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2007 EXTRÊME ONCTION CHEZ LES THÉOLOGIENS POSTÉRIEURS 2008

Baiinwait, n. 911), cnseiiiiic, en opposition avec ce que lirctendaient les protestants, que ce sacrement doit être donné, non pas à tous les malades indistinctement, mais à ceux-là seuls qui sont en danger de mort ; c’est pour cette raison, remarque-t-il, que l’on donne à l’extrême onction le nom de sacrement des mourants. Il enseigne de plus que ce sacrement peut être réitéré « si les malades, après l’avoir reçu, reviennent à la santé… et tomiient ensuite dans un danger semblable. »

II. Les thkologiens postérieurs au concile DE Trente. — Le concile, en fixant la doctrine catholique sur l’extrême onction, n’avait eu pour but que de repousser les erreurs protestantes ; mais il avait laissé subsister, sur les points cjui n'étaient pas touchés par l’hérésie, les incertitudes qui déjà auparavant divisaient les théologiens.

1 » Institution. — Le concile avait défini le fait de l’institution divine du sacrement de l’extrême onction ; mais il n’en avait pas indiqué le moment, pas plus qu’il n’avait invoqué de témoignage évangélique en faveur de son affirmation. Les termes dont il s'était servi en parlant du texte de saint Marc, vi, 13, étaient, en effet, choisis à dessein de manière à ne paraître ni repousser ni imposer l’une ou l’autre des interprétations qu’on en donnait.

Plusieurs tliéologiens ou cxégètes persistèrent donc à voir dans ce passage l’attestation de l’institution par.Jésus-Christ du sacrement des malades. Maldonat va jusqu'à attaquer l’interprétation opposée comme favorisant imprudemment l’iiérésie en supprimant le seul témoignage évangélique de ce fait. Comment, in quatuor evangelistas, Paris, 1617, t. i, p. 400 ; Di.sput. et controv. circa scplem Ecciesiæ romanie sacramentel, Lyon, 1614, t. ii, p. 203. De Sainte-Beuve soutient la même opinion. Treictatus de særamento unclionis infirniorum exlremæ, disp. II, a. 1, dans Migne, Tlieologiæ cursus complétas, Paris, 1840, t. xxiv, col. 19-24.

INIais elle n’a jamais été commune. La très grande majorité des théologiens et des commentateurs, se rapprochant davantage des expressions employées par le concile de Trente, voient dans l’onction donnée par les apôtres pour la santé du corps une figure et une ébauche de l’onction sacramentelle conférée pour la santé de l'âme. Ainsi Bellarmin, Controv. de særamento extremæ unetionis, c. ii, Paris, 1X72, t. v, p. 7-8 : listius. In IV Sent., 1. IV, dist. XXIIl, ij 3, Paris, 1696, t. III, p. 287 ; Corneille de la Pierre, Comment, in quatuor Fvangeliu, Anvers, 1695, p. 592 ; dom Calmet, Commentaire littêrcd sur la Bible, Paris, 1726, t. VII, p. 322 ; Knabenbauer, Comment, in Evangelium secundum Marcum, dans Cursus Scripturæ sacræ, Paris, 1894, p. 163 ; Sasse, Institutiones theologieæ de sacramentis Eeelesise, Fribourg-en-Brisgau, 1898, t. ii, p. 260 ; Kern, De særamento e.vtrim : v unetionis, Ratisbonne, 1907, p. 79-80.

Mais alors où trouver la preuve de l’institution divine et comment rattacher ce sacrement à une volonté positive de.Jésus-Christ ? D’anciens théologiens avaient pu soutenir l’hypothèse d’une institution médiate ; depuis le concile de Trente, cette position était insoutenable, particulièrement en ce qui concerne le sacrement de l’extrême onction, puisqu’il distingue expressément le rôle de saint Jacques qui l’a promulgué de celui du Christ qui l’a institué. Les théologiens ont alors creusé davantage une expression que le concile avait empruntée à.saint Bonaventure, à savoir que ce sacrement est insinué en saint Marc ; ils ont cherché le sens de ce mot et leurs recherches les ont mis sur la bonne voie. « En considérant l’interprétation des anciens docteurs, interprétation qui a été confirmée par le concile de

