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ÉPHREM (saint ;


nncien des Ocrivains syriens. — I. Vie. II. Œuvres. III. Leur utilité.

I. Vie.

Sa mère était originaire d’Aniid en Mésopotamie et son père de Nisibc. Celui-ci était prêtre d’une idole nommée Abnil (ou Aljizal). Éphrem naquit donc à Nisibe. de parents païens, fut baptisé par l’évêque Jacques, composa de nombreuses poésies et des commentaires de la Bible et se retira enfin à Édesse où il mourut. Nous avons de lui plusieurs biographies oCi il n’est pas facile de distinguer l’histoire de la légende. L’une a été éditée par Assémani, Bibliotheca oricnlalis, t. i, p. 26, et en tête de l’édition romaine des œuvres de saint Éphrem ; une autre a été éditée par MgrLamy, S. Ephrœmi hijmni eisermones, t. ir, p. 5-90, et rééditée par le R. P. Bedjan, Acta mariyrum et sanctorum, Fans, 1892, t. iii, p. 621665. Un auteur nestorien nous a conservé aussi deux biographies. Patrologia orienlalis, t. iv, p. 293-295 ; t. V, p. 291-299. On rapporte encore à saint Éphrem quelques anecdotes des Apophthegmes, P. G., t. lxv, col. 168, qui concernent peut-être un homonyme, enfin on complète sa biographie à l’aide de traits glanés dans ses ouvrages ou chez les auteurs grecs et syriens postérieurs. Cf. M. A. Marin, Les vies des Pères des déserts d’Orient, Avignon, 1764, t. viii, p. 56-197 ; Fabricius, Bibliotheca græcct, édit. Harles, Hambourg, 1802, t. VIII, p. 217-254 ; Villemain, 2’a6/eau de l’éloquence chrétienne au ive siècle, Paris, 1855, p. 234-262 ; R. Duval, La litlérnture syriaque, 3e édit., Paris, 1907, |). 329-335. Il semble certain qu’il était d’iiumble extraction, qu’il servit chez les étrangers, que son père le chassa, à l’occasion sans doute de sa conversion, et qu’il s’attacha à Jacques de Nisibe. Une légende raconte qu’Éphrem assista au concile de Nicée ; une autre légende ajoute que plus tard il passa liuit ans en Egypte à combattre l’hérésie arienne et vint à Césarée pour y voir Basile le Grand. Une tradition rapporte qu’après le concile de Nicée, les évêques ont fondé des écoles dans leurs villes épiscopales et que saint Éphrem a été mis à la tête de l’école fondée par Jacques de Nisibe. Cf. Patrologia orienlalis, t. VIT, p. 377. Après l’occupation de Nisibe par les Perses, en 363, saint Éphrem se serait retiré à Édessc et y aurait dirigé l’école des Perses. Ibid., p. 381. Les biographies syriacques attribuent aux jirières de saint Éphrem la défaite de Sapor sous les murs de Nisibe, en 338 ; elles ajoutent que le saint, après avoir séjourné h Beit-Garbayâ (où il avait été baptisé à l’âge de dix-huit ans) et à Amid, arriva à Édesse où il commença par être employé dans un pain public. Un moine l’entendit discuter avec un païen et l’engagea à se retirer dans la montagne d’Édesse et à se mettre sous la direction d’un vieillard. Éphrem le fit et commença : prier, à jeûner et à méditer les divines Écritures. Il se mit bientôt à commenter les livres du Pcnlateuquc. -V l’imitation de Bardesane qui avait composé des chants profanes, il composa des liymncs où la mesure du vers était basée sur le nombre des syllabes et non sur la quantité et qui devaient être chantées dans les églises. Son testament, conservé en syriarpic et en grec, est’^ans doute authentique, mais, comme les biographies, il semble avoir été fortement interpolé. Cf. Rubens Duval, dans le Journal asiatique, septembre-octobre 1901, j). 234 sq. (À’rtains documents placent la mort d’Éphrem au 18 et au 19 juin 373 ; il est inscrit au martyrologe romain au 1^’février et les Syriens célèbrent sa fête le 28 janvier.

