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FABER — FABIEN


octobre au cardinal Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence. Ibid., p. 584 sq. la cause de cette sympathie était toute dans l’attitude prise par Jean Faber vis-à-vis de Luther, dans la première phase de son évolution. Il s’était rencontré avec les humanistes dans le jugement sur la prétendue réforme, et le chef des humanistes lui en était reconnaissant. Érasme et Faber se rencontrèrent encore à Cologne, d’où Érasme écrivit à propos du prieur d’Augsbourg une longue lettre à Conrad l’eutinger. Érasme, Opcra, t. iii, p. 590 sq. D’après cette lettre, le jugement de Faber sur Luther est celui d’un humaniste, partant assez favorable. Les mêmes idées se trouvent encore exposées dans un court mémoire en latin écrit par Faber et qui nous a été conservé par Spalatin : Judiciam fr. Jo. Fabri in causa Lulheri, 1521. Voir les diverses traductions ou éditions dans Paulus, op. cil., p. 303, note 1. Une autre consultation anonyme, mais de Jean Faber, parut par suite d’une indiscrétion, en latin, à Cologne sur la fin de 1520 ou au commencement de 1521 : Consilitim ciijiisdani exanimo citpientis esse eonsiillum et Ji. poniificis dignilati et christianæ rcligionis tranqiiillitali, in-4, s. 1. n. d. Voir diverses éditions ou exemplaires dans Paulus, op. cit., p. 303, note 4. Cette consultation fut aussitôt traduite en allemand. On a attribué cet écrit à Érasme lui-même, mais de son côté, Érasme aflirme nettement et en plusieurs rencontres qu’il est de Jean Faber. Opéra, t. iii, p. 637, 673. Cf. Paulus, op. cit. p. 305-306. Faber juge assez favorablement Luther, mais il ne faut point oublier que le Consilium parut avant l’écrit de Luther sur la Captivité de Babijlone. On ne croyait pas encore qu’il pouvait être chef d’un mouvement révolutionnaire ; des hommes, tels que Cochlaus et Winipfeling, étaient à ce moment aussi favorables à Luther que Jean Faber. Le Consilium, à côté de fausses idées sur l’origine et le caractère du conflit luthérien, contient aussi d’excellentes remarques. Bien que cet écrit ait été répandu.’i Worms, avant le congrès, il ne paraît pas qu’on l’ait pris en considération dans les délibérations. Mention en est faite dans une dépêclie de Jérôme Aléandre du 8 février 1521. Voir Paquier, Jérôme Aléandre, Paris, 1900, p. 192. L’oraison funèbre que prononça àWorms, pendant le congrès, le P. Jean P’aber, à l’occasion de la mort du cardinal Guillaume de Croy, indi posa grandement le nonce. Il demanda que l’on sévit contre le dominicain, mais on ne lui donna pas satisfaction et Jean Faber put continuer de prêcher à Worms pendant tout le carême. Cf. Paulus, op. cit., p. 310-311. Mais une fois de retour à Augsbourg, Faber, en suivant l’évolution de Luther, changea vite son appréciation sur lui. Non seulement il commença à le conïbattre, mais il se sépara aussi du parti des humanistes qu’il avait eu autrefois en si haute estime. En conséquence, il s’attira l’inimitié d’Érasme. Cf. Opéra, t. iii, p. 1228, 1362. Nous savons peu de choses sur les dernières années de Jean Faber. Vers la fin de 1524, il dut quitter Augsbourg ; les partisans des nouvelles doctrines exigeaient son éloignement. Il se retira à.Salzbourg près du cardinal Lang. Bientôt après cependant il revint à Augsbourg pour combattre les novateurs, d’où nouvel exil en 1525, nous ne savons où. Il mourut en 1530, loin de son couvent et de sa ville natale. Jean Faber fut un des nombreux esprits qui, à cette époque, crurent de bonne foi à la possibilité d’un renouveau théologique, sous l’inlluence de l’humanisme ; c’est sans doute pour s’être trop complu dans l’exposition et la défense de ces idées nouvelles qu’il eut à se justifier auprès du cardinal Cajetan, attaché aux méthodes traditionnelles. Il fut détrompé par l’attitude que ne tardèrent pas à prendre nombre d’humanistes et surtout Luther.

DICT. DE TIIÉOL. CATHOL.

