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FIN DU MONDE

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Aux témoignages des apologistes joignons celui des Actes de Paul, œuvre catholique composée vraisemblablement ; Antioche de Pisidie de 160 à 170. L’apôtre exhorte Longus et Cestus à se convertir et à se sauver « du feu qui accourt contre le monde entier. » Heureux l’iiomme qui croira en Dieu et qui vivra dans l’éternité, « quand ce Dieu viendra brûler en la purifiant cette terre. » Muriyrc de S. Pmd, iv, L. Vouaux, Les actes de Paul et ses Ictlrcs apocryphes, Paris, 1913, p. 298-301.

3° Les Pères du / ; <= au ive siècle. — Saint Irénée fait périr l’Antéchrist et ses aïïîdés par le feu, avant l’établissement du royaume terrestre du Christ. De même qu’il y a eu, aux jours de Noé, un déluge d’eau, il v aura alors un diluvium ignis. Conl. hær., 1. V, c. XXIX, n. 2, P. G., t. VII, col. 1201-1203. Cf. c. xxx, n. 4, col. 1207-1208. A la fin des temps, il y aura un incendie. /&/rf., l. IV, c. xx, n. 11, col. 1041. On peut se demander s’il est différent du premier. Quoi qu’il en soit, révêque de Lyon sait que le monde ne sera pas anéanti, mais qu’il changera seulement de figure et de forme. Voir plus haut, col. 2507. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront appropriés à l’état nouveau de l’humanité, et cet ordre de choses durera sans fin. /ôid., 1. V, c. xxxvi, n. l, col. 1222. Pour snint Hippolyte, le monde sera renouvelé à la fin des temps au point de vue physique. L’agent de cette rénovation sera le feu. Empédocle et les stoïciens l’enseignaient, Philosophoumena, 1. I, 3, P. G., t. xvi, col. 3028, aussi bien qu’Héraclide, 1. IX, 10, col. 3375. David en parle aussi au ps. xviii, 7, et personne ne peut échapper aux rayons de cette fiamme.Dc Clirisio et AniiciTrisio, P. G., t. X, col. 784. Hippolyte s’était proposé de parler de la conflagration finale au cours de son traité, ibid., 5, col. 733 ; mais il se borne à dire, loc. cit., que le Christ, à son avènement, allumera cet incendie et fera le jugement contre ceux qui n’ont pas cru en lui. Cf. H. Achelis, Hippolyt’s Ideinere exegetische und homiletisclie Schrillen, dans Die griechischen cliristlichen Schriflsteller. Hippolytus, Leipzig, 1897, t. i, p. 44.

Pour Tertullien, le monde vieilli et tout ce qui est né en lui périront par le feu. De speclaculis, 30, P. L., t. i, col. 660. Ce feu est un feu de jugement et de punition qui atteindra tout ce qui a servi au péché. De baplismo, S, P. L., ibid., col. 1209 ; cf. Adv. Marcionem, 1. III, c. xxiv, t. ii, col. 313. Il sera aussi un feu de purification, qui renouvellera et rajeunira toutes choses. Le monde sera donc renouvelé, et sa ruine ne sera cju’un changement, trcuisactio. De anima, 55, t. ii, col. 744. Dans le monde futur, il n’y aura cjuc le mal qui aura disparu ; l’état primitif de l’innocence sera rétabli ; les animaux domestiques paîtront avec les animaux sauvages et les enfants joueront avec les serpents. Adversus Hermogenem, 11, ibid., col. 207.

Clément d’Alexandrie relate que les païens, surtout les stoïciens, Héraclide et Platon, ont su que le monde devait périr et qu’il serait renouvelé par un grand embrasement. Slrom., Y, 1, P. G., t. ix, col. 21, 24. Origène enseigne la conflagration finale. Il distingue le déluge d’eau, raconté dans la Genèse, vii, 6, du futur déluge de feu. Sclecta in Genesim, P. G., t. xii, col. 105. Le premier est la figure du second. In Gen., homil. II, 3, ibid., col. 167. Pour disculper les filles de Lot, il remarque qu’elles avaient éprouvé quelque chose de ce qui se passera à la fin du monde par le feu et qu’elles ne savaient pas qu’après la destruction de Sodome par le feu, le monde durerait longtemps encore. Elles avaient entendu dire qu’à la fin du monde la terre et tous les éléments seraient embrasés dans la llamme du feu. Elles crurent que cet événement était arrivé et qu’elles voyaient le feu, ses

