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EXTRÊME ONCTION DU 1° AU 1 X « SIECLE

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gueil et les tumeurs, à débarrasser des poussières, des plaies et des vanités, etc. La rémission des péchés est formtlleinent souhaitée, à plusieurs reprises. (Une vie qui n’expose plus à la correetion ou une fin qui ne mène pas à la perdition, nec ad correplionem aliquando sanitas, nec ad pcrditioncm… mine perducal infumitas.) D’autres paroles peuvent aussi faire allusion au ciel. Redimat de interilu vitam tuam et salict in bonis desiderium tuam. Et tous ces dons, le texte liturgique raffirme, ne sont pas demandés par la prière, indépendamment de l’onction : c’est cet acte lui-même qui les confère, dit le texte avec une intraduisible vigueur : fiatque illi hec olei sacra perunctio concita morbi presentis expulsio et peccalorum omnium cxoptata remissio. .Sans vouloir insister outre mesure sur ces mots, nous sommes obligés de reconnaître qu’un théologien catholique, c’est-à-dire partisan de la doctrine de la causalité sacramentelle ex opère operato, trouve ici une formule qui convient à merveille pour l’expression de sa pensée. Ce texte vaut, à lui seul, un petit traité de l’extrême onction et s’il est antérieur aux invasions barbares, connne le pense l’éditeur, on sent l’importance d’un témoin de la foi des clicfs et des fidèles espagnols de cette époque.

Nous désirerions posséder aussi les prières alors récitées pour la consécration de cette huile. Nous avons seulement une formule pour la bénédiction d’une liqueur aromatisée (elle n’est pas nommée huile, mais iinguentum, on y met de l’encens pilé, et des parfums, pigmentis, aromatibus) destinée aux malades et qui était consacrée le jour de la fête des saints médecins Cosme et Damien. Op. cit., col. 69-71.

On trouve, il est vrai, d’autres e.xorcismes et bénédictions sur l’huile. Une de ces prières devait, si l’on en croit le texte, servir à la fois pour l’huile des catéchumènes et pour celle des infirmes. Op. cit., col. 23. Mais, comme dans les diverses formules de cette oraison, il est parlé en même temps du baptême et de l’extrême onction, nous ne pouvons découvrir, à la lecture de cette pièce, ce que pensaient l’auteur et son milieu de chacun des deux rites. Une autre prière très longue, op. cit., col. 8, après avoir rappelé la promesse de saint Jacques, y compris l’i.ssurance conditionnelle du pardon des péchés, et après avoir supplié non seulement lapuissance, maisencorela douceur et la pureté de la sainteté de Dieu, dresse le catalogue de toutes les maladies et prie le Seigneur d’en délivrer le malade : les faveurs spirituelles et la rémission des fautes ne sont plus sollicitées expressément. Or, dit l’éditeur, cette oraison est « d’une rédaction sensiblement postérieure à celle de l’ensemble du texte de notre Liber ordimim. » Loc. cit., col. 7, note "2. Et, en elïet, c ?tte prière se retrouve, substantiellement du moins, dans le missel de Leofric, du xie siècle. Warren, Tlie Leofric misscd as uscd in Ihe calhedral of Exeler during the cpiscopate oj ils firsl bisliop, Oxford, 1883, p. 257. On voit ce qu’il faut penser de l’hypothèse de Puller et d’autres critiques non catlioliques : dans l’antiquité, l’onction des malades ne sert qu’à rendre la santé ; dans le haut moyen âge, elle devient un sacrement qui remet les péchés et confère la grâce. Nous constatons ici le phénomène contraire : dans les prières mozarabes antiques, les faveurs spirituelles sont sollicitées ; dans les formules tardives, il n’en est plus parlé.

