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FILS DE DIEU


lation théologiqiio du Verbe divin. Puis il poursuivit : Éternellement donc Deiis habebat secum, qiiarn habebat in semeiipso, Ralionem… et in Raiione sermonem ; 8, Scrmo ergo et in Pâtre semper ; 13, 27, Deiim itnniuiabilem… ut œtcrnum… Sernio aiilem Deus. Chez Xovatien, il n’y a plus aucune ombre sur la distinction éternelle du Verbe, De Trinitate, 31 : qui anle omne tempiis est, semper in Pâtre fuisse dicendus est : nec enim tempus illi assignari potest qui ante tempus est ; semper enim in Pâtre, ne Pater non semper sit Pater.

b. Génération temporelle. — Cliez les apologistes, nous avons vu le même Verbe éternel, et non un autre, ne devenant Fils et n'étant strictement engendré que dans le temps ou au commencement du temps pour la création. Cette doctrine inexacte se trouve encore chez Hippoljle et Tertullien, plus précise même et donc plus erronée ; mais elle apparaît aussi dès lors plus facilement comme telle et Novatien la rejette expressément.

Saint Hippoh^te livre sa pensée. Cont. Noelum, x, XI ; Philosopli., X, 33. Le Logos qui était d’abord pensée intérieure. Dieu l’engendra, âyjwa, àTioyÉwa, pour être principe (àpyïjyôv -/.ai (îÙ|j.ôchj), (>v xai èpyÉTriv) de la création, d’invisible le rendant visible… Et de cette façon il y eut un autre à côté de Dieu, /.ai o-jrwe TtaptTTaro a-JT(T) eiEpo ;  ; autre, non pas jusqu'à faire deux dieux, mais comme une lumière vient d’une autre lumière, un fleuve de sa source, un rayon du soleil. Cependant le Fils procède de l’essence même de Dieu, à la différence des autres êtres qui viennent du néant ; et ainsi premier-né du Père, TtptoToyovo ; Ilarpô, - uaïc, il peut exécuter tous les bons plaisirs du Père. Cf. De Anticliristo, 26, édit. Bonwetsch, p. 18. Le docteur romain semble même un instant avoir poussé plus loin que tous cette idée de génération temporelle, puisqu’il fait, Cont. Noelum, 15, de l’incarnation un complément nécessaire de la fdiation divine du Verbe, " car sans la chair, en lui-même le Verbe n'était pas (ils complet, -é/eio ; Tiôç, bien que Verbe parfait il fût monogène. » Voir une idée semblable dans la finale, XI, 5, de VEpisl. ad Z)(og’ne^, laquelle était probablement la dernière page des Philosophoumena (selon Drâseke, 'dans’Ze17sc/zr ; 7/ fiir wissench. Théologie, 1902, t. XLVi, p. 275-287).

Les textes de Tertullien sont encore plus clairs et plus absolus : Adv. Praxeam, 5, parle de la Dei dispositio qua fuit anle mundi constitutioncm ad usque Filii generationcm ; 6, ut primum Deus volait ca quæ cum Sophix Rationc et Sermone disposuerat intra se (Verhc immanent) in substantias et specics suas edere, ipsum primum protulit Sermonem (Verbe proféré)… ut per ipsum fièrent universa per quem erant coaptata ; 7, tune igilur… ipse Sermo speciem… sumit… cum dicit Deus : Fiat lux. Hœc est nativilas perfecla Sermonis dum ex Deo procedii, conditus ab eo primum ad cogitatum (Prov., VIII, 22), dehinc generatus ad effeclum. Exinde eum Patrem sibi faciens de que procedendo Filius [actus est. Plus net est encore le mot suivant de l’Adversus Hcrmog., 3, P. L., t. ii, col. 200 : Et Pater Deus est et index Deus est, non ideo tamen Pater et judex semper quia Deus semper ; nam nec Pater potuil esse ante Filium nec judex ante deliclum. Fuit autem tempus cum et deliclum et fdius non fuit (en tant que Fils, mais il était déjà comme Verbe conçu non engendré) quod judicem et qui Patrem Deum faceret. Même affirmation, plus loin, c. xviii, col. 213, quand Dieu le jugea nécessaire ad opéra mundi, il engendra sa sagesse en lui-même et ce passage semble même donner un commencement au Verbe en tant qu’immanent en Dieu, mais c’est sans doute un excès passager de ce matérialisme stoïcien instinctif de Tertullien entraîné par la polémique.

