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EUGÈNE — EUGENICOS


sollicitait le retour, décidèrent, en 498, le roi Thrasamond à l’exiler de nouveau, cette fois en Gaule. Il y mourut en odeur de sainteté à Albi, le 13 juillet 505. Le symbole détaillé. Liber ftdei catholicæ, que les évêques catholiques firent tenir au roi après l’inutile colloque de 484, est de la main de saint Eugène. Victor de Vite, Hist. persecuiionis Vandalorum, ii, 56-101, P. L., t. Lviii, col. 219. Il nous reste aussi de lui une Lettre à ses concitoyens pour le maintien de la foi catholique, P. L., t. Lviii, col. 769-771. Les autres écrits de cet héroïque confesseur, mentionnés par Gennade, De viris illustr., c. xcvii, P. L., t. lviii, col. 770, sont perdus.

Acia sanctonim, t. m julii, p. 487 sq. ; Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, Paris. 1908, t.n, p. 930-933 ; FesslerJungmann, Instit. patrologiæ, Inspruck, 1896, t. ii b, p. 399 ; Bardenhewer, Les Pères de l'Église, édit. franc., Paris, 1905, t. iii, p. 146 ; Mgr Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, 4e édit., Paris, 1911, t. iii, p. 635-644 ; Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, artvfrique, t. I, col. 827-831.

P. Godet.

    1. EUGENICOS Jean##


1. EUGENICOS Jean, frère de Marc d'Éphèse, diacre et nomopliylax (archiviste) de l'église patriarcale de Constantinople, personnage qui joua un rôle considérable parmi les antiunionistes au xve siècle, et fut un des principaux champions du schisme oriental. — I. Biographie. II. Œuvres.

I. Biographie.

Jean naquit à Constantinople, dans le dernier quart du xive siècle. Comme son frère Marc, il dut être d’abord l'élève de son père, Georges Eugenicos. Celui-ci était diacre et occupait une des principales dignités de la « grande Église » , celle de ToO (Ta/.£), ).iVjj, c’est-à-dire de chapelain ou ecclésiastique ayant sous sa surveillance tous les couvents de femmes ; il dirigeait en même temps une école très fréquentée. Jean dut suivre ensuite les leçons des maîtres illustres de l'époque. Entré dans les rangs du clergé séculier, il fut ordonné diacre et occupa la charge importante de nomophylax ou archiviste à qui était spécialement confiée la garde des pièces judiciaires.

C’est sans doute dans sa jeunesse qu’il habita quelque temps la Grèce, probablement Sparte. En 1435, il se trouvait à Constantinople, où il enseignait le grec à Jean Tortelli d’Arezzo, le futur bibliothécaire du pape Nicolas V. E. Legrand, Cent dix lettres grecques de François Filclfe, Paris, 1892, p. 140.

Jean Eugenicos fut du nombre des hauts dignitaires ecclésiastiques qui accompagnèrent en Italie l’empereur Jean Paléologue, lors de la convocation du concile où devait se traiter la question de l’union des Églises. Mais, ennuyé de voir les négociations traîner en longueur, sûrement déterminé d’avance à n’admettre aucun rapprochement avec les latins, et aussi un peu effrayé par la peste, le nomophylax quitta Ferrare le 14 septembre 1438 et s’embarqua pour revenir en Orient. Le récit qu’il nous a laissé de son voyage nous apprend qu’il faillit périr dans le naufrage du bateau sur lequel il était d’abord monté. Il se sauva en barque avec trente-deux compagnons, aborda près de Portoloro et se rendit de là à Ancône. Il ne partit de cette ville pour Constantinople que le Il mai 1439.

Une fois rentré dans sa patrie, Jean Eugenicos consacra désormais sa vie à combattre de tout son pouvoir le parti de l’union. Cela lui valut d'être exilé dans le Péloponèse. Nous ignorons le lieu et la date de sa mort. « Il survécut à la prise de Constantinople par les Turcs, mais il n’en fut pas témoin oculaire. Tout en proclamant le joug de l’islam préférable à l’union religieuse avec la vieille Rome, il crut bon sans doute de mettre son fanatisme à l’abri. » S. Pétridès,

Les œuvres de Jean Eugenicos, dans les Éclios d’Orient, 1910, t. XIII, p. 111.

