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FILS DE DIEU


seule manifestation, les prophéties.iusciuc-là méconnues » et obscures. J. Lebreton, op. cit., p. 124. Cf. S. Justin, Apol., 1, 32, 2, P. G., l. VI, col. 377.

Outre les commentaires des textes, en particulier, J. Corluy, Spicileginm dogmaticobihlicam, t. i, p. 384-393, sur II Sam., vii, 14 ; t. ii, p. 152-194, sur les psaumes ; S. Minocchi, I salnii messianici, dans la Reuiie biblique, 1903, p. 190-211 ; les travaux généraux de J. Lebreton, op. cit., p. 120-125 ; J. Lagrange, Xotes sur le messianisme dans les Psaumes, dans la Reuue biblique, 1905, p. 43-50 ; La paternité de Dieu dans l’Ancien Testament, ibid., 1908, p. 481-499 ; H. Lesêtre, Fils de Dieu, dans le Dictionnaire de la Bible, t. II, col. 2253 ; Dalman, Die Worte Jesu. t. i, p. 150-159, 219-224 ; Ch. A. Briggs, A critical and e.xegetical commeniarij on Ihe book of Psalms, 2 vol., New York, 1906-1907 ; K. Zenner et H. Wiesmann, Die Psalmen nach dem Urtext Munster, 1906 ; Van Hoonacker, Les douze petits prophètes^ Paris, 1908, et parmi les apologistes, Ottiger, Theologia jun. damentalis, Fribourg-en-Brisgau, 1897, th. xx.xii, p. 635-648.

La sagesse et la parole divines.

Si les jirophètes n’ont entrevu que très vaguement — au moins

à en juger par leurs écrits et abstraction faite d’illuminations personnelles — la nature transcendante du Messie, fils tout spécial de Dieu, apparition toute spéciale du Dieu Sauveur, les « sages » inspirés d’Israël sont entrés plus avant dans la contemplation de l'être divin et de sa vie intime. Comme tous les peuples sans doute, assez élevés pour se livrer à la réflexion et pas assez avancés pour organiser le travail scientifique, Israël eut ses « sages » , c’est-à-dire — en laissant de côté les autres sens secondaires du nom de sagesse — ses hommes capables de disserter sur la nature des choses, en particulier sur la vie humaine, en essayant de les expliquer par leurs causes cachées et en premier lieu la cause divine. Peuple profondément religieux et très peu spéculatif, les Juifs réfléchirent surtout sur les réalités pratiques, morales et religieuses ; et comme Dieu est à la fois la souveraine réalité pratique pour nous et notre suprême contemplation, les Juifs montèrent peu ; peu de la sagesse humaine plus ou moins élevée — science de la vie matérielle, civile, morale, religieuse — à la sagesse divine, exemplaire et principe de toute sagesse créée, attribut inefïable de la vie infinie.

C’est la théologie de cette sagesse divine, telle qu’elle se trouve surtout dans les livres sapientiaux de l’Ancien Testament, que nous devons maintenant résumer.

1. La sagesse.

Nous ne nous arrêterons pas aux textes qui ne parlent que de la sagesse, attribut essentiel de Dieu, créateur, ordonnateur, providence du monde matériel et du monde humain surtout moral. On en trouvera de merveilleuses descriptions poétiques, avec parfois des allures de personnification, mais purement métaphorique, dans Job, xv, 7-8 ; XXVIII, 12-28, et dans Baruch, iii, 9-iv, 4. « La sagesse, où la trouver"? où est le lieu de l’intelligence ? l’homme n’en connaît pas le prix, on ne la rencontre pas sur la terre des vivants… C’est Dieu qui en connaît le chemin. C’est lui qui sait où elle réside…, quand il réglait la force des vents… alors il l’a vue et l’a décrite… Puis il a dit à l’homme : la crainte du Seigneur, voilà la sagesse. » Job, xxviii, 12-28. Mêmes développements dans Baruch, avec en plus cette idée que Dieu « a donné la sagesse à Israël » en lui donnant la loi et ainsi « la sagesse a été vue sur la terre conversant parmi les hommes. » Voir plus haut. Des considérations semblables, avec des analyses plus parfaites, se trouvent dans Prov., iii, 13-22 ; Eccli., I, 1-27 ; xv, 1-10 ; xlii, 21 sq. ; Sap., vi, 12vix, 21 ; viii-ix.

