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ÉVÊQUES. ORIGINE DE L’ÉPISCOPAT


apparent avec les autres documents : < Élisez-vous des i-ino-oi et des diacres. » Il est possible qu’en Palestine, où cet écrit fut composé, l’initiative des fidèles, dans le choix de leur clergé, fût plus grande qu’ailleurs ; mais il se peut aussi que l’auteur, s’adressant aux simples chrétiens, désigne par ces mots /eipoTovT.aaxî iauToî ; la part qui leur revenait dans les élections, c’est-à-dire l’approbation ou le rejet des candidats présentés par l’autorité compétente. La pratique conunune nous est signalée dans un passage de saint Cyprien dont l’importance saute aux yeux : Propter quod diligenlcr de iradilionc divina et apostolica obseivaiione servandiim est et ienendum, quod apud nos quoqiie et fere per provincias imiversas tenetur, ut ad ordinaliones rite celebrandas ad eam plebem, cui piœpositus ordinatiir, episcopi ejusdem provinciæ proximi quiqiic conveniant et episcopus deligatur plèbe præsente quæ singulorum vitam plenissime novil et uniuscujusque actum de ejus conversatione perspexit. Epist., lxvii, 5, édit. Martel, t. iii, p. 739 ; cf. Epist., xliv, 3 ; lv, 8 ; lix, 5-6 ; lxvii, 3 ; Lxviii, 2, ibid., p. 599, 629, 672-673, 738, 745. On remarcpiera : a) que saint Cyprien invoque « une tradition divine et une observance apostolique, » c’est-à-dire une coutume qui, à son avis, remonte aux apôtres et même à Jésus-Christ ; b) qu’il donne cette coutume pour un usage presque universel (nous signalerons, dans le paragraphe suivant, une exception pour l’Église d’Egypte) ; c) qu’il exige le concours simultané des évêques de la région, du clergé et du peuple de l’Église à pourvoir d’un évêque (Epist., LV, 8 [clericorum Icstimonium et plebis suffrayium] ; Epist., Lxviii, 2 clcri ac plebis suffragium]). Du reste, il n’indique point la part respective de l’épiscopat, du clergé et du peuple dans l’élection, car son but n’est pas d’en décrire le mode et le procédé, mais de montrer qu’une élection faite avec l’intervention usuelle de ces trois ordres est légitime et inattaquable. S’il fallait faire fond sur un texte d’Origène, In Luc., homil. vi, 3, la présence du peuple serait plutôt passive, mais Origéne peut avoir en vue l’usage spécial de l’Église d’Alexandrie : Requiritur etiam in ordinando sacerdote et præsentia populi, ut siant omnes et certi sint, quia qui præstanlior est ex onini populo, qui doctior, qui sanctior, qui in omni virtute eminenlior, ille eligitur ad sacerdolium, et hoc (ids’ante populo, ne qua postmodum retractatio cuiqaam, ne quis scrupulus resideret. Le contexte montre qu’il s’agit d’une ordination épiscopale et il n’est pas besoin d’avertir que, dans le style du traducteur Rufin, saceidos est l’évêque et sacerdolium, l’épiscopat. Les légendes clémentines ne mentionnent aucune intervention du peuple ni pour désigner ni pour approuver le candidat, démentis epist. ad Jacobum ; Homil., ni, 60-73 ; xi, 36 ; xix, 23 ; Recognil., iii, 74 ; VI, 15 ; X, 72, mais ce silence ne signifie pas grand’chose et l’auteur du roman a voulu peut-être mettre en rehef l’autorité suprême du chef des apôtres.

Les évêques qui ne pouvaient venir envoyaient leur suffrage par écrit, comme le dit un peu plus loin saint Cyprien et comme le prescrit expressément le concile de Nicée, can. 4. Il fallait donc que le candidat fût connu d’avance ou que le choix fût entre un petit nombre de candidats et la question est de savoir qui proposait ces candidats ou ce candidat unique à l’élection des évêques de la province et du clergé et des fidèles du heu. Il semble que ce droit revînt d’ordinaire au métropolitain ou à l’évêque du lieu quand il s’agissait de la création d’un nouveau diocèse, mais pour le prouver il serait nécessaire de sortir de notre cadre. Nous ajouterons seulement trois remarques : a) le droit d’élection dut varier suivant les Églises. Nous savons qu’anciennement à

