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FILS DE DIEU


Col. 80 ; cf. De Trinilak, àia. ii, ibid., col. 768.

2. On peut dire la même chose, en admirant toutefois d’excellentes éludes scripturaires, sur tous les textes, discutés alors, du grand lutteur Théodoret de Cyr († 458), à qui appartient le traité sur la sainte et vivifiante Trinité, c. v-xviii (parmi les œuvres de saint Cyrille, P. G., t. lxxv, col. 1152-1176), ainsi qu’un essai systématique de théologie (le premier) dans le 1. V de son Histoire des liérétiques, t. lxxxiii, col. 335566. Les discussions cliristologiques mirent seulement au clair les concepts de nature et de personne et indirectement ainsi la doctrine trinitaire générale, à laquelle néanmoins on ne s’occupa guère de les appliquer. Voir J. Tixeront, Les concepts de nature et de personne dans les théologiens des v « et vie siècles, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1903, t. VIII, et Histoire des dogmes, t. iii, p. 152 sq. C’est spécialement vrai du « premier scolastique » , Léonce de Byzance († 543). Voir J. P. Junglas, Leontius von Byzanz, Paderborn, 1908. Les Scholia, ou De seclis, act. I, P. G., t. Lxxxvi, col. 1, 12, dont le fond doit venir de Léonce, interdisent de sonder le mystère de la génération du Verbe ou de la procession de l’Esprit. Les discussions sur la cpjdt ; et V-jkekjxx’ji.ç donnèrent même lieu à quelques erreurs sans retentissement que nous n’avons pas à étudier ici : trithéisme de Jean Askunages et de Jean Philopon (au milieu du vie siècle) ; quaternité des tétradites(Damien d’Alexandrie, f 605). Voir J. Tixeront, Histoire des dogmes, t. III, p. 195-197. Dans un autre courant d’idées spéculatives, le courant mystique, merveilleusement élargi par le pseudo-Denys (v « -vi<e siècle) suivi par saint Maxime le Confesseur († 662), nous ne trouvons pas davantage ; on s’y arrêtait plus volontiers à contempler la sublime monade divine, sur -unité, sursimplicité, etc., que la Trinité des personnes ; ce qui se rapproche de la mentalité latine ; on y insistait par conséquent sur la consubstantialité, l’inhabitation mutuelle et totale, etc. Pseudo-Denj’S, De divinis nominibus, ii, 4 ; xiii, 3, P. G., t. iii, col. 641, 981 ; Maxime, Capit. theol. et œconom., ii, 1 ; Exposit. oral. rfom., P. G., t. xc, col. 892-893. L’Aréopagite, Mys/ica Iheologia, c. ni, rappelle qu’il a expliqué, dans un autre traité, les Hypotyposes théologiques, l’unité et la trinité divines, puis « ce qu’est la paternité et la filiation et cette divine appellation d’esprit, en outre, comment de l’immatériel et indivisible Bien découlent ces lumières immanentes (^yzàpoia) de bonté qui restent sans jamais en sortir, en lui et en elles-mêmes mutuellement par une coéternelle propagation. » Mais cet ouvrage n’est pas parvenu jusqu'à nous. Voir H. Meertz, Die Gottestehre des PseudoDionysius Areopagita, Bonn, 1908.

3. Saint Jean Damascène enfin n’est que le compilateur didactique de la tradition grecque, celle des Cappadociens, surtout de saint Grégoire de Nazianzo, en matière trinitaire. Sa doctrine du Fils de Dieu n’est guère en avance sur la leur. Sur sa doctrine trinitaire énérale, voir J. Tixeront, op. cit., t. iii, p. 487-491 : parfaite consubstantialité et circumincession, distinctions relatives d’après les seules processions, etc., avec une terminologie parfois imprécise. Voir aussi J. Schwane, op. cit., t. ii, p. 299, 300. Sur la nature des processions, de la génération du Fils, et la distinction de celle-ci d’avec l’iy.TTopsjTi^ du Saint-Esprit, le Damascène ne sait rien. De fuie orthodoxa, I, viii, P. G., t. xciv, col. 816, 820, 824. Cependant dans les deux c. VI et vii, ibid., col. 802 sq., il a essayé de donner quelques raisons de l’existence en Dieu d’un Verbe et d’un Esprit-Saint ; ce sont les raisons traditionnelles chez les Pères grecs, sans grande valeur : Dieu ne peut être -//.oyo ;  ; son Logos doit être subsistant, vivant, immanent, etc., à la différence de

notre logos (parole). Évidemment, pour lui, comme pour les grecs, le nom scripturaire Logos n’est pas le mot révélateur de la génération et de la nature du Fils ; cf. De fide orthodoxa, I, vii, col. 816 ; xiir, col. 857, qui distingue le logos raison en acte, le logos parole intérieure, le logos parole extérieure, tous trois identifiés avec la substance en Dieu et sans subsistance propre, et enfin le Dieu-Logos autre que les trois précédents. Voir de Régnon, Études, t. iii, p. 405467 : le Logos dans la théologie grecque.

