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EXORCISTE — EXPERIENCE RELIGIEUSE


la marche à suivre et les formules à employer pour un exorcisme. Voici les principales de ses prescriptions, qui ne sont elles-mêmes que l’application des règles ordinaires de la prudence et des principes théologiques résumées à l’art. Exorcisme, col. 1775 sq.

1 » Appelé à se mesurer en quelque sorte avec le démon et à lui commander au nom de Dieu, que l’exorciste se recommande par un ensemble de qualités morales et de vertus en rapport avec cette haute et délicate mission. Qu’il soit donc de mœurs irréprochables, conformément à ce qui lui a été dit dans son ordination : Il Secouez toute impureté et toute malice, pour n'être point vaincus par ceux que votre ministère vous appelle à chasser ; apprenez par votre office même à commander aux habitudes vicieuses, de peur que votre conduite ne donne à l’ennemi quelque droit sur vous. » Qu’il se distingue surtout par sa piété, sa prudence, sa gravité, son amour désintéressé du prochain, la maturité du jugement unie à celle de l'âge. Qu’il aborde l’exercice de son ministère à la fois avec humilité et une ferme confiance en Dieu. 2° Qu’il connaisse et observe fidèlement, s’il en existe, les règlements diocésains sur la matière, ceux, par exemple, qui concerneraient l’autorisation préalable à obtenir de l'évêque. 3° Qu’il ait acquis, par l’expérience ou par l'étude, les autres connaissances indispensables. 4° Qu’il se garde de croire facilement et à la légère à une véritable possession ou obsession diabolique. Il est plus d’une maladie, notamment dans la catégorie des affections mentales ou nerveuses, qui pourrait ici donner le change. On doit être spécialement circonspect et réservé lorsqu’il s’agit de femmes suspectes d’hystérie ou de personnes qui auraient intérêt à tromper, comme, dans certains cas, les pauvres. Aussi bien ne faut-il jamais négliger de prendre l’avis d’un médecin consciencieux, expérimenté et exempt de toute prévention. Le fait d’une intervention diabolique ne sera certain que si le sujet présente des circonstances absolument inexplicables par les lois naturelles, comme l’intelligence ou l’emploi do langues entièrement inconnues de lui, la vision à distance, la pénétration directe des pensées ou le déploiement d’autres activités qui dépassent manifestement les forces de la nature. 5° L’exorciste ne devra jamais oublier que le démon est le père du mensonge et que, par conséquent, la plus grande défiance à son égard est de rigueur. Donc, soit avant l’exorcisme, soit au cours de l’exorcisme, qu’il n’ajoute point une foi aveugle et sans contrôle aux dires du sujet possédé ou supposé tel ; qu’il n’accepte en particulier que sous bénéfice d’inventaire des protestations de guérison peut-être intéressées. Le plus souvent, il n’y aura que le temps et des épreuves réitérées pour lui donner à ce sujet une pleine conviction suffisamment justifiée. 6° Les remèdes purement naturels et propres à la médecine ne sont pas son affaire ; qu’il en laisse le soin éventuel aux hommes de l’art. Qu’il ne s’imagine point du reste — c’est Benoît XIV qui lui donne cet avertissement — que des remèdes de ce genre puissent jamais suffire à l’encontre d’une vraie possession. A plus forte raison doit-il s’abstenir de tout autre expédient inconvenant ou superstitieux, tel que maléfice, etc. 7° Qu’aux qualités habituelles indiquées cidessus il ajoute, comme préparation prochaine, cette parfaite pureté de conscience qui est le fruit d’une bonne confession ou d’une vive contrition, la sainte communion ou la célébration de la messe, sans négliger les deux moyens généraux que Notre-Seigneur a déclarés seuls efflcaces contre un certain « genre de démons » , à savoir la prière et la mortification. 8° Qu’au sujet à exorciser, s’il est capable d’entendre et de suivre un bon conseil, il recommande l’emploi des mêmes moyens, ainsi que l’abandon entre les

