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FEBRONIUS


du moins, n’était pas du goût de ceux qui avaient tant applaudi à l’apparition du P’cbronius, dont iU avaient espéré pouvoir se servir dans leurs attaques violentes contre l’Église romaine. La cour de Vien.ic surtout en fut très mécontente et contrariée dans ses plans d’établissement d’une Église gouvernementale. On répandit donc le bruit que cette rétractation avait été imposée à son auteur par des promesses et des menaces. Pour faire taire ces allégations qu’il jugeait injurieuses à la droiture de son caractère, Nicolas de Hontheim publia, dans plusieurs journaux, le 2 avril ITcSO, une déclaration affirmant que sa démarche avait été absolument volontaire, et qu’il espérait pouvoir la justifier bientôt par un ouvrage à la composition duquel il travaillait alors. L’année suivante, l’ouvrage ainsi annoncé était lancé dans le public sous ce titre : Juslini Fcbronii jurisconsulti commentarius in suani rclraclulionem Pio VI pontifici maximo, kalend. novembr. submissam, in-4, Francfort, 1781. La lecture de cet ouvrage ne satisfit personne, ni catlioliques, ni protestants, ni joséphistes. Si l’auteur affirmai^ expressément son intention de maintenir sa rétractation, il l’expl quait cependant, en termes tellement équivoques, qu’on se demandait à quoi elle se réduisait désormais. Plusieurs de ses assertions, d’ailleurs, semblaient, de nouveau, contraires aux droits du Saint-Siège, qu’il avait prends de défendre et de soutenir. Son style tourmenté, hérissé de restrictions partielles sur les concessions précédemment consenties, trahissait l’embarras d’un homme dont l’orgueil froissé aurait voulu atténuer la force de la confession qu’il se voyait comme obligé de faire. Par ces explications tortueuses, il retenait d’une main ce qu’il accordait de l’autre.

Sur l’ordre de Pie VI, le savant cardinal Gerdil publia sur ce commentaire de la rétractation de Fébronius des O6s(’r(’« /(0/ ! S judicieuses qui ne remplissent pas moins de deux cents pages d’un volume de ses Œuvres complètes : In comme ntarium a J. Febronio in suam velractalioncm edilum animudversioncs, in —4°, Rome, 1783, Œuvres complètes, t. xiii, p. 197-300. Par un bref élogieux. Pie VI approuva ce traité qui corrigeait, dans le sens orthodoxe, les expressions ambiguës de Fébronius.

Celui-ci fut-il sincère dans sa rétractation ? C’est là un problème historicjue qui n’a pas encore été résolu et qui probablement ne le sera jamais. Ce doute qui pèse sur la mémoire d’un évêque orné de si brillantes qualités, n’est évidemment pas à son honneur. Un peu plus de franchise eût mieux valu. Son Commentaire est comme une rétractation de sa rélræledion. On voit, par la lecture, que la vérité le presse, mais qu’il voudrait, tout en lui rendant hommage, ne point condamner trop ouvertement un ouvrage composé avec tant de soin et qu’il avait espéré devoir être la gloire de sa vie.

On raconte que, quelques années avant sa mort, tandis qu’il célébrait la messe dans sa chapelle particulière, le jour de la fête de saint Pierre, en récitant les paroles de l’Évangile : Tu es Petrus, et super liane petram ledificabo Ecclesiam meam, il fut tellement ému, comme s’il avait lu sa propre condamnation, qu’il se trouva mal et dut quitter l’autel. Feller, qui rapporte ce fait, t. III, p. 507, en garantit l’authenticité, et assure le tenir de la bouche même de l’ecclésiastique qui servait la messe du prélat.

Malgré les crises intérieures qui tourmentaient son âme, Jean Nicolas de Hontheim parvint à la plus extrême vieillesse, et mourut, âgé i ! e près de quatrevingt-dix ans, le 2 septembre 1790, dans son château de Mont-Quintin, situé dans le duché de Luxembourg. On ne doit i as le confondre avec.juste Fébronius qui a publié : P/t’ncip/a jnris p : bliri ecelesiasli i catho licorum ad statiim Germanise accommodata, in-4°, Ulm, 1766 ; ni avec Pierre Joseph de Hontheim, chanoine de Trêves, dont il nous reste De romani imperatoris genuina idea dissertatio, in-4. Trêves, 1760, dans laquelle il expose la doctrine des deux pouvoirs ; il y montre que, dans le domaine spi itu’l, le souverain pontife est le chef suprême auqiel tous les évêqæs sont soumis. Selon lui, l’empereur romain est, de son côté, le chef suprême de tous les princes de la terre, ceux-ci doivent se soumettre à lui, respecta finis sacri, seu boni Ecelesiee.