On a découvert aussi deux pièces (et une formule de rechange surajoutée) pour la bénédiction de l’huile dans le missel de Bobbio. L’ouvrage ou du moins la partie du manuscrit où elles se trouvent est, au jugement des liturgistes, du viie siècle. C’est, aHirnie dom ^Vilmart, art. Bobbio(Missel rfe), dans le Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. ii, col. 947, connne « un exemplaire du rituel usité en pays franc au tournant du vii » siècle : le fond demeure propre ment gallican, il est accru de compositions mozaïabiques, l’apport romain est relativement peu considérable. 1) L’exorcisme est banal dans sa première partie. La seconde est ainsi rédigée : ci sit ei qui ex hac creatura olei contingitur, ubicunque in membris illius tetigerit vel perfusus fucrit. Domino auxilianle, bencdictionem percipiat et vitam œlernam pcrcipere merecdur. La bénédiction qui suit demande que l’huile soit sanctifiée et que celui dont le corps ou un membre en aura été oint ou arrosé mérite d’obtenir la grâce du salut et la rémission des péchés et la santé céleste. P. L., t. Lx.xii, col. 574. Ainsi des faveurs spirituelles sont nommées. Pour pouvoir ne faire aucun cas du texte, Puller, op. cit., p. 392 sq., essaie de démontrer que la formule est vague et que l’huile dont la bénédiction est ainsi faite ne devait servir ni aux catéchumènes, ni au.x malades, mais aux chrétiens en général. Est-ce sûr ? Pourquoi oindre un membre, si ce n’est parce qu’il est souffrant ; la scmté céleste mentionnée ne laisserait-elle pas entendre que le sujet du rite accompli est un malade ? S’il ne s’agit pas ici de l’huile des infirmes, ne doit-on pas présumer que cette dernière, préparée en vertu du conseil de saint Jacques^ devait avoir au moins semblable efficacité ? Nous igno*^ rons si ces prières servaient pour la consécration de la matière sacramentelle, mais nous possédons une nouvelle preuve de l’irrecevabilité de l’hypothèse d’après laquelle, dans les sept premiers siècles, l’onction n’aurait jamais été employée que comme moyen d’obtenir la santé corporelle.

Sur les rites et prières en usage à Rome, pour l’onction des malades pendant cette période, nous ne sommes pas renseignés. Sans doute, on trouve dans certains manuscrits du Sacramentairc grégorien des formules pour l’administration du rite, mais ces exemplaires ne sont pas antérieurs à la fin du viiie siècle ; et si beaucoup des prières qu’ils contiennent sont plus anciennes, du moins, la prudence conseille de « prendre le sacramentairc grégorien comme correspondant à la liturgie romaine au temps du pape Hadrien » (avant 784). Duchesne, op. cit., p. 125. L’antiquité de ces oraisons semble d’ailleurs un peu suspecte : on ne les trouve pas dans le Sacramentairc gélasien (composé entre 628-731). Ducliesne, op. cit., p. 130. L’absence d’un rituel pour la visite du malade dans ces recueils ne doit pas surprendre : les sacramentaires grégorien et gélasien ne contiennent pas un rituel complet. Et déjà Innocent P’"' avouait que le chef de la communauté était trop accablé d’autres occupations pour avoir le temps d’oindre lui-même tous les malades.

Mais on trouve dans les deux ouvrages, et précisément parce qu’elle devait être prononcée par l’évêque à la messe du jeudi saint, une formule pour la bénédiction de l’huile des malades. Elle pouvait donc servir dès le viie siècle. Cette prière (nous donnons le texte gélasien, P.L., t. lxxiv, col. 1100 ; on trouvera entre parenthèses les variantes du grégorien, édit. Muratori, Liturgia romana velus, Venise, 1748, t. ii, col. 55) était récitée vers la fin du canon, avant le Pater. Emilie, quxsumus. Domine, Spiritum Sanctum {tuum) Parælitum de ceelis in liane pinguedinem olei (olivœ) quam de viridi ligno prodiicere dignatus es ad refeetionem mentis et corporis (ad rcjectioncmcorporis). Et tua sancta benedictio sit (ut tua sancta benedictione sit) omni ungenti, gustanti (ungiienliim tangenti), tangenti tutumentum corporis, imiimi’et spiritiis (tutamentuni mentis et corporis), ad evacuandos omnes dolores, om-’nem infirmilatem, omnem œgritudinemmentis et corporis (eegritudincm corporis) ; unde unxisti saccrdotes, reges et prophetas et martyres, chrisrna tuum per/ectum Domine a te benediclum, permanens in visccribus, in nomine (bencdiclunij^in nomine) Domini nostri Jcsii Christi,