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EXODE

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fait tuer les idolâtres et intercède de nouveau auprès du Seigneur, qui fait grâce à son peuple repentant, XXXII, 1 - XXXIII, 6. 5° Moïse transporte le tabernacle hors du camp et Dieu lui propose de renouveler l’alliance rompue par l’infidélité des Israélites. Moïse taille de nouvelles tables, reçoit une seconde fois de Dieu les conditions de l’alliance, et reparaît le visage resplendissant de la gloire divine, xxxiii, 7 - xxxiv, 35. 6° Les ordres de Dieu relatifs à la construction du tabernacle et à la fabrication des ustensiles du culte sont accomplis : les Israélites apportent leurs dons, les ouvriers désignés les emploient à la construction du tabernacle, de l’arche, de la table des pains de I)roposition, du candélabre et des autels et à la confection des vêtements sacerdotaux, xxxv, 1 - xxxix, 30. Tout le travail achevé est béni par Moïse, xxxix, 31-43. Dieu ordonne d'ériger le tabernacle, de vêtir et d’oindre les prêtres. Ses ordres sont exécutés et la nuée de sa gloire couvre le tabernacle, xl, 1-36.

III. Théories des critiques.

Pour toute une école de critiques rationalistes, le livre de l’Exode, comme ceux de la Genèse, du Lévitique et des Nombres, n’est pas l'œuvre de Moïse, le prétendu législateur du peuple juif ; c’est une composition tardive, formée d'éléments disparates, qui ont été empruntés à trois documents d'époque différente : le document élohiste, le document jéhoviste et le code sacerdotal. Indiquons ce qui reviendrait à chacun d’eux dans l’Exode, en notant les caractères généraux de la source.

1° Le document élohisle, E. — On lui a donné le nom d'élohiste, parce que son auteur présumé emploie constamment, pour désigner Dieu avant la révélation de Jahvé au c. vi de l’Exode, le nom d'Éloliim. C'était, suppose-t-on, une histoire des patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, et du peuple juif, dont ils étaient les ancêtres. Les lambeaux, qui en auraient été insérés dans le livre actuel de l’Exode, racontent l’oppression des Israélites par le Pharaon, I, 15-22, la naissance de Moïse, son adoption par la fille du Pharaon, et le meurtre d’un Égyptien, ii, 1-14, l’apparition divine, iii, 1-6, 9-15, 21, 22, la mention de la verge de Moïse, le retour de Moïse en Egypte, IV, 17, 18, 20 6, 21, les plaies d’Egypte, vii, 20 b, 21 a, 24 ; ix, 22, 23a, 35 ; x, 8-13 a, 20-27 ; xi, 1-3, la sortie d’Egypte, xii, 31-36, 37 6-39, les cantiques de Moïse et de Marie, xv, 1-21, la disette d’eau et le combat contre les Amalécites, xvii, 3-6, 8-16, la visite de Jéthro et l’institution des juges, xviii, les préparatifs de la manifestation divine à Horeb, xix, 2 6-19, le Décalogue, xx, 1-21, le code de l’alliance, XXI, 1 - xxiii, 19, les promesses et les menaces divines, xxiii, 20-23, l’engagement d’observer la loi et le séjour de Moïse sur la montagne, xxiv, 3-8, 12-14, 18, la descente de Moïse avec les tables de la loi, XXXI, 18 6, l’adoration du veau d’or et la rupture des tables, XXXII, 1-8, 15-35, les menaces de Dieu et le transport du tabernacle hors du camp, xxxiii, 1-11, et la confection de nouvelles tables de la loi, xxxiv, 28 6. La tradition qu’il suit différerait de celle du document jéhoviste. Elle place les Israélites au milieu de l’Egypte et elle n’en fait pas des pasteurs nomades. Elle envisage les plaies d’Egypte comme des représailles de l’oppression des Israélites. La législation est donnée à l’Horeb et non au Sinaï. L’auteur paraît bien connaître les choses égyptiennes. Son récit abonde en détails. Moïse accomplit des miracles par sa verge. Ce livre est une histoire théocratique plutôt qu’une histoire nationale. L'écrivain a un vocabulaire spécial et son style est uni, coulant, quoique parfois peu châtié. On le rattache au royaume d’Israël, parce que presque toutes les traditions qu’il rapporte ont trait à des localités de cette contrée. On le date géné ralement du ix'= ou du vin'e siècle, et on discute sur sa priorité relativement au jéhoviste comme sur sa dépendance. Quelques critiques ont voulu y distinguer divers écrits de la même école, E', E^, E', combinés en E. L’auteur aurait inséré dans son œuvre des documents antérieurs : morceaux poétiques, tels que les cantiques de Moïse et de Marie, voir Lagrange, Deux chants de guerre, dans la Revue biblique, 1899, t. VIII, p. 532-541, et textes législatifs, tels que le Décalogue, voir plus haut, t. iv, col. 162-164, et le code de l’alliance, qui est un code à la fois civil, criminel, moral et religieux, qui serait le plus ancien code Israélite et qu’on a rapproché du code d’Hammourabi. Lagrange, Le code d’Hommourabi, dans la Revue biblique, 1903, t. xii, p. 50-51. Sur le document élohiste, voir E. Mangenot, L’aulhenticiié mosaïque de Penlateuque, Paris, 1907, p. 49-76.

