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ÉVÊQUES. ORIGINE DE L’ÉPISCOPAT

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7. Jean ; 8. Mathias ; 9. Philippe ; lO.Sénèque ; 11. Juste ; 12 Lévi- 13. Éphrem ; 14. Joseph ; 15. Judas. Eusebe déclare n’avoir pu découvrir la chronologie de ces épiscopats si courts, mais il possédait par ecn/ la liste des quinze évêques (ibid., 2 : è^ èyypacpcov TiapeOr, ça) et il savait qu’ils étaient tous hébreux d origine et qu’ils gouvernaient toute l’Église des Hébreux. Il est à peine douteux que sa source soit ici Hégésippe, spécialement bien informé des choses de Palestine et qu’Eusèbe consulte volontiers sur l’histoire de cette Église. Comme Siméon, successeur de Jacques, souffrit le martyre sous Trnian, Eusèbe, H.E., i. lli, XXXII 3, il ne resterait que trente-sept ans au plus pour les treize autres évêques, s’il était vrai, comme le croit Eusèbe, 1. IV, v, 2, que Judas, le dernier des quinze, fut contemporain de la ruine de Jérusalem (135) Mais cette dimculté, qui n’avait pas échappe aux anciens, est. ne garantie de plus en faveur de la liste, au’on n’aurait pas inventée si longue. U ailleurs, l’histoire des papes nous offre des séries de pontificats aussi courts : par exemple, de 880 a J06, dans l’espace de vingt-huit ans, quatorze papes occupent la chaire de saint Pierre. Comparer encore les périodes de 964 à 1004, de r260 à 1295, etc. Mais la limite assignée par Eusèbe paraît résulter d’une confusion. Saint Épiphane, Hær., lx, 20, accompagne la liste des données chronologiques suivantes : « Jean (le 7^) va jusqu’à la neuvième année de Trajan ; Juste (le 90) jusqu’aux temps d’Adrien ; Judas (le 15<^) jusqu’à la onzième année d’Antonin (148). Tous ces évêques de Jérusalem appartenaient à îa circoncision ; les suivants venaient de la gentilité : Marc, Cassien, Pubhus, Maxime, Julien. Ceux-là vont jusqu’à la dixième année d’Antonin le Pieux (147). » Il en résulte que les six ou sept derniers évêques juifs gouvernèrent parallèlement aux cinq premiers évêques grecs. Par conséquent, ceux-ci ne font pas suite à ceux-là ; mais tandis que les évêques de la circoncision continuaient à diriger les judéo-chrétiens auxquels l’entrée et même la vue de Jérusalem était absolument interdite, les évêques de la gentilité dirigeaient l’Église grecque désormais seule en possession dî la Ville sainte.

5. Églises de saint Jean.

a) Les sept anges de l’Apocalypse.

Apoc, I, 20 : [Vpi.’l^o.] xb [Écris] le mystère (.le sens

(xu^r^pcovr « vl7tTàà(7T£pa)v caché, le symbole) des sept où ; elSsç èui.ni Ss^càç p.ou, étoiles que tu as vues dans y.a’t ràî éuTà Xvyyi^c, xàç ma main droite et des sept yova-y.ioi knzk à^xE’pe ; chandeliers d’or : les sept Lyû.oi -ciiv irzxài âxy.>.r, ^ià>v étoiles sont les anges des sept eîaiv, /.a at Xvyyiai ai ÉgUses, et les sept chandeiTixà îTtrà èy.y.>.r, G(ai eîcrt’v. liers sont sept Églises.

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Le Fils de l’homme explique au voyant de Patmos le mystère (c’est-à-dire le sens caché et symbolique) des sept étoiles et des sept chandeliers qui lui ont été montrés en vision. Les sept chandeliers sont sans aucune ambiguïté sept Églises particulières auxquelles il est chargé d’envoyer un message : Éphése, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée. Les étoiles sont les anges de ces Églises. A quoi répondent ces anges ? — a. Depuis Saumaise, un certain nombre d’exégètes protestants, niant a priori l’existence de l’épiscopat au temps des apôtres, y voient une simple personnification des sept Églises. Mais les ÉgUses ont déjà leur symbole — les sept chandeliers — et ce symbole est tout à fait distinct des sept étoiles. Le Fils de l’homme apparaît entre les sept chandeliers, mais il tient les sept étoiles dans sa main. Ce sont des emblèmes différents, donnés comme différents dans l’explication du mystère. Si l’Église était symbolisée à la fois par les chandeliers

