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EXTRÊME ONCTION DU I" AU IX « SIÈCLE

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recevoir ; on concluait que le sacrement n’avait pas été valide. Tout était à recommencer. The irish iheological qnnrierlij. juillet 1907, p. 330-345. Hypothèse ingénieuse, mais qui ne repose sur aucun fondement et qui n’explique certes pas pourquoi les onctions étaient recommencées non une fois, mais pendant sept jours consécutifs. Voir la réfutation de cette conception par Toner, même revue, aTil 1909, p. 247-250. Peut-être n’y a-t-il pas lieu de chercher des explications théologîques et faut-il enregistrer le fait, sans rien conclure. L’extrême onction n’est pas réitérée de nos jours : il ne s’ensuit pas qu’elle ne l’était pas jadis. Elle l’était autrefois en quelques milieux : pourquoi conclure qu’elle peut l’être de nos jours ? Admettons, s’il le faut, qu’il ne s’agit pas ici des conditions de validité du rite et reconnaissons que la discipline a pu varier. Ce qui était légitime autrefois peut ne plus l’être, soit en raison de la cessation de la coutume, soit en vertu de dispositions positives du droit. De bonnes raisons pouvaient autoriser un usage que des raisons non moins bonnes ont fait abandonner. D’ailleurs, si l’on observe que l’ordre de réitérer l’onction pendant sept jours n’est pas donné dans tous les manuscrits ; que les exemples d’exécution de cette rubrique sont rares ; que le rite décrit dans les sacramentaires était très long, exigeait la présence de plusieurs prêtres et qu’il devait être souvent impossible au clergé d’oindre, pendant une semaine, non un évêque comme saint Rambert, mais chacun des malades de la communauté ; si on constate que, là même où on le faisait, on tenait pour valide la collation du rite en une fois ; si enfin, on se souvient que l’usage ne prend racine ni dans le texte de saint Jacques ni dans les plus vieux témoignages, n’a-t-on pas le droit de penser qu’il n’était ni souvent suivi, ni universel, ni ancien ? L’iiabitude de réitérer les deux rites qui encadraient l’onction : confession et viatique ; le désir naturel, si le retour à la santé se faisait attendre, de forcer la main à Dieu ; la coutume alors générale de considérer ce sacrement comme un remède de l’âme et du corps, ces motifs — et ils sont d’ordre humain — ne peuvent-ils pas expliquer fort bien la réitération de l’extrême onction dans des églises plus ou moins nombreuses, en certains cas et pendant un temps plus ou moins long ?

Bède, dans son commentaire sur le verset de saint Marc, parle de l’huile répandue sur les possédés, energumeni vel alii quilibet œgroti. Peut-être, soit parce <iue certains étaient réellement malades, soit parce que tous étaient considérés comme dans un état morbide, les énergumènes reçurent-ils en certaines églises l’extrême onction. Mais puisque saint Bède explique en cet endroit une affirmation de l’Évangile qui nomme les deux catégories de personnes, malades et possédés, peut-être fait-il allusion aux applications d’huile qui étaient en usage d’une j^arl dans les exorcismes, d’autre part sur les moribonds, rapprochant deux opérations semblables en apparence et sans dire qu’elles sont identiques de tout point. Théodulfe paraît attester que jadis on a donné l’onction des malades aux possédés, mais qu’on ne le fait plus : Encrgiimenos cliam legimus oleo sancto perunctos et sanalos. Loc. cil. Les autres textes de ces deux siècles ne font plus mention expresse de ce groupe de malheureux.

Matière employée.