Echard, Scriptores ordinis prsedicalorum, Paris, 17191721, t. II, p. 80 ; surtout N. Paulus, Die deuisclien Dominilianer im Kampfe gegen Luther (1518-1563), Fribourg-en-Brisgau, 1903, p. 292-313 ; J P.iquier, Jciône AUandre, Paris, 1900, p 101, 192.

H. CoULON.

. FABER Jean, dit DE CARVIN (a Carvinio), dominicain français du milieu du xV siècle. Originaire de Carvin-Épinay (Pas-de-Calais). C’est en qualité de chapelain de Maximilien I" que nous le voyons accompagner ce prince lorsqu’il vint en 1477 en Belgique pour y épouser Marie de Bourgogne, fille unique de Charles le Téméraire. Cet auteur aurait composé un livre de tliéologie ascétique, à peu près introuvable aujourd’hui. Il portait ce titre : Compendiosa ex variis libris exliortalio ad onmes Christi fidcliuni status, collectio excellentis patris dni Jotiannis Fabri de Carvinio, divi prædicatorum ordinis sacræ paginée professoris, Maximiliani Cœsaris domestici capcHani, s. 1. n. d., mais sous le règne de Maximilien I".

Echard, Scriptores ordinis pnedicalonim, Paris, 1719, t. I, p. 856 ; Kirchenlexition, 1886, t. iv, p. 1171.

R. CouLON.

FABIEN (Saint) succéda au pape Autéro ; le 10 janvier 236 et siégea jusqu’aux débuts de la persécution de Dèce, en 250. Selon Eusèbe, H. E., vi, 29, P. G., t. XX, col. 588, son élection avait été miraculeuse : une colombe, descendue sur la tête de Fabien à la vue des électeurs, l’avait désigné, simple laïque, nouveau venu et presque inconnu dans Rome, à leurs suffrages unanimes. Peu après, les édits de persécution de Maximin le Thrace cessèrent, lui mort, d’être appliqués, et ses successeurs. Gordien III, 238-243, Philippe l’Arabe, 243-249, celui-ci chrétien peut-être de naissance, laissèrent les fidèles en paix. Mais Fabien, l’un des premiers, mourut victime de la persécution de Dèce, le 20 janvier 250, Eusèbe, H. E., VI, 39, col. 600, et fut inhumé, le lendemain de son supplice, dans la chambre du cimetière de Calliste où reposaient déjà la plupart de ses prédécesseurs du 111’e siècle. De Rossi, Roma solterranea, t. II, p. 59. Malheureusement, tout détail manque sur son martyre.

Du pontificat de saint Fabien nous ne savons en somme que peu de chose. Organisateur éminent, Fabien régla l’administration paroissiale de Rome et constitua, en quelque sorte, les cadres d’une Rome clirétiennc, répartissant les régions urbaines entre les sept diacres, instituant de plus sept sous-diacres, pour concourir avec les sept notaires ecclésiastiques à la rédaction des actes authentiques des martyrs, élevant aussi « maintes constructions dans les cimetières. » Liber ponliftcalis, édit. Duchesne, t. i, p. 149 ; Catal. Liberian., Duchesne, p. 4, 5. C’est Fabien sans doute qui a promu Novatien au sacerdoce. Il eut à intervenir au dehors dans une grosse allaire africaine, la déposition de Privât, évêque de Lambèse, « pour des fautes nombreuses et graves, » S. Cyprien, Epi’s^, Lix, 10, P. L., t. m ; la lettre du pape, q i était fort sévère contre Privât, et probablement écrite en latin, est perdue. Le mémoire justificatif adressé par Origène à saint P’abien, au début de son règne, Eusèbe, H. E., vi, 36, 4, ibid., col. 596 ; S. Jérôme, Episl., Lxxxiv, n. 10, P. L., t. xxii, col. 751, et la réponse du pape ont également péri. Ce que nous dit saint Grégoire de Tours, Hist. Franc., i, 28 ; x, 31, P. L., t. Lxxi, col. 175, 563, d’une mission de sept évêques envoyée dans la Gaule, ne mérite guère créance. Le pseudo-Isidore prête en outre à saint Fabien trois lettres qui ne sont pas de lui ; Gratiea et des canonistes postérieurs lui attribuent ; ussi diverses dispositions apocryphes touchant la procédure ecclésiastique, la législation du mnriage, ccUj

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