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FILS DE DIEU

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désigner Jésus ; c'était aussi le mot de saint Paul (plus de 150 fois), cf. F. Prat, op. cit., t. ii, p. 171-176 ; il est rarement employé par les deux premiers évangélistes. Cf..Marc, i, 3 ; xvi, 19, 20 ; Matth., xxviii, C (?).£ ! maintenant que ce nom propre du Christ soit strictement divin, comme il l'était dans les Septante, on le prouve par cet usage m5me des Septante, par les nombreux textes qui, dans l’Ancien Testament, étaient dits certainement de Jalivé et maintenant sont appliqués à Jésus-Christ ainsi nommé, par exemple, Marc, i, 2 ; I Pet., ii, 3 ; iii, 14, 15 ; Rom., X, 9, 1, 3 ; I Cor., x, 4, 9, 21 ; Heb., i, 10-11, et par ces formules à portée sûrement divine, comme invoquer le nom du Seigneur, se convertir au Seigneur, etc., étudiées plus haut. Comme le disait B. Weiss, Lehrbuch der biblische Théologie des N. r., 6<= édit., Berlin 1895, § 39 : « Le Messie qui est élevé à cette xupcôzr, :, doit être évidemment un être divin. »

D’ailleurs, on ne se fait pas scrupule de donner à Jésus le nom même de Dieu, Act., xx, 28 (leçon la plus probable) ; II Pet., i, 1 ; Rom., ix, 5 ; Tit., ii, 13 ; cf. II Thés., I, 12, bien qu’assez rarement, car légitimement et nécessairement le nom de Dieu devait être approprie au Père.

c. Cette appropriation constante est un indice clair que, si Jésus est Dieu, il doit l'être de quelque façon en dépendance du Père, de son Père ; il n’a pas perdu, en effet, ce nom de Fils de Dieu, I Pet., i, 3 ; II Pet., I, 17, et peut-être Act., viii, 37 ; Marc, i, 1 (évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu ; cf. Lagrange, Évangile selon S. Marc, Paris, 1911) ; et toujours tout ce qu’il a, il le reçoit de son Père, soit dans sa nature humaine, soit dans sa nature divine, en maintenant toujours le plus rigide monothéisme (ce qui suffit à écarter toute comparaison avec les titres divins, Seigneur, Dieu, Sauveur, donnés dans le monde païen aux empereurs) ; le culte, par exemple, s’adresse le plus souvent à Dieu le Père ou bien par le Fils, relation jamais intervertie. II Cor., i, 20 ; Col., iii, 17 ; Jud., 25, etc.

Et tout cela, c’est la foi vécue des disciples immédiats de Jésus ; elle est, pouvons-nous assurer, à la hauteur des plus belles formules de saint Paul ou de saint Jean, implicitement sans doute, mais ceux-ci ne créeront rien ; ils formuleront simplement la foi reçue comme ils l’auront reçue, reçue immédiatement de Jésus-Christ lui-même, car, comme l'écrit G. B. Stevens, Tlie theology of the N. T., 1901, p. 267, c’est « dans les caractères réels de son enseignement et de sa vie, tels que ses disciples immédiats les connurent, » qu’on trouve « les garanties de la doctrine de la divinité essentielle » de Jésus-Christ, « développée de bonne heure dans l'Église apostolique » et non créée par elle.

J. Lîbreton, op. cit., p. 260 2, 3 ; E. Mangenot, Jésus, Messie et Fils de Dieu d’aprè.i les Actes des apô'res, dans la Revue de l’Institut catholique de Paris, t. xii (1907), et à part, i.i-12, Paris, 19)8 ; M Lopin, Jésus, Messie et Fils de Dieu, p. 338-341 ; F. H. Cliase, Tlie Lords prcujer in the early Church, dans Texls and studies, 1. 1, 3, p. 168176 ; Tii. Zalin, /Jie Anbetung Jcsu im Zeitaller dcr Apostel, dans SAûicn aus dem Leben der ail. Kirche, 3e édit., Lfipjig, l<)Oi, p. 271-303 ; Ed. von dcr G)ltz. Dm Gehel in der allesten Cliristenheit, Leipzig, 1901 ; S. H.Mner, Die Anwendunq des Worles Kûf.o ; im N. T., Lund, 1903 ; G H. Dalman, D ; r Gottesname Adonaj und seine Geschiclite, 'Bjitin, 1889, et les tliéologies bibliques.

