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EXTRÊME ONCTION DANS L'ÉCRITURE


L ; l l'Épitre de saint Jacques préscnle le mal comme une épreuve, i, 2, 3, 12 ; v, 10, 11 ; la pauvreté comme une cause d'élévation, r, 9 ; l’abaissement du riche comme une source de gloire, i, 10 ; iv, 10.

Ceux qui souffrent ne sont pas coupables, mais heureux, v, 11 ; i, 12. Ce que le péché engendre, c’est la mort, I, 15, et non la maladie. Ce qui punit les fautes, ce n’est pas la souffrance physique de ce monde, c’est le jugement et ses suites, i, 3, 9, 12 ; iv, 12 ; iv, 1. D’autre part, la rémission des péchés n’est pas présentée par saint Jacques comme l’effet premier du rite : « La prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera, et si le patient a des péchés, rémission lui sera accordée. » C’est en dernier lieu que la valeur propitiatoire de l’onction est indiquée ; le pardon des fautes n’est promis que d’une manière hypotluHique, les deux autres effets sont garantis sans condition. Donc, d’après saint Jacques, on peut être malade sans être pécheur, relevé et sauvé sans être purilié. Pourquoi d’ailleurs une onction serait-elle requise si l’hypothèse ici combattue était vraie ? Tout acte qui obtient à l’homme le pardon de ses fautes devrait lui rendre la santé.

Il est donc impossible aux exégètes ou théologiens non calholiciues, cjni se refusent de voir dans l’extrême onction des catholiques le rite primitif, de découvrir en quoi ce dernier consistait ; toutes les hypothèses proposées sont insoutenables.

2. L’extrême onction de V Église catholi(/uc est vraiment le rite décrit par saint Jacques. — <v) La foi enseigne cette identité. — Bien avant le concile de Trente, avant même les synthèses théologiques du moyen âge, jusqu'à nos jours, l’onction des malades est présentée connue l’acte prescrit par l'Épitre. Presque tous les écrivains qui, au cours des siècles, ont mentionne cet usage, ont aussi rappelé le texte de saint Jacques ; la plupart des liturgies invoquent la reconunandation biblique ou y font allusion ; tous les exégètes qui ont conunenté l'Épitre ont cru découvrir au c. v le rite qu'à leur époque l'Église catholique accomplissait sur les malades. Cajetan seul, Comment, in S.Jacobi episL, édit. de 1.556, p. 419, fait exception. On lit bien aussi ilans Calmes, Épilres cutlwliques, Apocalypse, p. 21 : " Il semble que l’effet des onctions et des prières est de rétablir le malade, de le préserver de la mort a fin qu’il puisse assister au retour du Seigneur (cf. I Thés., IV, 13-18). » Simple variante avec atténuation (le l’interprétation de von Soden, discutée plus haut. Cette opinion repose sur un rapprochement gratuit de l’allirniation de Jacques et d’un texte biblique arijitrairement choisi parmi ceux qui traitent de la résurrection, texte qui s’applicjue non aux malades, ' mais aux chrétiens C|ue surprendra la parousie. Calmes continue : " Un autre effet non moins important, c’est la rémission des péchés. Mais ceci dépend autant des prières faites par les fidèles que des onctions pratiquées par les presbytres. » Or, le sacrement catholique des malades n’a jamais été représenté comme un moyen pour les patients de demeurer « vivants jusqu'à l’avènement du Seigneur, » afin d'être « emportés avec les morts ressuscites à la rencontre du Christ. » I Thés., IV, 10, 17. Le rite de Jacques ne serait donc pas notre sacrement. Mais l’auteur ajoute : « On sait que l’interprétation officielle de l'Église rattache le rite mentionné ici au sacrement de l’extrême onction. » Ainsi comme exégète catholique, Calmes ne se sépare pas des autres interprètes. On peut vraiment dire que déjà le magistère ordinaire de l'Église semble adirmer l’identité de l’onction de Jacques et de celle des catliolicpies.

