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FELICIEN DE SAINTE-MADELEINE

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avait été l’objet. Saint Augustin vit li un argument rrésistible qu’il ne cessa plus de faire valoir contre les donatistes pour les convaincre d’inconséquence et d’erreur.

Voici les’aits. A la mort do l’évêquc donatiste de (’, rlliage, Pannénien, peu après 391, les schisiuatiqucs élurent Primien. Celui-ci, une fois consacré, condamna quelques diacres, entre autres Maximianus. Maximianus, pécuniairement aidé par une femme de Cartilage, intéressa ù sa cause un assez grand nombre d’évêques de l’Afrique proconsulaire et de laByzacène, qui se réunirent au clief-lieu de la province et citèrent Primien pour vider le différend. Primien se garda bien de comparaître ; il réussit même à faire partir ces collègues importuns, qui se réunirent de nouveau au nombre de plus d’une centaine, à Cabarsusse, dans la Byzacène, en juin 393. Là, ils instruisirent le procès de Primien, le déclarèrent coutumace et décidèrent de le remplacer sur le siège de Carthage. A sa place on élut le diacre qu’il avait condamné, Maximianus. Douze évêques, parmi lesquels Salvius de Membresa, Prétextât d’Assur et Félicien de Musti, tous trois de l’Afrique proconsulairc, consacrèrent le nouvel élu. C’était, à près d’un siècle de distance, la reproduction exacte, à l’égard de l’évêque donatiste Primien, du procédé dont avaient usé, à l’origine, les auteurs responsables du donatisme, à l’égard de l’évêque catholique Cécilien.

Primien porta sa cause devant un concile plénier des évêques de son parti, au nombre de trois cent dix, qui se tint à Bagaï, en Numidie, le 24 avril 394. Maximianus et ses consécrateurs furent qualifiés d’ennemis de la foi, d’adultérateurs de la vérité, de révoltés contre l’Église, de ministres de Dathan, Coré et Abiron, d’aspics, de vipères, de parricides. Primien fut reconnu comme l’évêque légitime de Carthage. On accorda aux maximianistes un délai de huit mois jusqu’au 25 décembre avec l’assurance cpi’on les recevrait sans aucune pénitence canonique et en leur laissant leurs dignités. Quant h Maximianus et aux douze prélats qui avaient assisté à son sacre, notamment Félicien de Musti, on les déclara déchus de leurs sièges et condamnés à céder leur place à d’autres. Malgré cette sentence canonique, Félicien resta à son poste, soutenu par tous les donatistes de Musti. On dut recourir aux tribunaux civils. Cœpil agi, dit saint Augustin, De gesds ciim Emevilo, 9, ut damnait de bastltcts pcllerentur. Intcrpellantur judices, tnterpellantur proconsules. L’affaire de Félicien fut plaidée à Carthage, le 2 mars 395 ; l’avocat Titianus fit condamner l’évêque de Musti. In jiidtctiim allegatur eptscopale Bagatensc conctttum : dtcuntur Iiœrctict, demonstrantur damnati, tmpetrantur jusstones, auxilta congregantur, venitur ad cjtctendos de bastltcts homtncs damnaios, et tn sua perltnacta cnnstttutos. Ibid. Rien n’y fait ; Félicien résiste quand même ; et ce n’est qu’au commencement de 397 que l’évêque de Musti, très vraisemblablement sous les menaces du Gildonien Optât, le fougueux évêque de Thamugada, consent à faire la paix avec Primien. Conl. Ittl. Petit., iii, 83 ; Cont. Crescon., iii, 60. Et alors, chose inouïe dans le schisme donatiste, en dépit des décisions du concile de Bagaï, Félicien et Prétextât sont reçus en évêques, comme des collègues, sans la moindre pénitence canonique. Quos post aiuios duos aut très, per Optatatn Gitdoniamim post nmltas ittis illatas perseeuliones judiciariis prosccutionibus et tota aerimonia potestatum in suis honortbus recepernnt. Post damnationem suam, post ejectionem, post persecutiones suscepenmt iltos in honoribus suis, adjunxerunt sibi sacios cUquc eollegas. De gestis cum Emerito, 9. Mieux encore, les baptêmes qu’ils avaient conférés pendant leur schisme furent tenus pour valides, et les donatistes, contrairement à

leurs principes et ù leur pratique, ne songère".t pas à les réitérer. Coltectt sunt aspides, viperæ, parricidee, nec e.rsulJlatur baptismus, quein dédit aspis, vipera, parricida. De gestis cum Emerito, 10.