En tout cas, c’est la dernière conséquence (compatible encore avec la substantielle orthodoxie) de cette

théorie du Verbe immanent, puis proféré pour la création, introduite depuis un demi-siècle dans la théologie. Précisée, son erreur éclate ; Calixte l’accuse carrément de dilhéisme et Novatien la combat, De Trinitate, 31 : Hic ergo cum sit genitus a Paire, semper est in Paire ; semper autem sic dico ut non innntum sed nalnm probem… ; semper enim in Pâtre ne Pater non semper sit Pater ; aussi si le Père précède le Fils en quelque façon, ce n’est qu’en tant que Père, qua Pater. Cependant toute idée de prolation temporelle spéciale du Verbe n’est pas encore rejetée par Novatien ; non seulement conçu, mais né éternellement du Père et dans le Père, le Verbe pour la création, quando Palcr volait, processit ex Paire et qui in Paire fuit processit ex Paire… et cum Paire (le Ttap’cjTaTo de saint Hippoïyte), poslmodum fuit quia ex Paire processit.

C : Cependant la foi traditionnelle fait affirmer par ces trois auteurs la substantialité divine du Fils de Dieu, sa consubslantialilé avec le Père, numérique même, doit-on dire en un certain sens. Parlant toujours au point de vue Irinitaire ancien, ils voient les personnes et secondairement en elles la nature. Ils partent donc toujours du Père. Cont. Noelum, x, xi ; Adv. Praxeam, 5 ; De Trinitate, 31, début. Le Père, en lui-même dans son unique réalité divine, a son Verbe, conçu seulement ou déjà parfaitement engendré ; puis il l’engendre de quelque façon hors de lui, non par production (arianisme), mais par vraie génération et dès lors c’est sa substance même qu’il lui communique (comme la flamme à la flamme, la source au fleuve, etc.) : voilà l'économie qui est opposée à la monarchie modaliste : unité distribuée sans être divisée. Cf. Cont. Noelum, xi ; Philosoph., yi, 33 : êiô I. » l ©sô?, oùcria ÛTtip/tov MjoO ; In Num., XXIV, 17, édit. Achelis, p. 82. Tertullien est ici d’une force merveilleuse : une seule substance et nature ; plusieurs personnes (mot d’origine juridique chez notre avocat, mais à sens ontologique) à qui est communiquée cette même substance et distinguées précisément par leurs origines, du moins radicalement. Voilà les mots précis qui ont fait la lumière en Occident presque deux siècles avant qu’eUe fût parfaite en Orient et qu’on trouve répétés. Apologel., 21 ; Adv. Praxeam, 2, 3, 8, 9, 11, 17, 18, 19, 25 ; De pudicitia, 21 ; Adv. Marcion., iv, 25, etc. Novatien est ici fidèle disciple de Tertullien. De Trinitate, 31.

Comment accorder ce " consubstantialisme » avec l’idée de la génération temporelle exposée plus haut et le subordinatianisme que nous allons constater ? Évidemment, il y a là de grosses incohérences ; cependant on voit que la consubstantialité pour ces controversistes n’est qu’imparfaite ; elle se fait par une sorte de transmission (l'économie) de la même substance divine, sans division, mais avec une vraie distribution, comme la même eau individuellement est dans la source, puis dans le fleuve (puis le ruisseau dérivé du fleuve). Tertullien, par exemple, Adv. Praxeam, 29, contre les patricompassiens explique que même si la divinité du Fils avait pâti en Jésus, cette passion n’aurait jamais pu refluer jusqu’au Père, comme on pourrait troubler l’eau d’un fleuve sans en troubler la source. Tel est le fond de la conception trinitaire des écrivains apologistes et controversistes. Évidemment, ils maintenaient la divinité consubstanticlle, même numériquement, des personnes divines (foi traditionnelle) ; mais ils concevaient mal la nature divine.

d. Subordinatianisme. — C’est cette conception du consubstantiel qui rendait imaginables une généralion temporelle et une dépendance d’infériorité du Fils par rapport au Père. Cette dernière idée se trouve encore, mais atténuée, cliez ces trois auteurs. D’abord, sa génération apparaît dépendante du bon plaisir divin. Cont. Noelum, 16 ; Adv. Praxeam, P, 7 ; Adv.