Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée
1907
1908
EXTRKME ONCTION DANS L’ECUITURE


marquée, à cette époque, avec la même rigueur et la même insistance qu’elle le fut plus tard, et, pour ce motif déjà, l’explication proposée excite quelque défiance. On lit dans la 1'" Épitre de saint Jean, ii, 1 (et Puller connait le passage, puisqu’il essaie de l’exploiter, p. 24) : » Si quelqu’un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Clirist, » la forme est conditionnelle. S’agit-il pointant des seuls péchés graves, Jésus-Christ se désintéresserait-il des fautes légères et refuserait-il de nous en obtenir le pardon ? Non, à coup sûr. Donc, ici aussi, la phrase : « Si le malade a commis des pécliés » peut s’appliquer à des transgressions moins graves. Sans doute, en beaucoup de choses, tous nous bronchons. Jac, iii, 2. Mais si un malade, quel qu’il soit, a commis des fautes vénielles pendant sa vie, il peut en avoir ou ne pas en avoir obtenu le pardon par un des nombreux moyens qu’indique l'Écriture elle-même, avant d'être atteint par la souffrance. Et ainsi s’explique fort bien l’emploi de la forme conditionnelle : « Si le malade a péché, s’il se trouve avoir commis des péchés, » c’est-à-dire si ces péchés graves ou légers ne lui sont pas encore remis, la suite le prouve avec évidence, « le pardon lui sera accordé. »

Il n’y a donc pas lieu de découvrir dans la pensée de l’apôtre une précision c|ui n’y est pas. Essayer d’y ajouter, c’est cette fois encore l’amputer. Gardons à cette phrase, comme aux précédentes sur le salut et le relèvement, la portée la plus générale. Si le malade a des péchés sur la conscience, quels qu’ils soient, rémission lui sera accordée. Tous ceux qui ont étudié avec attention l'Épître de saint.Jacques ont observé que l’auteur use volontiers détenues vagues et généraux. Cf. Jacquier, Histoire des livres du Nouvecni Testament, Paris, 1908, t. iii, p. 224, qui cite de nombreux exemples.

Pour désigner le sort fait aux péchés du malade, saint Jacques recourt au mot technique qui, déjà à cette époque — de nombreux exemples l’attestent — et toujours depuis, signifie le pardon : rémission sera accordée. La promesse est sans restriction. Chez tous, toutes les fautes disparaîtront. Les exégètes et tliéologiens catholiques ont souvent essayé de déterminer ce qui était enlevé. Ils ont parlé des fautes vénielles, des péchés graves involontairement oubhés, des peines temporelles, des suites de la transgression : langueur de l'âme, tendance au mal, habitudes coupables, etc. Chois r un de ces éléments, c’est dire trop et trop peu. Si l’on veut préciser, ce n’est pas à des conceptions postérieures, quelque respectables qu’elles soient, qu’il faut faire appel : saint Jacques doit être expliqué par saint.Jacques. Or, il ne nomme pas le péché sans faire apparaître aussitôt la perspective de ses cliâtiments ; des misères prêtes à fondre sur le coupable, v, 1-5 ; de l’inimitié de Dieu, iv, 4 ; de la stérilité de la foi, ii, 17, 20 ; du jugement et de la condamnation à redouter, ii, 9, 12-l, 3 ; iii, 1 ; v, 9, 12 ; de la mort engendrée par l’iniquité, !, 15 ; v, 20. Remettre les péchés, c’est évidemment purifier le cœur, iv, 9 ; couvrirla laute, , 20 ; mais puisque, dans la pensée de l’auteur, le délit et le châtiment sont inséparables, il est permis de supposer que c’est aussi atteindre ce cjui a été nonnné depuis le reutus pœnæ. Les théologiens et les exégètes qui parlent de la disparition des restes du péché sont donc fidèles, semble-t-il, à la pensée de l'écrivain. ÎNIais il faut ajouter qu’elle n’est pas clairement exprimée. Il est donc plus prudent de s’en tenir au mot même de riipître : Si le /naïade a des péchés, réuiission lui sera accordée.