IV. Principaux théologiens et c.

o listes

.Y.NT ÉCRIT POUR RÉFUTER FÉURONIUS. Parmi

les nombreux auteurs qui se levèrent pour ombattre les erreurs de Fébronius, nous indiquerons ici las prhicipaux seulement : Joseph de Blondel, comte pal itin, cfui écrivit contre lui et cont-e les protestants, dans un style virulent et sarcastique, dont on a une idée parle titre même de so i ouvrage : Co/ ! S liam utriusque medici ad Justinum Fehronium de si tu Eccl"slae it potestate papæ œgerrime febrieilemtem, in-8°, Utrecht, 1764 ; Ainort, Epistolae ad clar. vir. Justinum Feb onium H. de légitima potestate summi ponlificis, in-4°. Bouillon, 1764 ; Kleiner, Observationes summariæ ad Fcbronii librum singularem, in-4°, Heidelberg, 1764 ; ces observations furent aussi traduites en allemand, et Fébronius crut devoir les réfuter lui-mîme ; Id., Programma, seu (mtithesis parallela ad Juslini Fcbronii librum de unione scilicet dissidentium in rcligione christianorum, in-4, Heidelberg, 1764 ; Opuscnla critica contra Justini Fcbronii librum singularem, in-4, Heidelberg, 1765 ; Theobaldus Eux, Thèses canonicee ex libris Decretalium Gregorii IX, in-4, Munich, 1765 ; l’auteur y prend Fébronius à partie, et montre la faiblesse de ses arguments ; Trautwein, Vindicisc adversus J. Fcbronii de abusa summae potestatis pontificiæ librum singularem, 2 in-4, Augsbourg, 1765 ; R. Corsi, De légitima potestate et spiriluuli monarchia romani ponlificis, advcrsus Fcbronium jurisconsnltum, 111-4", Bologne, 1765, ouvrage dont la traduction italienne parut à Venise, en 1767 ; Ladislas Simmas lorvini, Epistola Romee et a Sorbonna probata ad clar. rir. Justinum Febronium cmanata, in-4°. Sienne, 1765 ; Ladislas Sappel, iJpis/o/(( ad clar. vir. Justinum Febronium jurisconsullum, in-4°. Sienne, 1765 ; Liber singularis ad formandum genuinum conceptum de statu Ecclesiæ et summi ponlificis potestate, ia-4", Inspruck, 1767 ; réédité en 4 vol., Augsbourg, — 1771-1775 ; Almici, Riflessioni su di un libro diG. Febronio, in-l", Lucques, 1766 ; Jules Antoine Særgalli, Le gesta dei sommi ponte fici, ouwrige spécialement composé contre Fébronius, 4 in-4°, Venise, 1764 ; Id., Dello stato délia Cliiesa e legitlima potesta del romano pontefice, in-4°, Rome, 1766 ; Saggio compendioso delta doclrina di G. Febronio e confutazione delta medesima, in-4°, Lucques, 17 70 ; Romani ponlificis siimma cmctorilas, et censura præcipuorum auclorum quos Justinus Fébronius in singulari libro cudendo consuluit, in-4°, Fænza, 1770 ; l’université de Cologne, Judicium de proscriplis a S. S. N. D. Clémente XIII aelis pseud. sgnodi Ultraject. , et libri Justini Febronii, in-4°, Cologne, 1765 ; F.-X. Zech, S. J., professeur de droit canon à l’université d’Ingolstadt, De judiciis ccclesiasticis ad Germaniæ catholicæ principia et usum, in-S", Ingolstadt, 1765, 1766, avec une diss.’rtation spéciale contre Fébronius ; Const-uitino, Disinganno sopra l’ogg tto scrilto in fronle dcl llbro intilolalo De statu Ecclesiæ, in-4", Ferrare, 1767 ; S. Alphonse, Vindiciee pro suprema ponlificis potestate advcrsus J uslinum Febronium, in-8°, Naples, 1768 ; Feller, Jugement a’un écrivain proh’slinl touchant le livre de Justinus Fébronius, in-4", Leipzii, 1770, 1771 ; Liège, 1772 ; ayant beaucoup connu Nicolas de Hontheim dans sa je.ir.ess —, et