 C’est l’huile qui est versée

(huile sainte, consacrée, sanctifiée, des infirmes : telles sont les appellations les plus fréquentes). Tous les documents s’accordent à attester qu’elle doit être bénite. En Occident, elle l’est par l’évêque ù qui seul il appartient de la consacrer : il le fait le jeudi saint. Amalaire commente la prière en usage : c’est celle du sacramentaire d’Hadrien. En Orient, le prêtre peut bénir la

matière : il en est ainsi chez les grecs (pseudo-Théodore ) et chez les arméniens (Otznetzi). Un capitulaire de Charlemagne semble affirmer que la même huile servait pour les catéchumènes et pour les malades : le prêtre qui va chercher les matières consacrées par l’évêque n’est invité à emporter que deux ampoules : l’une pour le chrême, l’autre pour l’huile. Trois vases, au contraire, sont exigés par Rodulphe (chrême, huile des infirmes, huile des catéchumènes). Théodulfe, Amalaire distinguent expressément les deux espèces d’huile. Chez les grecs, à côté de la matière du sacrement, il y avait d’autres onguents (saint Jean Damascène).

Onctions et prières qui les accompagnent.


D’absorption d’huile, il n’est plus question. La matière est versée sur le malade. Celui qui oint le fait en traçant une croix (documents liturgiques) sur les membres. Le geste devrait être accompagné d’une prière et, selon la recommandation de saint Jacques, être fait au nom du Seigneur (Bède, capitulaires, Amalaire, pseudo-Egbcrt, Hincmar, Reginon, etc.). Les sacramentaires décrivent le rite. Théodulfe propose des onctions entre les épaules, au cou, sur la tête, sur les sourcils, sur les narines, sur les lèvres, sur les oreilles, sur la gorge, sur la poitrine, sur les mains, sur les pieds : au total, douze signes de croix. Il reconnaît et trouve légitime que certains ministres fassent vingt onctions ; que les grecs, du moins il le dit, se contentent de trois. L’étude des divers manuscrits liturgiques connus atteste que chaque église a ses usages. Les cinq sens sont souvent mentionnés, mais ne le sont pas toujours : les grecs (Théodulfe et Ordo de Goar) ne les oignent pas. Certains sacramentaires (grégorien de Ménard) ne parlent pas non plus des cinq sens. A côté des membres énumérés par Théodulfe, on en signale d’autres chez les lutins : front, tempes, plante des pieds, genoux, jambes, mollets, parties malades. L’Orrfo /// veut qu’on oigne presque tous les membres. Les reins ne sont pas mentionnés, mais plusieurs fois il est parlé de l’onction (’;  ! umbilico. S’il fallait en croire Théodulfe, les grecs feraient à trois reprises une onction allant de la tête aux pieds, puis de la main et du bras droits au bras et à la main gauches. L’Ordo de Goar nomme le front, les oreilles et les mains. La formule abrégée du sacramentaire de Saint-Remi ne prescrit qu’une application d’huile. Les usages sont divers et tenus tous pour licites.

Même variété de formes. Divers types se rencontrent : l’un purement indicatif, l’autre exclusivement dôprécatif (ou optatif ou impératif) ; un troisième mixte. Ce dernier (Ungo te… ut…) est le plus répandu. C’est celui que Théodulfe attribue aux grecs (Ungo le in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, ut oratio fidei salvet te et allevict teDominus et si inpeccatissis, remitt<inlurtibi) ; ceui des rituels celtiques (Mulling : Unguo te de oleo sanctificationis in nomine IJei Patris et Filii et Spiritus Sancti ut salvus eris in nomine sancte Trinitatis). On le trouve très fréquemment dans les Ordines des sacramentaires. La forme déprécative est plus rare, mais se rencontre pourtant (eucologe grec de Goar ; Ordo II : In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, sil tibi hsec perceptio olei sanctificationis ad purificationem mentis et corporis ; Ordo III, ù l’onction finale ; /X, X, etc.). On peut relever aussi une ou deux formules purement indicatives (Ordo II et A’: Ungo collum luum de oleo sancto in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti). Bien plus, les diverses prières qui se suivent dans un même livre liturgique ne sont pas toujours du même type ; certains rituels donnent pour la même onction des formules différentes ad libitum. Ainsi les hommes de l’époque ne paraissent pas attacher d’importance aux termes employés. Martène, op. cit., p. 117, con-