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FÊTES — FÉTICHISME

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iiicidal abslinentiæ vel jejnnio consecralus, ab ulioque dispensamiis. Jusqu’ici, seule la fête de Noël était exemptée par une coutume immémoriale, c. 3, X, De obsc-vatione jejunioriinr, récemment, par un décret du f) décembre 1895, le Saint-OfTice avait accordé aux ordinaires le pouvoir de dispenser du jeûne et de l’abstinence en certains jours de fêtes cliômécs. Désormais cette concession indultaire est devenue le droit commun : la dispense générale est accordée pour tous les jours de jeûne ou d’abstinence qui pourraient coïncider avec une fête chômée. Quant aux fêtes maintenues pour l'Église universelle, mais qui ont été supprimées précédemment pour certains pays, par exemple, l’Epiphanie, l’Immaculée Conception, à moins d’induit particuher, l’obligation de l’abstinence continue de peser sur elles dans les pays où elles ne sont pas chômées. S. C. du Concile, 28 août 1911, réponse à l’archevêque de Matines, Canoniste contemporain, 1912, p. 127.

Comme bibliographie, voir les constitutions pontificales et textes indiqués dans le cours de l’article ; les canonistes et commentateurs du droit canonique au tit. xv, X, De celebratione festorurn ; Fr.-Xav. Zech, De jure rcnirn ecclesiasticanim, sect. ii, tit. xx.it. De doniinicis et festis ; Suarcz, De virt. et stal. lelirj, tr. II, 1. II ; Gretser, De festis Christian. ; Thomassin, Traité des fêtes de l'Église ; Benoit XIV, De festis D. N. J. C. et beatæ Mariæ uirg., dans Migne, Cursus complet, theologiæ, t. xxvi ; Fcrraris, Bihliotlieca canonica, v" Fesia ; Nllles, De rationibus festoruni ; Kalendarium rnanuale ulriusque Ecclesiæ ; Kraus, RealEncijlilopàdie, y" Feste ; Kircltenlexikon, V Feste ; Baûmcr, Jlisloire du bréviaire, trad. Biron ; Kellner, Heortologie, trad. Bund : L’année ecclésiastique ; Ducliesne, Origines du culte chrétien, S^édit., Paris, 1909 ; A. Villien, Histoire des commandements de l'Église, Paris, 1909, c. iv, p. 107-143.

A. ViLLIE.V.

    1. FÉTICHISME##


FÉTICHISME.— I. Nature. II. Caractères. III. Fétichisme et religion.

I. N.TURE. — Fétichisme vient du portugais feitiço (en latin faciUius, artificiel, ou peut-être fata, fée) qui signifie objet enchanté. Ce sont les navigateurs du xve siècle qui se seraient les premiers servis de ce mot pour désigner le culte que les noirs de l’ouest africain rendaient à des statuettes ou à des objets qu’ils considéraient comme leurs dieux. Ces objets du fétichisme offrent, aujourd’hui comme alors, la plus grande diversité : il y a des fétiches individuels et il y a des fétiches de famille ou de tribu ; bien que la plupart ne soient que des êtres matériels, quelques-uns sont animés ou vivants ; enfin s’il y en a qui sont arbitrairement choisis, il y en a d’autres, au contraire, qui se recommahdent par leur importance naturelle, comme les lleuves et les montagnes, ou par leurs services, comme certaines espèces d’animaux. La seule chose qu’ils aient de commun, c’est l’influence mystérieuse qu’on leur attribue : « le féticiiisme, dit Burton, est le culte ou, pour mieux dire, la propitiation des objets vivants ou inanimés auxquels est attribuée une influence mystérieuse, » Voyage aux grands lacs de l’Afrique orientale, trad. Loreau, Paris, 1862, p. 644 ; mais c’est précisément aussi cette influence qui paraît échapper davantage aujourd’hui aux historiens ou aux philosoplies qui cherchent à en déterminer la signification. Leur embarras provient surtout de ce que le fétichisme n’existe presque plus, si j’ose ainsi dire, à l'état pur ou dans son état primitif. Le fétichisme régnait, en effet, principalement sur les tribus de la race noire en Afrique ; mais celles-ci, pour la plupart, ont cédé peu à peu à la propagande musulmane ou se sont laissé pénétrer par l’influence chrétienne, catholique ou protestante ; et voilà pourquoi il est si difficile de retrouver chez elles, où il semblerait cependant si naturel qu’on aille le chercher, un fétichisme qui n’ait pas été altéré par des principes étrangers. Ces tribus elles-mêmes, quand elles ne sont pas influencées de

