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FICHET — FICIN


pasteurs reformés, tels que Cliamcr, Vulson, d’autres encore. Il convient de mentionner Le triomphe du Saint-Siéffe contre un conseiller hérétique de Grenoble, Lyon, 1638 : Grenoble, 1C40 ; L’arc de triomphe dressé à la gloire du Saint-Siège, Grenoble, 1640, solide réfutation du livre de Marc Vulson : De la puissance du pape et des libe-tés de l’Église gallicane. Le P. Ficliet a écrit une Vie de JeanneFrançoise Frémiot de Chantai, fort connue, et un livre qui intéresse la théologie mystique : Les fleurs de la parfaite contemplation, Paris, 1619.

Sommcrvogel, Bibliollièqite de la C" de Jésus, t. iii, col. 716 ; Hurler, Nomenclutor, 1907, t. iii, col. 1098 ; Colonia, Histoire littéraire de Lyon, t. ii, p. 708.

P. Bernard.

    1. FICIN wiarsile##


FICIN wiarsile. — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrines. IX. Influence.

I. Vie.

Marsile Ficin naquit à Figline, Fichinam, à quarante milles de Florence, ou à Florence même, le 190ctobrel433. De sa mère Alexandra il dit quec’était une âme pure et toute divine. Epistolx, Nuremberg, 1497, 1. I, fol. 6 b. Son père, médecin suo sœculo singularis, Epist., 1. I, fol. 26(/, et humaniste estimable (c’e ?t un des neuf platoniciens qui, dans le De amore de Ficin, commentent le Banquet de Platon), était dévot à la sainte Vierge. Epist., 1. I, fol. 26 a. Père, mère et fils tinrent à très haut prix la grâce du jubilé qui leur fut accordée, en 1475, par Sixte IV, sans qu’ils eussent à se rendre à Rome. Epist., 1. 1, fol. 44 b. D’après les idées du temps, l’horoscope de Marsile présageait, entre autres choses, une santé chétive. Cf. Epist., 1. I, fol. 25 6 : 1. IX, fol. 201 a. Le fait est qu’il fut souvent malade, toujours frêle. Ses contemporains disaient spirituellement de lui que c’était « une âme platonicienne dans un corps socratique. » Il avait reçu de la nature, avec un tempérament débile, un extérieur des moins séduisants. Slatura fuit adniodum brevi, gracili corpore et aliquantulum in utrisque humeris gibboso, lingua parumpcr luvsitante atque in prolatii dumtaxat littene S balbiiliente, dit son disciple et biographe Corsi, Marsilii Ficini vita, Pise, 1772, p. 47. Mais la distinction de son esprit rachetait ses disgrâces physiques.

L’étude le passionna, et bien vite il fut conquis par Platon qu’il ne connaissait pourtant qu’à travers Cicéron et les autres écrivains latins. Son père le destina à la médecine et l’envoya étudier à Bologne. Gosme de Médicis, qui projetait d’étaljlir une académie platonicienne, discerna en lui l’iiomme capable de réaliser son dessein. Il s’attacha à Marsile, lui assura les loisirs et les livres nécessaires, lui donna une habitation à Florence et une villa à la campagne, et l’entoura d’une protection attentive et intelligente, si bien que, dans la préface de son De vita, édition de ses œuvres de Venise, 1516, fol. 134 b, Marsile Ficin a écrit : Melchisedech summus itle sacerdos… unuin vix patrem habuit. Ego sacerdos minimus patres habui duos, Ficinum medicum, Cosmum Medicem : ex illo natus sum, ex isto renalus. Tous les Médicis, cette race de héros, genus hcroicum, comme il les appelle, Epist., 1. XI, fol. 124 a, et, plus que tous, Laurent le Magnifique, lui prodiguèrent leur bienveillance. En 1456, Ficin présenta à Cosme le premier résultat de ses travaux, des Institutions platoniciennes qu’il avait entreprises sur le conseil de 1 illustre humaniste Landini et composées, nous apprend-il, par/Zm /or/u(/ « quadam iniientione p(u-tim platonicorum quornn^dani latinorum lectione adjutus, Epist., 1. XI, fol. 219 b ; le procédé n’était pas sûr, Cos ne et Landini n’eurent pas de peine à le lui faire comprendre. Tout en approuvant l’ouvrage, ils lui conseillèrent, dit-il, ut pênes me servarcm quoad græcis litteris erudirer platonicaquc tandem ex suis fontibus huurirem. Ficin se mit résolu ment à apprendre le grec, sous la direction de Platina, s’il faut en croire Corsi dont l’affirmation est révoquée en doute par Tiraboschi, Storia delta letteratura italicuia, Naples, 1780, t. vi a, p. 280. Ses progrès dans cette langue furent rapides. Il commença par traduire, pour lui-même, les Argonautiques, les Hymnes d’Orphée, d’Homère, de Proclus, la Théogonie d’Hésiode, puis, pour le public. Mercure Trismégiste. Enfin il s’attaqua à une traduction complète de Platon. La tâche était immense ; il en vint à bout, et Laurent de Médicis reçut la dédicace solennelle de cette œuvre. En outre, Ficin traduisit Plotin et les autres néoplatoniciens et expliqua publiquement la doctrine platonicienne.

