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2013 EXTRÊME ONCTION. QUESTIONS MORALES ET PRATIQUES 2014

iiicme a Ole adopté de préférence par un certain nombre de théologiens, comme les Svirceburgenses, c. II, a. 1, p. 274 sq., Sasse, c. iv, p. 265 sq., et Kern, 1. II, c. I, p. 81 sq. ; 1. III, c. iii, p. 215 sq. Pour lui, disp. XLI, sect. I, ass. i, ii, p. 438 sq., l’extrême onction produit surtout deux effets. Avant tout, ce que Jésus-Christ a voulu en instituant ce sacrement, c’est donner à l’âme du mourant le secours et la force dont il a besoin ; par là Suarez se rattache à saint Tliomas. Il prouve ce qu’il avance par le préambule des chapitres du concile de Trente, qui, en effet, assigne ce but à l’institution de l’extrême onction ; il rappelle en outre que l’efiet premier doit différencier les sacrements et que, par suite, l’extrême onction doit avoir un effet différent de celui que produit le sacrement de pénitence ; il argumente enfin d’après le symbolisme de l’onction qui guérit, fortifie et prépare les athlètes au combat. A côté de cet efïet, l’extrême onction en a un autre ; elle achève de prél )arer l’âme du mourant à paraître devant son juge et, autant qu’il est possible, la dispose à entrer sans obstacle ni retard dans la gloire. Par conséquent, dans la mesure où le permettent les dispositions de celui qui la reçoit, elle efface les péchés mortels ou véniels que l’absolution n’aurait pas pardonnes ; elle remet la peine temporelle qui serait encore due ; elle donne droit à des secours spéciaux de force qui remédient à la faiblesse laissée dans l’âme par le péché ; en un mot, c’est dans le sens le plus large que, d’après Suarez, qui renouvelle ici la pensée des grands

colvstiques, il faut entendre les reliqiiiæ peccuti

enlevées par l’extrême onction : c’est tout ce qui relarderait le salut ou le compromettrait durant la ilcrnière maladie.

G » Sujet. — Deux questions se posent surtout, celle du moment où il faut conférer l’extrême onction, celle de l’âge à partir duquel on est capable de la recevoir.

Sur le prenner point, les théologiens, surtout thomistes, réfutent à l’envi l’idée de Duns Scot d’après laquelle il conviendrait d’attendre que le mahide, ayant perdu définitivement connaissance, ne soit plus capable de commettre de nouveaux l)écliés. Et, d’autre part, plusieurs s’occupent de repousser l’usage des grecs qui administrent X’euchelaion à des personnes en bonne santé. Voir, sur cet usage de l’Église grecque, Tournely, De e.vtrema unclione, q. iii, p. 56 sq. ; Benoît XI’, iJc sijnodo diœcesanu, 1. VIII, c. v, n. 3 scj., t. xi, p. 158 sq. ; Kern, op. cil., p. 281 sq. ; Jacquemier. L’e.xtrême onction chez les grecs, dans les Échos d’Orient, avril-mai 1899, p. 194 sq. La note vraie dont les théologiens ne s’écartent pas est donnée par le Catéchisme du concile de Trente, De exlrenue nnctionis sacramento, n.l7, 18, Paris, 1862, p. 368 : « Comme ceux-là seuls qui sont malades ont besoin de soins, de même on ne doit donner ce sacrement qu’à ceux qui sont si dangereusement malades que l’on craigne la mort prochaine. Et cependant, ils pèchent très gravement, ceux qui ont coutume d’attendre, pour oindre le malade, le moment où, tout espoir de guérison étant perdu, il commence à n’avoir plus ni vie, ni sentiment. »

Sur le second point, tous les théologiens continuent à admettre que les enfants n’ayant pas encore l’usage de la raison ne sont pas capables de recevoir ce sacrement ; et le Catéchisme du concile de Trente en donne le motif : il ne faut pas, dit-il, donner l’extrême onction « aux enfants qui ne commettent pas de péché et qui n’ont donc pas de restes de péchés à faire disparaître. » Loc. cit., n. 19. Le principe étant posé en ces termes, il en résultait que l’extrême onction pouvait et devait être administrée à tous ceux, quel que fût leur âge, qui avaient pu commettre des

