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FAREL — FARGET


ciitièreinent notre vouloir que le’dit curéjvuide la dite cure, et icelle abandonnez » (27£avril J537). Ibid., t. IV, p. 261, note 4.

La même année, c’est l’autorité de Berne qui soutient à Genève même les réformateurs, « puis que derrecliicf summes par maistre Guillaume Farci informés, les choses non estre encore apaisées » (28 décembre, conseil de Berne au conseil de Genève). Ibid., t. iv, p. 331. C’est encore Berne qui à l’occasion contient les évangélistes et gourmande Farel d’avoir été « esmouvoir quelque fascherie au dict Caroli absent » (28 février 1527), ibid., t. iv, p.'"195, comme d’ailleurs elle se fait gloire de ses efforts de prosélytisme : « Vous n’avès pas mis en obly le travail et diligence qu’avons par cy-devant employé en l’affaire de l'Évangile pour le mettre et faire avoir lieu au Landeron » (Berne au cliâtelain de Landeron, 24 décembre 1538). Ibid., t. v, p. 203. Cf., entre beaucoup d’autres textes, ibid., t. IV, p. 138, 139, 302 ; t. ii, p. 220, 225, 227, 229 ; Haller, p. 67, note. On a vu plus haut comment Farel était muni d’une patente bernoise, qui, dit fort bien Haller, Histoire de la résolution religieuse, p. 66, était à la fois sa mission et sa sauvegarde.

L’affection du peuple à l’ancienne religion est avouée par Farel, et d’ailleurs bien déclarée par les faits. A Aigle, Farel est « receuz en dérision » (lettre du conseil de Berne, 14 février 1528). Herminjard, t. ii, p. 106. A Ollon, il rencontre aussi « des aultraiges et violences » (lettre du conseil de Berne, 8 avril 1528). Ibid., t. II, p. 125. A Lausanne, il est éconduit par le conseil : fuit responsum quod nostra non iniererat dare flociim prcdicationi (31 octobre 1529). Ibid., t. ii, p. 202. L^ne plainte de Fribourg à Berne nous apprend que Farel s’arrêtait dans des villages, qui nondum desidcrant verbum concionari (31 janvier 1530). Ibid., t. ii, p. 235. Cf. p. 246. « En allant prescher, dit Anthoine Froment, çà et là par les villages circonvoisins, recepvoient souventes fois leurs censés, assavoir cops et oultraiges ; » et on lui criait : " Crie merci à Notre-Dame. » Actes et gestes merveilleux, p. 11. Après le sac de l'église de Neuchâtel, par les menées des Bernois, le culte catholique est déclaré aboli, malgré la fidélité d’un bon nombre : -I Lors fut faist requeste par ceux qui tenaient le parti du saint-sacrement, qu’ils voulaient mourir martyrs pour la sainte foy » (le gouverneur à la comtesse de Neuchâtel, 20 novembre 1530). Ibid., t. ii, p. 295.

Les mêmes violences, contraires au vœu des populations, se renouvelaient en maint endroit. A Dombresson « au lieu de la messe a presché le dit Farel. Et puis après ils ont abbattu, gastés, cassez, et rompus toutes les images de l'église, et plusieurs aultres choses, violentement et par force, sans être demandés par les perrochiens et sans leur consentement » (la dame de Valangin au conseil de Berne, 24 février 1531). Ibid., t. II, p. 312. Les tentatives de Farel à Avenches furent d’abord mal reçues, comme le reconnaît une lettre des Bernois : « aulcuns entre vous ayt voulsuzoultraiger maistre Guillaume Farel » (25 mars 1531). Ibid., t. ii, p. 323.

Pierrefleur nous raconte les débuts du novateur à Orbe : « La dimanche de Pasques lleuries… s’en alla mettre en chaire à l'église pour prescher ; et lors chacun le suivit, hommes et femmes et enfans, qui tous et un chascun crioient et sifllaient pour le destourber avec toute exclamation l’appelant chien, matin, hérétique, diable, et autres injures, en sorte que l’on n’eut pas ouï Dieu tonner. » Mémoires, p. 21, 22. Et comme Farel voulait arguer devant la justice de la commission de MM. de Berne à lui accordée : « le commun peuple ne attendirent pas que les seigneurs du conseil fissent réponse, mais commencèrent tous d’une voix à crier qu’il s’en ahât, et que l’on n’avait cure de lui ni de sa

prédication. » Ibid., p. 33.'Une première prédication à l'église fut mal accueillie : (les petits enfants) « d’euxmêmes et sans conseil se mirent tous devant et à l’entour de l-i chaire, se coucliant et faisant des dormans. « Ibid., p. 347. MM. de Berne contraignirent les gens d’Orbe à assister aux sermons bi-quoticUens de Farel. Une première cène à Orbe rassemble sept personnes, dont Pierre Viret. Ibid., p. 44.