l’extérieur, possèdent déjà certaines notions, quoique basses et confuses, sur les esprits, sur la doctrine des transmigrations et sur la croyance aux mânes qui peuvent avoir été à leur tour une nouvelle source de confusion. Sans doute, on ne trouve point toujours chez des peuplades aussi primitives l’idée d’un esprit proprement dit ou d’un être purement spirituel, tel, par exemple, que l’ange ou le démon : ainsi dans aucune langue bantoue (ou même non bantoue, et plus simplement langue nègre non pénétrée par l’arabe ou par une autre langue non nègre), les missionnaires n’ont pu trouver, pour le catéchisme, le correspondant du mot démon ou satan ; quelques-uns d’entre eux avaient cru le rencontrer dans l’idée indigène de possession ; mais ils ont dû abandonner plus tard cette hypothèse, ayant été obligés de reconnaître que l’idée de possession, qui se rapporte, en effet, chez nous au démon, ne pouvait être rapportée chez les Bantous qu’aux mânes irrités. Du moins, cette croyance aux mânes est-elle incontestable ; et bien qu’elle n’y soit peut-être pas toujours extrêmement développée, on y trouve cependant la distinction essentielle des mânes favorables, quoique irritables, et des mânes essentiellement mauvais (mânes des tribus étrangères et ennemies, ou mânes vagues dont la malfaisance s’est révélée un beau jour d’une façon insolite). Là où il n’y a point de véritables esprits, ce sont donc les mânes à qui l’on attribue l’influence mystérieuse que l’on reconnaît au fétiche ; ainsi le fétiche devient-il la demeure, sinon d’un esprit indépendant, du moins d’une « âme désincarnée » ; et ce qu’il y a d’extrêmement curieu.x, ce qui est très bien fait pour nous embarrasser, c’est qu’il' est presque impossible aujourd’hui de s’en faire une idée différente : telle est, en cfi’et, la conception que nous trouvons ch3Z les historiens des religions et dans tous les récits des missionnaires. Mais si la croyance aux mânes est aujourd’hui si étroitement incorporée au culte des fétiches, ne pourrait-on pas supposer qu’elle a existé pendant longtemps à côté de lui, sans se confondre à proprement parler avec lui ? Tous ceux qui ont traité du fétichisme sont convaincus sans doute de ce principe, qu’ils paraissent accepter comme un postulat indiscutable, que, l’influence du fétiche ne devant pas être rapportée à l’objet lui-même, on ne peut que l’attribuer à un esprit : c’est ainsi qu’ils sont nécessairement amenés à considérer le fétiche au moins comme la demeure d’une âme désincarnée. Mais la question n’est-elle pas précisément de savoir s’il n’y aurait pas un autre moyen d’expliquer l’innuence du fétiche que de la rapporter soit à l’objet lui-même, soit à un esprit qui habite en lui, et s’il ne suffirait point, par exemple, d’admettre que, dans son état tout à fait primitif, le fétichisme ne faisait guère que concevoir les corps extérieurs, naturels ou artificiels, comme animés soit d’une vie essentiellement analogue à la nôtre soit des mêmes passions ciue nous ? Il n’est pas étonnant que l’homme, dans l’ignorance où il était des qualités et des forces de la nature, ait commencé par imaginer au fond des êtres qui l’entourent une puissance obscure, bienfaisante ou malfaisante, qui « accomplit ou contrarie ses désirs, » qui « s’irrite ou s’apaise pour des motifs et par des moyens que la divination fait connaître au besoin. » Renouvier, Essais de critique générale, IV^ essai, Paris, 1864, p. 222. Ainsi le fétichisme n’aurait été d’abord qu’une sorte d’animisme universel dans lequel le culte des mânes serait ensuite venu s’absorber ; les croj-ances qui peuplent les éléments d’esprits invisibles, mais actifs, ^ bienfaisants ou malfaisants, seraient donc encore supérieures à ce fétichisme primitif ; mais on peut remarquer que les pratiques liées à ces conceptions plus hautes se rapprochent beaucoup de celles qu’il engendre lui-même ; et c’est sans doute l’une des mui-