Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/355

Cette page n’a pas encore été corrigée

2009 EXTRÊME ONCTION CHEZ LES THEOLOGIENS POSTERIEURS 2010

lique, en 1812, ordonne aux prêtres de se conformer aux prescriptions des eucologes relativement à la l)énc’diction de l’huile. Ibid., p. 582. C’est en vertu d’une concession tacite du pape que les prêtres de rite grec agissent ainsi ; il en résulte que le pape a le droit de la leur accorder.

2. Matière prochaine.

C’est l’onction faite avec l’huile bénite sur diverses parties du corps du malade, l.e concile de Florence avait déterminé le nombre de ces onctions et les organes qu’il fallait oindre. Denzinger-Bannwart, n. 700.

Les théologiens se demandèrent si toutes ces onctions étaient également essentielles pour la validité du sacrement. Bellarmin, Conirov. de exlrema unclione, c. X, l’aris, 1872, t. v, p. 20, demeurant fidèle à la tradition scolastique, jugeait qu’il fallait considérer comme telles au moins les onctions faites sur les cinq sens. Mais bientôt les études d'érudition firent mieux connaître les usages anciens et étrangers dans l’administration des sacrements et révélèrent la diversité très grande des rites et des formules, en particulier pour ce qui concerne l’extrême onction. On apprit que, bien loin d'être universelle, la pratique d’oindre les cinq sens souffrait ou avait souffert d’assez noml>rcuses exceptions, non seulement dans l'Église grecque, mais dans l'Église latine elle-même, que parfois on se contentait d’une seule onction, tandis (lue certains rituels les multipliaient outre mesure. Martène, De anliquis Ecclesiæ riiibus, 1. I, c. vii, a. : i sq., Rouen, 1700, t. ii, p. 115, 127, 132, 141, 146, l.')7, 160, 107, 185, 188, 191, 197, 2'26, '239 ; (Arnauld, Nicole et Renaudot), Perpétuité de ta foi de l'Égtise eiUholiquc sur les sacrements, Paris, 1841, t. iii, col. 920-929 ; Jean de Launoy, De sacrcunenlo unctionis infirmorum, explieala Ecclesiæ tradilio circa partes corporis quiv unguntur, Genève, 1721, t. la, p. 574582 ; de Sainte-Beuve, Tr. de sacr. unctionis inj. cxlr., disp. III, a. 2, dans Migne, Theol. cursus coniplelus, Paris, 1840, t. xxiv, col. 89-90 ; Kern, De sacr. extremæ unctionis, Ratisbonne, 1907, p. 134-139.

Il en résultait qu’on ne pouvait requérir comme essentielles les onctions sur les cinq sens sous peine (le considérer comme invalides les extrêmes onctions données dans une grande partie de l'Église. Un revirement se produisit donc parmi les théologiens. Déjà Maldonat, Disput. ac controu. circa septeni Ecclesiæ sacramenta, de exlrema unctione, q. v, Lyon, 1614, t. II, p. 216, était d’avis cju’une seule onction suOirait, parce que, disait-il, il n’y a pas de raison déterminante d’en exiger davantage pour la validité. Suarez, De sacramentis, part. II, disp. XL, sect. ii, n. 0, 7, Venise, 1748, t. xix, p. 431, se base sur l’usage de l’Espagne oii les onctions sur les pieds et les reins plerumque omittuntur, præserlim in jeminis, propler hunestatem ; elles ne sont donc pas essentielles ; et, comme les autres onctions ne sont pas requises par les conciles et les rituels avec plus de vigueur que les deux premières, il en conclut (lu’aucune en particulier n’est de neccssitaie sacramenti. C’est aussi l’opinion de Sylvius, Comm. in III"'" parlem Sum. scmcti Thomæ, q. xxxii, a. 6, Venise, 1726, t. iv, p. 464 sq. ; d’Estius, In IV Sent., 1. IV, dist. XXIII, § 15, Paris, 1696, t. iii, p. 295 sq. ; de Jucnin, Comm. historicus et dogmalicus de sacramentis, diss. VII, c. ii, Lyon, 1717, p. 537 sq. ; de Tournely, Prælect. theolog., de exlrema unctione, q. ii, Paris, 1728, p. 35 sq. ; de Sainte-Beuve, op. cit., disp. III, a. 2, col. 90 ; des Wirceburgenses, De sacramento extremæ unctionis, c. 1, a. 2, Paris, 1880, t. x, p. 270 ; de Benoît XIV, De synodo diwcesana, 1. VIII, c. iii, dans ses Opéra, Venise, 1767, t. xi, p. 154 sq., etc. Drouin, De re sacramentaria 1. VII, q. ii, c. ii, § 2, Paris, 1775, t. II b, p. 89-90, regarde cette opinion comme uni versellement admise de son temps : lia censent nostræ œtalis crudili pêne nmnes, voluntque unicarn unctionem cum forma uniucrsali conjunctam ad csscnliam sacramenti sufficerc.

