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FEU DU PURGATOIRE


-ïi ; iota ; aJTwv ?av-xcca ;. Et lu contusion qu’ils établissent entre feu du purgatoire et purgatoire lui-même n’est pas de nature à faciliter le rapprochement. Aussi l’on n’a pas été étonné d’entendre le patriarche Anthiine VIT, dans sa réponse, Constantinople, 22 septembre 1895, à l’encyclique de Léon XIII, accuser « l’Église papale, à partir du xii'e siècle et dans la suite, [ l’avoir], par décision du pape statuant seul en son nom, comme revêtu de tous les pouvoirs, beaucoup innoué rclalivement an feu du purgatoire, » n. 12.

En résume, il n’existe pas, pour les grecs, de feu réel au purgatoire ; tout au plus pourrait-on appeler feu métaphorique l’expiation que les âmes, non encore admises au bonheur parfait du ciel, sont obligées de subir. Tel est le point très précis cjui divise, dans la question du purgatoire, l’Église occidentale et l’Église orientale, au moins depuis le schisme. Ce point a été nettement indiqué, après Marc d’Éphèse au concile de Florence, par Élie Minias de Zacynthe, dans son IlJTpa (Txa/Si), ou, Leipzig, 1718. Sur cet ouvrage, voir Palmieri, op. cil., p. 768 ; Mansi-Petit, Concil., t. xxxvii, col. 125 ; on en trouvera les extraits relatifs au feu du purgatoire dans Loch, op. cit., p. 143-146.

2° Raisons apjwrtées par les grecs pour justifier leur négation. — Il y en a deux principales. Marc d’Éphèse les a développées au concile de Florence : 1. Il est bien sufOsant et plus conforme à la nature des esprits de n’admettre au purgatoire que des peines spirituelles. — Nous n’avons pas à discuter ici cette raison, qui pourrait s’appliquer également aux peines de l’enfer, mais qui ne peut prévaloir contre le fait d’une peine corporelle, si cette peine est alTirmée dans la révélation. — 2. L’Écriture ne témoigne nulle part de l’existence de ce feu. Le seul texte invoqué par les latins : ipse auteni salvus erit, sic tamen quasi per itjnein, 1 Cor., iii, 15, ne peut signifier le feu du purgatoire. Il s’agit d’un feu qui éprouve, non d’un feu qui purifie, o’jy.vj.x’jx’.v.oy à)>, ’o’j xa^apTt/.ôv. Voir la même interprétation reprise par Bengel, Novum Testamentum, Tubingue, 1734, in II. l. Ce feu ne peut être que celui qui s’allumera au dernier jour, après lequel il est absurde de rêver un purgatoire ; feu qui rendra les élus plus brillants, mais dont l’aliment sera fourni par les péchés des damnés, qui, au milieu des flammes, garderont cependant l’existence : ipse sahuis erit quasi per igneni. C’est l’interprétation de saint Jean Chrysostome. In I ad Cor., om.. ix, n.3, P. G., t. lxi, col. 79 : Zr|p.(oO-/i(T£Ta’..’ISoù (J. ; a y.ôXxai-. Aùtôç 6è utoO/iisrat. o-JTco 2î to ; 6tà Ttupôç.’I ?ou -/.al Se-jtfpa. "O ôï Àiyec, ToCiTÔ éiTtV o’j/i xa a-jtb ; o-jtu) ; à7 : o), £ÎTat, w ; zk ïpya ô’. ; TÔ (j.riS=v yopàiv’àX/ot |j.EV£t âv tm irupi. Cf. Homil., VI, ad p’opulum, n.5, P.G., t. xlix, col. 88. A mesure que les grecs s’éloignèrent de l’origénisme, dit Marc d’Éphèse, l’exégèse de saint Jean Chrysostome fut de plus en plus universellement admise. On la retrouve chez Théophylacte, In I Cor., P. G., t. cxxiv, col. 604605 : Ta k’pya [i.r y.aTà XpicrTciv ovra toû xaTaxarivat a^ia Xéyovtat…Sco^erat uivrot aù-côç, 6 àiiapffo), !) ; S-r ;), aSr, , xo’JxkrsTi (7(1)0 ; TV) ?cl7at Stxa ; aiti)vto-j ; Cius/wv. C’est l’interprétation de Nicétas Serronius, E.rpositio in orationes S. Grcgorii Nazianzeni, oral, xxxix, P. G., t. cxxvii, col. 1243 : hjni scnipilerno baptizabimini qui… el homines p^ccato leiK’s cuidos ir.i Excnurnr, UT T.iMEN y OS ADSUiivr ; d’Anastase le Sinaïte, Quæsliones, lxi, P. G., t. lxxxiv, col. 620. Enfin, toujours d’après Marc d’Éphèse, c’est en ce sens qu’il faut interpréter les textes des Pères latins, saint Ambroise, saint Augustin, saint Grégoire le Grand. Voir Le Quien, Disserlaliones daniascenicæ, diss. V, P. G., t. xciv, col. 358.