flammes et la dévastation de l’univers. In Gen., homil. V, n. 4, col. 191 ; Cont. Celsum, 1. IV, n. 45, t. XI, col. 1102. Celse prétendait que les chrétiens avaient mal compris les idées païennes relatives à des déluges et à des incendies périodiques et qu’ils se représentaient Dieu comme un bourreau, armé de feu, descendant sur terre à la fin du monde. Origène lui répond que les philosophes grecs ont appris de Moïse, qui était bien plus ancien qu’eux, la doctrine de l’embrasement du monde. Cont. Celsum, 1. IV, n. 11, col. 1040-1041. Les chrétiens n’attribuaient ni le déluge ni la conflagration de l’univers aux courses des étoiles ; ils en trouvaient la cause dans le péché. Comme le mal a pris sur terre une grande extension et une grande puissance, la terre en sera purifiée par l’eau ou par le feu. Ibid., n. 12, col. 1041. Origène, il est vrai, restreint le mal aux hommes et à leurs œuvres et aussi sa purification par le feu, et il ne dit pas expressément cjue le monde corporel sera détruit par ce feu. Ibid., n. 13, col. 1044. Ce feu brûlera, mais ne consumera pas, 1. V, n. 14-17, col. 1201-1205 ; 1. VIII, n. 72, col. 1624-1625. Origène se demande si le monde sensible doit être anéanti ou s’il changera simplement de forme. Les passages bibliques de saint Paul, I Cor., VII, 31, du psalmiste, ps. ci, 27, et d’Isaïe, LVi, 28, lui paraissent favoriser le second sentiment. Il ne comprendrait pas d’ailleurs comment des natures immortelles pourraient vivre sans corps, puisque seules les personnes de lu sainte Trinité ont la propriété d’être indépendantes de toute matière. D’autres pourront prétendre qu’après la consommation universelle toute la matière corporelle sera purifiée et deviendra aussi pure que l’éther céleste. Mais Dieu seul sait ce qu’il en sera. De princ., I, vi, 4, P. G., t. XI, col. 169-170. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 452. Il est très difficile de déterminer exactement ce qu’iî adviendrait de la création matérielle dans l’àuoy.aTiiaracfi ; universelle imaginée par Origène, ïftfrf., p. 453456. Voir Enfer, t. v, col. 57-60. Mais ce n’est qu’une spéculation personnelle du catcchète alexandrin, sans attache avec la tradition ecclésiastique. Voir Origène.

Saint Méthode d’Olympe dit d’abord que le monde périra par le feu. Conviinum deceni virginum, x, 4, P. G., t. xviii, col. 200. Mais on ne peut pas dire que tout sera détruit, que la terre, l’air et le ciel n’existeront plus. Le monde entier sera brûlé pour être purifié et renouvelé, il sera inondé par un feu destructeur, mais l’incendie ne l’anéantira pas et ne le détruira pas complètement. De resurreclione, col. 273. La création restera, puiscju’elle sera devenue meilleure et plus belle et qu’elle se réjouira de la résurrection des fils de Dieu, qu’efle attend maintenant comme la délivrance de la corruption. Is., lii, 2 ; Rom., viii, 22, 23 ; Is., lvi, 22 ; xlv, 18. Ce n’est pas pour les anéantir que Dieu a créé toutes choses ; c’est pour les conserver toujours. C’est pourquoi le ciel et la terre existeront encore après l’incendie et la révolution qu’ils auront subis. Ibid., 8, col. 274-277. Qu’on n’en appelle pas à Matth., xxiv, 35, et à ps. ci, 27, pour soutenir la destruction de tout, c’est une particularité de l’Écriture de nommer destruction l’amélioration et la glorification du monde, et ce langage est vrai, puisque l’ancien état de choses n’existe plus après que tout a été embelli. Saint Paul a dit : « La figure de ce monde » et non pas « ce monde » passe. I Cor., VII, 31. C’est un perfectionnement comme le passage de l’enfance à l’âge d’homme parfait. I Cor., xiii, 11, Ibid., 9, col. 276-277. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 490.

Dans la partie chrétienne des Oracles sibyflins, la ruine du monde par le feu est plusieurs fois décrite, 1. II, 253-255. Geffeken, Die Oracula sibyllina, p. 40. Les justes passeront rapidement par ce feu et sans