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EVEQUES. ORIGINE DE L’EPISCOPAT


scurs, d’autres les remplaceraient, assurant ainsi la transmission légitime de l’autorité. Le sens de ètïivou.ï)v SiSw/aatv est bien rendu dans l’ancienne version latine par ordinalionem dedeninl ; c’est le sens impérieusement réclamé par le contexte. — 4. Le motif qui porta les apôtres à prendre cette mesure fut la révélation qu’ils reçurent du Seigneur (s’yvcoirav 61à to-j Kupt’o’j), la prévision qu’ils eurent de science certaine (7Tp6", 'VM<7tv 2Î"A7| : fÔT£ ; teÀEtav) des disputes que devait susciter un jour « le nom de l'épiscopat » . Il importait donc de régler d’avance le mode de succession. On peut d’ailleurs laisser à « épiscopat » (i-nirs-M-K-'r) son sens générique ; la force de l’argument ne dépend pas de la valeur du mot. — 5. Un dernier point presque indifférent à notre présent dessein est la question de savoir s’il y avait un évêque à Corinthe au moment où Clément écrivait sa lettre. Nous serions disposé à croire que l'état d’anarchie où se trouvait l'Église de Corinthe avait eu pour occasion la mort de l'évêqiie et pour cause la nomination d’un successeur. Des brigues se produisirent et la coterie dominante chassa les pasteurs légitimes. D’où la nécessité pour Clément de Rome d’intervenir.

Saint Ignace d’Antioche.

La date exacte du

martyre de ce saint n’est pas établie avec certitude. On sait qu’il mourut à Rome sous Trajan (98-117) peu après avoir écrit les sept lettres qui nous restent de lui ; mais, tandis que Funk fixe sa mort à l’année 107, Harnack la recule jusqu'à l’an 115 et les autres opinions s'échelonnent entre ces deux dates extrêmes. L’ne différence de quelques années a peu d’importance pour notre but ; elle ne change rien à l’idée que le grand évêque d’Antioche se faisait de l'épiscopat dès le début du ii'e siècle. Un point tout autrement important est de déterminer le dessein qu’il i » e propose. On a dit et répété à satiété qu’il entendait promouvoir l'épiscopat monarchique en voie de formation à cette époque ; mais cette affirmation toute gratuite ne peut avoir été suggérée que par une lecture tout à fait superficielle de ses lettres. Saint Ignace ne se propose nullement de promouvoir l'épiscopat monarchique et d’en étendre les attributions ; il le suppose, au contraire, établi partout et ne conçoit pas une autre forme d'épiscopat. Ce qu’il désire, c’est d’engager les laïques à se grouper autour du clergé et le clergé à se grouper autour de l'évcque jusqu'à ne faire qu’un avec lui. Voilà ce qui ressort clairement de toutes ses lettres et presque de chaque paragraphe. Son mot d’ordre et son mot de passe c’est l’iinilé de l'Église. On notera les points suivants : 1. Les trois ordres du clergé. Très souvent l'évêque, les prêtres et les diacres sont énumérés ensemble et opposés au reste des fidèles. L'évêque est toujours unique, les prêtres sont fréquemment désignés par un nom collectif (TtpîTo-jTÉpiov ou collège sacerdotal), les diacres sont toujours au pluriel. Ad Smyrn., xii, 2, etc. Les laïques doivent obéissance à l'évêque et aux prêtres, Ad Eph., ii, 2 ; xx, 2 ; Ad Magnes., ii ; Ad Trall., xiii, ou à l'évêque, aux prêtres et aux diacres. Ad Philad., vii, 1 ; ils doivent rester intimement unis à l'évêque, aux prêtres et aux diacres. Ad Magnes., vi, 1 ; xiii ; Ad Philad., début ; « Que tous révèrent les diacres comme JésusChrist, de même aussi l'évêque qui est l’image du Père et les prêtres comme étant le tribunal de Dieu et le rjjvSsT’j-ôç des apôtres. Sans eux l'Église n’est pas convoquée. » Ad Trall., iii, 1. — 2. L'évêque est essentiellement unique. — Onésime est seul évêque d'Éphèse, Ad Eph., i, 3 ; Damas est évêque de Magnésie sur le Méandre, Ad Magnes., ii ; Polybe est évêque de Tralles, Ad Trall., i, 1 ; Polycarpe est évêque de Smyrne. Ad Polijc, titre. Les plus grandes villes, comme Antioche, n’ont qu’un évêque et, en l’ab DICT DE THÉOL. CATHOL.

