Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/562

Cette page n’a pas encore été corrigée

24>3

FILS DE DIEU

2424

Sur Taticn, Puech, Recîtenlies sur le Discours aux Grecs lie Talien, Paris, 1903 ; Stener, Die Gotles und Logos Leiire des Tatian, Leipzig, 1893.

Sur Aristide et Athenagore, J. Geffeken, Zwei griccliiihen Apologcten, Leipzig, 1907 ; L. Arnould, De apolocjia AUienagoræ, Paris, 1898 ; Barncr, Die Lehre des Athenagoras l’on Gottes Einheil und Dreienigkeit, Leipzig, 1903 ; el lej arL Aristide, Atuénagore.

Sur Tliéophile d’Anlioclie, Pommrich, Des apologel. Theophil. von Anlioch. Goltes und Logoslehre, Erlangen, 1904 ; O. Gross, Die Goltes Lehre des Theophil. vonvniiochid, Chemnitz, 1896.

Sur l'Épître i Diognète, art. Diognète, t. iv, col. 13661369.

Sur Jlinucius Féli.x, P. de Félicc, Élude sur l’Otauius de Minucius Félix, Blois, 1880 ; G. Boissier, La fm du paganisme, 3e édit., Paris, 1898, t. i, p. 305 sq. ; J.-P. Waltzing, M. Min. Felicis Ockwius, Louvain, 1903 ; Paris, 1909.

II. PHEMIÊRES rONTROVEnSES du II^ et Df////® SIECLE.

— Les apologistes ont subordonné leur philosophie à leur foi, quoiqu’ils n’y aient pas toujours réussi. D’autres esprits firent l’inverse, juifs, hellénistes, puis païens néo-platoniciens, néo-stoïciens, néo-pythagoriciens, tous amis de syncrétisme philosophico-rei : gieux, amalgamant le plus d'éléments possibles de sources diverses. Le problème de la jonction de Dieu et du monde par des intermédiaires était un des champs favoris de ce syncrétisme. Après la divulgation du christianisme, on voulut l’amalgamer, lui aussi, au syncrétisme universel, comme si spécialement son Verbe — Fils de Dieu — n'était qu’une des inventions de ce temps, par suite malléable à volonté. Ce fut la gnose aux formes multiples. Puis, la gnose vaincue assez tôt dans l'Église, ce furent plus tard, procédant au fond du même esprit rationaliste, des spéculations, bien plus libres que celles des apologistes et poussant à nier, par l’hérésie, la substance même de la foi ortliodoxe : modalisme, arianisme, etc.

La controverse gnostique et marcionisie.

1. Le

gnosticismc. — Dans le judéo-christianisme du ii » siècle, le parti ébionite (ébionisme simple ou essénien ou de plus elkasaïte) nia la divinité du Christ et la pluralité de personnes en Dieu ; mais il était juif et très peu chrétien : il suffit donc de le mentionner.

a) La gnose, d’aljord plus ou moins judaïsante (en Palestine et en Syrie) avec Simon le Magicien, contemporain des apôtres, Cérinthe, contemporain de saint Jean, Ménandre, Saturnil (Saturnin) d’Antioclie, contemporain de saint Ignace, commença très tôt à affirmer sous le Dieu unique et « unipersonncl » , transcendant, des intermédiaires multiples : Puissances, Démiurge, Anges, Éons, dont faisait partie le Christ apparu en Jésus ; c'était évidemment la négation de la théologie trinitaire, comme de la christologie catholique. Il faut noter seulement chez Simon de Samarie une vraie théologie modaliste de la Trinité : la Puissance suprême (Dieu), voulant descendre sur la terre, pour délivrer Ennola (sa Pensée) emprisonnée en corps de femme et corriger la mauvaise administration des anges, « se manifesta aux Juifs comme Fils en Jésus, à Samarie comme Père en Simon, dans les autres pays comme Saint-Esprit. » S. Irénée, Conl. Iiœr., I, XXIII, P. G., t. vii, col. 670 sq.

Pour la grande gnose (ale.xandrine), celle de Basilide, Valentin, Carpocrate et de leurs disciples, avec des divergences qui ne nous intéressent pas, le Principe premier (on n’ose pas dire Dieu) est inique, l’Abîme, etc. ; de lui dérive directement un monde divin, par génération ou par émanation et mfme par jjroduction (.pelles), où Logos, Sophia (Hacluunoth), Fils de Dieu, Sauveur, Clirist, etc., veulent syncréliser les données juives et chrétiennes ; mais cette dérivation a litu toujours avec dégradation successive essentielle de l'être, même pour le Fils premier-né du Père incompréhensible (le NoO ?), même lorsqu’il