Le théologien de Damas eut des disciples, entre autres, Théodore Abu Qurra, évêque de Carie (mort après 812), voir Abucara, t. i, col. 287, récemment étudié par G. Graf, Die arabischen Schrijlen des Theodor Abu Qurra Bischofs von Harrân, Paderborn, 1910. Le disciple semble supérieur au maître, en particulier sur la Trinité et la génération du Verbe. Mais il n’y a pas lieu de poursuivre plus loin ici cette théologie orientale. D’ailleurs, elle n’arrivera jamais à une parfaite compréhension et formulation du dogme du Fils de Dieu ; les erreurs sur le Filioque qui éclatèrent plus tard le prouvent manifestement, car si la juste idée du Verbe divin conduisit naturellement saint Augustin à voir en lui le comprincipe (ut unum principium) du Saint-Esprit, De Trinitate, V, xiv ; XV, VI, 10 ; XVII, 29 ; xxi, 41, la négation de cette vérité ne pouvait venir que d’une fausse idée du Verbe divin.

Théologie latine.

1. Jusqu'à saint Anselme. —

Nous trouverons encore moins de progrès pour le dogme trinitaire jusqu’au xie siècle dans l’Occident envahi par les barbares, qu’en Orient, à part deux opuscules de Boèce († 526) sur la Trinité et l’Unité en Dieu. Voir Boèce, t. ii, col. 919. D’ailleurs, on était loin de l’imperfection des formules orientales ; le symbole Quicumque, d’origine occidentale (v<^-vie siècle), voir dom G. Morin, The journal of theological studies, 1911, p. 161-190, 337-361, et les divers symboles de la même époque, provoqués par les controverses priscillianistes et plus ou moins connexes avec lui, comme les formules Fides Damasi, Clemens Trinitas, le Libellus Pastoris, le prouvent surabondamment. Denziwgar, Enchiridion, 11<^ édit., n. 15-40 ; Athanase (Symbole de saint), t. i, col. 2178-2187 ; K. Kùnstle, Anlipriscilliana, Fribourg-en-Brisgau, 1905. Voir encore les anathèmes des conciles de Braga (561) et de Tolède, XI (675). Enchiridion, n. 231-233, 275-282. Dans ce dernier document déclaré authentique par Innocent III, P. L., t. ccxiv, col. 682, la doctrine de la consubstantialité ou unité numérique de tout l'être absolu et de la distinction (numéro) dans les seules relations in hoc solum…quod ad invicem sunt, est très précisément formulée ; ainsi le Fils, c’est Dieu sans nulle autre perfection ad se (absolue), mais simplement en tant que ad Patrem est. Le paragraphe qui concerne spécialement le Fils de Dieu, Enchiridion, n. 276, est le résumé de la dogmatique patristique, point de départ de la théologie du moyen âge.

Filium quoque de subslantia Palris sine iiiitio ante sæcula natum, nec tamen factum esse fatemur quia nec Pater sine Filio, nec Filius aliquando cxslitit sine Pâtre ; et tamen non sicut Filius de Pâtre, ita Pater de Filio, quia non Pater a Filio, sod Filius a Patrc gencrationem accepil. Filius ergo Deus de Pâtre, Pater autem Deus sed non de Filio, Pater quidem Filii, non Deus de Filio ; ille auteni Filius Patris et Deus de Patrc ;  ; oqualis lamen per omnia Filius Deo Patri, quia nec nasci cœpit aliquando, n ; c desiit. — Hic etiam unius c un Paire substantia' crcdiUir, proptcr quod et ôyLooJT.o ; Palri dicitur, hoc est ejusdem cuni Pâtre substanliae ; ôno ? enim grsece unum, oOnîa vero substantia dicitur quod utrumque conjunctum sonat, una substantia. Nec enim de nihilo, neque de aliqua alla substantia, sed de Patris utero, id est, de substantia ejusdem Filius genitus vel natus esse credendus est. — Sempiternus ergo Pater, sempiternus et Filius. Quod si semper Pater fuit, semper habuit