sence d’Ignace, l'Église de Syrie restera sans évêque. Ad Rom., IX, 1. Saint Ignace ne paraît pas avoir l’idée d’une autre organisation et, quand il dit que les Églises voisines d’Antioche ont envoyé « les unes des évêques, les autres des prêtres, les autres des diacres, » Ad Philad., x, 2, il faut évidemment entendre qu’elles ont envoyé comme représentant soit leur évêque, soit un prêtre, soit un diacre, car il n’est question que d’un seul messager par Église. Ad Polyc, VII, 2. — 3. L'évêque concentre en ses mains tous les pouvoirs religieux. — Les fidèles ne doivent « rien faire sans l'évêque et le presbytérat, comme le Seigneur ne fait rien sans le Père. » Ad Magnes.,

VII, 1. Cf. Ad Trall., ii, 2 ; vii, 2 ; Ad Philad., vii, 2. Cela seul est agréable à Dieu qui est approuvé par l'évêque. Ad Smyrn., viii, 2, et quiconque fait quoi que ce soit à l’insu de l'évêque travaille pour le diable. Ibid., ix, 1. Pas d’eucharistie sans l'évêque ou sans sa permission ; on ne peut sans l'évêque ni baptiser ni célébrer l’agape. Ibid., viii, 1-2. En un mot, « le collège presbytéral adhère à l'évêque comme les cordes à la lyre, » Ad Eph., iv, 1, et n’a point par conséquent d’activité indépendante. — 4. L'évêque résume et représente la communauté chrétienne, il est le principe d’unité de l'Église. — Ignace reçoit toute l'Église d'Éphèse dans la personne de l'évêque Onésime, Ad Eph., i, 3, et celle de Magnésie dans la personne de l'évêque Damas. Ad Magnes., ii. « Là où est l'évêque, là doivent être les fidèles, comme là où est Jésus-Christ là est l'Église catholique. » Ad Smyrn., viii, 2. Il faut être « uni à l'évêque, comme l'Église l’est au Christ et le Christ au Père, afin que règne en tout l’harmonie dans l’unité. » Ad Eph., V, 1. « Quiconque appartient à Dieu et à Jésus-Clirist est avec l'évêque. » Ad Philad., iii, 2. Le mot d’ordre du catholique sera : « Union avec Dieu et communion avec l'évêque. » Ad Philad.,

VIII, 1.

Le Pasteur d’Hermas.

Les problèmes que

soulève ce curieux opuscule sont loin d'être éclaircis. Est-ce un ouvrage d’un seul jet ? Les deux parties principales qu’on y distingue proviennent-elles du même auteur ? Cet auteur censé unique était-il contemporain de Clément de Rome, comme il l’affirme en disant qu’il fut chargé de lui remettre un message divin. Vis., II, iv, 3, et comme l’ont pensé un très grand nombre de savants depuis Origène et Clément d’Alexandrie ? Ou bien serait-il le frère du pape Pie I" (140-155) comme l’atteste le fragment de Muratori, lig. 73-80, auquel se rallient la plupart des critiques de nos jours, Funk, Patres apostolici, 2e édit., t. I, p. cxxii-cxxxii ; Harnack, Die Clironologie der altchristl. Liltcratur, t. i, p. 257-267 ; Bardenhewer, Gcschichte der alikirchl. Litleratur, t. i, p. 566574, etc.? Ce qui est certain et ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que, si l’auteur n’est pas contemporain de Clément, il se transporte par une fiction littéraire au temps de Clément et qu’ainsi, en toute hypothèse, il reflète l’organisation ecclésiastique de la fin du i « r siècle. Du reste, l’auteur est un laïque et un inspiré que l’organisation ecclésiastique intéresse peu et qui se croit porteur d’une mission prophétique pour l'Église entière. Dans ces conditions, il est encore plus mal placé que le rédacteur de la Doctrine des apôtres pour nous instruire sur le gouvernement hiérarchique de l'Église. Sous le bénéfice de ces observations, voici les deux passages du Pasteur qui méritent d'être relevés.

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