2° Le document jéhoviste, J. — Son nom vient de l’emploi fait par l’auteur dès le début de son récit du nom de Jéhovah ou Jahvé, même avant sa révélation à Moïse sur le Sinaï. Ce livre remontait aux origines de l’humanité : à l’histoire primitive il joignait l’histoire des patriarches et celle du peuple juif au moins jusqu’après la conquête de la Terre promise. La part qui lui reviendrait dans le livre actuel de l’Exode serait la suivante : l’oppression des fils de Jacob en Egypte, dans la province de Gessen, i, 6, 8-12, la fuite de Moïse au pays de Madian, ii, 15-23a, la mission divine de Mo se, les signes qui la démontrent et les épisodes du retour en Egypte, ni, 7, 8, 16-20 ; iv, 1-16, 19, 20 a, 226-31, l’oppression plus forte des Israélites par le Pharaon, v, 1 - vi, 1, les plaies d’Egypte, présentées comme des miracles de la puissance divine, vii, 14-18, 23, 25-29 ; viii, 4-lla, 16-29 ; ix, 1-7, 13-21, 236-34 ; x, 1-7, 136-19, 28, 29 ; XI, 4-8 ; xii, 29, 30, un récit de l’exode, au moins, xiii, 21, 22, la poursuite des Égyptiens et leur défaite, xiv, 5-7, 10-14, 19, 20, 216, 24, 25, 276, 30, 31, les stations à Mara et à Élim, xv, 22-27, la manne, XVI, 4, la station à Raphidim, xvii, 16, 2, 7, l’apparition de Dieu sur le Sinaï, xix, 20-25, la loi de l’autel, XX, 22-26, l’apparition divine aux anciens, xxiv, 1, 2, 9-11, l’adoration du veau d’or, xxxii, 9-14, le Décalogue jéhoviste, xxxiv, 1-28. Les lois qu’il rapporte sont citées pour leur intérêt historique, et non pour promulguer un code. C’est une histoire nationale et religieuse, une histoire sainte, composée selon les idées des prophètes. Elle accentue l’infidélité et la désobéissance des Israélites à l'époque mosaïque. Son auteur est le meilleur narrateur de tout l’Ancien Testament. On en fait un habitant du royaume de Juda. Quelques critiques ont cru retrouver dans son œuvre des traces de deux mains différentes, J S J '. On le date du ix « ou du viii"e siècle, les uns le disent antérieur à l'élohiste, les autres postérieur. Cf. E. Mangenot, op. cit., p. 76-95.

3° Le code sacerdotal, P. — Le sigle P est la première lettre du nom allemand de ce code, Priestercodex, et ce nom indique la principale partie de son contenu, qui est la législation sacerdotale et rituelle. Le document est cependant historique autant que législatif. On lui attribue dans l’Exode le recensement des fils de Jacob en Egypte, leur accroissement et leur oppression, i, 1-5, 7, 13, 14, leurs plaintes entendues par Dieu, II, 23 6-25, la mission et la généalogie de Moïse, vi, 2-30, son intervention auprèsde Pharaon et les plaies d’Egypte, vii, 1-13, 19, 20a, 216, 22 ; VIII, 1-3, 116-15 ; ix, 8-12 ; xi, 9, 10, la première Pâque et ses rites, xii, 1-20, 28, le départ des Israélites, 370, la durée de leur séjour en Egypte, 40, 41, l’institution définitive de la Pâque, 42-51, la consécration des premiers-nés, xiii, 1, 2, le voyage d'Étham à la mer Rouge, xiv, 1-4, la poursuite par Pharaon,