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ÉYÊQUES. ORIGINE DE L’EPISCOPAT


diacres d’un côté, les presbytres de l’autre. Analeclen à la traduction de Hatch, p. 229. Le presbytre n'était responsable que du bon ordre ; il n’avait rien c voir dans le culte. C'était l'épiscope qui, assisté du diacre, cumulait la gestion des biens temporels et les fonctions cultuelles. Il existait parallèlement une triple organisation : organisation patriarcale, dévolue à un sénat d’anciens (Tipscrokepo'.) que désignait naturellement la supériorité d'âge, de talents, de fortune, d’influence, de services rendus ; organisation administrative et cultuelle, représentée par les épiscopes et les diacres auxquels incombaient, entre autres fonctions, la gestion des finances et la célébration de la liturgie ; organisation charisnwtiquc (apôtres, prophètes, docteurs), chargée seule du ministère de la parole. La disparition graduelle des charismes laissa en présence les deux premières organisations, qui fusionnèrent sous l’empire des circonstances. Dans la revue The expositor, 3 « série, t. v et VI, un débat un peu confus s’engagea en 1887 sur les théories de Hatch et de Harnack, débat auquel prhent part, outre Harnack lui-même, Sanday, Rendcl Harris, Macpherson, Gore, Salmon, Simcox, Milligan. Ce débat ne fut pas conduit avec assez de méthode pour donner des résultats nets, les auteurs paraissant plus préoccupés d’exposer leurs idées que de les établir par des faits et des textes. — 3. Théorie de J. Réville, Les origines de l'épiscopat, Paris, 1894. — D’après J. Réville, « Jésus n’a fondé aucune institution ecclésiastique et ses apôtres pas plus que lui. » A Jérusalem, on observa le principe légitimiste du gouvernement de l'Église par les parents du Messie ; dans les autres chrétientés, « l’organisme ecclésiastique se constitua lentement, d’une façon spontanée, sans copier tel ou tel type déterminé antérieur, pas plus celui de la synagogue juive que ceux des associations religieuses privées ou publiques de la société gréco-romaine, mais en se conformant aux londitions générales qui régissaient l’existence de tous les collèges religieux de l'époque, » p. 521. Il faut distinguer d’abord les fonctions spirituelles ou religieuses et les fonctions administratives. « Les premières furent d’abord exercées à peu près exclusivement par des fidèles en possession d’un charisme ! ou don naturel de prophétie, d’enseignement ou d'é- ! dification. Dans la communauté primitive, souveraine, entièrement démocratique, le peuple chrétien est le seul juge des enseignements que l’esprit de ' Dieu inspire à quelques-uns des disciples du Christ, » p. 522. Cependant, à côté d’eux, il s'établit dans chaque église un groupe de fidèles « plus zélés que les autres, prenant plus à cœur les aiïa res de la communauté… Ce sont les presbytres, c’est-à-dire les notables spirituels, les chrétiens de vieille roche » qui « ne tardent pas à se constituer en un corps fermé, un conseil d'église ou conseil presbytéral… Comme leurs fonctions les portent à catéchiser les fidèles, ils tendent de plus en plus à accaparer à leur profit l’instruction et l'édification, au détriment des charismatiques ou inspirés, prophètes et didaskaloi, qui sont considérés comme un élément de désordre, » p. 252-253. Après avoir évincé les charismatiques, les presbytres sont supplantés à leur tour par les l'-piscopes. n Les fonctions épiscopales ont été…, dès le début, distinctes des fonctions presbytérales, quoiqu’elles aient été souvent, peut-être le plus souvent, exercées par des presbytres. Les épiscopes, dont les diacres sont les assistants et en quelque sorte les agents, ont été d’abord les administrateurs financiers, les intendants de la communauté, chargés du contrôle des services et de l’exécution des délibérations prises par la communauté souveraine, soit directement soit bientôt sur la proposition du conseil pres DICT. DE TlIKOL. CATHOL.

bytéral quand celui-ci était constitué en conseil directeur de l’association, » p. 523. Réville n’explique pas comment l'épiscopat, presque partout plural à l’origine, est devenu partout unitaire ; mais il trouve naturel que l'épiscope unique, comme chef du pouvoir exécutif, ait fini par absorber tous les pouvoirs. Nous reconnaissons le système de HatchHarnack amalgamé avec celui dont il reste à parler. 3° Régime essentiellement démocratique de la primitive Église.

