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EUDOXE — EUGÈNE I"


ses sentiments pour rester en place. L’arien Philostorge nous le dépeint comme un homme doux, de conduite irréprochable, timide jusqu'à la lâcheté, habile en affaires. Théodoret l’accuse de sybaritisme. D’aprfs Sozomène, il s'était acquis de la réputation par ses écrits. De ceux-ci il ne nous reste qu’une courte profession de foi, tirée d’un ouvrage sur l’incarnation, Xofo ; TTEpi <7apx(ù'7s<i) :. Cf. P. Caspari, Alie und neue Quellen zur Geschichle des Taufsymbols und derGlaubensregel, Christiania, 1879, p. 176-185. On y trouve le passage cité plus haut sur le Père àTEor, ; et le Fils E-J17ïêT, ; et cet autre, qui montre l’accord d’Eudoxe avec Apollinaire : o-jtî -àp 'Vj/TiV àvâptoirlvr ; '/ àvEO.ïjepEv, à).Xà (jâp ? ÈyÉvSTo-.. o-j 8-jo çi-jcrîtç… u. : 'a tôv oXov xatà (TjvGEdiv <pj (jiç. Le codex Vindob. LXXV 1 1 renferme quelques fragments inédits. Cf. Lambecius-Collar, Co/n/nentarionim, iii, p. 418 ; Caspari, op. cit., p. 178, notc5.

Eudoxe ayant été intimement mêlé pendant plus de trente ans à l’histoire si compliquée de l’arianisme.les renseignements sur son compte sont épars dans les sources de cette histoire, c’est-à-dire dans les ouvrages des Pères contemporains : Athanase, Hilaire, Basile, Grégoire de Nysse, Lucifer de Cagliari, et dans les historiens Pliilostorge, Socrate, Sozomène, Théodoret, Épiplianc. Voir Arianisme, f. I, col. 1779- Ces sources ont été bien utihsécs par Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, Paris, 1704, t. vi ; voir principalement aux p. 422-424 (avec la note 56, p. 774-775), 434-436, 496-499, 504-506, 508, 533535, 551-553 ; par Duchesne, Histoire ancienne de V Église, Paris, 1907, t. ii, p. 287-312, 371-374 ; Loofs, art. Eudoxius, dans Realencijclopàdie fiir protestantische Théologie, t. v, p. 577-580 ; W. Smith et H. Wace, A dictionanj oj Christian bioyraphij, Londres, 1880, t. ii, p. 265-267.

M. JUGIE.

EUDOXiENS, nom que l’on donna en Orient aux partisans de l’arianisme officiel, après que les chefs de la secte anoméenne, Aétius et Eunomius, se furent séparés d’Eudoxe, sous le règne de Julien l’Apostat. On les appela aussi ariens tout court, comme on le voit par les écrits des Pères de cette époque et par le canon 1° du concile de Constantinople de 381, où les eudoxiens ou ariens sont distingués des anoméens ou eunomiens et des semiariens ou pneumatomaques. AL-msi, Concil., t. iii, col. 560.

Comme nous l’avons dit plus haut en parlant d’Eudoxe, l’arianisme officiel eut pour symbole la formule de Rlmini-Constantinople. Cette formule était assez élastique pour pouvoir être interprétée aussi bien dans un sens orthodoxe que dans un sens hérétique. En voici les passages principaux : " Nous croyons en un seul et unique vrai Dieu, le Père tout-puissant… et en un seul Fils unique de Dieu, engendre de Dieu sans passion, avant tous les siècles, avant toute puissance, avant tout temps concevable, avant toute substance imaginable… Dieu de Dieu, semblable au Père qui l’a engendré, selon les Écritures, oij.oiov tw YcwriTavTi a-JTov Ilarp !, y.aTà Ta ; Ppaçâç… Quant au terme d’essence (o-J'71a) que les Pères ont employé avec simplicité, mais qui, inconnu des fidèles, leur cause du scandale, comme les Écritures ne le contiennent pas, il a paru bon de le supprimer et d'éviter entièrement à l’avenir toute mention d’essence en parlant de Dieu. Les Écritures, en effet, ne parlent jamais d’essence à propos du Père et du Fils. Mais nous disons que le Fils est semblable au Père en toutes choses, comme le disent et l’enseignent les Écritures, oij.oiov ôk /.éyojxïv TOV Tîôv tw llaTp’i y.aTa TrâvTa' (i> ; v.a’t at âytat Vç/a-ji-A '/.iyrj-jci TE /.a’i cioà^/.&JTiv. » S. Athanase, De synodis, 8, P.G., t. xxvi, col. 692-693.