et par les étoiles, saint Jean n’écrirait pas, comme il le fait, à l’ange de l’Église, mais à l’Église elle-même directement. M. Michiels, L’origine de l’épiscopat, p. 293, fait à ce propos une judicieuse remarque : « Il y a bien une certaine identification entre l’ange et sa communauté : mais c’est l’identification de la tête avec le corps, du chef avec ses sujets, du pasteur avec ses brebis. Saint Jean adresse ses messages à l’évêque, représentant juridique de son Église, il le loue du bien qui s’y accomplit, le blâme du mal qui s’y commet, le reprend à cause des hérésies qu’il laisse s’y propager… En un mot, les sept lettres de l’Apocalypse sont adressées aux évêques, mais destinées à être lues devant toute la communauté. » — b. Quelques exégètes protestants de nos jours croient échapper aux inconvénients de l’opinion précédente, sans être obligés de reconnaître ici la mention des évêques, en supposant qu’il s’agit des anges gardiens ou des anges protecteurs des Églises. Mais comment saint Jean aurait-il la bizarre idée d’écrire des lettres qui ont toutes les apparences de la réalité à ces êtres surhumains ? A quel titre rendrait-il ces esprits célestes responsables des désordres et des abus qu’il signale dans certaines Églises ? « Tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas et tu les as trouvés menteurs ; tu es patient et tu as [tout] supporté pour mon nom sans défaillir. » Apoc, 11, 2. Estil possible, est-il raisonnable d’entendre ces paroles et tant d’autres traits semblables dont les lettres sont pleines, de ceux qui voient la face de Dieu ? — c. C’est pourquoi l’interprétation commune est aussi là seule acceptable. Il y aurait une difficulté si, comme le veulent plusieurs critiques contemporains, l’Apocalypse avait été écrite vers l’an 70. Mais saint Irénée la date avec précision de la fln du règne deDomitien, Cont. hær., 1. V, xxx, 3, et les critiques les plus autorisés de nos jours croient à juste titre, pour des raisons intrinsèques, qu’il faut s’en tenir là, cf. Harnack, Chronologie, etc., p. 245-246 ; car la date de telle révélation particuUère et par suite de telle allusion n’est pas nécessairement la date de la composition du Uvre entier. Cf. Porter, dans Dictionary of the Bible, t. IV, p. 258-259. — d. De ce qu’il n’y a que sept anges il ne faudrait pas conclure que saint Jean a étabU seulement sept évêques. Le nombre sept peut n’être qu’un chiffre sacramentel, symbolique. Les sept villes choisies sont ou des métropoles (Éphèse, Smyrne, Pergame) ou des cités alors très florissantes autour desquelles se groupaient des villes de moindre importance…, „

b) Témoignages explicites. — Les écrivains du ii «  siècle sont unanimes à faire remonter à saint Jean l’établissement de l’épiscopat en Asie Mineure. — a Le fraoment de Muratori, écrit vers 180, dit à propos de l’Évangile de saint Jean : Cohortanlibus condiscipulis et eps suis dixit : Conjejunate mihi, etc. Saint Jean est donc représenté comme entouré de ses évêques, car il n’y a pas de doute que l’abrévation eps doit se résoudre en episcopis. Ce texte prouve du moins la persuasion où l’on était vers 170-180, bien avant la fin du 11e siècle. — b. Tertullien est plus formel encore : Smyrnseorum Ecclesia Pohjcarpum a Joanne collocatum refert. De præscript., 32. Et Polycarpe n’est pas le seul évêque établi par saint Jean : Etsi Apocalypsin ejus [Joannis] Marcion respuit, ordo tamen episcoporum ad originem recensas m Joannem stabit auciorem. Adv. Marcion., iv, 5. — c. Même affirmation dans Clément d’Alexandrie : « Jean revenu de Patmos à Éphèse, après la mort du tyran [Domitien, en 96], parcourait les contrées voisines où il était appelé, soit pour y étabUr des évêques soit pour y organiser des Églises. » Quis dives salvetur 42, P G t IX col. 648. Il est spécialement question d’un