II. n’^t.viiKs. — Les œuvres de saint Éphrem ont été réunies en 6 in-fol., Sancti palris nostri Ephrtvm Syri opéra omniu quæ cxstant (jrtecc, syriacc, latine, Iome, typographie N’aticano, 1732-1746. Les trois premiers, édités par Josepli Assémani en 1732, 1733,

1746, renferment les traductions grecques ; les trois derniers, édités et traduits en latin par Pierre Mobarak et, après la mort de celui-ci, par Etienne Évode Assémani en 1737, 1740, 1743, contiennent les textes syriaques de la bibliothèque du Vatican. La traduction latine est, en général, mauvaise, car elle ne conserve ni la division des vers ou des strophes, ni le refrain, ni l’intonation ; de plus, elle est plutôt une ample paraphrase qui voile le texte : « On se persuade difficilement que ces longues périodes latines, embarrassées et obscures, représentent une poésie dont le rythme original est si rapide qu’on a pu dire de lui qu’il donnait des ailes à la pensée. » Cf. C. Ferry, Saint Éphrem, Paris, 1877, p. 272-273. Overbeck a publié quelques écrits de saint Éphrem : S. Ephrœmi Syri aliorumque opéra selecta, Oxford, 1865. Les manuscrits syriaques, récemment acquis à Londres ou négligés pour l’édition romaine, ont encore fourni matière à Mgr Lamy pour 4 in-4, édités et traduits en latin à Mahnes en 1882, 1886, 1889 et 1902. Mentionnons encore les CarminaNisibena, édités et traduits en latin par Bickell, Leipzig, 1866. Voir l’énumération des anciennes éditions et traductions dans Fabricius et des récentes dans Rubens Duval, loc. cit. Ces œuvres comprennent des commentaires de la Bible et quelques discours exégétiqucs, voir Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 18891891, mais surtout des homélies métriques et des hymnes. Il resterait à discuter l’authenticité d’un certain nombre et à chercher dans quelle mesure certaines œuvres authentiques ont été mutilées et interpolées. C’est ainsi qu’une hymne de vingt-six strophes sur la Naissance du Christ dans la chair, éditée par Mgr Lamy, d’après un manuscrit de Londres du x’- siècle et des manuscrits de Mossoul, t. ii, col. 431, renfermait déjà, au jugement de l’éditeur, deux strophes incomplètes, une interpolée, sept qui manquaient dans certains manuscrits et trois qui figuraient déjà dans d’autres hymnes de saint Éphrem. Nous avons trouvé, de plus, une lettre de Jacques d’Édesse qui citait et commentait, au vii<e siècle, six strophes de cette même hymne, et nous avons constaté que trois de celles-ci manquent totalement dans l’édition de Mgr Lamy qui nous apparaît ainsi, non seulement surchargée de strophes douteuses, mais encore tronquée de la moitié de son contenu primitif. Cf. Revue de r Orient chrétien, t. ï (1907), p. 115-131. Les modifications tiennent à la nature dogmatique de cette hymne qui pouvait fournir de nombreuses armes aux orthodoxes contre les jacobites ; ceux-ci, qui nous ont transmis presque tous nos manuscrits syriaques, n’ont pas craint, dans cette occurrence, de les modifier. Car la date à laquelle vivait saint Éphrem, avant les grandes divisions de la chrétienté, et la célébrité qu’il a acquise, en font un Père de l’Église chez lequel les diverses confessions vont puiser des armes et l’historien des témoignages. Son influence a été grande aussi dans l’Église grecque, surtout dans le monde ascétique, car ses ouvrages ont été traduits de bonne heure en grec : saint Grégoire de Nysse, mort vers 400, en a déjà connu lies traductions et a écrit le panégyrique d’Éiihrcm, et Sozomène, au V siècle, raconte sa vie et lui attribue trois cents syriades d’ànoiv (lignesdcvers)./7./ :., III, xvi, P. G., t.Lxvii, col. 1085. III. Leur utilité.

1° Pour l’histoire des hérésies. — Les spéculations dogmatiques sont étrangères à Éphrem ; sa dialectique laisse volontiers de côté les discussions savantes et la métaphysique ; c’est dans ses phrases incidentes, pour ainsi dire, que nous (levons chercher des témoignages pour l’iiistoirc dos schismes et des dogmes. De même, ses allusions aux hérésies contemporaines sont nombreuses, mais ne sont pas toujours claires.