De tels faits étaient la condamnation absolue du donatisme et la pleine justification des catholiques. Saint Augustin ne cessa phu de les rappeler dans ses lettres et ses ouvrages contre les donatistes, et de s’en servir comme d’un argument ad lioniinem. Vos ancêtres, leur disait-il, ont blâmé jadis Cécilien de ne pas s’être soumis au concile de Carthage ; mais Primien n’en a-t-il pas fait autant vis-à-vis du conciliabule de Carthage et du concile de Cabarsusse ? Primien, prétendez-vous, a été justifié par un concile plus nombreux, à Bagaï ; mais Cécilien ne l’avait-il pas été également au concile de Rome, en 313, et à celui d’Arles, en 314 ? Vous avez condamne Maximianus et ses partisans, révoltés contre Primien ; il faut donc condamner de même Majorinus, l’auteur premier de votre schisme, pour s’être révolté contre Cécilien. Vous avez réintégré Félicien de Musti et Prétextât d’Assur, sans rebaptiser ceux qu’ils avaient baptisés pendant leur schisme ; c’est donc que vous reconnaissez comme valide le baptême conféré en dehors de votre Église ; mais alors que devient votre fameux principe, d’après lequel l’eflicacité des sacrements dépend des dispositions du ministre ? Vous n’en tenez plus compte, vous ne l’appliquez pas aux maximianistes ; c’est donc nous qui avons raison contre vous. L’argumentation était sans réplique ; et le fait est que les donatistes n’y purent jamais répondre. Elle fut produite à la conférence de Carthage, en 411, époque où vivait encore Félicien de Musti, et sept ans plus tard, à propos de son entrevue avec Emérite, à Césarée, saint Augustin écrivait : Causam istam maximianistarum cum loties objecissemus in nostra colledione, nihit adversus cam dicere potuerunt ; id est, adversus objeetionem nostram loties inserlam, loties rcpetitam, loties eorum frontibus iltisam, niliil omnino responderc potuerunt, quia qtiod responderent non invenerunt. De gestis cum Emerito, 8.

Rien ne prouve que Félicien de Musti ait abandonné le donatisme après la conférence de Carthage. S’il vivait encore en 418, lors de l’entrevue d’Augustin avec Emérite dans l’église de Césarée, il était toujours dans le schisme. Comme tant d’autres de son parti, il fut insensible aux arguments si pressants de l’évêque d’Hippone.

1. Sources.

S. Augustin, Epiât., i.i, 2 ; lui, 6 ; lxx, 2 ; Lxxvi, 3 ; Lxxxvin, 11 ; cvi ; c.vni, 1, 5, 12, 14 ; cxLi, 6, P. L., t. xxxiii, col. 192, 198, 241, 265, 309, 404, 405, 407, 412, 413, 530 ; Enarrul. in ps..xxvi, serm. ii, 20, P. L., t. xxxvi, coi. 376 sq. ; Co ; iI. epist. Parmeniani, i, 9 ; ii, 20, 31, 34 ; iii, 18, 21, 29 ; De bapt. cont. donatistas, i, 2, 7 ; III, 17 ; Co ; iI. tilt. Petiluuii, i, 11, IG, 26 ; ii, 16, 184 ; iii, 46 ; De unitale Ecclesiæ, 46 ; Cont. Cresconinm, iii, 16, 22, 59, 62 ; IV, 4, 5, 31, 46, 61, 66 ; Brevictdus collalionis cum donalistU, coU. I, 12 ; Ad donatistas post collationem, 5 ; De gestis cum Emerito, 8, 9, 10 ; Cont.Gaudentinm, i, 54, P. L., t. XLiii, col. 40, 63, 73, 76, 96, 98, 108, 109, 113, 145, 251, 253, 257, 262, 316, 372, 426, 504, 507, 528, 529, 549, 564, 573, 581, 584, 618, 655, 703, 704, 740. i

II. Travaux.

Tilleniont, Mémoires pour servir à l’Iiisloire ecclésiastique des si.v premiers siècles, Paris, 1701-1709. t. VI, p. 160-180, 725-72(5 ; U. Chevalier, Répertoire. Biobihlingrapliie, col. 1471.

G. Bareille.

2. FÉLICIEN DE SA9NTE.MADELEINE, originaire de Nantes, fit sa profession religieuse au Carmel le 9 août 1658. Il enseigna pendant plusieurs années la théologie à Bordeaux. Après avoir rempli longtemps et avec le plus grand zèle les principales fonctions de sa province, il obtint d’en être définitivement déchargé eu 1683. Il mourut à Nantes, deux ans plus tard, après avoir publié un ouvrage de théologie ayant