Cette formule condamnait donc à la fois Ykomoousios, Vhomo’iousios ci Vanomios, mais avec un peu de bonne volonté et quelques distinctions, saint Athanase, Basile d’Ancyre et Aétius auraient pu y voir l’expression de leur doctrine respective. En réalité.

Vhoméisme ou eudoxianisme, à en juger par ses principaux représentants, ne fut qu’un arianisme déguisé, d’accord pour le fond avec Aétius et Eunomius. C’est sous la forme d’homéisme que l’arianisme pénétra chez les peuples germaniques. Voir 1. 1, col. 1826sq., 1849sq.

M. JUGIE.

1. EUGÈNE I" (Saint) (654-657) succéda au pape saint Martin. Celui-ci, pour n’avoir pas voulu se soumettre à l’empereur de Constantinople, Constant II, dans l’affaire du monothélisme, avait été enlevé de Home, le 18 juin 653, et, après un long voyage, exilé à Cherson (Sébastopol), où il mourut en septembre 655. Il avait espéré d’abord, lorsqu’il était encore à Constantinople (octobre ou novembre 654), qu’on ne le remplacerait pas et que l'Église de Rome pourrait être administrée, pendant son absence, par l’archidiacre, l’archiprêtre et le primicier.

Néanmoins, lorsqu’on fut convaincu que son exil serait définitif, ou bien sur l’ordre de l’empereur et sous la pression de l’exarque de Ravenne, on élut, le 10 août 654, Eugène, fils de Rufinien, Romain, de la région de l’Aventin, qui avait été clerc dès son enfance et se montrait doux, afi’able envers tous et d’une éclatante sainteté. Martin, ayant eu connaissance de son élection, ne protesta pas et pria pour lui.

On avait choisi Eugène, dans la pensée qu’il renouerait a ec l’empereur Constant II des relations plus amicales. En efi’et, l’un de ses premiers actes fut d’envoyer à ce prince des apocrisiaires et une lettre, qui l’informait de son élection et renfermait une profession de foi. Il n'écrivait point à l’hérésiarque Pyrrhus, qui allait remonter sur le siège patriarcal au commencement de 655. Mais Pyrrhus sut tromper ou gagner les légats et l’on crut, dans le public, au rétablissement de l’union entre Constantinople et Rome. Son successeur, Pierre (655-666), continuant la même tactique, remit aux apocrisiaires, une lettre synodique, qu’ils apportèrent à Rome, en même temps cjue l’envoyé de l’empereur, leur compagnon de route, apportait au pape, avec des présents pour saint Pierre, une lettre de recommandation pour le nouveau patriarche.

Mais cet artifice ne réussit pas, ni près d’Eugène, ni près du peuple. La lettre de Pierre était très obscure, et ne contenait aucune déclaration explicite sur le nombre des volontés eu Jésus-Christ. D’autre part, les moines, amis de Maxime le Confesseur, craignant que Pierre ne parvînt à gagner le pape à sa théorie des trois volontés, chargèrent l’un d’eux, le moine Anastase, d’engager ceux de Sardaigne à veiller à ce que Rome rejetât la synodique de Pierre. En effet, quand le clergé et le peuple, réunis dans l'église de Sainte-Marie-ad-pra ?sepr, eurent pris connaissance de son contenu, non seulement ils la rejetèrent avec indignation, mais encore ils empêchèrent le pape de commencer les saints mystères jusqu'à ce qu’il eût formellement promis de la réprouver.

Ce rejet du patriarche atteignait l’empereur qui avait recommandé. Aussi, les rapports avec lui redevinrent aussi tendus que du temps du pape Martin. Ses officiers, chargés de vaincre la résistance de saint Maxime, dans leur colère, ne craignirent pas de lui dire que, sitôt que les circonstances le lui permettraient, leur maître traiterait Eugène comme il avait traité son prédécesseur. P. L., t. cxxix, col. 653. Mais les musulmans, qui avaient déjà pris Rhodes en 654, infligèrent à Constant la défaite navale du Phénix en 655 et l’empêchèrent de réaliser ses mauvais desseins.

Eugène mourut le 2 juin 657 et fut enseveli à SaintPierre. Ce fut peut-être lui qui reçut saint "Wilfrid d’Angleterre, lorsqu’il fit sa première visite à Rome pour y voir les rites ecclésiastiques et monastiques qui y étaient en usage : cette visite eut lieu vers 654.