4. Saint Paul.

Au milieu de cette Église, dont nous venons d'étudier la foi commune, l’apôtre saint Paul (deux fois plus apôtre que théologien) écrit ses admirables Épîtres, dont les plus anciennes sont les premiers écrits du Nouveau Testament quant à la date, faites dans leur partie dogmatique

pour rappeler d’abord aux fidèles cette foi admise et comprise par tous, car saint Paul n’a jamais prétendu s’affranchir le moins du monde de la tradition et de la foi reçue, et puis sur ce fondement, pour dresser çà et là ses formules, ses explications ou ses révélations personnelles. Sur la nature et le rôle de Jésus-Christ, l’apôtre ne s’est jamais donné comme révélateur, chargé non de changer, mais d’augmenter la foi présupposée dans les Romains ou les Galates ou les Corinthiens ou les Philippiens : c’est là un fait certain et considérable ; sa façon seule de présenter les plus sublimes formules du Christ, non en thèses méthodiques, mais par allusions comme à des choses élémentaires connues de tous, par simples rappels à propos des détails les plus divers et secondaires, le démontre lumineusement. Formules ou explications : voilà donc tout ce que nous donnera sur le Fils de Dieu ce qu’on appelle la théologie paulinienne ; car nous allons laisser de côté évidemment les simples expressions de la foi commune étudiée plus haut : c’est presque tout saint Paul, outre les quelques textes donnés ci-dessus qu’il faudrait autrement transcrire, car l’apôtre est plein du Christ et du Christ contemplé dans sa gloire transcendante ; divine.

a) La divinilé de Jésus-Christ. — Saint Paul a adoré comme son Dieu, le vrai Dieu de toute créature, ce Jésus, son contemporain, qu’il persécuta d’abord : les textes donnés plus haut et ceux que nous allons étudier le prouvent surabondamment. Sur la portée considérable de ce fait, voir F. Prat, op. cit., t. ii, p. 165-167.

Nous rappelons d’abord le titre de Seigneur dont la personnalisation et la valeur divine sont surtout évidentes dans saint Paul, cf. J. Lebreton, op. cit., p. 309-312 ; F. Prat, loc. cit. ; la doctrine de Jésus centre universel de religion et de vie chrétienne, centre comme source méritoire et productrice, comme objet, comme exemplaire, comme fm de béatitude et comme fin absolue, doctrine résumée dans la formule in Ciiristo Jesu, si aimée de saint Paul (qui l’emploie plus de 160 fois) et pleine de tous ces sens-là, cf. A. Deismann, Die neutestam. Formel in Christo Jesu, Marbourg, 1892 ; J. Lebreton, op. cit., p. 292-299 ; F. Prat, op. cit., t. i, p. 434-436 ; t. ii, p. 52-54 ; la doctrine de la préexistence avant toute créature, éternelle, du Christ non en tant qu’homme céleste (Hilgenfeld, Hollzmajm), mais dans la forme de Dieu. Voir F. Prat, op. cit., t. ii, p. 168-171, 196-197 ; cf. I Tim., I, 15 ; iii, 16 ; II Cor., viii, 9 ; Rom., viii, 3 ; Gal., IV, 4 ; Col., i, 15 ; Phil., ii, 6, etc.

Insistons davantage sur les textes qui donnent directement au Christ le nom de Dieu. — a. Rom., IX, 5 : ii J)v Xp ; (TTÔ ; tÔ /taxa (râpxa, ô ojv eu ; Ttivraiv 0sbç £j>, oyT|TÔc Et ; Toyç aîtôva ;, à[j.Tiv. A. Durand, /oc. C(7., a étudié longuement la tradition patristique de ce texte ici unanime ; F. Prat, op. cit., t. ii, p. 181-184, en fait une bonne discussion exégétique ; de l'étude patristique et exégétique il ressort avec évidence que la formule à allure doxologique ôàiv… doit certainement se rapporter au Clirist dont la divinité transcendante est ainsi clairement affirmée. Cf. W. Sanday et A. Headlam, The Epistle to the Romans, 5e édit., Édimbourf^, 1907, p. 233-238 ; Cornely, Comment, in Epist.ad Romanos, Paris, 1896, p. 477 sq. On trouvera aussi sur les textes maintenant étudiés de bons résumés de discussions dans Brassac, Manuel biblique, 13<= édit., Paris, 1911, t. iv. — b. Tit., ii, 13-14 : « attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire toO ij.syâ/.o’j ©coO -/.ai ScoTf, po ; r^j.ùr, XpiTToC Ty, (Toj ; » le Christ Jésus est donc le grand Dieu et Sauveur (un seul article pour les deux mots) dont nous attendons la parousie ; les critiques de