Le 24 juin, Farel fait]emprisonner les cordeliers de Granson, ibid., p. 47 ; mais, comme les prédicants, un dimanche 24 septembre, empêcliaient la messe à force de prêcher, les fidèles, et en particulier les femmes firent irruption : « qui eut du pire ce furent les trois prédicants, qui se nommaient Guillaume Farel, Marc le Rogneux et George Grivat, alias Calley, lesquels furent merveilleusement mal accoutrez, tant par le visage que aultre part. » Ibid., p. 66. A Payerne, en juin également, « le banneret l’a fait prisonnier, mais pouvait-il agir autrement, puisqu’on voulait jeter à l’eau Farel ? » Herminjard, t. ii, p. 344.

C’est à cette époque que Farel écrit h. Zwingle : Quanta sit messis, quis populi ardor in Evangelium, paucis nemo expresserit. Ibid., t. ii, p. 356. En 1532, Genève, par une ambassade à Fribourg, déclarait sa volonté de rester catholique (6 juillet). Ibid., t. ii, p. 421. Et trois ans plus tard, tandis que Farel avait aboli les images et la messe à Genève, le conseil de cette ville écrivait à son ambassadeur à Berne, lui signalait comme importante cette aft’airc de la messe, « à cause (comment scavés) que beaucoup de gens la veulent » (10 août). Ibid., t. iii, p. 334. « Maistre Guillaume Farel, annunciateurs de la parolle de Dieu » (lettre de Berne, 20 mars 1533), Gaberel, Histoire de Genéue ; pièces justificatives, t. i, p. 39, onl’a vu, ne peut prétendre au renom de grand théologien. Cet homme, qui fixe Calvin à Genève, en priant Dieu qu’il lui plût de maudire « son repos et la tranquillité d'études » qu’il cherchait, a été un agitateur ; par son intrépidité, disons le mot propre : par sa violence, il a été un agent des plus actifs, mais un agent de désordre. ' La politique oppressive de Berne a trouve en lui un instrument précieux. Farel est un des hommes qui personnifient le protestantisme, et il rappelle la réflexion de Dôllinger : « Il n’y a rien de plus antiliistorique que l’assertion, d’après laquelle la Réforme aurait été un mouvement en faveur de la liberté de conscience. » .Kirclic und Kirchen, 1861, p. 68.

Herminjard, Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française, 9 vol., Genève, 1878-1897 (la source la plus précieuse pour la connaissance du milieu) ; AncUlon, Vie de Farel, Amsterdam, 1691 ; Bayle, Dictionnaire critique, t. ii, p. 1152-1156 ; le Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français n’offre que quelques renseignements, passim ; Encyclopédie des sciences religieuses, t. IV, p. 676-682 ; Froment, Les actes et gestes merveilleux de la cité de Genève, édit. Révilliod, Genève, 1854 ; Gaberel, Histoire de l'Église de Genève, 2 vol., Genève, 1858 ; Haag, La France protestante, t. v, p. 59-71 ; Haller, Histoire de la réforme prolestante en Suisse, Paris, 1837 ; Sœur Jeanne de Jussie, Le levain du calvinisme ; Kirchholer, Dus Leben Witlietm Farcis aus den Quellen bearhcitcl, 2 vol, Zurich, 1581-1583 ; Magnln, Histoire de l'établissement du protestantisme à Genève ; Pierrefleur, Mémoires, édit. Vcrdois, Lausanne, 1856 (zélé catholique… il est pourtant, au fond, vrai, dit l'éditeur protestant) ; Schmidt, Études sur Farel, Strasbourg, 1834 ; Vàter und Begrànder der rcformierten Kirclien, Elberfeld, 1880, t. ix ; Spon, Histoire de Genève, 2 in-4°, Genève, 1730 ; Realencyklopadie fiir protestantische Théologie und Kirche, t. v, p. 762-767.

.J. DUTILLEUL.

    1. FARGET Pierre##


FARGET Pierre, rehgieux augustin du xve siècle, selon le P. Dominique de Colonia : « traduisit en notre langue un livre singulier intitulé : Bélial (en voici le titre complet : Le procès de Bélial à l’encontre de Jhesns translaté de latin en français par frère Pierre