Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/403

Cette page n’a pas encore été corrigée
2105
2106
FAUSTE DE RIEZ — FAUSTIN


sens des textes de l'Écriture, conticdire la justice de Dieu comme sa miséricorde, ruiner la vie religieuse et morale, se révolte contre la prédestination absolue ; il combat jusqu’aux écrits de saint Augustin, quoiqu’il ne laisse pas de parler de l’auteur avec respect. Pour lui, il ne veut d’autre prédestination qu’une prescience divine, prévoyant ce que la liberté de l’Iiomme accomplit. Hnlin, il tient que Jésus-Christ est mort pour tous les hommes et a voulu les sauver tous.

Kngelbrecht, le premier, a voulu éditer irime façon complète les œuvres de Fauste, dans le t. xxi du CjiItiis scripl. eccl. lat., Vieine, 1891. L'édition publiée, il a fait paraître, en manière de supplément, ses Palrislischc AïKilekten, Vienne, 1892.

Dom Cabrol, Revue des questions historiques, 1890, t. XLVii, p. 232-243 ; A. Koch, Der hl. Faustus, Biscliof von Riez, Stuttgart, 1895 ; le même, dans Theol. Quartalschrifl. 1899, t. Lxxi, p. 287-317, 578-648 ; Fessler-Jungmann, Institutiones palrologiæ, t. ii, 6, Inspruck, 1896, p. 361-372 ; Fr. Wœrter, Zur Dogmengeschichie des Semipelagianismus, Munster, 1899, p. 47-107 ; Bardenhewer, Les Pères de i Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. iir, p. 113-120

P. Godet.

FAUSTlN. La vie de Faustin ne nous est connue qu’en partie et grâce à quelques renseignements consignés dans ses ouvrages. Ni saint Épiphane, ni saint Philastrius, ni saint Augustin ne l’ont inscrit au catalogue des hérésies ; mais Gennade en parle. De script, eccl., Ifi, P. L., t. lviii, col. 1069. Faustin fit d’abord partie du clergé romain du temps de Libère et soutint sa cause pendant l’exil de ce pape de 355 à 358. A l’en croire. Libellas precnni, præf., 1, P. L., t. XIII, col. 81, tout le clergé, l’archidiacre Félix et le diacre Damase en tête, avait publiquement juré de ne pas remplacer Libère tant qu’il vivrait. Mais, contrairement à ce seriuent, il élut aussitôt Félix, qui devait se maintenir jusqu'à sa mort en 365, malgré le retour et la présence de Libère en 358. Faustin qualifia cette élection de honteuse et de criminelle ; il était donc fidèle au pape légitime ; mais il ne persévéra pas, sans doute parce que le pape Libère s'était montré trop indulgent à l'égard des partisans de Félix en les réintégrant. Aussi quand Libère mourut, en 366, a-t-il soin de noter que la partie du clergé et du peuple qui lui était restée fidèle pendant son exil, élut h sa place le diacre Ursin, tandis que ceux qui s'étaient parjurés en élisant Félix choisirent Damase. A la manière dont il rappelle quelques-unes des violences de Damase, entre autres l’expulsion d' Ursin par le préfet de Rome, on voit qu’il était du parti d’LIrsin et de ceux qui réclamaient la convocation d’un concile pour faire cesser le schisme, au cri de : Hors du siège de Pierre les homicides I Ibid., 3, col. 82. Valentinien autorisa pourtant le retour d’Ursin, qui eut lieu le 15 septembre 367 ; mais deux mois après, le 16 novembre, Damase aurait obtenu à prix d’argent l’exil définitif de son compétiteur. Tune Ursiims rpiscopus, vir saiwtas et sine crimine, consulens plebi, tradidit se manibus iniquorum. De nombreux partisans restant fidèles à l’exilé, Damase ne cessa de les poursuivre et de les persécuter et fit exiler entre autres les deux prêtres Faustin et Marcellin.

Selon toute vraisemblance, c’est à Eleuthéropolis, en Palestine, que Faustin et Marcellin furent relégués. Ils s’y trouvaient en tout cas quelques années après, à l'époque où Faustin adressa à l’empereur Théodose une profession de foi. Faiislini prcsbytcri fuies Theodosio impcratori oblata, P. L., t. xiii, col. 79-80. F"austin s’y défend d'être tombé, comme on l’en accusait, dans l’hérésie de Sabellius ou d’Apollinaire, et il y accuse ceux qui, sous le couvert de la foi catholique, soutenaient qu’il y a trois substances divines, autrement dit trois dieux.

