spiritus Sanctus cffîciat panem et viruini corpus et sanguinem, cum supponat essentialiter conversionem mirabilem undique factam… Sed ut quasi SUSCitet