Faut-il prendre à la lettre le mot de Corsi, Marsilii Ficini vita, p. 87 : ex pagcuio Clxristi miles faclus, et admettre, avec Ph. Monnier, Le quattrocento, Paris, 1908, t. II, p. 105, qu’« il a passé par dix années de doutes, d’angoisses et de souffrances » et que « de cette crise il est sorti chrétien’? » Il fut un temps, dit Ficin, où « je doutais de la raison et ne me fiais pas encore à la révélation ; » mais il ajoute qu’il pleurait en lisant dans Platon que les choses divines se révèlent à cause de la pureté de la vie plus qu’elles ne s’enseignent par les paroles, et, sous le coup de cette impression, il composait un dialogue entre Dieu et l’âme, d’une chaleur d’accent, d’une ferveur de pensée toute chrétienne. Epist., 1. I, fol. 2-3. Son éloigncment du christianisme ne semble jamais avoir été total. Quelles qu’aient été l’acuité et la durée de la crise, nous savons qu’il fut ordonné prêtre vers la quarantième aimée. L’éloquence de Savonarole (que, fidèle aux Médicis, il lâcha à la fin, après avoir compté parmi ses chauds partisans) put l’orienter vers le sacerdoce. Dès qu’il fut prêtre, il s’occupa de composer un traité sur la religion. Cf. sa lettre dédicatoire à Laurent de Médicis, De religione cliristiana, Paris, 1510, fol. 2 b. Ce traité fut interrompu (1474) par une maladie dont Ficin attribua la guérison à la sainte Vierge. Epist., 1. I, fol. 25 6-26 a. Laurent de Médicis lui confia le gouvernement de deux églises de Florence et, vers 1484, le nomma chanoine de la cathédrale. Ficin expliqua les Épitres de saint Paul et prêcha l’Évangile, mais sans abandonner Platon. Les entretiens sur l’Écriture et sur Platon, la composition de nombreux ouvrages, une correspondance étendue, la musique qui de tout temps l’enchanta (voir, entre autres, une jolie lettre, Epist., 1. I, col. 17, sur son triple savoir de médecin, de musicien et de théologien), le souci d’une santé délicate, la piété, remplirent ses jours. Il mourut le 3 octobre 1499, et fut enseveli dans la cathédrale de Florence. Ange Politien exprima l’admiration générale dans l’cpitaphe suivante :

Mores, inneniiiin, musas snpliianique siiprentani’is uno dicani nomine ? Marsilius.

D’après un récit que Baronius, Annal, eccles., an. 411, n. 69, déclare tenir de la bouche du protonotaire Michel Mercati, petit-fils de Michel Mercati, ami de Ficin et l’un de ses auditeurs, Ficin et Mercati, à la suite d un débat sur l’immortalitederâme d’après Platon et les enseignements de la foi chrétienne, firent le pacte que celui des deux qui mourrait le premier viendrait, si c’était possible, informer le survivant de l’état de l’autre vie. A quelque temps de là, un matin, comme Mercati était plongé dans les spéculations philosophiques, il entendit un cavalier qui arrivait à lu course s’arrêter à sa porte, et la voix de Marsile crier : « Michel, Michel, cela est vrai, cela est vrai, vcru, vera sunt illa. » Mercati, se précipitant à la fenêtre, vit un cavalier blanc monté sur un cheval blanc qui avait repris sa course. Il appela ; " Marsile,