Trente, dit le P. Kern, op. cit., p. 80, on a le droit d’affirmer que le Christ a fait dépendre la guérison miraculeuse des malades du rite de l’onction pour préfigurer et insinuer le sacrement qui devait guérir les malades dans leur âme et, si c’est utile, dans leur corps. » Or, en l’absence de témoignage évangélique plus formel et étant donné l’insuffisance des documents écrits, cela suffit à M. Pourrai, La théologie sacramentaire, Paris, 1908, ]). 282 sq., pour trouver le fait initial posé par Jésus duquel devait sortir notre sacrement de l’extrême onction et pour supposer en Jésus la volonté de remettre au malade les péchés, causes de sa maladie, en même temps que l’onction lui rend la santé. L'Évangile n’est donc pas complètement muet sur l’institution de l’extrême onction ; il montre, quoique imparfaitement, comment ce sacrement se rattache à la volonté de Jésus.

2 » Matière. — 1. Matière éloignée. — C’est l’huile bénite par l'évêque. Concile de Trente, sess. XIV, De extrema unctione, c. i, Denzinger-Bannwart, n. 908.

Les théologiens ont diversement interprété cette phrase du concile. Certains ont pensé que la bénédiction de l’huile était seulement de précepte et qu’en cas de nécessité on pourrait validement donner l’extrême onction avec de l’huile ordinaire ; ainsi Juenin, Comment, histor. et dogmat. de sacramentis, diss. VII, q. III, c. i, Lyon, 1717, p. 536 ; de SainteBeuve, De socram. unetionis infirm. extremæ, disp. III, a. 1, dans Migne, llicol. cursus complétas, t. xxiv, col. 87 ; Drouin, De re sacramenku-ia contra hæreticos,

I. VII, q. II, c. I, § 2, Paris, 1775, t. vu b, p. 67. L’autre opinion est que la bénédiction est essentielle à la validité du sacrement ; elle est plus conforme aux témoignages de la tradition, à la pratique de l'Église et au texte des conciles ; elle est soutenue par la plupart des théologiens ; elle a, de plus, en sa faveur deux décisions positives du Saint-Office : l’une, du 13 janvier 1611, condamne comme téméraire et proche de l’erreur une proposition affirmant la validité de l’extrême onction faite avec de l’huile non bénite par l'évêque ; l’autre, du 14 septembre 1842, déclare que, même en cas de nécessité, un curé ne peut se servir validement d’huile qu’il aurait bénite lui-même. Denzinger-Iiannwart, n. 1()28, 1629.

Quelques théologiens, Suarez, De sacramentis, part.

II, disp. XL, sect. i, n. 8, Venise, 1748, t. xix, p. 430, et Estius, In IV Sent., 1. IV, dist. XXIIl, §9, Paris, 1696, t. iii, p. 292, ont même penscjque la bénédiction épiscopale est tellement nécessaire que le pape ne pourrait déléguer un simple prêtre pour cette fonction. C'était condamner comme invalide l’extrême onction telle qu’elle est donnée dans l'Église grecque, puisque celle-ci attribue aux prêtres le pouvoir de bénir l’huile des malades. Mais en présence des approbations données par les papes à cette particularité des rites orientaux, cette opinion ne peut se soutenir. Déjà en 1595, Clément "VIII avait publié un décret concernant les Italo-Grecs, et il déclarait qu’on ne doit pas obliger leurs prêtres à faire bénir par les évêques d’autre huile que le saint chrême. Magnum bultariurîj romemum, Luxembourg, 1742, t. iii, p. 52. Ce décret fut renouvelé par Benoît XIV dans sa constitution LVii, Etsi pastoralis, § 4, BuUarium Benedicti papæ XIV, Matines, 1826, t. i, p. 353. Divers synodes orientaux approuvés par les souverains pontifes ont consacré cet usage ; un synode de la province de Russie de rite grec uni, tenu à Zamosc en 1720, croit devoir le maintenir à cause de son antiquité, Colleclio lacensis, Fribourg-en-Brisgau, 187(), t. ii, p. 36 ; le synode du .Mont Liban en 1736 confirme aux prêtres le pouvoir de bénir l’huile des malades dans le cas où l’huile bénite par l'évêque viendrait à faire défaut, ibid., p. 150 ; le concile du patriarcat grec-melchite catho-