Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/588

Cette page n’a pas encore été corrigée
2175
2476
FILS DE DIEU — FINCKENEIS


de Régnon, op. cit., t. iii, p. 320-333 (concept grec de l’image). Quant à la difficulté principale de Richard : l’identité n’est pas la similitude qu’il faut à l’image et par conséquent il y a image de personne et non de nature, il faut répondre en distinguant les choses qui ont entre elles la relation d’image et la formalité qui fait l’une image de l’autre. Il est bien évident, en effet, que le Fils est l’image du Père et non de la nature divine ; on ne dit pas qu’une photographie est l’image de notre figure, mais elle est notre image en représentant notre figure. Pour l’image, il faut donc deux êtres distincts et une formalité qui leur soit commune (vi originis) ; que cette communauté soit identité ou ressemblance spécifique, cela ne fait rien à l’image, pourvu qu’il y ait distinction et origine in simililudinem naturæ. C’est bien là le sens de toute la tradition, mise surtout en valeur par les grecs : le Fils est l’image parfaite du Père ; donc tout ce qu’a le Père de perfection, d’attributs, d'être ou de substance, le Fils le possède, autrement il serait image incomplète. Voir Petau, op. cit., 1. VI, c. vi, vu ; 1. VII, c. VII. Ici encore le P. de Régnon, op. cit., t. iii, étude XVIII, p. 309-381, oppose théologie grecque et théologie latine avec quelque excès ; lui-même ne comprend bien l’image que si le fds représente, non seulement la nature abstraite, mais les caractères individuels de son père et ceci est, en effet, de langage courant. Voir Vasquez, In /^m Sum., disp. CXIII, § 44. Mais quels sont donc ces caractères individuels du Père ? La paternité devra-t-elle donc être communiquée essentiellement au Fils ? C’est impossible et absurde. Sera-ce un attribut comme la bénignité, des contingences comme la libre providence actuelle, etc.? Voir de Régnon, foc. cit., p. 345-350. Mais c’est se livrer à son imagination, pour ne rien dire de plus, que d’aller chercher dans l'Être absolu de Dieu, même comme agent libre, des caractères personnels à communiquer au Fils ; et c’est là que penche, sans cesse, en effet, ce trop fervent ami des grecs et de leur langue théologique archaïque. Disons plus simplement que le fils tend à reproduire tout son père ; ici-bas, il ne le peut pas ; mais en Dieu, le Fils reproduit parfaitement son Père, car tout l'être divin très individuel que possède le Père, il le donne à son Fils ; et parce que cela se fait vi originis, le Fils doit être, au delà de toute expression et de tout ce qui se peut voir, imaginer, concevoir parmi les créatures, la parfaite image de son Père.

Une petite question est encore à résoudre : la communauté de spiration active peut-elle cependant être regardée, avec tout le reste, comme contribuant à faire l’image du Père dans le Fils ? Saint Thomas semble ne pas l’admettre, lac. cit., parce que ce n’est pas d’après des relations qu’on peut avoir égalité ou ressemblance, mais d’après quelque chose d’absolu. Comme raison principale de ressemblance, c’est évident ; mais ne pourrait-on concevoir secondairement le Père et le Fils semblables aussi (similitude d’identique formalité en deux personnes distinctes) par la spiration active ? En tout cas, cette similitude ne pourrait entrer dans la notion du Fils image, parce que ce n’est pas vi originis que le Fils a cette spiration active, mais plutôt immédiatement, par la mystérieuse exigence de l’action divine volontaire où tout l’intellectuel divin (pouvoir absolu, agir et relations de Père et de Fils) devient, secundum ordinem naturæ, principe d’amour absolu et de spiration.