1. Les idées de Renan. — < L’histoire

de la hiérarcliie ecclésiastique est l’histoire d’une triple abdication, la communauté des fidèles remettant d’abord tous ses pouvoirs entre les mains des anciens ou prcsbytcri, le corps presbytéral arrivant à se résumer en un seul personnage qui est Vcpiscopus, puis les episcopi de l'Église latine arrivant à s’annuler devant l’un d’entre eux qui est le pape… La création de l'épiscopat est l'œuvre du ii<e siècle. L’absorption de l'Église par les presbyteri est un fait accompli avant la fin du premier. » Les Évangiles, Paris, 1877. p. 332. « Il est arrivé dans l'Église chrétienne ce qui arriverait dans un club où les assistants abdiqueraient entre les mains du bureau, et où le bureau abdiquerait à son tour entre les mains du président, si bien qu’après cela les assistants ni même les anciens n’auraient nulle voix délibérative, nulle influence, nul contrôle sur le maniement des fonds… Les presbyteri (anciens) ou episcopi (officiers, surveillants) devinrent très vite les uniques représentants de l'Église, et, presque immédiatement après, une autre révolution plus importante encore s’opéra. Entre les presbyteri ou < piscopi, il y en eut un qui, par l’habitude de s’asseoir sur le premier siège, absorba les pouvoirs des autres et devint Vepiscopos ou le presbyteros par excellence. » L'Église clirétienne, Paris, 1879, p. 88. On chercherait en vain dans Renan la preuve de ces assertions étranges que l’auteur ne prend même pas la peine de concilier. En réalité, il ne se préoccupe que de revêtir d’une forme piquante les idées en cours de l’autre côté du Rhin ; il s’amuse en amusant le lecteur. — 2. Les exégètes de l'école de Tubingue. — Nous réunissons sous ce titre un groupe d'écrivains dont les théories sur l’origine de l'épiscopat et de la hiérarchie différent peu ou du moins ont de nombreux traits de ressemblance. Ce sont Weizsâcker, Holsten, Holtzmann, Pfleiderer et dans une certaine mesure Heinrici. Le mot d’ordre de cette école est : « Autonomie et indépendance (Selbstrcgiernng) des Églises primitives. » L’enseignement était donné par les possesseurs de charismes, mais la communauté s’administrait elle-même par le moyen de délégués nommés par elle et dépendant d’elle. Les champions de ce système s’accordent à peu près sur quatre points : a) Ne reconnaître comme authentiques que les grandes lettres de Paul ; rejeter Li composition des Actes et des Pastorales à une époque beaucoup plus récente, lorsque la hiérarchie commençait à s’organiser. — b) Chercher exclusivement dans les grandes lettres de saint Paul la constitution des Églises primitives et, poussant à l’extrême l’argument du ; ilence, regarder comme non existant ce qu’on ne trouve pas marqué dans ces Épîtres. — c) Amplifier les cas où l'Église est appelée à intervenir, par exemple, pour la collecte en faveur de Jérusalem, II Cor., viii, 18, ou pour le châtiment de l’incestueux de Corinthe, I Cor., v, 1-5, passer sous silence ou réduire à rien les cas p’us nombreux où l’apôtre fait valoir son autorité souveraine. I Cor., VII, 17 ; II Cor., x-xiii presque en entier. — cF) Généraliser le cas des Corinthiens, en oubliant qu’il s’agit d’une chrétienté fondée depuis deux ou trois ans seulement, en laissant entendre que cet état d’organisation embryonnaire s’est perpétué longtemps dans les

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