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FINCKENEIS — FIN DERNIÈRE


cerlamina alheo-theologica et Iheoloç/ico-mystica de exislenlia Dei, exislenlia angelorum et animas inimortaliiale cum triplici parœnesi ad cdheos in fine cujuslibel conlroversiæ, "Vienne, 1693 ; Theologia supernaturalis et natnralis compleciens seleeias dissertalioncs ac rara problemaia de opère scx dicnim sen de miindo magno ac parvo, in-12. Vienne, 1694.

Ziegclbauer, Historia rei literariie ordinis S. Bencdicii, t. IV, p. 130 ; [dom Françoisl, Bibliothèque (lénérnle des écrivains de l’ordre de S.iinl-BenoU, t.i, p. 326 ; Hiirter, Nomenclalnr, l. iv, col. 3 !)'J- 100.

B. Heurtebize.

1. FIN DERNIÈRE. La cause finale est la cause des causes. S. Thomas, Quæst. disp., De verilale, q. xxviii, a. 7. Tout, en elïet, pour un être quelconque et pour son action, dépend, du but où il tend. La fin dernière sera donc pour un être la cause dernière, la raison au delà de laquelle il n’y a plus rien, de tout ce qu’il est et de tout ce qu’il fait. C’est dire l’importance souveraine, absolument première, unique, de la question de la fin dernière ; c’est entrevoir aussi les ramifications indéfinies de cette question dans toutes les directions de la pensée humaine.

On ne trouvera ici qu’un travail de coordination avec des références, pour tous les développements, aux articles spéciaux.

Les notions philosophiques sur la finalité en général ont été déjà exposées sommairement à l’art. Cause, t. ii, col. 2033-2038. Voici quelques précisions nécessaires à notre sujet.

La fin, c’est en général le terme (bout) de l’action et spécialement le terme (but) où tend l’agent. Ce terme -but intentionnel est précisément la cause finale ; il exerce, en effet, une très évidente et très réelle influence sur l’elïet produit ; car si l’agent ne visait pas tel but, il n’agirait pas et ne produirait pas tel effet. Cette influence n’est pas quelque chose de physique allant de la fin à l’eflct, mais quelque chose d’intentionnel et de moral s’cxerçant sur l’agent luimême pour le pousser vers un but à atteindre. But à atteindre, cela signifie : bien voulu par une volonté, boniim habcl ralionem finis ; voulu, c’est-à-dire aimé, causalitas finis est appeti ; aimé et désiré s’il s’agit d’un bien à acquérir, aimé et simplement terme d’intention, inlentum, s’il s’agit d’un bien à produire. Mais si l’agent n’avait pas ce but à atteindre, s’il ne voulait pas produire ou posséder ce bien, il n’agirait pas. Voir Acte humain, t. i, col. 342-345.

Il y a diverses espèces de fins, parce qu’il y a diverses espèces de biens, termes de tendance. Au point de vue de la subordination des objets, il y a des fins immédiates, intermédiaires, dernières. La fin comme fin, il est vrai, est un terme et par conséquent n’est pas de soi ordonnée à une autre cliose ; cependant, ce qui est fin dans un ordre peut devenir moyen dans un autre ordre, et ainsi de suite jusqu'à ce qu’on arrive au bien qui est définitivement voulu, non pour im autre, mais pour lui-même. C’est alors une fin dernière, qui se définit par conséquent : le bien auquel on tend pour lui-même absolument et définitivement, et, nous le prouverons plus tard, pour lequel tout autre bien ne peut être que moyen.

A un autre point de vue, celui des divers amours qui regardent le bien voulu, il faut distinguer la finis qui et la finis oui. La première est le bien lui-même qu’on aime ; quand on veut posséder ce bien (amour de concupiscence), la tendance dirigée vers lui a une double formalité : on tend, en effet, soit au bien luimême, finis qui, objectivus, ciijus gratta, soit à sa possession, finis quo, formatis, subjectiims. La finis cui est la personne, le sujet à qui nous voulons tel ou tel bien (amour de bienveiflance, d’amitié). Voir Charité, t. II, col, 2217 ; Espérance, col. 621-623. Remar quons qu’on peut vouloir du bien à quelqu’un soit parce que cela lui est utile, soit simplement parce qu’il en est digne.

