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EXTRÊME ONCTION AU CONCILE DE TRENTE

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pieux et docics. Theincr, p. 581. Ce projet ne diffère pas essentiellement du texte qui fut définitivement adopté ; les points qu’il importe de signaler sont les suivants :

Le c. i"= donnait sur l’institution du sacrement de l’extrême onction la même doctrine que le chapitre actuel, et dans des termes presque identiques : ’< Le saint concile enseigne que cette dernière onction des infnmes est vraiment et proprement un sacrement du Nouveau Testament, institué par Jésus-Christ, esquissé et insinué par les apôtres qui, selon saint Marc, oignaient d’huile les malades et les guérissaient, recommandé aux fidèles et promulgué par saint Jacques… » Le projet citait le texte de saint Jacques et l’expliquait dans le même sens, quoique un peu plus longuement, que le chapitre actuel. Sarpi se trompe donc, à moins qu’il n’ait eu des documents que nous ne connaissons pas, lorsqu’il prétend. Histoire du concile de Trente, 1. IV, n. 25, que les rédacteurs du projet avaient d’abord voulu trouver l’institution de ce sacrement dans saint Marc, et que l’on modifia le texte devant les observations d’un théologien qui fit remarquer que les apôtres n’étaient pas encore prêtres à ce moment. Cette remarque a été faite, sans doute ; mais ce fut lors de la discussion des articles et nous l’avons notée en son temps ; on n’eut pas à modifier sur ce point le texte des chapitres. Cf. Pallavicini, Histoire du concile de Trente, 1. XII, c. xii, n. 10-12.

Le c. ii, traitant des efl’ets de l’extrême onction, insistait davantage sur la guérison corporelle, pour expliquer comment elle ne se produit plus qu’exceptionnellement : « A ces effets.s’ajoute quelqucfois la santé du corps qui, autrefois, dans la primitive Église, était conférée plus fréquemment, afin de confirmer et de faire estimer la foi naissante, et comme un signe de la guérison intérieure. Mais maintenant que la foi est affermie et adulte, elle n’est plus produite que rarement, et seulement autant que Dieu le sait utile au salut du malade. » Theiner, p. 590.

Le c. m parlait du ministre de l’e.xtrême onction et s’étendait assez longuement sur la distinction primitive entre prêtres et laïques. Il disait ensuite à quels malades il faut la donner et en quels cas on pi la réitérer. Il terminait en énumérant et en condamnant les nouvelles erreurs sur la matière.

On le voit, le travail de la commission consista surtout à réduire des développements trop longs ; il n’y eut à modifier ni la doctrine, ni les termes dans lesc|uels elle était exposée ; et les remarciues que firent les Pères, le 23 novembre, lorsqu’on leur soumit le projet de chapitres, ne touchèrent qu’à des points de détail. Theiner, p. 598-599.

L’exposé de la doctrine étant terminé, il fallait formuler sous forme de canons les erreurs à condamner.-La commission se réunit pour ce travail, le mercredi 18, et présenta aux Pères, avec seize canons sur la pénitence, quatre canons sur l’extrême onction. Le texte en est à peu près identique à celui qui fut défini, à l’exception du l’"', cpfi était ainsi conçu : « Si quelqu’un dit que l’extrême onction n’est pas vraiment et proprement un sacrement institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais seulement un rite reçu des Pères ou une invention luimaine, qu’il soit anathème. » Theiner, p. 592. Ce fut d’après les observations de plusieurs prélats, en particulier des évêques de Païenne et de Calahorra, qiae l’on ajouta que ce sacrement a été promulgué par saint Jacques. Theiner, p. 593, 595. L’évêque de Monopoli eût voulu faire insérer que la preuve de l’institution était le passage de saint iMarc ; mais sa motion ne fut pas prise en considération. Theiner, p. 595.

