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EXTRÊME ONCTION DU ! AU 1X « SIÈCLE


Il n'était plus en usage. Un scribe, répond PuUer, a dû être étonné en constatant que la prière de Sérapion était nuictte sur ce qu’il considérait, avec les hommes de son temps, comme un elïet important de l’onction des malades. En toute bonne foi il a complété le manuscrit. Op. cit., p. 97. C’est là une supposition gratuite. « La suppression opérée » est « tout à fait arbitraire. » Lejay, Ancienne philologie chrétienne, dans la Revue d histoire et de littérature religieuses, Paris, 1906, t. ::, p. 373 ; c’est une interprétation « aprioristique » . Doudinhon, op. cit., p. 404.

Mais, objecte Puller, op. cit., p. 98, comment expliquer que l’inconcevable don de la rémission des péchés soit énoncé d’une manière si peu saillante, se trouve comme perdu au milieu des autres faveurs ? Il est facile de répondre que, si l’on veut bien ne pas détourner de leur sens naturel les mots qui précèdent {bonne grâce), ceux qui suivent (remède de vie et de salut, santé et intégrité de l'àme, du corps et de l’esprit), il n’en est nullement ainsi. Les mots rémission des péchés sont bien encadrés, bien amenés, bien complétés. Le début de la phrase vise les infirmités du corps ; la fin, les maladies et la santé de l'âme. Reprocher à cette seconde oraison de contenir des clauses qui ne sont pas dans la première, Puller, op. cit., p. 98-99, c’est donner à la fois la question et la réponse : il est normal que le même recueil ne contienne pas deux prières ayant la même raison d'être et le même contenu. Dire qu’un personnage, tel que Sérapion, n’a pas pu parler comme si l’huile produisait la grâce f.r opère operalo, Puller, op. cit., p. 99, n. 1, c’est partir d’une idée préconçue, c’est oublier en quels ternies les Pères, dès la plus haute antiquité, célèbrent la vertu et le mode d’efficacité de l’eau baptismale.

Une seule objection est spécieuse. Le titre porté : « Prière sur l’huile des malades ou sur le pain ou sur l’eau. » Pourquoi ces deux derniers éléments sont-ils nommés ? De quel droit la rémission des péchés est-elle attachée à leur emploi ? Si l’huile est sacramentelle, le pain et l’eau devraient l'être aussi. Puller, op. cit., p. 98. Kern, op. cit., p. 56, propose une explication très ingénieuse. Dans certaines Églises orientales, chez les Russes, par exemple, on emploie non seulement de l’huile, mais aussi du froment et du viii, matières qui pourraient avoir succédé au pain et à l’eau. Elles ne sont évidemment qu’accessoires. Cet usage ne remonterait-il pas à une habitude antique qu’attesterait l’eucologe de Sérapion : les malades auraient été oints d’huile, mais on leur aurait aussi présenté des compléments secondaires, l’eau et le pain. Toute dilliculté disparaîtrait. L’hypothèse est séduisante. Mais nous sommes trop peu renseignés sur l’origine de l’emploi de froment et de vin dans les liturgies modernes pour pouvoir avec certitude le rattacher à un usage d’ailleurs un peu différciit de l'Église de Thmuis au ive siècle.

Drews, Ucbcr Wobbcrmins « Allchristiche liturgische Stiicke cuis dcr Kirche ^Egijptens » , dans Zeilschrift jiir Kirehengeschichte, t. xx, p. 303, et Funk, Didasccdia et conslitutiones upostolorum, Paderborn, 1906, t. ii, Testimonia et scripluræ propinquæ, p. 191 sq., observent que, dans le corps de la formule, l’huile seule est nommée expressément, et que le litre ne porte pas : prière sur l’huile des malades et sur l’eau et sur le pain. Mais sur l’huile ou l’eau ou le pain. Donc, l’oraison fut faite avant tout pour l’huile des malades ; tout ce qu’elle contient s’applique à cette malière. Peut-être, on voulut aussi parfois employer cette prière pour l’eau ou le pain destinés à certains usages religieux ; et alors, on se servit de la formule rédigée pour l’huile en faisant les modifications requises. Quels étaient ces changements ? Nous l’ignorons. L’un d’eux semble indiqué : des faveurs sont demandées pour ceux qui seront oints