Mais au cœur de ces trois derniers livres, Prov., vin ; Eccli., xxiv ; Sap., vii, nous avons trois discours qui s'élèvent bien plus haut dans la contemplation

de la sagesse divine, de sa nature, de ses origines et de ses relations avec le monde.

a) Le discours des Proverbes est le plus ancien des trois, bien qu’il appartienne peut-être à la partie post-exilienne du recueil composite qu’est le livre des Proverbes. La sagesse est personnifiée au c. viii, et fait elle-même son éloge. Elle décrit premièrement la richesse des dons qu’elle oITrc libéralement à tous les hommes, 1-21 ; cf. i, 20-33 ; puis son origine divine, 22-31 ; enfin les bénédictions attachées à sa i ossession, 32-36. Elle parle de son origine divine en ces termes :

Jahvé m’a donné l'être (m’a formée) au commencevvant ses œuvres d’antan ; [ment de ses voies, J’ai été fondée dès l'éternité Avant l’origine, avant les débuts de la terre, Quand il n’y avait pas d’abime, je fus enfantée ; Quand il n’y avait pas de sources… Avant les collines je fus enfantée… Lorsqu’il disposa les cieux, j'étais là, Lorsqu’il fixait…

Alors j'étais auprès de lui, nourrisson, Et j'étais chaque jour ses délices. Me jouant sans cesse devant lui. Me jouant pendant qu’il achevait la terre. Et mes délices sont avec les entants des hommes.

Nous n’entrerons pas dans l’explication critique de cette traduction, empruntée au P. Lagrange, loc. cit., p. 493-494, auquel nous renvoyons. Elle accentue, on l’avoue, la filiation de la sagesse plus que la Vulgate ou les Septante, et supprime son rôle cosmogonique ; mais à bon droit, comme le reconnaissent les critiques rationalistes eux-mêmes (Delitzsch, Gunkel, "Toy, Gesenius-Kautzsch). Au v. 22 [il faut donc rendre 'lap par former, engendrer (Vulgate, posséda. Septante, k’y.rtas, dont abusèrent tant les ariens), cf. Petau, De Dec trino, 1. II, c. i ; Turmel, Histoire de ta théologie positive, t. i, p. 27, 32-33, 40-42 ; auꝟ. 30 il faut lire iicx et non pps, enfant, nourrisson, au lieu de ouvrière, opifex ; au même verset : « j'étais ses délices » (objet des délices de Dieu), au lieu de « je me réjouissais » (sujet de délices, deteclabar).

La signification substantielle est d’ailleurs toujours identique, plus cohérente seulement et plus lumineuse avec CCS quelques corrections. Ce sens substantiel, d’après l’exégèse traditionnelle et l’examen objectif du texte, pénétre jusqu'à une certaine fécondité intellectuelle de Dieu, jusqu'à cette sagesse qui n’est plus uniquement une personnification poétique, mais une réalité divine née, engendrée, >nV-)in, de Dieu, comme une enfant chérie, et c’est toujours de la sagesse même de Dieu, celle avec laquelle il fait tout, qu’il s’agit ; cette sagesse « est comme le fruit de sa pensée, » distincte à la fois et identique. Sans doute, il faut dans ce texte faire encore la part de la personnification poétique, Touzard, toc. cit. ; C. Gutberlet, Das Bucli der Weislieit, Munster, 1874, p. 9 sq., comme nous y invite le contexte personnifiant parallèlement « Dame folie » , ix, 13-18 ; mais lorsque la sagesse narre ses origines divines dans l'éternité, elle semble bien, sous le vêtement littéraire, se concrétiser tout à coup en réelle hypostase.

b) Le c. XXIV, 1-27, de l’Ecclésiastique, moins expressif que les Proverbes sur l’origine divine de la sagesse, développe le rôle de celle-ci dans le monde physique et surtout dans le monde religieux (.juif). Cependant il faut supposer acquise la doctrine des Proverbes que le fils de Sirach connaissait certainement et son texte alors prend un relief plus saisissant. Pour une étude de détail, voir Zenner, Zeilsclirift fiir katholisclic Tlieologie, Inspruclv, 1897, p. 551 sq. ; Knabenbauer, In Ecclesiasticum, Paris, 1902, p. 262273. Nous supprimerons ici les additions nombreuses