Cette doctrine a été oiticiellement enseignée. Innocent I", dans sa lettre à Decentius, évêque d’Eugubium, Denzinger-Bannwart, n. 99, après avoir cité les paroles de î'apôtrc, écrit : « A n’en pas douter, elles

doivent être reçues ou entendues des fidèles malades qui peuvent être oints, etc. » Voir Extrême

    1. ONCTION CHEZ LES PÈRES DES NEUF PREMIERS SIÈCLES##


ONCTION CHEZ LES PÈRES DES NEUF PREMIERS SIÈCLES.

De même, dans la profession de foi que le II" concile de Lyon obtint de Michel Paléologue, on lit : « L’extrême onction, selon l’enseignement du bienheureux Jacques, est employée auprès des malades. » Denzinger-Bannwart, n. 465. Le décret d’union des Arméniens rendu à Florence porte : » Le bienheureux apôtre Jacques parle de ce sacrement : Quelqu’un est-il malade. » Ibid., n. 700.

Le concile de Trente, sess. XIV, De sacramento exlremx unclionis, ibid., n. 908 sq., ne fait pas autre chose qu’un commentaire des affirmations de saint Jacques. Il ne les perd pas de vue un instant, dans les trois chapitres, et dans trois des quatre canons qu’il rédige, il cite les affirmations de l’apôtre, il en dégage toute la doctrine qu’il propose, et il le déclare expressément : « Par ces paroles [celles de l'Épitre], que l'Église a reçues comme de main en main de la tradition des apôtres, elle a appris elle-même et elle nous enseigne ensuite quels sont la matière, la forme, le ministre propre et l’effet de ce sacrement, » c. i. Le concile veut-il indiquer la matière et la forme : il observe que, d’après saint Jacques, c’est l’huile et la prière, c. i. Décrit-il les effets du rite : la grâce, la destruction des restes du péché et le pardon des fautes, le soulagement et la confiance du malade, sa patience dans la douleur et la force dans la tentation, le rétablissement de la santé : il rattache tout aux paroles de l’apôtre comme à une promesse générale d’oii découlent ces diverses faveurs, c. ii. Déterminc-t-il le ministre et le sujet : le concile consulte saint Jacques ; ce sont les prêtres qui, d’après lui, font l’onction et ce sont « les malades, principalement ceux cjui sont attaqués si dangereusement qu’ils paraissent prêts à sortir de la vie, » qui doivent la recevoir, c. m. L’assemblée cherche-t-elle l’origine du rite, elle n’hésite pas : il a été recommandé et promulgué par Jacques, c. i.

xussi, le concile rejette-t-il les autres interprétations des paroles de l’apôtre : « Il ne faut donc écouter d’aucune manière ceux qui disent… que le rite et l’usage observé par l'Église romaine dans l’administration de ce sacrement est contraire au sentiment de l’apôtre Jacques. » Ce qui est « opposé à l’opinion manifeste et claire » de cet écrivain sacré, ce sont les théories qui font de l’extrême onction « une invention humaine, une pratique dérivée des Pères, non fondée sur un précepte divin et n’enfermant pas une promesse de grâce. » Et c’est une erreur de soutenir cjue le rite antique, celui dont parle l'Épitre, « aurait pris tin, comme s’il se ramenait au charisme des guérisons, propre à la primitive Église. » Bref, « l'Église romaine n’observe cjue ce que Jacques a prescrit, » c. m.

Le concile a même pris soin de définir cette doctrine : il est de foi que « l’extrême onction est un sacrement promulgué par le B. apôtre Jacques, « can. 1. Il est de foi que « l’onction sacrée des infirmes confère la grâce, remet les pécliés, soulage (le concile emploie le mot cdleviarc de la Vulgate) les infirmes, qu’elle n’a pas cessé, comme si elle était autrefois seulement le charisme des guérisons, » can. 2. Il est de foi que n le rite et l’usage de l’extrême onction observé par la sainte Église romaine n’est pas en désaccord avec le sentiment du B. apôtre Jacques…, » can. 3. Il est de foi que « les presbgtrcs de l'Église que le B..Jacques exhorte à faire venir auprès du malade à oindre ne sont pas les vieillards de toute communauté, mais les prêtres ordonnés par l'évêque et que pour ce motif le propre ministre de l’extrême onction est le prêtre seul, » can. 4. Voir Extrême dnctio.x d’après le concile DE Trente.