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FIN DU MONDE


douleur, 1. II, 330-338. Op. cil., p. 44. Le feu se répandra comme une inondation et détruira tout. Les mécliants qui brûleront ne pourront plus regarder le ciel, qui ne sera plus rempli d'étoiles, mais plein de feu. Ils ne disparaîtront pas, mais ils s’affaisseront éternellement dans leurs corps et ils brûleront dans leurs âmes ; ils verront ainsi que la loi de Dieu ne trompe pas, 1. VII, 120-129. Op. cit., p. 139. Le feu dévorera d’abord tout et les sommets des montagnes comme les têtes de toute chair, se couvriront d’une mince poussière, 1. VIII, 15, IG. Op. cit., p. 143. Le feu explorateur brûlera la terre, le ciel et la mer et même les portes de l’enfer. Après la résurrection, le feu brûlera éternellement les méchants, 1. VIII, 225-228. Op. cit., p. 155. Cꝟ. 1. VIII, 243, 411, 412, p. 152, 168. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 504-505.

Alexandre de Nicopolis, Tractatus de placitis manichœorum, 26, P. G., t. xviii, col. 448, réfute les idées des manichéens sur la nature du feu selon eux préexistant et incréé, qui produira l’incendie final du monde. Il demande à son adversaire quelle sera la nature de ce feu, qui brûlera, mais ne luira pas. S’il est en dehors du monde, où se trouve-t-il donc ? Mais s’il est dans le monde, pourquoi le monde reste-t-il jusqu'à présent sain et sauf ? S’il tombe un jour sur le monde pour le détruire, est-il dès maintenant uni au monde ? S’il est hors du monde en un lieu spécial, comment tombera-t-il un jour sur le monde ? Comment sortira-t-il de ce lieu, par quelle force et avec quelle violence ? Comment peut-on concevoir un feu qui n’a rien à brûler ? Est-ce l’humidité qui doit l’entretenir ? Ce feu qui est en dehors du monde ne peut être que la matière, puisque le soleil et la terre sont, comme des essences pures, distinctes de ce feu. S’il en est ainsi, quand le monde sera détruit par la puissance divine, ce feu persévérera-t-il ? Comment pourra-t-il détruire quelque chose ou être détruit par un autre ? On ne peut comprendre qu’il puisse être détruit par im feu semblable, et à cjuoi bon Dieu détruirait-il ce qu’il n’a pas fait ? Ce feu ténébreux est-il plus ou moins grand que la matière que Dieu doit détruire ? S’il lui est inférieur, comment l’attaquera-t-il ? S’il lui est supérieur, il pourra se replier sur lui-même, puisqu’il est de la même nature, mais il ne se détruira pas cependant, pas plus que le Nil ne détruit les canaux qu’il forme. En réfutant la doctrine des manichéens sur le feu ténébreux, qui existerait hors du monde, Alexandre raisonne conformément à la doctrine chrétienne, qui fait du feu de la conflagration générale une créature de Dieu. Cf. Atzberger, op. cit., p. 520.

Chez les latins, saint Cyprien ne dit rien de la manière dont le monde finira ni de la nature du monde qui remplacera l’ancien. Minucius Félix traite de la conflagration finale en philosophe. Le vulgaire admet généralement que du feu peut tomber soudain ou qu’il est difficile de ne pas y croire. En eft’et, quel philosophe doute, qui ne sait pas que tout ce qui existe tombe, que tout ce qui a été fait sera anéanti ? Les stoïciens enseignent que le ciel et tout ce qu’il contient seront un jour la proie des flammes, car, après avoir été entretenu par l’humidité, ce monde doit passer par l’incendie. Les épicuriens sont du même avis au sujet de l’embrasement des éléments et de l'écroulement du monde. Platon pense la même chose. Il n’est donc pas étonnant que cette masse sera détruite par celui qui l’a faite. Octavius, n. 34, P. L., t. III, col. 344-345. Les philosophes enseignent donc la même chose que les chrétiens, non pas que les chrétiens aient suivi leurs traces, mais parce que les philosophes ont gardé, mélangée d’erreurs, la vérité que Dieu avait annoncée par ses prophètes, col. 346. L. Atzberger, op. cit., p. 549.