ou pour ceu.v qui participeront à ces créatures. D’auti’es modifications étaient-elles opérées, nous l’ignorons. La prière, sous la forme la plus longue, indiquerait ce qui se rapporte à l’huile ; sur le pain et l’eau, n’auraient été prononcés que les mots qui leur convenaient. On bien la formule était récitée sur les trois éléments, mais deux d’entre eux apparaissent au second plan. La prière aurait donc énuméré, sans déterminer ce qui était produit par le pain seul ou l’eau seule, les efïets des trois matières. Mais dans l’une et l’autre hypothèse, puisque seule l’huile est formellement nommée, c’est à elle uniquement peut-être, et à coup sûr c’est à elle avant tout, que sont attribués tous les fruits de la bénédiction. L’historien désirerait être mieux renseigné, mais il a le droit de conclure qu’ici « est mentionnée l’huile de l’extrême onction, » Funk, toc. cit., et il peut appliquer ce texte à elle sans être contraint d’admettre qu’il y avait un sacrement du pain et de l’eau.

Dans les autres documents liturgiques de l'époque, d’ailleurs rares, il y a peu à glaner. Mais encore faut-il observer qu’on n’y découvre rien de contraire à la iloctrine catholique. Dans les fragments latins, Dù/ascaliæ apostolorum fragmenta vcronensia latina, édit. Hauler, Leipzig, 1900, p. 107, et dans la version éthiopienne (citée par Puller) de la Didascalie des apôtres, on trouve une formule de bénédiction qui doit être prononcée sur l’huile offerte. On peut admettre que l’original grec perdu dont nous avons ici la traduction ressemblait à la formule suivante : « Sanctifiant cette huile, ô Dieu, accordez à tous ceux qui en usent et la reçoivent cette onction dont vous avez oint les prêtres et les prophètes. Ainsi donnez la force à ceux qui la boivent et la santé à ceux qui en usent. » Donc, conclut triomphalement Puller, op. cit., p. 106, ici encore, il est question de santé et non de rémission des péchés, de grâce sanctifiante. Assurément, ces derniers mots sont absents. Il est pourtant parlé des dons accordés aux prêtres et aux prophètes et ce sont des faveurs spirituelles. Du reste, nous ignorons complètement si le texte vise la matière d’une onction officielle, ecclésiastique, des malades ou une huile apportée par les fidèles et conservée par eux pour leur usage privé, comme l’est aujourd’hui encore l’eau bénite. La formule qui amène la prière suggère plutôt cette dernière hypothèse : Si guis oleum offert. On récite la prière lorsqu’un h.'.êle offre de l’huile au service liturgique et non pas toujours. De plus, cette matière est destinée à servir de breuvage, aussi bien que de Uniment. Tout usage qu’on en fait peut être utile : il ne s’agit donc plus de l’onction recommandée par saint Jacques, mais de l’emploi d’un objet bénit. Le texte se rapproche de celui de la première prière de l’eucologe de Sérapion.

Faut-il citer ici le Testamentum Domini, édit. Rahmani, Mayence, 1899? Sans doute la plupart des érudits estiment que cette compilation est du v-e siècle (Achelis, Funk, Morin, Batiffol, Bardenhewer). Néanmoins, puisqu’elle est en bonne partie un remaniement ou une amplification des textes antérieurs, puisqu’elle se relie plutôt aux documents déjà cités qu’aux pièces liturgiques à examiner dans la suite, c’est peutêtre le lieu de reproduire la prière de bénédiction qui se trouve dans cet ouvrage, 1. I, n. 24, p. 48, 49.

Si le prêtre consacre l’huile pour la guérison de ceux qui souffrent, que, posant devant l’autel le vase, il dise à voix basse : Seigneur Dieu qui nous avez accordé l’Esprit, le Paraclet, le Seigneur, le nom sauveur, inébranlable, caclié aux fous et révélé aux sages, Christ qui nous avez sanctifi ; s et qui, par votre miséricorde, rendez sages vos servi, leurs que vous avez choisis par votre sagesse, vous qui avez envoyé à nous, pécheurs, la connaissance de votre Esprit par votre sainteté, nous accordant la puissance de voire Esprit ; vous qui guérissez toute maladie et soulTrauce,