Conunent cette grâce est-elle donnée'? Il faut se souvenir que la promesse du pardon des péchés est immédiatement suivie des mots : « Confessez les uns aux autres vos péchés. » Trois hypothèses pouvaient

ilonc être émises et l’ont été.'^OuXbien le pardon est accordé par l’onclion seule, ou bien il ne l’est que par la confession, ou bien il l’est par les deux moyens selon les circonstances.

Refuser à l’onction toute efficacité pour la rémission des fautes est impossible. Comme le]dit~très justement M. Boudlnhon, op. cit., p. 391 : ' Qu’on veuille bien relire le passage en discussion : La prière de la foi le scuu’cra, et le Scigiteur relèvera le nudade et s’il a commis des péchés, ils lai seront pardonnes, de]cette lecture on recevra l’impression bien nette qu’il n’y est question que d’un seul rite, destiné aux malades, mais le même pour tous. Ce rite consiste dans la prière sur le malade et l’onction faite sur lui au nom du Seigneur. De cet unique rite découlent deux sortes d’effets, l’un pour le corps : la prière fidèle sauvera le malade et Dieu le relèvera ; l’autre pour l'âme : ses péchés, s’il en a, lui seront pardonnes. Pourquoi séparer ces deux parties d’une même phrase moralement reliées par la conjonction cr ? N’est-il pas évident qu’il s’agit du même malade, du commencement à la fin de la phrase'? Au chrétien malade, quel qu’il soit, on Indique ce qu’il doit faire : appeler les presbytres ; à ceux-ci, on indique également ce qu’ils auront à faire : prier sur le malade et lui faire l’onction au nom du Seigneur, enfin on dit ce qui en résultera… Connnent supposer que cette rémission des péchés résulte d’autre chose que de ce qui précède : la prière et le rite de l’onction ? » L’argument prouve que cet acte agît sur les péchés.

D’autre pari, la confession doit servir à quelque chose. Saint Jacques la recommande en termes exprès : Confesse : donc vos péchés les uns aux autres. Dire qu’elle n’est utile que pour la consolation des fidèles, pour les exciter à demander la conversion de leurs frères, ce n’est pas faire une réponse suffisante. Il s’agit ici, aucun doute n’est possible, l’apôtre le dît : de rémission des péchés. Et ce pardon est lié par lui à la confession d’une certaine manière, puisqu’api'ès avoir écrit : « Si le malade a commis des fautes, elles lui seront pardonnées, » il ajoute : Confessez donc vos péchés. Le théologien qui isole les versets 14 et 15 et les examine en eux-mêmes, comme s’ils n’avaient aucun contexte, escamote la difficulté : il ne la voit pas. Mais pour tout lecteur impartial de l'Épître, elle existe et il faut la résoudre.

M. Boudinhon, toc. cit., p. 393-394, suppose qu’il s’agit de péchés légers et de leur rémission sacramentelle par une sorte de confession rituelle, telle qu’elle se pratique à plusieurs reprises dans la liturgie et notamment avant l’administration de l’extrême onction. » L’explication est Ingénieuse et c’est assurément la meilleure qui ait été proposée par les interprètes qui se refusent à voir en ce passage une allusion à la pénitence. Mais elle ne va pas sans difllculté. Est-il vrai qu’il n’est question ici que des peccala leviora, de ces fautes légères qu’il n’est pas nécessaire de soumettre à un rite distinct de l’onction et que l'Écriture présente comme pouvant être effacées par divers procédés ? Rien ne le prouve. Et si Puller a évidemment tort de soutenir que l’apôtre vise seulement les péchés graves, encore ne faut-il pas verser dans l’excès contraire et dire que seules sont en cause les fautes légères ? En fait, saint Jacques ne distingue pas ; il écrit : « Si le malade a commis des péchés, rémission lui sera accordée. » Ajouter à ce texte, c’est le transformer. Et puis, même s’il s’agit de fautes vénielles et de la confession rituelle, le texte de l’apôtre reste embarrassant, inexpliqué. Ou ces péchés sont pardonnes par l’onction des presbytres et alors, pourquoi exiger la confession, pourquoi écrire : les fautes seront remises. Confessez DONf…' ! Ou bien, c’est cet aveu liturgique distinct de la pénitence qui, comme l’aumône, le pardon des injures, etc., obtient le pardon