Enfin, au point de vue des espèces de tendances de l’agent à son bien, il faut opposer d’abord, ceci est fondamental pour notre sujet, la tendance de désir qui veut acquérir un bien, source de perfectioiuiement, bonum perjectimim (en réalité ou en apparence), et la tendance de simple intention ou de volition qui donne et produit et verse de sa surabondance, au lieu de chercher, bonum producendum, communicandum. Dans le premier cas seulement, la fin est une cause finale, mouvant réellement l’agent par son attraction ; elle est appelée pour cela motif ou encore mobile, suivant qu’on considère sa force attractive ou son impression dans l’agent attiré. Mais, dans le second cas, la fin n’est pas proprement cause finale ; car ce n’est pas ce bien qui n’existera que par elle, qui peut attirer et mouvoir la cause bienfaitrice ; la détermination de celle-ci devra s’expliquer autrement ; le bien produit par elle ne sera plus que son terme et non sa cause.

En dernier lieu, laissant de côté le principe de la tendance pour considérer celle-ci en elle-même, on y découvre un complexus de trois éléments : l’agent, son opération, son œuvre : tout cela dirigé en définitive vers une même fin, mais diversement. L’opération d’abord, nous parlons d’opération transitive, non d’opération immanente, laquelle n’est pas nécessairement productrice, voir Immanence, l’opération tend immédiatement à l’effet à produire : l’effet à produire comme tel, c’est donc la finis operationis tout simplement. L’effet, à son tour, peut être voulu pour qu’il serve à quelque cliose, à un but et non simplement pour qu’il soit ; il en est ain., i, en fait, de tout effet, divin ou humain : tout ce qui est fait est fait dans un but, nous le prouverons plus bas. Mais il faut distinguer ici un double but : un but immédiat qui sort de la nature même de l’objet produit : une montre, de soi, est faite pour marquer les heures, c’est la finis operis ; et le but quelconque immédiat ou éloigné auquell’agent tend de son côté, par tel ou tel moyen : faire des montres, par exemple, pour gagner de l’argent, c’est la finis operantis. C’est à cette dernière seule que s’appliquent les subdivisions diverses indiquées plus haut.

Nous avons dit que le terme d’une tendance ou d’une intention ou d’une volition ne peut être que le bien de l’opérant, principe de cette volition ou de cette tendance ; le bien, c’est-à-dire quelque chose de parfait, en relation de convenance, perfective ou non, avec lui. Sur les rapports, très importants, du bien et de ses diverses espèces avec la finalité, voir Bien, t. ii, col. 825 sq., spécialement 836-840.

Pour traiter complètement la question de la fin dernière, il faut étudier : 1° la fin dernière absolue de toutes choses ; 2° la fin dernière relative, spécialement de l’homme ; 3° les applications pratiques principales de ces doctrines.

I. Fin dernière absolue universelle.

La doctrine du magistère catholique aj’ant été exposée, art. Création, t. iii, col. 2181-2183, 2191, nous pouvons entreprendre l'étude théologique.

I. EXISTEXCE.

l°Nier une fin dernière absolue de la création entière, ce serait nier l’ordre universel. L’ordre, en effet, ne se constitue que par l’inégale réduction de plusieurs éléments à un principe d’unité. S. Thomas, Sum. llieol., II* II « , q. xxvi, a. 1, 6. Ce principe d’unité de l’ordre n’est pas précisément la cause efliciente, car un même agent peut produire plusieurs ordres différents ; mais c’est la cause formelle pour l’ordre statique et la cause finale pour l’ordre dynamique. Or l’ordre universel est essentiellement, au moins en fait, un ordre dynamique, car les substances sont faites pour agir ou pour être des