Image, Verbe, Fils ne désignent que la même réalité et non seulement « matériellement » , mais encore formellement : c’est toujours le procédant en Dieu, semblable vi originis, c’est-à-dire secundum agere intellecluale, c’est-à-dire comme Verbe, et parce que ainsi semblable in natura, comme Fils. C’est tou jours, en définitive, la même réalité divine, l'être très simple et infini, notre Dieu, non pas uniquement pourtant dans son absolu, mais comme relatif de relation substantielle et subsistante évidemment, relatif comme Verbe et donc Fils, relatif au même Dieu comme dicens Verbum et donc Père. C’est le même Dieu identique absolument, diversement relatif par des oppositions d’origines. Il y a donc en lui des distinctions entre ces Relatifs réels, des distinctions réelles par conséquent, mais entre ces Relatifs ut sic ; l’Absolu de ces relatifs qui leur donne toute leur réalité, continuant à être l’identique Réalité très simple et infinie qu’est notre Dieu.

Voilà le mystère du Fils de Dieu, tel que les Juifs le reçurent mêlé de figures et de voiles dans leurs élévations vers la sagesse incréée ; tel que Jésus l’affirma clairement, y conduisant peu à peu la foi de ses disciples, mais foi toute nue au mystère sans explication ; tel que l'Église dès ses débuts et toujours le vécut sans hésitation, avec ardeur, avec amour, l’amour enthousiaste d’une épouse pour l'Époux son Dieu, repoussant toujours avec horreur loin de sa maison les fils dénaturés qui le méconnaissaient ; tel que, depuis saint Paul et saint Jean, qui commencèrent à écarter un peu les voiles du mystère, les docteurs anciens s’efforcèrent tour à -tour de le défendre, de le formuler, d’en expliquer ce que peut en comprendre la raison humaine, sans le nier jamais et sans le dénaturer en lui-même (nous parlons des docteurs que l'Église garda dans sa maison), bien qu’avec plus ou moins de clarté, de précision, de cohérence et de justesse dans les détails ; tel que la théologie enfin, non sans discussions, est arrivée à le concevoir en analogie toujours et en image, y mettant toutes les lumières de la révélation et toutes celles de la raison humaine comme elles se trouvèrent en un saint Augustin et en un saint Thomas. Depuis celui-ci, on n’a guère fait de progrès en dogme trinitaire. Nous conclurons donc avec saint Augustin, De Trinilale, 1. XV, c. xxiii, n. 44, P. L., t. xLii, col. 1091 : Sed hanc non solum incorporalem, verum eliam summe inseparabilem vereque immutabilem Trinilatem, cum vencril visio facie ad facieni quarepromittitur nobis, multo clarius cerliusque videbimus quani nunc ejus imaginem quod nos sumus ; per quod tamen spéculum et in quo senigmate qui vident, sicut in hac vila videre concessum est, non illi sunt qui ea quæ digessimus et commendauimus in sua mente conspiciunl, sed illi qui eam (menlem) lanquam imaginem vident, ut possint ad eum cujus imago est quomodocumque referre quod vident et per imaginem quam conspiciendo vident etiam illud videre conjiciendo, quoniam nondum possunt facie ad faciem.

P. Richard.

    1. FINCKENEIS Basile##


FINCKENEIS Basile, théologien bénédictin, mort à Vienne en 1(593. Il Ut profession en 1669 à l’abbaye de Saint-Lambert en Styrie. Il eut d’abord à remphr les fonctions de maître des novices, puis fut appelé à professer la philosophie à Salzbourg, la théologie à Saint-Georges dans le Tyrol, et au monastère des Écossais de Vienne où il mourut. Ses principaux ouvrages sont : Conclusiones ex universa philosophia, in-8°, Salzbourg, 1689 ; Problemata et theoremala philosophicologica, phijsica et melaphijsica, .in-4°, Salzbourg, 1689 ; Theologica controvcrsislica tribus controversiis universas fidei controversias comprehe miens, quibus decisis decisw snnl omnes siue ccrtumina liarctico-conlrovcrsistica pro fide et veritale fidei ink’lleclum sic convinccnlia, ut quilibct vcritatem veræ Ecclesiæ et fidei evidenter videre possil et facili negolio compendioque venire ad agnilionem veritatis, iennc, 1693 ; Theologia polemico-mystica, atheocontrovcrsislica tribus controversiis præcipuos alheorum errores comprchendens et refellens per oppositas vcritales, quibus demonstratis sublalus sit allieismus, sive