Il est très certain que Faustin, s’il ne lui appartenait pas déjà, avait embrassé le parti de Lucifer. Il se trouvait dans le même lieu d’exil où le célèbre évêque de Gagliari avait eu à subir les avanies de l'évêque Eutychius, et où lui-même était en butte aux mauvais procédés de Turbo, le digne successeur d’Eutychius. Libelliis, 30, P. L., t. xiii, col. 104. La charge de la fraternité luciférienne d’Eleuthéropolis venait de lui être confiée par Euphésius. Cet Euphésius, audacieusement consacré évêque luciférien de Rome par Taorge, Libellas, 23, col. 99, et dûment chassé par Damase, était en train de visiter les évêques de son parti ; il arrivait d’Oxyrhinque, en Egypte, où il venait de voir l'évêque Héraclide, et il passa par Eleuthéropolis avant de se rendre en Afrique. Faustin, mis au courant des événements qui concernaient son parti dans le monde entier, résolut de s’adresser au pouvoir impérial pour faire cesser les persécutions de tout genre dont lui et ses coreligionnaires étaient l’objet de la part des catholiques. De concert avec Marcellin, il rédigea une requête aux empereurs Valentinien II, Théodose et Arcadius, Gratien n'étant pas nommé dans l’adresse et le pape Damase -vivant encore, c’est donc après le 25 août 383, jour de l’assassinat de Gratien, et avant la mort de Damase, le 10 décembre 384, que fut adressé le Libellas precum ad imperalores Valenlinianam, Theodosium et Arcadium, P. L., t. xiii, col. 81-107.

Rien de plus révélateur que ce Libellas touchant l’esprit des lucifériens en général et de Faustin en particulier. L’auteur vante l’orthodoxie de sa foi. Qui nos pulant, disait-il dans sa profession de foi, esse apollinaristas, sciant quod non minas Apollinaris hicresim exsccranair quani arianam ; il proteste de nouveau qu’il n’est pas hérétique et que personne ne pourrait prouver qu’il le soit. Libellas, 2, col. 84 ; il proteste aussi contre le qualificatif de luciférien qu’on lui donne, attendu que Lucifer de Gagliari n’a pas inventé de doctrine nouvelle et n’a pas fondé de secte hérétique. Libellas, 24, col. 99-100. Mais il passe sous silence l’accusation de schisme, qui n'était que trop réelle, ou plutôt il la justifia par les éloges qu’il donna à Lucifer de Gagliari, à Grégoire d’Elvire, à Héraclide d’Oxyrhinque et à d’autres personnages du même parti, comme aussi par les imputations graves qu’il formule, notamment contre le pape Damase. Ni Osius de Cordoue, ni Hilaire de Poitiers, ni le grand Athanase ne trouvent grâce devant ses yeux, parce qu’ils n'étaient plus ce qu’ils avaient été auparavant. Il estime trop indulgentes les décisions prises à Alexandrie, en 362, en faveur des semi-ariens repentants ; il blâme les signataires de la formule deRimini, déclarant qu’on ne devait pas les admettre à la communion même après avoir rétracté leur signature. Libellas, 16, col. 94. Bref, il traite les évêques catholiques en général de défaillants et de prévaricateurs, il les accuse de poursuivre et de persécuter partout, en Gaule, en Espagne et ailleurs, les lucifériens parce qu’ils sont les vrais défenseurs de la foi de Nicée et qu’ils refusent de communiquer tant avec les faillis qu’avec ceux qui les reçoivent. Est-ce offenser l’empereur, demande-t-il, est-ce faire tort à la répubUque que de rejeter une paix qui admet des sacrilèges, qui honore des prévaricateurs, qui favoiise des hypocrites, qui méprise la vérité, qui renverse l'Évangile et qui admet comme maîtres de l'Église ceux qui ont renié le Fils de Dieu ? Libellas, 15, col. 93. Mêlant ainsi la calomnie aux médisances et se donnant le beau rôle pour justifier son attitude intransigeante, il ose réclamer justice, non qu’il redoute d'être mis à mort pour la vérité, mais pour éviter à l’empire la honte d’une telle persécution. Hoc quod petinms, non ideo petimus quasi exspavescamus pro vero interfici…, sed :