mains de Dieu et une confiance inébranlable en sa toute-puissance et en sa paternelle bonté. 9° Que toutes les conditions extérieures qui entoureront l’exorcisme soient, elles aussi, telles que le respect des choses saintes, l’esprit de foi et la décence le requièrent. Le lieu ordinaire de cet acte solennel de religion est l'église ; on ne le fera à domicile qu’en cas d’impuissance du sujet à se transporter hors de chez lui ou pour une autre raison grave. Il convient qu’il se fasse en présence de témoins, surtout s’il a une femme pour objet, et ces témoins seront naturellement avant tous autres les plus proches parents du principal intéressé. Mais qu’on exclue tous les spectateurs qui accourraient en simples curieux. Que si des violences ou des extravagances inconvenantes paraissaient à craindre de la part du démoniaque, des mesures devront être prises pour le réduire à l’impuissance, ou le ministre sacré s’assurera le concours de gens qui puissent, au besoin, le maintenir. 10° L’exorciste s’abstiendra soigneusement de tout geste et de tout propos malséants ou contraires à l'édification. Il évitera en particulier de se laisser aller à un vain bavardage et de poser des questions dictées par la seule curiosité, par exemple, concernant l’avenir ou concernant des choses cachées sans rapport avec son ministère actuel. Les paroles d’adjuration qui s’adressent au démon, qu’il les prononce avec humilité sans doute, mais aussi avec foi et fermeté et d’un ton impératif. Aux invocations et expressions de son cru qu’il préfère toujours des invocations et expressions empruntées à l'Écriture sainte ; et s’il remarque que l’un ou l’autre détail des formules employées, surtout des formules comminatoires contre l’esprit mauvais, produit une impression plus profonde, qu’il ne manque pas d’y insister longuement ou d’y revenir à plusieurs reprises. Il » Les rites officiels de l’exorcisme impliquent de nombreuses aspersions d’eau bénite et de fréquents signes de croix. Il est, en outre, recommandé à l’exorciste d’avoir un crucifix, qu’il tiendra dans ses mains ou qu’il exposera bien en vue. Il se servira aussi très utilement des reliques des saints, les appliquant même sur le corps du patient, à condition pourtant d'éviter le danger d’irrévérence grave ou de profanation. Mais le respect exceptionnel dû au saint sacrement interdit de le faire servir jamais au même usage. 12° La rubrique du Rituel veut que le ministre de l’exorcisme soit, dans l’exercice de sa fonction, revêtu du surplis et d’une étole violette dont il placera, à certains moments, l’extrémité sur le cou du démoniaque, et qu’il emploie généralement les formules et prières contenues dans le Rituel même, avec faculté toutefois de répéter, comme il a été dit plus haut, les parties qui paraîtront plus opportunes ou plus efflcaces. 13° Enfin, celui qui’aura réussi à délivrer un démoniaque l’exhortera vivement à se garder désormais du péché, de peur de fournir à l’ennemi l’occasion d’un retour offensif.

Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, art. Exorciste ; Probst, Sacramen : e iind Sacramentalien in den ersten Jaluhunderten, p. 16-62 ; Heuser, dans le KirchenlexiUon de Wetzer et Welte, ait. Exorcislat ; Mgr Duchesne, Histoire ancienne de V Ê<jlise, 4e édit., Paris, 1911, t. iii, p. 22-23 ; Bischof berger, Enlwicklunçi dersog. Ordines minores in den drei ersten Jalirhundcrten, dans Rômische Qiiartalschrift, Hotne, 1907, suppl. 7 ; J. Toner, art. Exorcist, dans The catholic cncijclopedia, New York, 1909, t. v, p. 711-712.

J. FoRGET.

    1. EXPÉRIENCE RELIGIEUSE##


EXPÉRIENCE RELIGIEUSE. — L Notion. II. Aperçu historique. III. Question de méthode et division. IV. L’expérience religieuse comme fait psychologique. V. L’expérience religieuse comme critère de connaissance. VI. L’expérience religieuse comme facteur de vie religieuse. VIL Analogie des expériences entre les religions. VIII. Documents ecclésiastiques et conclusions.