Novatien enseignait que la création entière, aussi bien que l’humanité, serait renouvelée. Ad igncum diem judicii mundus iste festinet. De Trinitate, 8, P. L., t. III, col. 900. Toutes les choses attendent de Dieu leur délivrance quand elles auront perdu leur corruptibilité, et elles doivent revenir à Dieu, leur créateur. Ibid., 3, col. 892. Selon Commodien, le jugement dernier et la fin du monde auront lieu aussitôt après le règne de mille ans. Le feu sera de nouveau envoyé par Dieu sur terre, et celle-ci soupirera après la fin de toutes choses. Toute la nature sera changée par les flammes ; le feu brûlera sous terre et les montagnes fondront ; il ne restera rien de la mer, qui sera dévorée par le feu ; tout ce qui est maintenant au ciel et sur terre sera transformé. Un autre ciel, nouveau et éternel, une nouvelle terre seront créés ; les justes habiteront le monde renouvelé. Instructiones, xlv, P. L., t. v, col. 234, 236. Il décrit plus longuement encore la fin du monde dans son Carmen apologeticiim, 999-1021, dans Pitra, Spicilegium Solesmense, Paris, 1852, t. i, p. 48-49. Ce sera un jour terrible, un jour de feu. Après dift'érents signes préliminaires, le feu tombera avec le vacarme du tonnerre. Des éclairs descendront des astres et allumeront une tempête de feu. Les étoiles tomberont du ciel et seront elles-mêmes jugées. Les habitants des cieux seront épouvantés, quand la ruine du monde s’accomplira. Une partie des incroyants sera brûlée à petit feu. La puissance du feu ira partout où les hommes se réfugieront. L’air lui-même sera embrasé. La terre sera ainsi purifiée par le feu pendant sept mois. Après seulement, le Christ descendra du ciel et les morts ressusciteront. L. Atzberger, op. cit., p. 565-566.

Victorin de Pettau parle de la consummatio mundi. In Apoc., XIV, 15, P. L., t. v, col. 340. Il découvre la manière dont se produira la fin du monde dans la comparaison de celui qui est assis sur le trône avec le jaspe et la sardoine. La première de ces pierres précieuses a la couleur de l’eau, la seconde celle du feu. Ces deux pierres figurent les deux grands jugements : le déluge et l’embrasement futur. L’arc-en-ciel qui entoure le trône signifie que les hommes n’ont plus à craindre l’eau, mais le feu. In Apoc, iv, 3, col. 324.

Arnobe rapporte trois opinions sur la fin du monde : celle d’Aristote qui prétend que le monde n’a pas été créé et qu’il ne disparaîtra pas, celle de Platon qui le dit immortel, quoiqu’il ait eu un commencement et qu’il soit soumis à la faiblesse, celle des stoïciens, d’après laquelle il est fragile, il a été créé et il doit nécessairement périr. Adversus naliones, ii, 56, P. L., t. V, col. 898. Il rappelle le sentiment de Platon suivant lequel les déluges et les embrasements du monde ont pour effet de purifier la terre, ibid., i, 8, col. 731, et celui de Panatius, de Chrysippe et de Zenon, d’après lequel le feu qui doit détruire le monde existe déjà et qu’il brûlera, quand le temps sera venu. Ibid., II, 9, col. 824. Quant à lui, il n’admet aucune de ces opinions et il tient plutôt que, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres problèmes, on ne peut rien savoir de certain et qu’il ne sert de rien d'être renseigné. Ibid., ii, 55-61, col. 897-908. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 582.

Selon Lactance, à la fin du règne de mille ans, le monde sera renouvelé par Dieu, le ciel sera roulé sur lui-même et la terre sera tranformée. Les hommes deviendront semblables aux anges. La seconde résurrection aura lieu alors, et les impies brûleront éternellement dans le feu à la vue des anges et des justes. Insl. div., vii, 26, 1-7, P. L., t. vi, col. 813-814. Cf. Epilome, 72, col. 1092.

4° Pures du /r « et du ve siècle. — 1. Pères grecs. — Selon Eusèbe de Césarée, le monde doit changer, ainsi que l’enseignent l'Écriture, 1 Cor., vii, 31,