péchés, donc aux enfants ayatit l’usage de la raison. De fait, nous ne connaissons aucun théologien, durant cette période, qui ait pensé autrement. Sans doute, on trouve encore ici ou là des statuts synodaux qui se maintiennent dans la rigueur du début du xvi"^ siècle. Frédéric Grau ou Nausea, évêque de Vienne, en Autriche, publia en 1543 son Calechisntus catholicus. Hurler, Nomenclator lilerarius, Inspruck, 1906, t. ii, col. 1404 sq., où il enseigne comme un usage universel que l’on ne doit donner l’extrême onction qu’à partir de l’âge de dix-huit ans, 1. III, c. cvii ; une constitution synodale publiée en 1587 par Germain Vaillant de Guislé, évêque d’Orléans, porte qu’on ne doit la donner qu’aux enfants qui ont communié, et ce terme indiquait un retard notable. Mais ce ne sont que de très rares exceptions ; bientôt l’unanimité des théologiens eut raison de ce courant de rigueur et la pratique se conforma à la théologie. Benoît XIV, De synodo dircesana, 1. VIII, c. vi, n. 2, t. xi, p. 159, cite une ordonnance du cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, qui est aussi explicite que possible sur ce point : Non denegetur eliani pueris si septimuni attigerint annam, nec ils in quitus medilia supplel aetalem, eliamsi septenarii non sint. Kern, op. cit., p. 315 sq., reproduit divers articles de conciles particuliers du xix » siècle dans le même sens. De nombreuses ordonnances episcopales à partir du xvii^’siècle, sont cités par M. Audrieux, Le viatique et l’extrème onction, dans la Revue pratique d’apologétique, 15 avril 1912, p. 97 sq.

Pour les Actes et l’iiistoire du concile de Trente : Theincr, Acta geiiuina SS. œcumenici concilii Iridentiiii, Agram, 1874, t. I, p. 532-601 ; Raynaldi, continuation des Annales ecclesiastici de Baronius, édit. Mansi. Lucques. 1755, t. xiv, p. 436-441 ; Le Plat, Monunienlonun ai historiani concilii Iridentini…aniplissima colleclio, Louvain, 1784, t. iv. p. 272-334 ; Merlile, ConciZii iridentini diariorum pars prima, l"ribourg-en-Brlsgau, 1901, t. i, du Concilittm Iridentiniim, édité par la Goerrcs uescliellscltalt ; Pallavicini, Histoire du concile de Trente. 1. XII. c..x-xiv, édit. Migne, Paris, 1844, t. II, col. 633-675 ; Sarpi, Histoire du concile de Trente, trad. et ann. par Le Couiraycr, 1. IV, n. 21-2’J, Amsterdam, 17.51, t. II, p. 58-88.

Pour les doctrines protestantes sur l’extrême onction : Luther, De la captivité de Balnilone. n. 184-192, dans Sàmtticlie Scliriflen. Halle, 1740, t. xix, col. 141-149 ; Calvin, Institution de ta religion clirétienne, 1. IV, c. xix, n. 18-21, Genève, 1566, p. 997-1000 ; Tittmann, Libri sijmlwlici ecclesiæ evangeticæ. 1827 ; Jean Daillé, De duobus tatinorum ex unctione sacranientis. confirmatione et exirema ut vocant unclione, dispulatio.Genéve, 1659 ; Eug. Picard, art. Onction. dans V Encijclopédie des sciences reliçiieuses, de Lichtenberger, Paris, 1881, t. x, p. 1-11 ; V. Kattenbusch, art. Œtung. dans Realencyelopàdie fur protestanlisclje Théologie und Kirche, t. xiv, p. 304-311 ; F.’W. Puller, Tlte anoinling of tlie siek in Scriplure and tradition. Londres, 1904.

Les principaux ouvrages des théologiens catholiques ont été cités au cours de l’article.

L. GODEFROY.

V. EXTRÊME ONCTION. QUESTIONS MORALES ET PRATIQUES. — I. Matière. II. Forme. III. Ministre. IV. Sujet. V. Réitération.

I. Matière.

Mcdière éloignée.

1. Au point

de vue de la validité. — L’extrême onction est donnée avec de l’huile d’olives bénite par l’évêque ; ainsi l’a défini le concile de Florence. Decretum pro armenis, Denzinger-Bannwart, n. 700. Le Saint-Oflice a plusieurs fois déclaré que la bénédiction épiscopale de l’huile est de rigueur pour la validité du sacrement ; il l’a fait le 15 janvier 1655 et le 14 septembre 1842, Denzinger-Bannwart, n. 1628, 1629, et, plus clairement encore, le 15 mai 1878 : Oleum a presbytcro benediclum est maleria prorsus inepta sacramento cxlremic unclionis conficicndo ; et ne in exirema quidem neccssitede valide possc adhiberi. Bueccroni, Enchiridion niorcdc, n. 864, Rome. 1905, p. 415.