Il reste cependant un doute et cette opinion, si probable qu’elle soit, n’est pas regardée par tous comme certaine. Ainsi, parmi les théologiens récents. Billot, De sacramentis Ecclesiæ, Rome, 1897, t. ii, p. 235, note 2, attribue à l’opinion opposée une plus grande probabilité ; Sasse, Instiiutiones Iheologicæ. de sacramentis Ecclesiæ, Fribourg-en-Brisgau, 1898, p.263, pense le contraire : Noldin, Summa theologiæ moralis, InsprucU, 1911, t. ii, p. 526, et Kern, op. cit., p. 133 sq., considèrent comme certain qu’une seule onction suffirait à la validité.

Forme.

Saint Jacques, v, 15, semble l’indiquer

par ces mots : oratio fidei. Le concile de Florence, Dccr. pro armenis, Denzinger-Bannwart, n. 700, reproduit complètement la forme employée maintenant encore dans l'Église latine. Le concile de Trente, sess. XIV, De sacramento extremæ unctionis, c. i, Denzinger-Bannwart, n. 908, en donne les premiers mots : Per islam unctionem, etc.

Ces deux décisions de l'Église n’ont jamais été regardées par les théologiens comme imposant une formule à l’exclusion de toutes les autres sous peine de nullité du sacrement. Mais plus on découvrit dans les anciens rituels ou dans les eucologes grecs de formules autrefois ou encore en usage, plus la largeur des anciens scolastiqucs parut sage. Aussi, depuis le concile de Trente, ne trouve-t-on pas une seule voix discordante. Dans toutes les formes déprécatives, indicatives ou impérativesjue publiaient des savants, comme dom Martène, De anliquis Ecclesiæ riiibus, 1. I, c. VII, a. 4, Rouen, 1700, t. ii, p. 116, 127, 139, 147, 154, 155, 167, 181, 186, 188, 191, 193, 201, 202, 207, 214, 217, 220, 2'23, 2'24, 225, 227, 230, ou Jean de Launoj", De sacramento unctionis infirmorum, explieala Ecclesiæ tradilio circa jornmm…, Genève, 1721, t. If/, p. 464-535, et que reproduit en partie Kern, op. cit., p. 142-152, on retrouvait suffisamment exprimés l’intention du ministre et l’effet attendu de l’onction, tout ce qu’il fallait, en un mot, pour que la matière fût déterminée à l'être sacramentel.

Tous cependant n’ont pas la même manière de concevoir et d’expliquer la validité de ces formules, surtout des formules indicatives.

Les théologiens proprement dits, regardant comme essentiel qu’il y ait une oratio, s’efforcent de la découvrir, soit dans les prières qui accompagnent à peu près toujours ces formules, soit à l'état virtuel dans les formules elles-mêmes. Ainsi Suarez, De sacramentis, part. II, disp. XL, sect. iii, n. 3, après avoir dit qu’une prière est nécessaire, ajoute : Unde omnes aliæ formæ, vel reducendæ sunt ad formam Ecclesiæ romanæ quoad substcaiticdem sensum, vel aliquid eis addendum est seu addilum semper fuisse credendum est, quo prædiclus substantialis scnsus perficeretur. Puis, n. 8, il applique son explication à une formule en particulier : Ungo le oleo sancto ut Dcus tibi remittat quidquid peccasti, etc. Il la déclare suffisante, parce que, dit-il, sous les mots à forme indicative, il y a sufficiens deprccatio, t. xix, p. 432-433. Cette explication est encore celle que donnent les théologiens actuels, par exemple, Kern, op. cit., p. 160-163. Benoît XIV, tout en l’acceptant, ne cache pas ciu’elle présente pour lui quelque difliculté. Il veut bien voir une prière implicite dans les formules qui expriment un souhait ou dans les fornmles mixtes, comme celle qu'étudiait Suarez, Ungo… ut… ; mais, dit-il, « nous ne savons comment on pourrait trouver une prière dans d’autres formes publiées par Ménard et Martène, où on emploie seulement le mot ungo sans y rien