Alexandrie les douze prêtres élisaient leur évêque et nommaient un douzième prêtre à la place de l’élu. Le canon 18 du synode d’Ancyre (314) prévoit le cas où un évêque ne serait pas reçu par l’Église à laquelle il était destiné : il faut alors qu’il se contente du rang de prêtre dans son Eglise d’origine. Du reste, le texte de saint Cyprien cité plus haut montre que la coutume n’était pas entièrement uniforme. — b) La plupart des auteurs brouillent singulièrement cette matière en confondant l’élection avec la consécration. Tous les évêques de la province concouraient à l’élection ; trois suffisaient i ourla consécration et encore ce nombre n’était-il pas nécessaire pour la validité, comme nous allons le voir. — c) Cette fâcheuse confusion peut provenir en partie du changement de sens subi par le mot xsidotoveîv. Ce terme signifiait originairement chez les Grecs « voter la main tendue » et spécialement « éhre un candidat en étendant la main » . Mais, de bonne heure, ce sens primitif tomba en désuétude et ysipoTovelv signifia simplement « élire d’une manière quelconque » ou même « établir, constituer » sans aucune idée d’élection préalable. Voir t. iv, col. 2256 sq."

La consécration des évêques.

Il n’est guère

douteux que le rite de consécration des évêques n’ait été toujours et partout l’imposition des mains. C’était le rite observé, dès les temps apostoliques, pour la création des diacres, Act., vi, 6, et des prêtres. I Tim., V, 22 ; on peut conclure par analogie qu’il en était de même pour les évêques. La cérémonie qui constituait Paul et Barnabe fondateurs d’églises avec pouvoir d’ordonner des prêtres, Act., xiv, 23, fut très probablement, comme le pense saint Jean Chrysostome, une consécration épiscopale ; or elle eut lieu par imposition des mains, avec l’accompagnement ordinaire de jeûnes et de prières. Act., XIII, 3. Timothée était certainement évêque, quoiqu’il ne fût pas, au moins du vivant de Paul, évêque sédentaire ; et il avait reçu cette dignité par l’imposition des mains de Paul, II Tim., i, 6, avec l’imposition concomitante des mains du collège prestDytéral. I Tim., iv, 14. Aussi voyons-nous que dans la langue ecclésiastique l’expression « recevoir l’imposition des mains » équivaut à « recevoir la consécration épiscopale » , le contexte montrant qu’il s’agit d’un évêque et non pas d’un prêtre. Saint Cyprien, écrivant aux évêques espagnols, approuve l’élection de Sabinus comme conforme aux coutumes de l’Église. Epist., lxviii, ad Hispan., 15, P. L., t. iii, col. 1027 : Quod et apud vos factum videmus in Sabini collegee noslri ordinatione, ut de universaa fraternitatis sufjragio et de episcoporum qui jn præsentia convenerant, quique de eo ad vos lilleras fecerant judicio, episcopatus ei deferretur et ma.us ei in locum Basilidis imponerctur. La Didascalie, transcrite exactement en cet endroit par les Constitutions apostoliques, dit du candidat à l’épiscopat : lia ergo probetur cum manus impositionem accipit al sic ordinetur ad epi.9COpn/u/r7 (Oû’twç Y » p Soy.caaJsuOw iicÔTav tïiv ysipoTovc’av >.a[Aêâv(, )v xa6t(7varai Èv -cm lÔTCta Tr, !  ; éTti<7)t07tr|Ç).Cf. Funk, Didascalià et constitut. aposl., II, ii, 3, Paderborii, 1905, t. ii, p. 35.

Est-il vrai que la coutume primitive de l’Église d’Alexandrie dérogeât à cette règle ? Les paroles suivantes de saint Jérôme, détachées de leur contexte, pourraient donner cette impression : Nam et Alexandrise a Marco evangelisla usque ad Ileraclam et Dionijsium episcopos, presbyteri semper unum e.v se electum, in excelsiori gradu collocatum, episcopum nominabant : quomodo si exercitus imperatorcm facial, aut diaconi eliganl de se quem indastriani noveiint et archidiaconumvocent. Epist., cxlvi, ad Evangelum, 1, P. L., t. XXII, col. 1194. Dans cette lettre à Évangélus,