II. Œuvres. — Le P. S. Pétridès, qui se proposait de réunir en un volume de la Palrologia orientalis les œuvres de Jean Eugenicos, en a dressé la liste avec beaucoup de précision. Éclios d’Orient, 1910, t. xiii, p. 111-114, 276-281. La plupart de ces œuvres sont encore inédites, et c’est pour cette raison que le rôle de Jean Eugenicos est si peu connu. « Si les manuels passent à peu près sous silence son action sur les événements qui suivirent, à Constantinople, le concile de Florence et l’union avec Rome signée par les représentants de l'Église grecque, la cause principale en est que la plupart de ses œuvres sont restées jusqu’ici inédites ou demeurent disséminées dans des recueils souvent inabordables. Leur réunion en un volume sera pour beaucoup une révélation du personnage. » S. Pétridès, toc. cil., p. 111. Voici les principales de ces œuvres, ayant trait à la théologie ou à l’histoire religieuse du xve siècle, suivant l’ordre adopté par le P. Pétridès. On voudra bien se reporter à son travail pour les écrits proprement littéraires de Jean Eugenicos, dont nous nous contenterons de faire une mention générale par catégories.

Hymnograpliie.

 Comme son père Georges,

dont on possède un office à saint Spyridon, dans le cod. Hierosol. S. Sab. 503, fol. 89, comme son frère Marc, comme tant de Byzantins, Jean Eugenicos a cultivé le genre hymnographique. Signalons seulement ici son office en l’honneur de Marc d'Éphèse, cod. Paris. 1295, fol. 304-313 v°, et cod. Iber. 388, fol. 780. Le synaxaire de cet otfice, c’est-à-dire la notice biographique consacrée à Marc par son frère, a été édité par le P. Pétridès dans la Revue de l’Orient chrétien, 1910, p. 97-107.

2° Prières en prose.

3° Poésies métriques.

Discours.

Mentionnons celui sur l’arrangement des affaires ecclésiastiques, cod. Paris. 2075,

fol. 314-315 v°. « Ce discours ou, comme l’appelle l’auteur, cette doxologîe à Dieu, n’est qu’une suite d’exclamations de joie délirante. Il a été prononcé hors de Constantinople, où triomphent les partisans de l’union avec Rome, et, sans doute, en présence de Constantin [Dragasés] et de la basihssa Théodora, qui y sont loués. Comme Constantin épousa Théodora en juillet 1428 et que celle-ci mourut en novembre 1429, la pièce est à peu près datée. Elle a évidemment été dite dans une église des pays gouvernés par Constantin, par exemple, à Mistra. Jean semble y parler d’un concile où les patriarches d’Orient auraient rejeté toute idée de rapprochement avec les latins ; mais il s’agit plutôt, je crois, de quelque décision de synode local ratifiée par lesdits patriarches. » S. Pétridès, Échos d’Orient, loc. cit., p. 113. Outre un sermon sur l’ascension et une homélie sur l’oraison dominicale, le même codex’parisicn renferme aussi un fragment de sermon sur la toilette des femmes, « contenant des traits de mœurs vigoureusement tracés. » Ibid.

50 Théologie. — Traité sur la vie monastique, adressé au « Frère Gennade » , c’est-à-dire certainement à Gennade Scholarios, cod. Paris. 2075, fol. 191-198 v°. Traité sur l’entrée en religion, adressé au despote Théodore Paléologue, ibid., fol. 199-226 V. Sur les devoirs des confesseurs, ibid., fol. 282-283 v » . « Il y a un curieux passage sur les nombreux confesseurs qui se livrent à la bonne chère et s’enivrent avec leurs pénitents. » S. Pétridès, loc. cit., p. 113. Explication du symbole, ibid., fol. 363-383 v » . « A signaler, outre les deux paragraphes sur la défense de rien ajouter au symbole et sur la procession du Saint-Esprit, la bizarre interprétation de la forme des lettres du mot rVMUN, du goût byzantin le plus pur. » S. Pétridès,