Retouchés par la commission, les chapitres et les

I canons furent définitivement approuvés le mardi 24 novembre et l’on décida qu’ils seraient promulgués le lendemain.

cl) Définition. — Le 25 novembre 1551, en effet, eut lieu la XIV session. L’évêque d’Orense, Manrique de Lara, célébra la messe du Saint-Esprit ; puis l’évêque de San Marco prononça un discours que Massarelli qualifie de vedde tjravem et elegantem. Alepo de Sassari et l’évêque d’Orense montèrent ensuite sur l’ambon et lurent, le premier les chapitres, le second les canons ; tous les membres du concile donnèrent leur approbation. Theiner, p. 601.

[ 2° Doctrine du concile. — 1. Les erreurs protestantes sur l’extrême onction. — A propos de l’extrême onction comme des autres sacrements, le concile de Trente trouvait devant lui les erreurs protestantes.

u) L’extrême onction dans le luthéranisme. — La Confession d’Augsbourg et la plupart des autres confessions luthériennes sont muettes au sujet de l’extrême onction. Dans V Apologie de la Confession d’Augsbourg, De numéro et usu sac/vî/ncn/orum, Mélanchthon donnait la raison de ce silence. Après avoir défini les sacrements, des rites rendus obligatoires par Dieu et auxquels une promesse de grâce est attachée, il déclare exclus de leur nombre toutes les cérémonies d’institution humaine et ne reconnaît comme sacrements que le baptême, la cène et l’absolution. Quant à l’extrême onction, elle n’est, ainsi que la confirmation, qu’un rite reçu des Pères, que l’Église elle-même n’a jamais regardé comme nécessaire au salut, que Dieu n’a pas rendu obligatoire, auquel il n’a pas promis la grâce et <[u’on ne doit donc pas confondre avec les vrais sacrements. Confirmfdio et extrenin unclio sunt rilus accepli a l’atribus, quos ne Ecclesia quidem temiquam necessarios ail salulem requirit, quia non habent mandatum Dei. Proplerea non est inutile hos ritus discernerc a superioribus. qui liabent expressum mandatum Dei et claram promissionem grcdiie. Tittman, Libri symbolici ecclesiæ evcuigeliac, 1827, p. 155.

L’Épître de saint Jacques, à vrai dire, semble bien renfermer ce memdatum Dei ; Luther, dans son opuscule sur la captivité de Babylone, se débarrasse facilement de ce texte gênant : « Je le dis : si l’on a jamais déliré, c’est surtout ici. Je pourrais dire d’abord que beaucoup, et avec grande probabilité, regardent cette Épître comme n’étant ni de l’apôtre Jacques, ni digne de l’esprit apostolique… Mais, alors même qu’elle serait de l’apôtre Jacques, je dirais qu’il n’est pas permis à un apôtre d’instituer de sa propre autorité un sacrement. Le Christ seul avait ce droit. Or on ne lit nulle part dans l’Évangile qu’il ait établi ce sacrement de l’extrême onction, » n. 185, Werke de Luther, Halle, 1746, t. xix, col. 142.

Cependant tous les pasteurs n’avaient pas pour l’Épître de saint Jacques le dédain de leur chef ; ils n’acceptaient pas plus que lui le sacrement de l’extrême onction, mais plutôt que de rejeter un texte de l’Écriture, ils l’interprétaient. C’est ainsi que, le 10 juillet 1551, les pasteurs de l’Église de Saxe réunis àWittemberg, signaient une Confession qui contient ce passage : " L’onction que l’on appelle maintenant extrême ne fut autrefois qu’un moyen de guérir, comme il apparaît d’après le c. vde l’Épître de Jacques. Maintenant c’est un spectacle rempli de superstition. » Le Plat, op. cit., t. IV, p. 513.

Luther, d’ailleurs, ne s’était pas lui-même contenté de refuser à l’Épître de saint Jacques toute autorité ; il avait voulu expliquer le texte et montrer que l’onction recommandée par l’apôtre n’était pas l’extrême onction employée par l’Église. L’etïet promis par saint Jacques ne se réalise plus : « Si cette onction est un sacrement, elle doit sans doute être, comme ils disent, un signe efficace de ce qu’elle signifie et promet ; or elle promet aux malades le rétablissement de la santé…