II. Discussion de l’opinion des grecs. — /.

IL FAUT SÉPARER LA CAUSE DU FEU DU PURGATOIRE DE

CELLE DU FEU DE l’ENFER. — Avant de combattre l’opinion des grecs, il faut d’abord constater qu’elle a été exposée au grand jour devant le concile œcuménique de Florence et qu’elle n’a été l’objet d’aucune prohibition. Plus tard, à Trente, l’Église catholique ne prendra pareillement aucune décision relative à la réalité du feu du purgatoire. En ce qui concerne la réalité du feu de l’enfer, l’unanimité est absolue parmi les grecs et les latins : l’interprétation du quasi per ignem, entendu du feu de l’enfer, identique, pour les grecs, au feu de la confiagration générale, en est la meilleure preuve. Aussi, à notre avis, le devoir du théologien catholique est de rappeler cette tolérance de deux conciles œcuméniques en faveur de l’opinion négative des grecs, et, par suite, de séparer la cause du feu de l’enfer de celle du feu du purgatoire. Plusieurs théologiens y répugnent, par exemple, Vasqucz, In / » '> .S » m. S. r/io/zîcT, disp. CCXLllI, c. i, qui trouve dans la tolérance laissée à Florence une confirmation’que i( rien n’a encore été défini touchant la réalité du feu de l’enfer. » Or, en identifiant ces deux causes, quelle que soit d’ailleurs l’improbabilité de l’opinion orientale, on risque de faire erreur par rapport à la note théologique à donner à la doctrine du feu métaphorique de l’enfer, qui n’est plus une opinion tolérublc. Voir Feu de l’enfer, col. 2217 sq. Il vaut donc mieu.x dire simplement avec le cardinal Billot : Animadvertes separatam esse eausani ignis purgatorii et ignis infenii, et si qua est incertitiido quoad primum, nonnisi imnierilo e.vtendi ad secundiini… Gru’ci (au concile de Florence) explicite confilebanlnr peruni ac corporeum ignem inferni, et ignem purgatorii ideo præcise negabant, quia locuni apostoli queni nos tanquam de purgatorio diclum accipimus, ipsi intclligebant de inferno. Ex hoc igitur quod concilium, in re interGrœcos et Latinos lune conlroversa, ab omni definitione abstinere voluil, nultum argumentam accipere licel, quo veritas ignis infernalis lot Scripturæ aiictorilalibiis inciilcala, quacumque tandem ralione aut labefacletur aul diminuatur. De noi’issiniis, q. iv, th. vii, § 1.

II. SENS DE IGNIS DANS 1 COR., III. — NoUS n’aVOUS

pas à faire ici l’exégèse complète de I Cor., iii, 1315 ; on la trouvera à Purgatoire. Il nous suffît, pour la question du feu, de rappeler que l’interprétation de saint Jean Chrysostome et des grecs qui l’ont suivi est loin d’être acceptée par les exégètes. Lin seul moderne, Adalbert Maier, Commentar iiber den ersten Korinthcrbrief, Fribourgen-Brisgau, 1857, l’adopte ; tous les autres, catholiques et non catholiques, sont unanimes à la rejeter, et lui opposent le raisonnement des contradicteurs de Marc d’Éphèse au concile de Florence : vocem salvus erit (nwfjr^aixoi.’.) in Iota Scriptura salulem, cmxilium, liberationem a medo, refrigerium et similia denotare, nusquani vero aliquod nvduni. Voir Mansi, Concil., t. xxxi, col. 489. On ne comprendrait pas que saint Paul oppose j ; Y, iJM(.)6r|(jeTat, detrimentum palietiir, à < ; to6r, (7£Tat, salvabilar, si l’un et l’autre terme signifiaient la peine du feu. Cornely, Commentarius in S. Pauli apostoli epislolas, Paris, 1890, t. II, p. 91.

Il ne s’agit pas non plus du feu métaphorique de la tribulation, interprétation secondaire chez saint Augustin, De fuie et operibus, xxvii ; Encliiridion, c. Lxviii, P. L., t. XL, col. 216, 264 ; De civitate Dei, 1. XXI, c. XXVI, n. 2, P. L., t. xli, col. 743, 744 ; chez saint Grégoire le Grand, Dial., 1. IV, c. xxxix, P. L., t. lxxvii, col. 396 ; ni probablement du feu métaphorique du jugement sévère de Dieu, interprétation de Cajetan, In epislolas Pauli, Paris, 1542. Cette opinion a eu de nos jours la faveur de beaucoup de protestants, par exemple, de Godet, qui, dans le