est dit avoir une certahie consubstantialité, yévvï-.aa ô^i.oo’jmov (Ptolémée à Flora, P. G., t. vii, col. 128), avec le Père. Le monde sensible viendra ensuite d’un démiurge (créateur ou organisateur), un des derniers produits du plérôme divin ; l'être sauveur apparu en Jésus sera un des intermédiaires de ce même plérôme. b) Marcion, dont il faut absolument distinguer le système du gnosticisme, admet aussi un Dieu Père (le vrai Dieu), différent du démiurge créateur, auteur de l’Ancien Testament. Pour acheter les hommes à ce démiurge cruel, il se manifeste en Jésus ; ce qui semble bien identifier le Père et Jésus-Christ. Voir Tertullien, Adv. Marcion., i, 11, 14 ; ii, 27 ; iii, 9 ; iv, 7, P. L., t. ii, col. 259, 262, 326, 333, 369.

Sur le giiojticisnie et le marcionisme, voir L. Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, 2e édit., Paris, 1906, t. l, c. XI (reproduit dans le I>ici. apologétique, t. ii, col. 298 sq.) ; J. Tixero.it, op. cit., gnose judaïsante combattue par saint Paul, saint Jean, saint Ignace, saint Polycarpe, p. 168175 ; gnO30 proprement dite, p. 187-201 ; Marcion, p. 201207 ; art. Gnosticisme, Basilide, Carpocrate, etc.

2. Les écrivains antignostiques.

Valentin vint à Rome, comme Cerdon et Marcion et beaucoup d’autres hérétiques ; ils voulaient y avoir plus d’influence ; ils y furent plus vigoureusement et plus victorieusement combattus par l’autorité et par les docteurs. Marcion (en 144), Valentin (vers la même époque) furent excommuniés. Parmi les docteurs plus directement antignostiques, saint Irénée occupe un rang principal ; les ouvrages des autres sont perdus, et nous parlerons de Tertullien et de saint Hippolyte dans la controverse modaliste.

Saint Irénée, plus homme de foi (enracinée en lui probablement dès sa naissance) et plus homme de tradition que saint Justin, qu’il connaît bien, et que les autres apologistes, corrige sur plusieurs points leurs spéculations trop hasardées et prématurées ; sa théologie du Verbe Fils de Dieu est plus parfaite et plus sûre ; il n’est pas assez philosophe pour faire progresser la spéculation, mais il ramène l’attention sur les fondements et rejette certaines constructions mal faites.

à) Il croit d’abord à la vraie Trinité chrétienne : Père, Fils et Saint-Esprit, I, x, 1 (le symbole d' Irénée) ;

II, xxviii, 6 ; XXX, 9 ; III, vi, 1, 2 ; IV, vii, 4 ; xx, 1-4 ; xxxiii, 7 ; xxxviii, 3 ; V, vi, 6. Le passage, III, xviii, 3 (Dieu le Père ungens, le Fils unctus, le Saint-Esprit unctid) n’identifie pas Fils et Saint-Esprit, car il y est parlé du Fils incarné et de son onction de grâce ; celleci est dite le Saint-Esprit, mais cela peut s’entendre métonymiquement, la cause étant prise pour l’effet. De même, que le Saint-Esprit soit appelé Sapientia, comme chez Tliéophile d’Antioche, c’est simplement une question de vocabulaire.

b) Par conséquent, le Fils de Dieu est vraiment Dieu. Citons I, x, 1 : « Le Christ Jésus Notre-Seigneur et Dieu et Sauveur ; » II, xxx, 9 : Dieu a tout fait par soi-même, c’est-à-dire par son Verbe et par sa Sagesse ;

III, VI, 1, 2 (résumé de l’argumentation de saint Justin, Dial., 56 sq. : divinité du Fils par les textes théophaniques de la Genèse, par les Psaumes et par Isaïe, Deus, hoc est Filius… qui Deus ? Hoc est Filius ; cependant sur la visibilité du Père et du Fils, voir plus loin) ; xvi, 1 sq., attaque ex projesso les divers systèmes gnostiques sur la nature de Jésus, Verbe, Fils de Dieu, et rétablit la foi catholique par saint Jean, saint Matthieu, stint Paul, Rom., ix, 5, etc., saint Marc, i, 1, etc. ; xviii, 7-xix, 2 (Dieu même devait s’incarner afin que l’homme pîit s’unir à Dieu et être divinisé : une des plus belles pages de la théologie du iie siècle) ; xxi, 1 ; IV, iv, 2 ; v, 2 (le Fils est la mesure du Père, car il le contient) ; xx, 11 ; xxxiii 4, 11 ; V, præf., i ; xvii, 3, etc.

c) Saint Irénée préfère parler du Fils de Dieu, terme